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Sport - Page 43

  • Expo vue cet après-midi:Ahmed Krifla au Carrefour des Arts jusqu'au 31 mai 2007 (Casablanca-Maroc)

    medium_krifla.jpgAttaché à la vie quotidienne des Marocains, il
    n’hésite pas à aborder des thèmes particuliers comme le travail, les villes, ainsi que d’autres sujets plus colorés
    tel que les animaux et les bergers.
    Krifla ne peut être considéré uniquement comme un artiste naïf, sa technique de peinture étant plus élaborée,
    néanmoins sa vision colorée et certains thèmes s’en rapprochent.
    Il est l’un des artistes marocains les plus appréciés, autant par les amateurs que par ses pairs qui le voient
    comme le « Douanier Rousseau » de la peinture marocaine.

    http://www.cmooa.com/catalogues/2007-04-14.pdf

     

    image: http://belmadani.elmadani.free.fr/krifla/krifla.html

    Ce tableau ne donne pas une idée très juste de ce que j'ai vu à la galerie ou dans ce que j'ai dans mon petit catalogue... 

  • Un peintre à (re) découvrir:Jacques Stella

    medium_stella.jpgJacques Stella s'affranchit de Poussin

    ANNE-MARIE ROMERO.
     Publié le 05 avril 2007
    Actualisé le 05 avril 2007 : 10h21

    Au Musée des Augustins de Toulouse, une rétrospective de Jacques Stella, peintre de Richelieu, longtemps éclipsé par Poussin, auquel on avait attribué certaines de ses toiles.

    BIEN S€R, il s'agit de peinture du XVIIsiècle, classique, hyperclassique même, qui rebute certains, un style surnommé l'« atticisme parisien » des Lesueur, La Hyre et Poussin, ces artistes qui « aimaient faire lisse, des couleurs claires, juxtaposées avec une audace raffinée, parfois avec une pointe de préciosité, un modelé savant », selon la définition de Pierre Rosenberg. Jacques Stella, (1596-1657) en est l'illustration typique, et pourtant il est bien plus que cela. Miniaturiste, dessinateur spontané de scènes de la vie quotidienne, graveur hors pair, peintre sur pierre, marbre, sur cuivre et, surtout, artiste humain, modeste, sensible, qui a aimé égayer les plus académiques de ses constructions picturales de quelques détails familiaux, intimes et touchants.
    Ce sont plus de 150 de ses oeuvres, peintes ou dessinées, que présente le Musée des Augustins de Toulouse - propriétaire d'une pièce magistrale de l'artiste, Le Mariage de la Vierge -, enrichissant ainsi l'exposition que les Lyonnais avaient pu admirer précédemment.
    Stella, lyonnais d'origine ­flamande, d'une dynastie de peintres, fait le « voyage en Italie », s'arrête à Florence puis part pour Rome où il sera le protégé de la famille Barberini. De ce séjour, il rapportera des miniatures inspirées de Jacques Callot et de ­ravissants dessins de petites gens croquées sur le vif, aux antipodes de la peinture officielle qui lui sera commandée par Richelieu. Fasciné par les défis techniques, il peint aussi sur « pietra dura », notamment un très beau Songe de Jacob utilisant les veines de l'onyx pour placer ses personnages.

     
    Peintre d'Église

     
    Car lorsque Stella rentre en France, décidé à se rendre à la cour d'Espagne, le cardinal premier ministre le retient. Il souhaite contrebalancer le baroque espagnol avec une autre manière d'illustrer la Contre-Réforme : une réutilisation de l'Antiquité « marquée du sceau de la rigueur intellectuelle, écrit Sylvain Laveissière, commissaire de l'exposition, au service d'une religion réconciliée avec la raison ».
    Stella devient alors presque exclusivement un peintre d'Église et travaille sur des commandes de grands et moyens formats : L'Assomption de la Vierge, L'Adoration des Anges (Stella en peint sur tous ses tableaux), Sémiramis appelée au combat. Autant de scènes convenues, avec des visages portant des masques anonymes sur lesquels il pose les affects de circonstance. Ses décors architecturaux antiques sont figés, ses couleurs froides, notamment son rose caractéristique, tirant sur le mauve, ses bleus, qu'il affectionne, éclatants mais glacés. La lumière vient de face, sans nuance. À cet égard, Clélie passant le Tibre, un épisode de l'histoire de Rome et des Étrusques, peut être considéré comme un chef-d'oeuvre du genre. Huit jeunes filles, idéalisations de la femme, d'une esthétique aussi parfaite que la composition est artificielle, baignent dans une lumière blanche et froide.
    Pourtant, dès qu'il le peut, il introduit un élément insolite, touchant. Dans David et Bethsabée, une de ses plus belles oeuvres, un petit chien, une table chargée de mets, un costume orientalisant insufflent la fantaisie. Il trouve aussi des accents inattendus de tendresse dans La Vierge donnant la bouillie à Jésus enfant et dans toute sa série sur la sainte Famille, où Joseph, rassurant et puissant, dans la force de l'âge, prend une importance inusitée.
    Mais son amitié - « funeste » - pour Poussin lui a nui. Lorsque sa nièce, Claudine Bouzonet-Stella, fera graver ses derniers dessins, le graveur signera Nicolas Poussin. Et il faudra attendre le XXe siècle pour que nombre de ses oeuvres, injustement attribuées, soient restituées à cet artiste qui méritait d'être classé parmi les plus grands.
    « Jacques Stella, peintre de Richelieu », Musée des Augustins, Toulouse, jusqu'au 17 juin. Tél. : 05 61 22 21 82.

     
    © Le Monde.fr
    image:www.lyonweb.net
  • "Melancholia" de Dürer

    medium_durer.jpg

    Albrecht Dürer (1471-1528) est originaire de Nüremberg. Peintre et surtout graveur, il propulse la gravure sur bois mais surtout la gravure sur cuivre, art nouveau pour l'époque, à un niveau encore jamais dépassé aujourd'hui. Il voyagea à de nombreuses reprises aux Pays-Bas et en Italie et fut influencé par les artistes qu'il y rencontra. C'est un homme de la Renaissance, il est d'ailleurs un des premiers artistes à avoir acquis une réputation personnelle. Le nombre d'autoportraits qu'il a réalisés montre bien son détachement de l'art médiéval, même si l'influence du gothique reste forte chez lui, surtout au début de sa carrière. Lié à l'Humanisme, Dürer est aussi un théoricien, intéressé par les mathématiques et la géométrie euclidienne - qu'il étudie en vue de travailler la perspective dans ses oeuvres - mais aussi par l'anatomie, les sciences naturelles... Par tous ces aspects, il est proche de Léonard de Vinci. Pour en savoir plus sur la biographie de Dürer:

    http://www.bib.ulb.ac.be/coursmath/bio/durer.htm http://www.ibiblio.org/wm/paint/auth/durer/durer.fr.html

    Melancholia I Dürer réalisa cette célèbre gravure (peut-être la plus célèbre) en 1514. C'est une allégorie qui représente la mélancolie dans la création de l'artiste. Ses interprétations sont nombreuses: certains y voient un autoportrait symbolique ("portrait spirituel" pour Panovsky), d'autres des symboles alchimiques nombreux. Enfin, on a aussi envisagé que cette oeuvre soit une représentation de la géométrie de l'artiste, telle qu'il la développe dans "l'excursus esthétique" du livre 3 du Traité des proportions du corps humain

     

    La Mélancolie

     

    Il semble que Dürer ait puisé son sujet dans De occulta philosophia de Heinrich Agrippa Von Nettesham (1510). Sans doute connaissait-il aussi les textes de Marsile Ficin.
    Pour le Moyen Age, quatre "humeurs" seraient responsables des tempéraments humains: le sang, la bile jaune, le phlegme et la bile noire ou mélancolie, au sens étymologique. Ces humeurs sont associées aux saisons, aux quatre âges de l'homme, aux éléments. C'est surtout la mélancolie qui a retenu l'attention, considérée comme une manifestation du génie auquel elle ouvre les portes de l'imagination. 
    La mélancolie est ensuite considérée comme un était dépressif qui enlève à l'artiste son enthousiasme, et les astrologues de la Renaissance pensent que le carré magique peut servir de traitement.
    Citations La mélancolie, c'est le bonheur d'être triste (Victor Hugo)

     

    Il y a quelque ombre de friandise et délicatesse qui nous rit et qui nous flatte au giron même de la mélancolie. (Michel de Montaigne)

     

    D'où vient à l'homme la plus durable des jouissances de son coeur, cette volupté de la mélancolie, ce charme plein de secrets, qui le fait vivre de ses douleurs et s'aimer encore dans le sentiment de sa ruine? (Senancour)

     

    La mélancolie est l'état de rêve de l'égoïsme (E.M.Cioran)

     

    Quand elle n'est pas engendrée, c'est la gaieté la plus totale. ("Ce spectacle n'engendre pas la mélancolie") (Alain Schiffres, Le nouveau dictionnaire des idées reçues, des propos convenus et des tics de langage.)

     

    Le Carré magique

     

    medium_melanc1.gif

    C'est un concept très ancien qui semble originaire d'Inde et de Chine, 2000 ans avant Jésus-Christ; on le retrouve chez les Arabes et des mathématiciens comme Fermat et Euler s'y sont intéressés. Sa propriété a fasciné: l'addition des nombres de chaque ligne, chaque colonne et chaque diagonale donnent le même résultat (34, dans le cas du carré de Jupiter). On lui a prêté un caractère ésotérique, d'autant plus que le 3 et 4 sont des chiffres particulièrement importants en alchimie, le 3 symbolisant la vie du monde physique et le 4, celle de l'esprit. On remarquera également que les deux cases centrales de la dernière ligne indique la date de création de l'oeuvre.

    Melancholia I source d'inspiration L'oeuvre de Dürer a inspiré énormément d'artistes (à commencer par une oeuvre de Picasso, avec laquelle elle présente de nombreux points communs selon les spécialistes), surtout à partir de l'époque romantique. 

     

    Le titre a ainsi été utilisé pour un poème fameux de Victor Hugo, publié dans le recueil Les Contemplations .(Hugo est également l'auteur d'un poème intitulé "A Dürer" dans le recueil Les Voix intérieures). Melancholia est aussi le titre que Verlaine donne à un groupe de poèmes du recueil Poèmes saturniens. On se souvient également que c'est sous ce titre que Sartre proposa le manuscrit - par ailleurs refusé - de La Nausée aux éditions Gallimard.

     

    Gautier, dans son roman fantastique Avatar, y fait référence:

    Quelquefois une bizarre syncope le faisait pâlir et froidir comme un marbre. Pendant une ou deux minutes, on eût pu le croire mort; puis le balancier, arrêté par un doigt mystérieux, n'étant plus retenu, reprenait son mouvement et Octave paraissait se réveiller d'un songe. On l'avait envoyé aux eaux; mais les nymphes thermales ne purent rien pour lui. Un voyage à Naples ne produisit pas un meilleur résultat. Ce beau soleil si vanté lui avait semblé noir comme celui de la gravure d'Albert Dürer; la chauve-souris qui porte écrit dans son aile ce mot: melancholia, fouettait cet azur étincelant de ses membranes poussiéreuses et voletait entre la lumière et lui; il s'était senti glacé sur le quai de la Mergellina, où les lazzaroni demi-nus se cuisent et donnent à leur eau une patine de bronze.(chap.1) lire le roman sur le site de Gallica: http://gallica.bnf.fr/Fonds_Frantext/T0101448.htm

    Et, bien sûr, on ne peut que penser au "Spleen" baudelairien...

    On lira avec intérêt les pages que Michel Tournier consacre à l'oeuvre et au thème de la mélancolie dans Célébrations, Mercure de France, 1999 et 2000 (Folio). 

    Les deux textes proposés ci-dessous associent explicitement cette gravure à un processus de rêve.

    Gérard de NERVAL

    Cette nuit-là, je fis un rêve qui me confirma dans ma pensée. - J'errais dans un vaste édifice composé de plusieurs salles, dont les unes étaient consacrées à l’étude, d'autres à la conversation ou aux discussions philosophiques. Je m'arrêtai avec intérêt dans une des premières, où je crus reconnaître mes anciens maîtres et mes anciens condisciples. Les leçons continuaient sur les auteurs grecs et latins, avec ce bourdonnement monotone qui semble une prière à la déesse Mnémosyne. - Je passai dans une autre salle, où avaient lieu des conférences philosophiques. J’y pris part quelque temps, puis j'en sortis pour chercher ma chambre dans une sorte d'hôtellerie aux escaliers immenses, pleine de voyageurs affairés.

     

    Je me perdis plusieurs fois dans les longs corridors, et, en traversant une des galeries centrales, je fus frappé d'un spectacle étrange. Un être d'une grandeur démesurée, - homme ou femme, je ne sais -, voltigeait péniblement au-dessus de l’espace et semblait se débattre parmi des nuages épais. Manquant d'haleine et de force, il tomba enfin au milieu de la cour obscure, accrochant et froissant ses ailes le long des toits et des balustres. Je pus le contempler un instant. Il était coloré de teintes vermeilles, et ses ailes brillaient de mille reflets changeants. Vêtu d'une robe longue à plis antiques, il ressemblait à l’Ange de la Mélancolie, d'Albrecht Dürer. - Je ne pus m'empêcher de pousser des cris d'effroi, qui me réveillèrent en sursaut. (Aurélia, 1855)

    Théodore de Banville, Le Stigmate

    Et in fronte ejus nomen scriptum:

    Mysterium...

    Apocalypsis, caput XVII.

    Une nuit qu'il pleuvait, un poète profane

    M'entraîna follement chez une courtisane

    Aux épaules de lys, dont les jeunes rimeurs

    Couronnaient à l'envi leur corbeille aux primeurs.

    Donc, je me promettais une femme superbe

    Souriant au soleil comme les blés en herbe,

    Avec mille désirs allumés dans ces yeux

    Qui reflètent le ciel comme les bleuets bleus.

    Je rêvais une joue aux roses enflammées,

    Des seins très à l'étroit dans des robes lamées,

    Des mules de velours à des pieds plus polis

    Que les marbres anciens par Dypoene amollis,

    Dans une bouche folle aux perles inconnues

    La Muse d'autrefois chantant des choses nues,

    Des Boucher fleurissants épanouis au mur,

    Et des vases chinois pleins de pays d'azur.

    Hélas! qui se connaît aux affaires humaines?

    On se trompe aux Agnès tout comme aux Célimènes:

    Toute prédiction est un rêve qui ment!

    Ainsi jugez un peu de mon étonnement

    Lorsque la Nérissa de la femme aux épaules

    Vint, avec un air chaste et des cheveux en saules,

    Annoncer nos deux noms, et que je vis enfin

    L'endroit mystérieux dont j'avais eu si faim.

    C'était un oratoire à peine éclairé, grave

    Et mystique, rempli d'une fraîcheur suave,

    Et l'oeil dans ce réduit calme et silencieux

    Par la fenêtre ouverte apercevait les cieux.

    Le mur était tendu de cette moire brune

    Où vient aux pâles nuits jouer le clair de lune,

    Et pour tout ornement on y voyait en l'air

    La Melancholia du maître Albert Dürer,

    Cet Ange dont le front, sous ses cheveux en ondes,

    Porte dans le regard tant de douleurs profondes.

    Sur un meuble gothique aux flancs noirs et sculptés

    Parlant des voix du ciel et non des voluptés,

    Souriait tristement une Bible entr'ouverte

    Sur une tranche d'or ouvrant sa robe verte.

    Pour la femme, elle était assise, en peignoir brun,

    Sur un pauvre escabeau.

    Ses cheveux sans parfum

    Retombaient en pleurant sur sa robe sévère.

    Son regard était pur comme une primevère

    Humide de rosée.

    Un long chapelet gris

    Roulait sinistrement dans ses doigts amaigris,

    Et son front inspiré, dans une clarté sombre

    Pâlissait tristement, plein de lumière et d'ombre!

    Mais bientôt je vis luire, en m'approchant plus près

    Dans ce divin tableau, sombre comme un cyprès,

    Dont mon premier regard n'avait fait qu'une ébauche,

    Aux lèvres de l'enfant le doigt de la débauche,

    Sur les feuillets du livre une tache de vin.

    Et je me dis alors dans mon coeur:

    C'est en vain

    Que par les flots de miel on déguise l'absinthe,

    Et l'orgie aux pieds nus par une chose sainte.

    Car Dieu, qui ne veut pas de tare à son trésor

    Et qui pèse à la fois dans sa balance d'or

    Le prince et la fourmi, le brin d'herbe et le trône,

    Met la tache éternelle au front de Babylone!

    Février 1841.

      http://users.skynet.be/litterature/lecture/melancholia.htm
  • Rembrandt et la Nouvelle Jérusalem

    medium_rembrandt.3.jpgUn art humaniste

    JEAN-LOUIS PINTE (mercredi 11 avril 2007)
     

    Rembrandt face à ses contemporains et à un événement culturel et religieux d’une importance considérable : l’installation au XVIIe siècle à Amsterdam d’une communauté juive, immigrants venant de la péninsule Ibérique et d’Europe centrale. Il se fonde alors une Nouvelle Jérusalem où juifs et chrétiens tissent des liens à travers une organisation communautaire. Cette période qui va jusqu’à l’inauguration de la grande synagogue d’Amsterdam correspond à la vie de Rembrandt. L’artiste est là qui observe cette société, le milieu artistique et intellectuel juif. Il capte aussi bien les personnages que des scènes d’histoire. De plus, entretenant des rapports privilégiés avec la communauté séfarade d’Amsterdam, il procède à travers son art à une lecture pertinente des Écritures. C’est à travers quelque 190 pièces, des manuscrits aux gravures en passant par les tableaux et les objets d’art que l’on découvre un des événements majeurs de ce que l’on a appelé le « Siècle d’or ».

    CRITIQUE. 

     Il s’agit d’une exposition où l’art est au service de la pédagogie et de l’histoire. Rembrandt et ses contemporains sont là pour témoigner, expliquer leur époque à travers les événements qu’ils vivent. Ils observent le fait d’être juif à Amsterdam à travers la vie quotidienne et les lieux et cette manière de « réinventer le judaïsme ». Les tableaux de Job Berckheyde, les gravures de Romeyn de Hooghe en assurent la véracité. Rembrandt, lui, illustre les Évangiles, peint des portraits dont les personnages appartiennent réellement au monde juif avec ce sens éblouissant de l’éclairage qui laisse deviner le caractère profond du personnage. Et c’est avec une véritable passion que l’on suit cette histoire de la Nouvelle Jérusalem. Rembrandt et les artistes de l’époque nous donnent une véritable leçon d’humanisme.

    Musée d’art et d’histoire du judaïsme : 71, rue du Temple (IIIe). Tél. : 01 53 01 86 60 Horaires : du lun. au ven. de 11 h à 18 h, dim de 10 h à 18 h, noc dim. jusqu’à 19 h Jusqu’au : 1er juillet Catalogue : Coédition Musée d’art et d’histoire du Judaïsme/Panama musées, 49 €

    http://www.figaroscope.fr/arts/2007041000023833.html

  • "Le tombeau de Virgile" par Alexandre Dumas père

    Texte
    Pour faire diversion à nos promenades dans Naples, nous résolûmes, Jadin et moi, de tenter quelques excursions dans ses environs. Des fenêtres de notre hôtel nous apercevions le tombeau de Virgile et la grotte de Pouzzoles. Au delà de cette grotte, que Sénèque appelle une longue prison, était le monde inconnu des féeries antiques; l'Averne, l'Achéron, le Styx; puis, s'il faut en croire Properce, Baïa, la cité de perdition, la ville luxurieuse, qui, plus sûrement et plus vite que toute autre ville, conduisait aux sombres et infernaux royaumes.

    Nous prîmes en main notre Virgile, notre Suétone et notre Tacite; nous montâmes dans notre corricolo, et comme notre cocher nous demandait où il devait nous conduire, nous lui répondîmes tranquillement: – Aux enfers. Notre cocher partit au galop.

    C'est à l'entrée de la grotte de Pouzzoles qu'est situé le tombeau présumé de Virgile.

    On monte au tombeau du poète par un sentier tout couvert de ronces et d'épines: c'est une ruine pittoresque que surmonte un chêne vert, dont les racines l'enveloppent comme les serres d'un aigle. Autrefois, disait-on, à la place de ce chêne était un laurier gigantesque qui y avait poussé tout seul. A la mort du Dante, le laurier mourut. Pétrarque en planta un second qui vécut jusqu'à Sannazar. Puis enfin Casimir Delavigne en planta un troisième qui ne reprit même pas de bouture. Ce n'était pas la faute de l'auteur des Messéniennes, la terre était épuisée.

    On descend au tombeau par un escalier à demi ruiné, entre les marches duquel poussent de grosses touffes de myrtes; puis on arrive à la porte columbarium, on en franchit le seuil et l'on se trouve dans le sanctuaire.

    L'urne qui contenait les cendres de Virgile y resta, assure-t-on, jusqu'au quatorzième siècle. Un jour on l'enleva sous prétexte de la mettre en sûreté: depuis ce jour elle n'a plus reparu.

    Après un instant d'exploration intérieure, Jadin sortit pour faire un croquis du monument et me laissa seul dans le tombeau. Alors mes regards se reportèrent naturellement en arrière, et j'essayai de me faire une idée bien précise de Virgile et de ce monde antique au milieu duquel il vivait.

    Virgile était né à Andes, près de Mantoue, le 15 octobre de l'an 70 avant Jésus-Christ, c'est-à-dire lorsque César avait trente ans; et il était mort à Brindes, en Calabre, le 22 septembre de l'an 19, c'est-à-dire lorsque Auguste en avait quarante-trois.

    Il avait connu Cicéron, Caton d'Utique, Pompée, Brutus, Cassius, Antoine et Lépide; il était l'ami de Mécène, de Salluste, de Cornélius Nepos, de Catulle et d'Horace. Il fut le maître de Properce d'Ovide et de Tibulle, qui naquirent tous trois comme il finissait ses Géorgiques.

    Il avait vu tout ce qui s'était passé dans cette période, c'est-à-dire les plus grands événements du monde antique: la chute de Pompée, la mort de César, l'avènement d'Octave, la rupture du triumvirat; il avait vu Caton déchirant ses entrailles, il avait vu Brutus se jetant sur son épée, il avait vu Pharsale, il avait vu Philippes, il devait voir Actium.

    Beaucoup ont comparé ce siècle à notre dix-septième siècle; rien n'y ressemblait moins cependant: Auguste avait bien plus de Louis-Philippe que de Louis XIV. Louis XIV était un grand roi, Auguste fut un grand politique.


    […]


    Voilà l'homme [i. e. Auguste] qui protégea vingt ans Virgile; voilà le prince à la table duquel il s'assit une fois par semaine avec Horace, Mécène, Salluste, Pollion et Agrippa; voilà le dieu qui lui fit ce doux repos vanté par Tityre, et en reconnaissance duquel l'amant d'Amaryllis promet de faire couler incessamment le sang de ses agneaux.

    En effet, le talent doux, gracieux et mélancolique du cygne de Mantoue devait plaire essentiellement au collègue d'Antoine et de Lépide. Robespierre, cet autre Octave d'un autre temps, ce proscripteur en perruque poudrée à la maréchale, en gilet de basin et en habit bleu-barbeau, à qui heureusement ou malheureusement (la question n'est pas encore jugée) on n'a point laissé le temps de se montrer sous sa double face, adorait les Lettres à Émilie sur la mythologie, les Poésies du cardinal de Bernis et les Gaillardises du chevalier de Boufflers; les Iambes de Barbier lui eussent donné des syncopes, et les drames d'Hugo des attaques de nerfs.

    C'est que, quoi qu'on en ait dit, la littérature n'est jamais l'expression de l'époque, mais tout au contraire, et si l'on peut se servir de ce mot, sa palinodie. Au milieu des grandes débauches de la régence et de Louis XV, qu'applaudit-on au théâtre? Les petits drames musqués de Marivaux. Au milieu des sanglantes orgies de la révolution, quels sont les poètes à la mode? Colin-d'Harleville, Demoustier, Fabre-d'Églantine, Legouvé et le chevalier de Bertin. Pendant cette grande ère napoléonienne, quelles sont les étoiles qui scintillent au ciel impérial? M. de Fontanes, Picard, Andrieux, Baour-Lormian, Luce de Lancival, Parny. Chateaubriand passe pour un rêveur, et Lemercier pour un fou; on raille le Génie du christianisme, on siffle Pinto.

    C'est que l'homme est fait pour deux existences simultanées, l'une positive et matérielle, l'autre intellectuelle et idéale. Quand sa vie matérielle est calme, sa vie idéale a besoin d'agitation; quand sa vie positive est agitée, sa vie intellectuelle a besoin de repos. Si toute la journée on a vu passer les charrettes des proscripteurs, que ces proscripteurs s'appellent Sylla ou Cromwell, Octave ou Robespierre, on a besoin le soir de sensations douces qui fassent oublier les émotions terribles de la matinée. C'est le flacon parfumé que les femmes romaines respiraient en sortant du cirque; c'est la couronne de roses que Néron se faisait apporter après avoir vu brûler Rome. Si, au contraire, la journée s'est passée dans une longue paix, il faut à notre cœur, qui craint de s'engourdir dans une languissante tranquillité, des émotions factices pour remplacer les émotions réelles, des douleurs imaginaires pour tenir lieu des souffrances positives. Ainsi, après cette suprême bataille de Philippes, où le génie républicain vient de succomber sous le géant impérial; après cette lutte d'Hercule et d'Antée qui a ébranlé le monde, que fait Virgile? Il polit sa première églogue. Quelle grande pensée le poursuit dans ce grand bouleversement? Celle de pauvres bergers qui, ne pouvant payer les contributions successivement imposées par Brutus et par César, sont obligés de quitter leurs doux champs et leur belle patrie:

    Nos patriae fines et dulcia linquimus arva;
    Nos patriam fugimus.

    De pauvres colons qui émigrent, les uns chez l'Africain brûlé, les autres dans la froide Scythie.

    At nos hinc alii sitientes ibimus Afros;
    Pars Scythiam...

    Celle de pauvres pasteurs enfin, pleurant, non pas la liberté perdue, non pas les lares d'argile faisant place aux pénates d'or, non pas la sainte pudeur républicaine se voilant le front à la vue des futures débauches impériales dont César a donné le prospectus; mais qui regrettent de ne plus chanter, couchés dans un antre vert, en regardant leurs chèvres vagabondes brouter le cytise fleuri et l'amer feuillage du saule.

    ... Viridi projectus in antro.
    ...............................
    Carmina nulla canam; non, me pascente, capellae,
    Florentem cytisum et salices carpetis amaras.

    Mais peut-être est-ce une préoccupation du poète, peut-être cette imagination qu'on a appelée la Folle du logis, et qu'on devrait bien plutôt nommer la Maîtresse de la maison, était-elle momentanément tournée aux douleurs champêtres et aux plaintes bucoliques; peut-être les grands événemens qui vont se succéder vont-ils arracher le poète à ses préoccupations bocagères. Voici venir Actium; voici l'Orient qui se soulève une fois encore contre l'Occident; voici le naturalisme et le spiritualisme aux prises; voici le jour enfin qui décidera entre le polythéisme et le christianisme. Que fait Virgile, que fait l'ami du vainqueur, que fait le prince des poètes latins? Il chante le pasteur Aristée, il chante des abeilles perdues, il chante une mère consolant son fils de ce que ses ruches sont désertes, et n'ayant rien de plus à demander à Apollon, comment avec le sang d'un taureau on peut faire de nouveaux essaims.

    Et que l'on ne croie pas que nous cotons au hasard et que nous prenons une époque pour une autre, car Virgile, comme s'il craignait qu'on ne l'accusât de se mêler des choses publiques autrement que pour louer César, prend lui-même le soin de nous dire à quelle époque il chante. C'est lorsque César pousse la gloire de ses armes jusqu'à l'Euphrate.

    .... Caesar dùm magnus ad altum
    Fulminat Euphraten bello, victorque volentes
    Per populos dat jura, viamque affectat Olympo.

    Mais aussi que César ferme le temple de Janus, qu'Auguste pour la seconde fois rende la paix au monde, alors Virgile devient belliqueux; alors le poète bucolique embouche la trompette guerrière, alors le chantre de Palémon et d'Aristée va dire les combats du héros qui, parti des bords de Troie, toucha le premier les rives de l'Italie; il racontera Hector traîné neuf fois par Achille autour des murs de Pergame, qu'il enveloppe neuf fois d'un sillon de sang; il montrera le vieux Priam égorgé à la vue de ses filles, et tombant au pied de l'autel domestique en maudissant ses divinités impuissantes qui n'ont su protéger ni le royaume ni le roi.

    Et autant Auguste l'a aimé pour ses chants pacifiques pendant la guerre, autant il l'aimera pour ses chants belliqueux pendant la paix.

    Ainsi, quand Virgile mourra à Brindes, Auguste ordonnera-t-il en pleurant que ses cendres soient transportées à Naples, dont il savait que son poète favori avait affectionné le séjour.

    Peut-être même Auguste était-il venu dans ce tombeau, où je venais à mon tour, et s'était-il adossé à ce même endroit où, adossé moi-même, je venais de voir passer devant mes yeux toute cette gigantesque histoire.

    Et voilà cependant l'illusion qu'un malheureux savant voulait m'enlever en me disant que ce n'était peut-être pas là le tombeau de Virgile!

    Source

    Alexandre Dumas (père), Le corricolo, "Deuxième partie", "III. Le Tombeau de Virgile"

    Portrait, entre 1860 et 1870
    Source: Prints and Photographs Division, Library of Congress

    Biographie en résumé

    Alexandre Davy de La Pailleterie Dumas, dit Dumas. Illustre auteur dramatique et romancier français, fils du général Alexandre Dumas, né à Villiers-Cotterets (Aisne) le 5 thermidor an X (24 juillet 1802), mort à Puys, près de Dieppe, le 5 décembre 1870.

    "Héros des guerres de la Révolution et de l'expédition d'Egypte, son père, fils d'un marquis normand et d'une esclave de Saint-Domingue, meurt, alors que le jeune Alexandre n'a que quatre ans. Des centaines de livres, des milliers de personnages et des millions de mots ne viendront jamais combler la cruelle absence de celui dont la figure héroïque hantera toute son oeuvre. De son propre aveu, Alexandre Dumas ne guérira jamais de "cette vieille et éternelle douleur de la mort de son père."

    Fils de mulâtre, sang mêlé de bleu et de noir, Alexandre Dumas doit alors affronter les regards d'une société française qui, pour ne plus être une société d'Ancien Régime, demeure encore une société de castes. Elle lui fera grief de tout : son teint bistre, ses cheveux crépus, à quoi trop de caricaturistes de l'époque voudront le réduire, sa folle prodigalité aussi. Certains de ses contemporains iront même jusqu'à lui contester la paternité d'une oeuvre étourdissante et son inépuisable fécondité littéraire qui tient du prodige.

    De tout cela, Dumas n'aura que faire. Force de la littérature, force de la nature, comme son héros Porthos qu'il aimait tant, il choisit de vivre sa vie. Cette vie foisonnante, luxuriante, parfois criarde, jamais mesquine, tout entière habitée par une généreuse lumière." (Jacques Chirac, Discours prononcé à l'occasion du transfert des cendres d'Alexandre Dumas au Panthéon, 30 novembre 2002)

    Voir aussi cette brève biographie

    Vie et œuvre
    Les divers épisodes de la vie de Dumas ont été tant de fois contés par lui-même ou par d’autres jusque dans leurs moindres détails qu’il suffirait de résumer brièvement les principales circonstances de cette existence si prodigieusement active, ainsi que les grandes œuvres qui en marquent les étapes, puis de grouper, dans l’ordre chronologique, et par leur nature même, les autres écrits de Dumas, dont la paternité lui a été contestée, ou ceux-là même qu’on pourrait, de son propre aveu, retrancher de son avoir. (...)

    Restée veuve en 1806 et réduite aux modiques ressources que lui concédait le titre de son mari, Mme Dumas ne put faire donner au fils issu de cette union qu’une éducation extrêmement sommaire et incomplète. L’enfant tenait, par contre, de son père, une constitution athlétique, une aptitude naturelle à tous les exercices du corps et une santé robuste. Les premiers chapitres de ses Mémoires renferment de nombreuses preuves de ce triple privilège, dont Dumas se montre presque aussi fier que de ses dons intellectuels et qui favorisèrent singulièrement les frasques de son adolescence, longuement contées aux mêmes pages. D’abord clerc d’avoué à Villers-Cotterets, puis à Crépy-sur-Oise, il vint en 1823 à Paris solliciter l’appui des anciens compagnons d’armes de son père, ralliés, pour la plupart, à la Restauration. Éconduit de divers côtés, il ne fut accueilli avec bienveillance que par un membre de l’opposition, le général Foy qui, aussi frappé de ses talents de calligraphe qu’affligé de son ignorance, lui procura une place d’expéditionnaire dans les bureaux de la chancellerie du duc d’Orléans. Le jeune homme, qui se proposait bien un jour de vivre de sa plume, se trouva néanmoins fort heureux de devoir à son écriture un traitement de 1200 fr. qui lui permettait de ne plus être à la charge de sa mère et lui laissait assez de loisirs pour apprendre tout ce qu’il ne savait pas et nommément l’histoire de France. Bientôt il osa faire imprimer ses premiers essais : une Élégie sur la mort du général Foy (1825, in-8); un dithyrambe en l’honneur de Canaris (1826, in-12) et un petit volume de Nouvelles contemporaines (1826, in-12). En même temps, il collaborait à deux vaudevilles, La Chasse et l’Amour (Ambigu-Comique, 22 septembre 1825) et La Noce et l’Enterrement (Porte Saint-Martin, 21 novembre 1826), tous deux signés Davy et dont il partagea les minces profits avec son camarade de jeunesse, Adolphe de Ribbing (de Leuven), James Rousseau, Lassagne et Gustave Vulpian. D’autres tentatives dramatiques plus sérieuses, tirées de la conjuration de Fiesque ou de l’épisode des Gracques, demeurèrent alors inédites, tandis qu’un passage d’Anquetil lui inspirait le drame d’où datent ses véritables débuts : Henri III et sa cour (cinq actes, en prose), représenté sur le Théâtre-Français le 11 février 1829, et demeuré depuis au répertoire (*), lui valut de véritables ovations; le duc d’Orléans, bien que fort peu sympathique à son subordonné, ne dédaigna pas de donner lui-même le signal des applaudissements et le nomma bibliothécaire adjoint aux appointements annuels de 1500 fr. Alexandre Dumas avait écrit avant Henri III un autre drame reçu dès le 30 avril 1828 par le comité du même théâtre et dont diverses circonstances avaient fait ajourner la représentation : ce drame, c’était Christine ou plutôt, pour lui donner le titre sous lequel il fut définitivement joué à l’Odéon le 30 mars 1830, Stockholm, Fontainebleau et Rome, trilogie en cinq actes et en vers, avec prologue et épilogue. Son succès ne fut pas moins vif que celui de Henri III, et Dumas se vit dès lors considéré comme l’émule de Victor Hugo; mais cette rivalité n’avait pas encore altéré leurs bons rapports personnels. Convié par Hugo à une lecture de Marion Delorme, alors arrêtée par la censure, il avoua hautement son admiration; de son côté, dit-on, Victor Hugo aurait, aidé d’Alfred de Vigny, retouché une centaine de vers de Christine, mal accueillis le soir de la première représentation.
    Dumas avait depuis quelques mois dit pour toujours adieu à la vie administrative et travaillait à plusieurs drames lorsque éclata la révolution de 1830. Il fit le coup de feu parmi les insurgés et, sur l’ordre de La Fayette, se rendit en hâte à Soissons où, avec le concours de quelques habitants, il protégea une importante poudrière et en assura la possession au parti vainqueur. Puis il partit pour la Vendée avec mission d’y provoquer la formation d’une garde nationale chargée de défendre le pays contre une nouvelle chouannerie que tout pouvait faire craindre. Admis au retour à faire connaître au roi lui-même son impression sur l’état des esprits, Dumas ne lui dissimula pas combien le remède lui semblait dangereux et insista sur la nécessité d’ouvrir à travers le Bocage et le Marais des voies de communication qui rendraient plus difficile la guerre civile qu’on redoutait. Bien que le second de ses conseils ait été suivi plus tard, le résultat de l’enquête ne raffermit point le crédit de Dumas auprès de Louis-Philippe; son élection de capitaine dans l’artillerie de la garde nationale parisienne, devenue l’un des foyers de l’opposition à la monarchie du 9 août, une visite intempestive aux Tuileries avec l’uniforme de ce corps supprimé par décret la veille même, le refus de prestation de serment exigé pour la remise du brevet et des insignes de la croix de Juillet, la présence de Dumas aux obsèques du général Lamarque, prélude des journées des 5 et 6 juin 1832, tels sont les principaux épisodes de cette période de politique militante à laquelle, par bonheur, Dumas ne tarda pas à renoncer, mais qu’il fallait rappeler sommairement ici.

    Une violente passion conçue pour Mme Mélanie Waldor (fille de Villenave), et à laquelle celle-ci, mariée à un officier, ne pouvait légalement répondre, inspira à Dumas ce drame où, sous le nom d’Antony, il s’est peint lui-même, a-t-il dit, «moins l’assassinat» et où il a peint, sous le nom d’Adèle Hervey, la maîtresse adorée, «moins la fuite», et qui, merveilleusement interprété par Bocage et Mme Dorval (Porte-Saint-Martin, 3 mai 1831), obtint alors une centaine de représentations. En 1834, il fut question de le transporter à la Comédie-Française, mais un article du Constitutionnel le dénonça comme immoral; l’interdiction, alors prononcée par le ministre de l’intérieur, fut levée seulement à la fin du second Empire, et de nos jours (*) Antony a repris sa place dans la série des matinées classiques organisées par l’Odéon. De 1831 à 1843, et sans préjudice des autres œuvres qui seront rappelées plus loin, Dumas occupa les diverses scènes de Paris avec les pièces suivantes: Napoléon Bonaparte ou Trente Ans de l’histoire de France, drame en six actes (Odéon, 10 janvier 1831), écrit en huit jours chez Harel qui retenait l’auteur en chartre privée; Charles VII chez ses grands vassaux, tragédie en cinq actes (Odéon, 20 octobre 1831), mal accueillie du public, malgré des beautés de premier ordre; Richard Darlington, drame en trois actes et en prose avec un prologue (Porte-Saint-Martin, 10 décembre 1831), dû à la collaboration de Beudin et de Goubaux qui en avaient fourni à Dumas l’idée première, empruntée aux Chroniques de la Canongate de Walter Scott, et où Frédérick Lemaître déploya un talent prodigieux; Térésa, drame en cinq actes (Opéra-Comique, Théâtre-Ventadour, 6 février 1832) dont le scénario primitif était d’Anicet-Bourgeois; Le Mari de la Veuve, comédie en un acte et en prose (Théâtre-Français, 4 avril 1832), avec la collaboration d’Anicet-Bourgeois et de Durrieu qui ne furent point nommés sur le titre de la brochure; La Tour de Nesle, drame en cinq actes et neuf tableaux (29 mai 1832), l’un des succès les plus retentissants et les plus prolongés du théâtre contemporain (*), mais qui souleva entre Frédéric Gaillardet, auteur du texte primitif, Jules Janin qui l’avait retouché et Dumas qui avait presque entièrement récrit la pièce, une polémique terminée par un duel avec le premier et par un procès; Catherine Howard, drame en cinq actes (Porte-Saint-Martin, 2 avril 1834), tiré par Dumas d’un autre drame resté inédit et intitulé Edith aux longs cheveux; Angèle, drame en cinq actes (Porte-Saint-Martin, 28 décembre 1833), avec la collaboration d’Anicet-Bourgeois; Don Juan de Maraña ou la Chute d’un ange, mystère en cinq actes, musique de Paccini (Porte-Saint-Martin, 30 avril 1836), imité en partie des Ames du Purgatoire de Prosper Mérimée; Kean, comédie en cinq actes et en prose (Variétés, 31 août 1836), autre grand succès de Frédérick Lemaître qui se renouvela plus tard à l’Ambigu et à la Porte-Saint-Martin; Piquillo, opéra-comique en trois actes avec Gérard de Nerval, musique de Monpou (Opéra-Comique, 31 octobre 1837); Caligula, tragédie en cinq actes et en vers avec prologue (Théâtre-Français, 26 décembre 1837), dont la chute rappela celle de Charles VII et n’est pas mieux justifiée; Paul Jones, drame en cinq actes (Panthéon, 8 octobre 1838), représenté contre le gré de l’auteur qui avait laissé le manuscrit à l’agence dramatique Porcher en nantissement d’un prêt; Mademoiselle de Belle-Isle, drame en cinq actes et en prose (Théâtre-Français, 2 avril 1839), resté au répertoire; L’Alchimiste, drame en cinq actes en vers (Renaissance, 10 avril 1839), auquel, s elon Quérard, Gérard de Nerval et Cordellier-Delanoue auraient collaboré; Bathilde, drame en trois actes et en prose (salle Ventadour, 14 janvier 1839), avec Auguste Maquet (seul nommé sur l’affiche et sur la brochure) et Cordellier-Delanoue; Un Mariage sous Louis XV, comédie en cinq actes, avec Leuven et Brunswick (Théâtre-Français, 1er juin 1841), restée aussi au répertoire (*); Lorenzino, drame en cinq actes et en prose, avec les mêmes collaborateurs (Théâtre-Français, 24 février 1842); Halifax, comédie en trois actes en prose avec prologue (Variétés, 2 décembre 1842); Les Demoiselles de Saint-Cyr, comédie en cinq actes et en prose, avec Leuven et Brunswick (Théâtre-Français, 25 juillet 1843), qui provoqua entre le principal auteur et Jules Janin une polémique violente et qui, mal accueillie le soir de la première représentation, trouva un peu plus tard et garda le succès dont elle était digne; Louise Bernard, drame en cinq actes et en prose, avec Leuven et Brunswick (Porte-Saint-Martin, 18 novembre 1843); Le Laird de Dumbicky, comédie en cinq actes et en prose, avec les mêmes (Odéon, 30 décembre 1843); Le Garde forestier, comédie en deux actes en prose avec les mêmes (Variétés, 15 mars 1845). En dépit de sa longueur, cette liste ne renferme que les pièces signées par Dumas, avouées par lui ou réimprimées dans les deux éditions collectives de son Théâtre (1834-1836, 6 vol. in-8, ou 1863-1874, 15 vol. in-12), mais non celles qu’il tira de la plupart de ses romans.

    Il nous faut maintenant revenir en arrière et rappeler les titres des principaux récits qui ont tour à tour distrait, ému ou charmé deux ou trois générations et qui se subdivisent en impressions de voyages, en romans et en chroniques historiques.

    Dumas a lui-même raconté comment, après l’insurrection de juin 1832 et une atteinte de choléra, dont il se ressentit d’ailleurs une partie de sa vie, les médecins et ses amis lui conseillèrent de quitter Paris durant quelques mois. De cette première excursion à travers la Bourgogne et la Suisse datent ces fameuses Impressions de voyage qui forment l’une des parties les plus attrayantes de son œuvre et qui ont si légitimement contribué à sa popularité. Ce sont, dans l’ordre chronologique: Impressions de voyage [en Suisse] (1833, 5 vol. in-8); Excursions sur les bords du Rhin (1841, 3 vol. in-8); Une année à Florence (1840, 2 vol. in-8); Nouvelles impressions de voyage [Midi de la France] (1841, 3 vol. in-8); Le Speronare (1842, 4 vol. in-8), voyage en Sicile avec le peintre Jadin et son bouledogue Mylord; Le Corricolo (1843, 4 vol. in-8); et La Villa Palmieri (1843, 2 vol. in-8), relatifs au même séjour dans le sud de l’Italie; De Paris à Cadix (1848, 5 vol. in-8); Le Véloce ou Tanger, Alger et Tunis (1848, 4 vol. in-8) qui forme la suite du précédent; Le Caucase (1859, in-4); De Paris à Astrakan (1860, 3 vol. in-12), réimpr. sous le titre collectif de : En Russie. À cette série se rattachent, sans en faire cependant partie : l’ouvrage intitulé Quinze jours au Sinaï (1839, 2 vol. in-8), rédigé sur les notes du peintre Dauzats, ainsi que L’Arabie heureuse, pèlerinage d’Hadji-Abd-el-Hamid-Bey [Du Couret] (1855, 6 vol. in-8, ou 1860, 3 vol. in-8); Les Baleiniers, journal d’un voyage aux Antipodes par le Dr Félix Maynard (1861, 2 vol. in-12) et le Journal de Mme Giovanni à Taïti, aux îles Marquises et en Californie (1855, 4 vol. in-8), présentés comme revus et mis en ordre par Alex. Dumas, sans que sa collaboration soit parfaitement établie.

    C’est par de courtes nouvelles que débuta le romancier qui devait entreprendre et mener à leur fin les plus longues et les plus captivantes inventions de la littérature moderne. Le Cocher de cabriolet, Blanche de Beaulieu (déjà publiée dans les Nouvelles contemporaines), Cherubino et Celestini, Antonio, Maria, et Le Bal masqué, Jacques Ier et Jacques II ont été réimprimés sous le titre de Souvenirs d’Antony (1835, in-8); Pauline et Pascal Bruno ont reçu le titre collectif de La Salle d’armes (1838, 2 vol. in-8). Viennent ensuite des œuvres de plus longue haleine : Le Capitaine Paul (1838, 2 vol. in-8), dont, si l’on en juge par un ex-dono de Dumas, l’idée première appartiendrait à Dauzats; Acté, suivi de Monseigneur Gaston de Phebus (1839, 2 vol. in-8); Aventures de John Davy (1840, 4 vol. in-8); Le Capitaine Pamphile (1840, 2 vol. in-8); Maître Adam le Calabrais (1840, in-8); Othon l’Archer (1840, in-8); Aventures de Lyderic (1842, in-8); Praxède, suivi de Don Martin de Freytas et de Pierre le Cruel (1841, in-8); Georges (1843, 3 vol. in-8), dont, selon Mirecourt, Félicien Malefille aurait pu revendiquer la paternité; Ascanio (1843, 5 vol. in-8), sur lequel, toujours d’après le même pamphlétaire, M. Paul Meurice aurait pu faire valoir les mêmes droits; Le Chevalier d’Harmental (1843, 4 vol. in-8), d’où date l’alliance intime, féconde et hautement avouée par le premier, de Dumas et de Maquet à laquelle on a dû successivement : Sylvandire (1844, 3 vol. in-8); Les Trois Mousquetaires (1844, 8 vol. in-8), le plus amusant et le plus célèbre des romans de cape et d’épée et ses deux suites dignes de leur aîné : Vingt ans après (1845, 10 vol. in-8) et Dix ans plus tard ou le Vicomte de Bragelonne (1848-1850, 26 vol. in-8); Le Comte de Monte-Cristo (184-1845, 12 vol in-8), dont Fiorentino réclamait une part formellement niée par Dumas et restée inconnue à Maquet; Une Fille du Régent (1845, 4 vol. in-8); La Reine Margot (1845, 6 vol. in-8); La Guerre des femmes (1845-1846, 8 vol. in-8); Le Chevalier de Maison-Rouge (1846, 6 vol. in-8); La Dame de Monsoreau (1846, 8 vol. in-8); Le Bâtard de Mauléon (1846, 9 vol. in-8); Mémoire d’un médecin (1846-1848, 19 vol. in-8) et ses deux suites : Ange Pitou (1853, 8 vol. in-8) et La Comtesse de Charny (1853-1855, 19 vol. in-8); Les Quarante-Cinq, suite et fin de La Dame de Monsoreau (1848, 10 vol. in-8). Alexandre Dumas, qui se flattait « d’avoir des collaborateurs comme Napoléon a eu des généraux », eut recours encore à Hipp. Auger pour Fernande (1844, 3 vol. in-8), à M. Paul Meurice pour Amaury (1844, 4 vol. in-8), à Paul Lacroix pour Les Mille et un fantômes (1849, 2 vol. in-8), La Femme au collier de velours (1851, 2 vol. in-8), et pour Olympe de Clèves (1852, 9 vol. in-8), etc. Parfois même il lui est arrivé de mettre ou de laisser mettre son nom sur la couverture de livres qu’il n’avait pas même lus, ainsi qu’il l’a reconnu plus tard pour Les Deux Diane de M. Paul Meurice (1846-1847, 10 vol. in-8), ou pour Le Chasseur de Sauvagine de M. G. de Cherville (1859, 2 vol. in-8), où sa part effective se réduisit, dit-il, à mettre un point sur l’i du dernier mot du titre. En revanche, on ne lui a jamais disputé plusieurs autres romans moins célèbres, il est vrai, que ceux dont les titres sont rappelés plus haut : Gabriel Lambert (1844, 2 vol. in-8); Le Château d’Eppstein (1844, 3 vol. in-8); Cécile (1844, 2 vol. in-8); Les Frères Corses (1845, 2 vol. in-8), émouvant récit, dédié à Prosper Mérimée.

    Malgré cette production sans exemple et qui dépassait tout ce que la cervelle et même la main humaine avaient pu jusqu’alors concevoir et exécuter, en dépit des procès suscités, et le plus souvent gagnés par les directeurs de journaux dont les traités restaient en souffrances, Dumas trouvait encore le temps de surveiller la construction de la villa de Monte-Cristo, près de Saint-Germain, et qui engloutit une partie des sommes fabuleuses que lui rapportait sa plume, de parcourir d’octobre 1846 à janvier 1847 l’Espagne et l’Algérie, en compagnie de son fils, de Maquet, de Louis Boulanger, de Desbarolles et d’Eugène Giraud, de prendre enfin la direction du Théâtre-Historique dont le duc de Montpensier lui avait fait obtenir la concession et où il se proposait « d’offrir chaque soir au peuple une page de notre histoire ». L’inauguration en eut lieu le 20 février 1847 avec La Reine Margot, drame en cinq actes et treize tableaux, tiré du roman portant le même titre, avec le concours d’Auguste Maquet qui, outre deux adaptations antérieures des Mousquetaires (Ambigu, 27 octobre 1845), et de La Fille du Régent (Théâtre-Français, 14 avril 1846), produisit dans les mêmes conditions : Le Chevalier de Maison-Rouge (Théâtre-Historique, 5 août 1847), dont le souvenir s’est perpétué par le fameux refrain Mourir pour la patrie! devenu peu après le chant patriotique de 1848; Monte-Cristo, drame en quatorze tableaux divisés en deux « soirées », innovation assez malheureuse, suivie plus tard de deux autres « soirées »: Le Comte de Morcerf et Villefort (1851); Catilina, drame en cinq actes (Théâtre-Historique, 14 octobre 1848); La Jeunesse des Mousquetaires, drame en cinq actes et quatorze tableaux, avec prologue et épilogue (Théâtre-Historique, 10 février 1849), l’un des grands succès de Mélingue; La Guerre des femmes, drame en cinq actes et dix tableaux (avril 1849); Le Chevalier d’Harmental, drame en cinq actes et dix tableaux (Théâtre-Historique, 26 juillet 1849); Urbain Grandier, drame en cinq actes, avec prologue (Théâtre-Historique, 30 mars 1850). C’est sur la même scène que furent encore représentés Le Comte Hermann, drame en cinq actes (22 novembre 1849), interprété par Mélingue, Laferrière et Rouvière, et une adaptation d’Hamlet, en cinq actes et en vers, qu’il a signée avec M. Paul Meurice et qui figure au répertoire actuel* de la Comédie-Française (15 décembre 1847).

    La révolution de février 1848 ne fut pour Dumas qu’une suite de déceptions et le signal du déclin de son extraordinaire fortune. Collaborateur d’une feuille quotidienne éphémère, La Liberté (mars-juin 1848), et fondateur d’une revue politique intitulée Le Mois (15 avril), qui n’eut pas une destinée beaucoup plus brillante, candidat malheureux dans Seine-et-Oise et dans l’Yonne, bientôt menacé dans la source principale de ses revenus par l’amendement Riancey qui assujettissait à un droit fiscal le roman-feuilleton, traqué par ses créanciers personnels et par ceux du Théâtre-Historique, dont la crise que l’on traversait avait entraîné la fermeture, il quitta Paris vers la fin de 1851 et vint se fixer à Bruxelles où il demeura jusqu’en 1854. C’est là qu’il écrivit : Un Gil Blas en Californie (1852, 2 vol. in-8); Mes Mémoires (1852-1854, 22 vol. in-8); Isaac Laquedem (1852, 2 vol. in-8), sorte de contre-partie du Juif Errant d’Eugène Suë, annoncée comme devant former trente volumes, mais qui fut arrêtée par la censure impériale; Le Pasteur d’Ashbourn (1853, 8 vol. in-8); El Saltéador (1853, 3 vol. in-8); Conscience l’Innocent (1853, 5 vol. in-8); Catherine Blum (1854, 2 vol. in-8); Ingénue (1854, 7 vol. in-8), dont la publication dans Le Siècle fut interrompue sur la réclamation d’un descendant de Restif de la Bretonne; Les Mohicans de Paris (1854-1858, 19 vol. in-8), dont Paul Bocage fut le collaborateur, ainsi que pour Salvator (1855-1859, 4 vol. in-8), qui en forme la suite. Grâce au dévouement de M. Noël Parfait, ancien représentant du peuple, exilé par le coup d’État et qui avait remis quelque ordre dans les finances de Dumas, celui-ci put, à son retour en France, retrouver une tranquillité relative. De 1854 à 1860, il fonda et dirigea Le Mousquetaire, devenu, en 1857, Le Monte-Cristo, «rédigé par M. Dumas seul», fit représenter Romulus, comédie en un acte et en prose (Théâtre-Français, 15 janvier 1854), dont O. Feuillet et Paul Bocage furent les collaborateurs; La Jeunesse de Louis XIV, comédie en cinq actes et en prose, reçue mais non jouée au Théâtre-Français, représentée au Vaudeville à Bruxelles le 20 janvier 1864 et reprise en 1874 à l’Odéon; La Conscience, drame en cinq actes (Odéon, 7 novembre 1854); L’Orestie, tragédie en trois actes et en vers (Porte-Saint-Martin, 5 janvier 1856); Le Verrou de la reine, comédie en trois actes (Gymnase, 5 décembre 1856), intitulée d’abord La Jeunesse de Louis XV et remaniée après son interdiction par la censure; L’Invitation à la valse, comédie en un acte (ibid., 3 août 1857); L’Honneur est satisfait, comédie en un acte (ibid., 19 juin 1858); Les Gardes forestiers, drame en cinq actes (Grand-Théâtre de Marseille, 23 mars 1858), tiré de Catherine Blum, roman cité plus haut; La Dame de Monsoreau, drame en cinq actes avec prologue (Ambigu, 10 novembre 1860), le dernier et l’un des meilleurs que Maquet ait signés avec lui; enfin, il écrivit deux de ses meilleurs romans, Les Compagnons de Jéhu (1857, 7 vol. in-8), et Les Louves de Machecoul (1859, 10 vol. in-8).

    Le voyage de Dumas en Italie (1860), la part plus ou moins effective qu’il prit à l’expédition de Garibaldi en Sicile, son séjour à Naples de 1860 à 1864 inaugurent le début de la dernière période de sa vie. Les œuvres s’y succèdent encore, de plus en plus hâtives et improvisées, et sans qu’à de rares exceptions près, on y sente percer, comme jadis, l’ongle du lion. Il suffira de citer : Madame de Chamblay (1863, 2 vol. in-12), dont l’auteur tira un drame en 1868 (Porte-Saint-Martin); Les Mohicans de Paris, drame en cinq actes (Gaîté, 20 août 1864), interdit par la censure et autorisé par Napoléon III à qui Dumas avait adressé une curieuse supplique; La San Felice (1864-1865, 9 vol. in-18); Les Blancs et les Bleus (1867-1868, 3 vol. in-12), épisode des guerres de Vendée, qui fournit aussi le sujet d’un drame joué sous le même titre au Châtelet en 1869.

    Si longue que soit l’énumération qui précède, elle resterait notablement incomplète si l’on n’y faisait point figurer trois séries d’écrits où Dumas, tout en donnant carrière à son imagination, a entendu raconter sa propre existence, celle de plusieurs de ses contemporains et de ses amis, enfin quelques-uns des principaux épisodes de l’histoire de France. Outre ses Mémoires déjà cités, on trouvera beaucoup de particularités curieuses, mais le plus souvent sujettes à contestations, dans un fragment placé en tête de la première édition de son Théâtre: Comment je devins auteur dramatique, dans ses Souvenirs de 1830 à 1842 (1854, 2 vol. in-8); dans ses Causeries (1860, 2 vol. in-18); dans Bric-à-Brac (1861, 2 vol. in-18), enfin dans l’Histoire de mes bêtes (1868, in-18). Le second groupe est formé par Un Alchimiste au XIXe siècle (le comte de Ruolz), premier chapitre de La Villa Palmieri, tiré à part; Le Maître d’armes (1844, 3 vol. in-8), mémoires de Grisier; Une Vie d’artiste (1854, 2 vol. in-8), histoire de la jeunesse et des débuts de Mélingue; La Dernière Année de Marie Dorval (1854, in-18), touchant appel à la charité publique pour parvenir à lui ériger un tombeau; les Mémoires de Garibaldi (1860), soi-disant traduits sur le manuscrit original; Les Morts vont vite (1861, 2 vol. in-18), intéressantes réminiscences sur Béranger, Musset, Achille Devéria, Eugène Suë, Chateaubriand, le duc et la duchesse d’Orléans, etc. En 1833, une première étude historique : Gaule et France, était présentée comme devant former la tête d’une série de Chroniques qui ne fut pas continuée après la seconde : Isabelle de Bavière (règne de Charles VI) (1836, 2 vol. in-8), car on ne peut donner ce nom aux compilations que Dumas a signées depuis et qu’il suffit de rappeler pour mémoire: Louis XIV et son siècle (1845-1846); Michel-Ange et Raphaël (1846); Louis XV (1849); La Régence (1849); Louis XIV (1850); Le Drame de Quatre-vingt-treize (1851); Histoire de deux siècles (1852); Histoire de la vie politique et privée de Louis-Philippe (1852); Les Grands Hommes en robe de chambre (César, Richelieu) (1857). Mettons à part La Route de Varennes (1860, in-18), amusant récit d’une excursion en Champagne, d’après l’itinéraire même de la famille royale, mais où une inexactitude lui valut un long procès définitivement jugé en sa faveur. À ces spéculations de librairie, on préférera toujours les deux ou trois contes écrits pour les enfants et restés des modèles du genre : Histoire d’un casse-noisette (1845, 2 vol. in-12, ill. par Bertall); La Bouillie de la comtesse Berthe (1845, in-12, ill. par le même) et Le Père Gigogne (1860, 2 vol. in-12).

    Les toutes dernières et si tristes années de la vieillesse de Dumas furent adoucies par le dévouement de sa fille, Mme Petel, et par la sollicitude de son fils, qui finit par pourvoir à tous les besoins de sa vie matérielle; ce fut dans la ville de Puys, près de Dieppe, qu’il s’éteignit le 5 décembre 1870, sans avoir conscience des désastres infligés à la France, et sa mort passa forcément alors inaperçue. Au mois d’avril 1872, sa dépouille fut exhumée de la tombe provisoire où elle était déposée et transportée, selon un vœu souvent exprimé par lui, au cimetière de Villers-Cotterets, en présence de la plupart de ses amis, collaborateurs ou interprètes encore survivants. Le 4 novembre 1883, fut inauguré sur la place Malesherbes, à Paris, le monument dû à Gustave Doré, qui n’avait pu en voir l’achèvement et où il avait placé au pied de la statue assise du grand romancier le personnage le plus populaire de son œuvre (d’Artagnan), encadré par deux groupes symbolisant les diverses classes de lecteurs que charmeront toujours ses légendaires exploits.

    Les indications bibliographiques des œuvres citées au cours de cet article se réfèrent toutes à leurs éditions originales, mais les divers écrits de Dumas (à l’exception de ses poésies qui n’ont jamais été réunies(*)) ont été l’objet de deux réimpressions générales en quelque sorte permanentes, l’un en livraisons in-4 illustrées, l’autre dans le format in-18 et comprenant beaucoup de romans (authentiques ou apocryphes) parus antérieurement sous d’autres titres; cette partie de la bibliographie de Dumas n’a pas été traitée par MM. Parran et Glinel dont les travaux n’en sont pas moins fort intéressants et fort utiles.

    Les portraits originaux de Dumas ne sont pas aussi nombreux que pourrait le faire supposer sa très réelle célébrité. On ne peut guère citer, parmi les documents les plus importants, que deux lithographies d’Achille Devéria, l’une en pied (sur un canapé), l’autre en buste et toutes deux fort belles; un médaillon en bronze de David d’Angers; une autre lithographie par Lelièvre (1833); un pastel par Eugène Giraud (1845); un portrait en costume de Circassien par Louis Boulanger (Salon de 1859), appartenant au fils du modèle; une statue par Carrier-Belleuse, à Villers-Cotterets; de très nombreuses caricatures et un certain nombre de photographies; l’une d’elles, représentant Dumas en manches de chemise et tenant dans ses bras une célèbre écuyère américaine, miss Adah Menken, fut retirée du commerce sur la plainte de la famille.

    (*) Au moment de la publication de cette notice, c’est-à-dire vers 1885.


    source: Maurice Tourneux, article «Dumas» de La grande encyclopédie: inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts. Réalisée par une société de savants et de gens de lettres sous la direction de MM. Berthelot, Hartwig Derenbourg, F.-Camille Dreyfus [et al.]. Réimpression non datée de l'édition de 1885-1902. Paris, H. Lamirault, [191-?]. Tome quinzième (Duel-Eoetvoes), p. 36-39.

    Œuvres de Alexandre Dumas (père)

    Oeuvres disponibles en ligne sur le site Gallica (Bibliothèque nationale de France)

    Source:agora

  • Lawrence d'Arabie

     

    Thomas Edward Lawrence (16 août 1888 - 19 mai 1935), également connu sous le nom de Laurence d’Arabie (Lawrence of Arabia), ou encore — parmi ses compagnons arabes — Aurens ou Al-Aurens, est un archéologue, officier, aventurier et écrivain britannique. Il accéda à la notoriété en tant qu'officier de liaison britannique durant la Révolte arabe de 1916 à 1918. L'immense écho que connut son action pendant ces années et après est due tant aux reportages du journaliste américain Lowell Thomas qu’à son autobiographie Les sept piliers de la sagesse (Seven Pillars of Wisdom). T.E. Lawrence est resté très populaire parmi les Arabes pour avoir soutenu leur lutte pour se libérer des jougs ottomans et européens. De même, les Britanniques le considèrent comme un des plus grands héros militaires de leur pays. Un film a été tiré de sa vie en 1962, avec Peter O'Toole dans le rôle-titre : Lawrence d'Arabie.

    Lawrence naît à Tremadoc, Caernafonshire au Nord du Pays de Galles, de parents d’ascendance anglaise et irlandaise. Son père, Thomas Chapman, est un membre important de l’aristocratie irlandaise qui a quitté sa femme tyrannique afin de vivre avec la gouvernante de ses filles avec laquelle il eut cinq fils. De décembre 1891 jusqu'au printemps de 1894 il habite à Dinard et part pour Aigues Mortes à vélo.

    Lawrence suit des études au Jesus College à Oxford. Il obtient son diplôme avec mention après avoir rédigé une thèse intitulée L’influence des Croisades sur l’architecture militaire européenne à la fin du XIIe siècle (The influence of the Crusades on European Military Architecture - to the end of the 12th century).

    Il accepte une position post-doctorale sur la poterie médiévale, mais l’abandonne après s’être vu proposer un poste d’archéologue au Moyen-Orient. En décembre 1910, il part pour Beyrouth, qu'il quitte pour Jbail (Byblos). Il participe ensuite à l’excavation de Karkemish près de Jerablus au Nord de la Syrie, sous les ordres de D.G. Hogarth et R. Campbell-Thompson.

    À la fin de l’été 1911, il retourne au Royaume-Uni pour un bref séjour et, dès novembre, il repart pour le Moyen-Orient afin de travailler brièvement avec Williams Flinders Petrie à Kafr Ammar en Égypte. Il retourne à Karkemish travailler avec Leonard Woolley. Il continue à visiter régulièrement le Moyen-Orient afin d’y mener des fouilles jusqu’au début de la Première Guerre mondiale. Ses nombreux voyages en Arabie, sa vie avec les Arabes, à porter leurs habits, apprendre leur culture, leurs langue et dialectes, allaient s’avérer des atouts inestimables durant le conflit.

    En janvier 1914, sous couvert d’activités archéologiques, Wooley et Lawrence sont envoyés par l’armée britannique en mission de renseignements dans la péninsule du Sinaï. Lawrence visite notamment Aqaba et Petra. De mars à mai, Lawrence retourne travailler à Carchemish. Après l’ouverture des hostilités en août 1914, sur le conseil de S.F. Newcombe, Lawrence décide de ne pas s’engager immédiatement et attend octobre pour le faire.

    Une fois engagé, il est nommé au Caire où il travaille pour les services de renseignements militaires britanniques. La très bonne connaissance du peuple arabe de Lawrence en fait un agent de liaison idéal entre les Britanniques et les forces arabes. En octobre 1916, il est envoyé dans le désert afin de rendre compte de l’activité des mouvements nationalistes arabes. Durant la guerre, il combat avec les troupes arabes sous le commandement de Fayçal ibn Hussein, un fils du chérif de la Mecque Hussein qui mène une guérilla contre les troupes de l’Empire ottoman. La contribution principale de Lawrence à l’effort britannique consiste à convaincre les Arabes de coordonner leurs efforts afin d’aider les intérêts britanniques. Il persuade notamment les Arabes de ne pas chasser les Ottomans de Médine, forçant ainsi les Turcs à conserver de nombreuses troupes pour protéger la ville . Les Arabes harcèlent le chemin de fer du Hedjaz qui approvisionne Médine, immobilisant davantage de troupes ottomanes pour protéger et réparer la voie. En 1917, Lawrence organise une action commune entre les troupes Arabes et les forces de Auda Abu Tayi (jusqu’alors au service des Ottomans) contre le port stratégique d’Aqaba. Le 6 juillet, après une audacieuse attaque terrestre, Aqaba tombe aux mains des Arabes. En novembre, il est reconnu à Dara alors qu’il mène une mission de reconnaissance déguisé en Arabe et est vraisemblablement violé par des membres de la garnison turque. Il parvient malgré tout à s’échapper. Un an plus tard, le 1er octobre 1918, Lawrence participe à la prise de Damas.

    Parmi les Arabes, Lawrence adopte nombre de coutumes locales et devient bientôt ami du Prince Fayçal. Il devint connu pour porter des vêtements blancs et monter des chameaux et des chevaux dans le désert. Vers la fin de la guerre, il cherche à convaincre, sans succès, ses supérieurs de l'intérêt de l'indépendance de l'Arabie pour le Royaume-Uni

     

    Dans l’immédiat après-guerre, Lawrence travailla pour le Foreign Office et assista à la Conférence de paix de Paris entre janvier et mai 1919 en tant que membre de la délégation de Fayçal. Il fut ensuite conseiller de Winston Churchill au Colonial Office jusque vers la fin de 1921.

    À partir de 1922, il essaya de redevenir anonyme. Il s’engagea dans la Royal Air Force sous le nom de « Ross ». Il fut rapidement démasqué et dut quitter la RAF. Sous le pseudonyme de « Shaw », il s’engagea en 1923 dans le Royal Tank Corps. Cet engagement ne lui plaisant pas, il fit de multiples demandes pour rejoindre la RAF et y parvint finalement en août 1925. A la fin de l’année 1926, il fut assigné à une base en Inde et y resta jusque fin 1928, date à laquelle il fut obligé de rentrer au Royaume-Uni suite à des rumeurs d’espionnage. Il s’occupa ensuite des bateaux à grande vitesse au sein de la RAF ("Air Sea Rescue" pour le sauvetage des pilotes tombés en mer) et dû quitter à regret l’armée à la fin de son contrat en mars 1935. Quelques semaines plus tard, il fut tué lors d’un accident de moto dans le Dorset. Il avait 47 ans

    Au-delà du mythe, Lawrence d'Arabie reste l'un des officiers les plus influents dans le développement d'une doctrine insurrectionnelle au siècle dernier. En 1946, le général français Raoul Salan a mené plusieurs entretiens avec le Général vietnamien Vo Nguyen Giap qui a planifié et conduit les opérations militaires contre les Français jusqu’à leur défaite à la Bataille de Dien Bien Phu. Salan faisait partie d’une mission de négociation créée pour finaliser le retour de l’autorité française au Viêt Nam. Plus tard, il commandera le Corps expéditionnaire français au Viêt Nam du 20 mai 1951 jusqu’à mai 1953, et il a conduit la dernière action militaire réussie contre Hô Chi Minh : une offensive nommée opération Lorraine, le 11 octobre 1952, dans laquelle les forces de Salan ont balayé la vallée de la Rivière Rouge et les jungles du Nord-Viêt Nam. L’année suivante, il remettra son commandement au général Henri-Eugène Navarre, qui présidera au désastre de Dien Bien Phu. Giap disait:

    • "[…] Lawrence combinait la sagesse, l'intégrité, l'humanité, le courage et la discipline avec l'empathie, soit l'aptitude à s'identifier émotionnellement aussi bien avec les subordonnés qu'avec les supérieurs".

    Pendant ces entretiens de 1946, Salan a été frappé par l’influence d’un homme sur la pensée de Giap ; cet homme était Thomas Edward Lawrence. Giap a dit à Salan:

    L’essence de la théorie de la guérilla à laquelle se réfère Giap peut être trouvée à deux endroits. Le premier et le plus accessible n’est autre que les nombreuses éditions des Sept Piliers de la Sagesse, notamment le chapitre 33. Le deuxième est un article portant le titre " The Evolution of a Revolt ", publié en octobre 1920 dans le Army Quarterly and Defence Journal. Tous deux sont basés sur l’évaluation pratique et réfléchie par Lawrence de la situation à laquelle faisaient face les forces arabes dans la région du Hedjaz, au sein du désert saoudien, en mars 1917.

    Lawrence fut un auteur prolifique tout au long de sa vie. Il est l'auteur de Les sept piliers de la sagesse (Seven Pillars of Wisdom). Il eut également une correspondance fournie, notamment avec George Bernard Shaw, Edward Elgar, Winston Churchill, Robert Graves et E. M. Forster. Plusieurs recueils épistolaires furent publiés, dont certains furent expurgés par leurs éditeurs.

    Il écrivit The Mint, le récit de ses expériences en tant que soldat dans la Royal Air Force . Travaillant à partir de ses notes écrites lors de son service dans la Royal Air Force, Lawrence raconta la vie quotidienne des soldats et son envie de faire partie : la RAF. Ce livre fut publié à titre posthume. Lawrence traduisit aussi l’Odyssée d’Homère et Le Gigantesque, un roman français peu connu, par Adrien le Corbeau.

    Certains passages des écrits de Lawrence et des rapports d’un de ses collègues qui lui aurait administré des fessées laissent à penser que Lawrence avait des goûts sexuels non-conventionnels, notamment le masochisme. Bien que ses écrits comprennent un passage clairement érotique et homosexuel (voir citation), ses orientations et expériences sexuelles restent inconnues.

    Les Sept Piliers de la Sagesse sont dédiés à "S.A.", avec un poème qui commence par :

    "I loved you, so I drew these tides of men into my hands
    and wrote my will across the sky in stars
    To gain you Freedom, the seven-pillared worthy house,
    that your eyes might be shining for me
    When I came."

    (Dans certaines éditions des Sept piliers de la sagesse, la dernière ligne de ce poème est "When we came" ("Quand nous sommes arrivés"). L’édition de 1922 publiée à Oxford a cependant "When I came").

    L’identité de "S.A." n’a jamais été élucidée. Il a été supposé que ces initiales correspondent à un homme, une femme, une nation ou une combinaison des précédents. "S.A." pourrait être "Sheikh Ahmed", également appelé Dahoum, un jeune arabe qui travailla avec Lawrence dans un chantier archéologique avant la guerre et dont Lawrence aurait été très proche. Dahoum mourut en 1918 du typhus. Cependant, certains affirment que Dahoum était seulement un ami très proche de Lawrence comme cela arrivait au 19e siècle et au début du 20e siècle, ce qui impliquait souvent des contacts physiques (mais à caractère non-sexuel). Lawrence lui-même, peut-être pour masquer les pistes, affirma que "S.A." était un personnage inventé.

    http://fr.wikipedia.org

  • Mon après-midi du 14 février au Salon du Livre de Casablanca(Maroc)3.

    Mes découvertes sur le stand d’Actes Sud.  MAJNÛN - L’AMOUR POEME ED.SINDBAD, Actes Sud-PARIS 1984  
    Lilyan Fongang-Kesteloot

     

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    Ethiopiques n°46-47
    Revue trimestrielle de culture négro-africaine
    Nouvelle série 3ème et 4ème trimestre 1987-volume 4

    Auteur : Lilyan KESTELOOT Nous connaissons certains auteurs dont la vie ou la personnalité sont plus notoires que l’œuvre littérature parfois bien mince.
    Voici, (une fois n’est pas coutume) une œuvre riche dont on n’est même pas sûr que l’auteur ait existé ! Majnûn est-il seulement une légende ? Mais si belle qu’elle aurait supplanté l’être réel ? Ecoutons donc son traducteur A. Miquel :
    En Irak du VIIe siècle un jeune homme de la tribu des Banu Amir était célèbre par son élégance et sa séduction. Qays, c’était son nom, tomba cependant amoureux de Layla et ce fut réciproque.
    Mais il commit l’erreur de chanter leur amour en public. Les parents se fâchèrent car le mariage est une affaire qui se règle entre familles et il n’est pas de coutume que les jeunes aient leur mot à dire. Ils se plaignirent donc au calife de Damas et l’on interdit à Qays de voir Layla. Qays devint « Majnûn » c’est-à-dire le fou.
    Sa famille s’inquiéta et voulant « réparer » offrit cinquante chamelles avec une demande en mariage au père de Layla. Celui-ci jugeant sa fille déshonorée refusa. Le père de Majnûn l’emmène à la Mecque pour demander sa guérison. Ce dernier demande à Dieu le contraire. Et il devient cette fois tout à fait fou, rôdant autour du village, mangeant les restes comme un clochard.
    Layla se maria. Alors Majnûn s’enfonça dans le désert. On le découvrit un jour mort sur un rocher avec un dernier poème entre les mains.
    Le conte est trop beau pour qu’on le taise, ajoute Miquel, si bien que la légende est devenue biographie.
    Mais qui fut réellement l’auteur de ces poèmes, il semble qu’on ne le sait point. Par contre ce thème de l’amour impossible qui conduit à la folie existe dans d’autres coins du monde arabe. Ainsi le personnage de Djeha en Tunisie. Thème repris au féminin par un film peu connu, au Maroc, « Un autre ciel », où l’on voit une jeune fille poursuivre un inconnu aimé un soir, jusqu’à l’absurde, jusqu’au désert où elle restera, aliénée de son bon sens.
    Nous en connaissons des échos dans notre poésie médiévale ne fut-ce que par la « Folie Tristan » et certains textes de troubadours.
    Ce thème est inconnu par contre dans la littérature nègre, du moins à notre connaissance (M. Kane, Bassirou Dieng). On connaît l’amour qui peut conduire dans l’autre monde... C’est une légende boulou-fang (Cameroun) mais on en revient. On connaît le thème douloureux parfois de « l’absente » (Senghor). On connaît le style « amour courtois » avec Fatou Seydi dans la poésie peule (Alpha Sow).
    On connaît enfin le chant funèbre à la bien-aimée partie pour toujours : en wolof le poème Fatimata a ainsi porté sur les ondes la douleur inspirée d’un époux inconsolable. Au Sénégal encore les poèmes de Lamine Sall, de Marouba Fall...
    Mais la folie, l’amour asocial, radical... je n’en vois point. On meurt parfois à cause d’une femme (Samba Gueladio) mais on ne meurt pas d’amour pour une femme.
    Mais revenons à Majnûn ; histoire ou légende, au fond peu importe ; car ces poèmes ont été de toute façon écrits par quelqu’un de bien vivant, bien souffrant même s’il s’agit de souffrance imaginaire. (j’ai en effet connu un jeune français linguiste marié père d’un enfant mignon, qui avait ainsi écrit un splendide poème de 25 pages sur une fiancée morte et totalement imaginée. Le poème était bouleversant. Passionnant pour une psycho-critique !).
    Ces poèmes sont splendides et la performance du très savant arabisant André Miquel, professeur au collège de France, nous touche par cet effort et cette fidélité d’une traduction qui pousse le scrupule jusqu’à tenter de retrouver le rythme et la rime du vers tawîl. En français ce n’était pas évident, mais certes le souffle « passe » et cela du moins est acquis. Nous regretterons peut être l’absence du texte arabe en regard, qui aurait permis aux connaisseurs des deux langues d’en apprécier, d’en mesurer les écarts et les passages.
    Mais ne boudons point notre plaisir pour une fois qu’une poésie s’impose souveraine, même si elle nous vient du fond des âges et d’un poète mal identifié... mais après tout Shakespeare n’est-il pas dans le même cas ? - je cueille au hasard :
     Je ne veux voyager que si le chemin monte
    Et je n’aime l’éclair que s’il vient du Yemen
    Aimez une Layla et pour morts je vous compte
    Même si comme moi vous vivez de chagrin... p. 39

     

     

    Je les entends : « Tu n’as qu’à l’oublier ! »
    Et moi je dis : « Je ne veux ni ne puis,
    Car son amour à mon cœur est lié
    Comme le seau à la corde du puits... p. 40

      Passant par la maison, la maison de Layla
    Je baisse ce mur-ci, cet autre, et celui-là
    Est-ce d’aimer les murs que tu perds la raison ?
    Non pas les murs mon cœur ; les gens de la maison... p. 54
      Son amour je le crois m’abandonne à l’errance
    Dans un pays perdu, tout seul et dépouillé
    Pas un ami pour les dernières confidences
    Pour compagnie j’ai ma chamelle et son harnais... p. 62
      Nous étions à Minâ, au Khayf quelqu’un cria
    De mon âme avivant malgré lui les douleurs
    Ce cri c’était le nom de Layla sans Layla
    Et j’ai cru qu’un oiseau s’envolait de mon cœur... p. 66
      Je n’irai pas plus loin, Layla : vingt ans c’est trop.
    Je t’attendrai ici, pleurant sur ma misère.
    Ton amour de mon cœur malade est le bourreau,
    Mais contre l’ennemi, s’il est aimé, que faire ?
    Je vais où va Layla, et puis elle me laisse.
    Telle est la vie : on se rejoint, se désunit.
    J’ai, passée à mon cœur, je crois bien, une laisse :
    Layla me traîne ainsi partout, et je la suis.
    La nuit est mon séjour, mon chemin, et je tremble
    Comme le fou dont tout le corps se désassemble... p. 71
     

    J’espère vous avoir donné envie, envie seulement de lire Majnûn.

     

     source:http://www.refer.sn/ethiopiques/

     

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  • Estampes, création plurielle jusqu'au 3 mars à l'Institut Français de Casablanca(Maroc)

    medium_estampes.jpgFondé en 2002 par Asmae Lahkim Bennani, artiste peintre diplômée de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris, avec le concours de la Fondation de France « Prix Odon Vallet », l'Atelier Lahkim Bennani, rebaptisé en octobre 2006 Estampe-Art-Editions, a pour vocation la création d'oeuvres d'art originales contemporaines, sous la forme d'estampes traditionnelles réalisées selon trois techniques : la gravure en taille-douce, la lithographie et la sérigraphie.
    Cette exposition présente les estampes de plus de trente artistes peintres marocains : Alaoui Rita, Belkahia Farid, Bellamine Fouad, Benbouchta Amina, Bencheffaj Saâd, Benjakan Salah, Binebine Mahi, Bouhchihi M'barek, Boujemaoui Mustapha, Bouragba Omar, Chebaa Mohamed, Echair Hassan, El Alej Meryem, El Glaoui Hassan, Erruas Safaa, Gharib Khalil, Habbouli Bouchaib, Hassan Fatima, Kantour Tibari, Labied Miloud, Lahkim Bennani Asmae, Lemssefer Ahlam, Megara Mekki, Melehi Mohamed, Miloudi Houssein, Mourabiti Mohamed, Nabili Mohamed, Qotbi Mehdi, Rabi Abdelkebir, Sadok Abdellah, Selfati Ilias, Slaoui Hassan, Tallal Houssin, Yamou Abderrahim, &
    Un documentaire illustrant les diverses étapes de l'édition et les détails de la vie quotidienne de l'espace Estampe-Art-Editions sera également proposé au public.

    http://www.ambafrance-ma.org/institut/agenda.cfm

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    Platini élu président de l'UEFA !

    medium_platini.jpgMichel Platini a été élu à la tête de l'instance européenne aux dépens du président sortant Lennart Johansson

    Les dirigeants des 52 fédérations ont préféré l'ancien capitaine de l'équipe de France, désigné au 1er tour avec 27 voix contre 23. A l'annonce du résultat, Platini s'est montré très ému. "Tout va commencer. C'est le début d'une aventure. Je suis très heureux de pouvoir représenter le football européen", a-t-il indiqué. Son mandat est de 4 ans.

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  • Catégories : Sport

    Sport:Ligue 1: Lyon se déplace à Toulouse, Lens affronte Lille

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    PARIS (AFP) - A des années-lumière de l'intouchable leader lyonnais, qui se déplace à Toulouse, Lens (2e) et Lille (5e) s'affrontent dans une rencontre qui dépasse largement le contexte régional, avec pour enjeu une place sur le podium, samedi et dimanche lors de la 20e journée de Ligue 1.

    Paris, toujours sous la menace d'une relégation, et Marseille, emmené pour la première fois en championnat par le duo Ribéry-Cissé et occupé en coulisses par les bruits concernant une possible vente, n'auront pas la partie facile face à Valenciennes et Rennes.

    Nantes (17) - Nice (19): Tout juste renforcé par l'arrivée de Fabien Barthez, le FC Nantes espère ainsi profiter de la deuxième moitié du championnat pour sauver sa place parmi l'élite. L'ancien champion du monde, qui a effectué des débuts victorieux contre Guingamp (1-0) en Coupe de France, samedi, sera vite dans le bain face à un autre mal-classé. A la recherche d'un succès depuis 8 journées, les Niçois n'ont pas le droit à l'erreur mais pourront compter sur un attaquant chevronné, Lilian Laslandes, tout juste transféré de Bordeaux, pour les sortir de la zone de relégation.

    Saint-Etienne (4) - Monaco (15): En embuscade à deux longueurs de la 3e place, les Verts ont une belle occasion de mettre la pression sur Sochaux, voire Lens pour les places qualificatives en Ligue des champions. Monaco, qui a un urgent besoin de points, risque de souffrir dans la forteresse Geoffroy-Guichard où les Stéphanois viennent d'enchaîner six victoires consécutives en L1.

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  • Catégories : Sport

    Rétro-foot 2006:les regrets éternels du mondial

    medium_zidane.2.jpg
    L'équipe de France a été l'une des grandes animatrices d'une Coupe du monde remportée par l'Italie.

    Outre la quatrième étoile enlevée par la Squadra Azzura , on retiendra de ce Mondial allemand le bon comportement du pays hôte, le beau parcours du Portugal, les échecs brésiliens, argentins et anglais, les révélations (Equateur, Ghana, Australie et surtout Ukraine) et la symphonie inachevée des Bleus, passés du médiocre à l’exceptionnel en un mois.

    Grégory JOUIN
    Publié le 28/12 à 11:45

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  • Henry James,"Le Tour d'écrou", Angleterre,1898 (qui a inspiré Peter Straub dans "Julia")

    Roman fantastique

    Voici le chef d'oeuvre de l'écrivain américain le plus européen qui adopta la nationalité anglaise peu avant sa mort. Il est vrai que lorsqu'on lit Le tour d'écrou, on a vraiment une impression de vieille Angleterre un peu à la manière d'Hitchcock dans son film Rebecca : vieille bâtisse isolée, présence de fantômes etc...

    Voici l'atmosphère : un soir au coin du feu, un homme raconte une histoire de revenants à une assemblée de vieilles femmes...Cette histoire lui a été racontée par l'"héroïne" de l'histoire :

    Une jeune femme de la campagne vient s'occuper de deux charmants enfants orphelins, Flora et Miles. C'est leur oncle, qui ne souhaite pas s'en occuper, qui a recruté cette jeune femme. Il lui donne un ordre : ne le déranger sous aucun prétexte...La jeune femme part donc dans une vieille bâtisse à la rencontre de ses hôtes ; elle y rencontre une vieille gouvernante charmante, Mrs Grose, ainsi que deux charmants bambins qui la charment dès le premier instant : visages d'anges, intelligence et douceur....Mais bien vite, la jeune femme est perturbée par une présence inquiétante qu'elle a remarqué sur une tour à côté de la maison. Mrs Grose lui révèle qu'il s'agit de Quint, l'ancien valet, un personnage sinistre ....qui est mort l'année dernière. Une deuxième silhouette surgit quelques jours plus tard...Petit à petit, la jeune fille découvre que Miles et Flora semblent subir l'influence de ces présences fantomatiques...Elle est prête à tout pour les sauver.

    Ce petit livre est considéré comme le chef d'oeuvre de la nouvelle fantastique, tout comme Le Horla de Maupassant. Comme dans cette nouvelle, une fine analyse psychologique donne toute son ampleur au texte; tout est vécu de l'intérieur, dans l'esprit de la jeune gouvernante, sans que l'auteur ne fasse part de son jugement. Hallucinations? Présence réelle? Le lecteur ne peut à aucun moment savoir....La jeune femme passe de la psychose à la lutte contre les présences. Nous admirons son sang-froid et surtout sa détermination à sauver les deux enfants qu'elle adore.

    Peu importe la présence des fantômes...Ce qui compte, c'est le ressenti des personnages et leur lutte contre les présences maléfiques.

    Henry James excelle autant dans la description des états d'âme de la gouvernante que dans la description des deux enfants, mi-anges, mi-démons. Il ressort de l'écriture une tension extrême qui culmine à la chute inattendue du roman mais chut !

    Si vous avez aimé l'atmosphère du film Les autres d'Amenabar et les vieilles bâtisses anglo-saxonnes, vous tomberez sous le charme !

    http://passiondeslivres.over-blog.com/article-4446350.html

    Article emprunté à Sylvie dans son blog de critiques de livres.

    Henry James:

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    Henry James naît à New York le 15 avril 1843, second des cinq enfants (William, né en 1842, Garth Wilkinson, né en 1845, Robertson, né en 1846, et Alice née en 1848) d'Henry James senior et de Mary Robertson Walsh. La fortune acquise par son grand-père, émigré irlandais arrivé aux États-Unis en 1789, avait mis la famille à l'abri des servitudes de la vie quotidienne. Son frère aîné, William James, deviendra professeur à Harvard et se fera connaître pour sa philosophie pragmatiste. Malgré des liens solides avec Henry, la rivalité entre les deux frères créa toujours des conflits psychiques latents.

    Après un séjour de 5 ans en Europe, la famille s'établit, en 1860, en Nouvelle-Angleterre où elle demeura pendant la guerre civile. En septembre 1862, Henry James s'inscrit à la faculté de droit de Harvard, rapidement abandonnée face au désir d'être « tout simplement littéraire ». En 1864, il publie anonymement sa première nouvelle, ainsi que des comptes-rendus critiques destinés à des revues. The story of a Year, sa première nouvelle signée, parait dans le numéro de mars 1865 de l'Atlantic Monthly.

    De février 1869 au printemps 1870, James voyage en Europe, d'abord en Angleterre, puis en France, en Suisse et en Italie. De retour à Cambridge, il publie son premier roman Watch and Ward (Le regard aux aguets). De mai 1872 à mars 1874, il accompagne sa sœur Alice et sa tante en Europe où il écrit des comptes rendus de voyage pour The Nation. Il commence à Rome l'écriture de son deuxième roman Roderick Hudson, publié à partir de janvier 1875 dans l'Atlantic Monthly, qui inaugure le thème "international" de la confrontations des cultures d'une Europe raffinée et souvent amorale et d'une Amérique plus frustre, mais plus droite.

    Après quelques mois à New York, il s'embarque à nouveau pour l'Europe le 20 octobre 1875. Après un séjour à Paris, où il se lie d'amitiés avec Tourgueniev et rencontre Flaubert, Zola, Maupassant et Daudet, il s'installe, en juillet 1876, à Londres. Les cinq années qu'il y passe seront fécondes: outre de nombreuses nouvelles, il publie The American (1877), The Europeans (1878), un essai sur les poètes et romanciers français (French Poets and Novelists, 1878)... Daisy Miller, publié en 1878, lui vaut la renommée des deux côtés de l'atlantique. Après Washington Square (1880), The Portrait of a Lady est souvent considéré comme une conclusion magistrale de la première manière de James.

    Sa mère décède en janvier 1882, alors que James séjourne à Washington. Il revient à Londres en mai et effectue un voyage en France (d'où naîtra, sous le titre A Little Tour in France, un petit guide qui servira à plusieurs générations de voyageurs dans les régions de la Loire et du Midi). Il rentre de façon précipitée aux États-Unis où son père meurt le 18 décembre, avant son arrivée. Il revient à Londres au printemps 1883. En 1884, sa sœur Alice, névrotique, le rejoint à Londres où elle décèdera le 6 mars 1892.

    En 1886, il publie deux romans, The Bostonians (Les Bostoniennes) et The Princess Casamassima, qui associent à des thèmes politiques et sociaux (féminisme et anarchisme) la recherche d'une identité personnelle. Suivirent deux courts romans en 1887, The Reverberator et The Aspern Papers (Les papiers de Jeffrey Aspern), puis The Tragic Muse en 1888.

    Bien que devenu un auteur au talent reconnu, les revenus de ses livres restaient modestes. Il décide alors, dans l'espoir d'un succès plus important, de se consacrer au théâtre. En 1891, une version dramatique de The American rencontre un petit succès en province, mais reçoit un accueil plus mitigé à Londres. Il écrira ensuite plusieurs pièces qui ne seront pas montées. En 1895, la première de Guy Domville finit dans le désordre et les huées.

    Après cet échec, il revient au roman, mais en y appliquant, peu à peu, les nouvelles compétences techniques acquises au cours de sa courte carrière dramatique. En 1897, il publie The Spoils of Poynton (Les dépouilles de Poyton) et What Maisie Knew (Ce que savait Maisie). Puis viennent les derniers grands romans: The Wings of the Dove (1902), The Ambassadors (1903) et The Golden Bowl (1904).

    En 1903, James a soixante ans et un « mal du pays passionné » l'envahit. Le 30 août 1904, il débarque à New York, pour la première fois depuis vingt ans. Il quitte les États-Unis le 5 juillet 1905, après avoir donné de nombreuses conférences à travers tout le pays. Ses impressions seront réunies dans un volume intitulé The American Scene.

    Avant son retour en Angleterre, il met au point, avec les Éditions Scribner, le projet d'une édition définitive de ses écrits, The Novels and Tales of Henry James, New York Edition, qui comportera, à terme, vingt-six volumes. Entre 1906 et 1909, il travaille à l'établissement des textes, n'hésitant pas à apporter des corrections significatives à ses œuvres les plus anciennes, et rédige dix-huit préfaces qui donnent des vues pénétrantes sur la genèse des ses œuvres et ses théories littéraires. Le manque de succès de cette entreprise l'affecte durablement.

    En 1915, déçu par l'attitude des États-Unis face à la guerre qui fait rage sur le continent, il demande et obtient la nationalité britannique. Il a une attaque cardiaque le 2 décembre, suivie d'une seconde le 13. Il reçoit l'ordre du Mérite le jour de l'an 1916 et meurt le 28 février.

    Henry James fut un écrivain prolifique. Il écrivit dix-neuf romans, plus d'une centaine de nouvelles, quelques pièces de théâtre (qui ne furent, pour la plupart, jamais jouées) et de nombreux récits de voyage. Ce fut aussi un critique littéraire de premier plan. Il entretint tout au long de sa vie une correspondance importante (plusieurs milliers de lettres), en particulier avec d'autres écrivains célèbres (Robert Louis Stevenson, Joseph Conrad, Edith Wharton,...).

    La liste qui suit est loin d'être exhaustive !

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_James

  • Année de l'Arménie en France jusqu'au 14 juillet 2007

    La singularité de l’Année de l’Arménie tient dans le fait qu’elle rend compte de l’expérience historique d’un peuple très ancien et de son rayonnement en dehors des frontières de l’actuelle République. Arménie, mon amie évoque ainsi le destin arménien dans toutes ses dimensions, de l’histoire mythique qui débute avec l’Arche de Noé échouée au sommet du Mont Ararat jusqu’à la tragédie du génocide de 1915, traumatisme historique dont la mémoire structure encore fortement l’identité arménienne, et qui a jeté ce peuple sur les chemins de l’exil : « J’ai connu les douleurs de ce monde mensonger, je souffre l’absence de mes compagnons ; Grue n’as-tu pas une petite nouvelle de notre pays ? » écrivait le grand compositeur Komitas.

    Lire la suite