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Littérature - Page 15

  • Catégories : Nerval Gérard de

    Investissement affectif dans le "Voyage en Orient" de Nerval

    O. C , II, 416 : « Il fallut attendre jusqu’au soir pour rencontrer enfin le magique spectacle du Nil élargi comme un golfe, des bois de palmiers plus touffus que jamais, de Damiette, enfin, bordant les deux rives de ses maisons italiennes et de ses terrasses de verdure ; spectacle qu’on ne peut comparer qu’à celui qu’offre l’entrée du grand canal de Venise, et où de plus les mille aiguilles des mosquées se découpaient dans la brume colorée du soir. »

     

    Cadrage

    Paysage vu sur l’eau

  • Catégories : La littérature

    Le secret peut-être levé sur la mort du père du "Petit prince"

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    Une maquette du Ligthning P-38 d'Antoine de Saint-Exupéry et des morceaux de l'épave de l'avion de l'auteur du "Petit prince". Horst Rippert, un Allemand de 88 ans qui se présente comme un ancien combattant de la Luftwaffe, déclare dans un livre à paraître qu'il est celui qui a abattu le 31 juillet 1944 au-dessus de la Méditerranée l'avion d'Antoine de Saint-Exupéry. /Photo d'archives/REUTERS

    PARIS (Reuters) - Un ancien as de la Luftwaffe âgé de 88 ans a peut-être levé le mystère de la disparition, le 31 juillet 1944, d'Antoine de Saint-Exupéry, pionnier de l'aviation commerciale et auteur mythique du "Petit prince", un des livres français les plus lus et traduits dans le monde.

    En déclarant être celui qui a abattu au-dessus de la Méditerranée, au large de Marseille, le Lightning P-38 d'Antoine de Saint-Exupéry, Horst Rippert, 88 ans, a aussi dissipé une légende qui voulait que l'écrivain et aviateur se soit suicidé.

    "J'ai plongé dans sa direction et j'ai tiré, non pas sur le fuselage mais sur les ailes. Je l'ai touché, le zinc s'est abîmé, droit dans l'eau, il s'est écrasé en mer. Personne n'a sauté", déclare l'Allemand dans le livre à paraître "Saint-Exupéry, l'ultime secret".

    Cet "as" de la Luftwaffe, décoré pour ses multiples victoires aériennes, est devenu après la guerre journaliste sportif à la télévision ZDF.

    Au moment où il volait pour ce qui devait être sa dernière mission, Antoine de Saint-Exupéry était une icône internationale, mais il était à bout de forces, désespéré du futur tel qu'il le voyait, ce qui a fait dire à certains de ses biographes qu'il avait souhaité la mort qui l'attendait.

    "Si je suis descendu, je ne regretterai absolument rien. La termitière future m'épouvante. Et je hais leur vertu de robots. Moi, j'étais fait pour être jardinier", écrivait-il dans une lettre à un ami juste avant sa disparition.

    Dans son livre "Pilote de guerre", publié en 1942, il écrivait aussi: "La guerre n'est pas une aventure. La guerre est une maladie, comme le typhus".

    "Ses dernières lettres montrent quelqu'un d'abattu. Il était physiquement très atteint, blessé par la vie. Le seul fait d'embarquer dans un avion était un risque énorme. Et il avait produit son oeuvre", a dit Olivier Poivre d'Arvor, l'un de ses biographes, interrogé dimanche par Reuters.

    LE PETIT PRINCE

    "Saint-Ex", qui n'avait pas d'enfants, souffrait d'une histoire d'amour troublée avec son épouse Consuelo et de critiques sur son exil à New York après la défaite de 1940, où il avait semblé pencher pour Vichy en lançant à la radio en novembre 1942 : "Français, réconcilions-nous pour servir!".

    Après qu'il ait repris du service en 1943, plusieurs incidents et son âge, 44 ans, avaient poussé un an plus tard la France libre à le mettre en réserve, mais Antoine de Saint-Exupéry avait obtenu du commandement américain le droit de reprendre l'air dans une unité basée en Corse, d'où il a décollé pour son dernier vol de reconnaissance.

    En 1943, était sorti aux Etats-Unis son chef-d'oeuvre, "le Petit prince", conte philosophique illustré de la main de l'aviateur et prenant la forme d'un récit pour enfant, qui devait devenir un classique des écoles du monde entier.

    Ironie du sort, l'homme qui dit lui avoir donné la mort, Horst Rippert, explique avoir admiré l'écrivain.

    "Son oeuvre a suscité les vocations de nombre d'entre nous. J'aimais le personnage Si j'avais su, je n'aurais pas tiré, pas sur lui!", dit l'Allemand selon le livre.

    Il n'a appris que plus tard qu'il pouvait s'agir de lui. "Quelle catastrophe! Mais qu'est-ce que tu as fait, me suis-je dit! Mais je ne l'ai pas vu. Je n'ai pas visé un homme que je connaissais. J'ai tiré sur un avion ennemi qui s'est abattu, et voilà", ajoute-t-il.

    Engagé dès 1926, à 26 ans, dans la compagnie Latécoère, pour les vols commerciaux entre France et Afrique, "Saint-Ex" avait rejoint un autre mythe, Jean Mermoz, en 1929 en Amérique du sud. Avec "Courrier sud" en 1929 et "Vol de nuit" en 1931, il a contribué à populariser l'aviation jusqu'à aujourd'hui.

    En 1998, un pêcheur avait remonté sa gourmette dans ses filets. Deux ans plus tard, des morceaux de son appareil ont été retrouvés en Méditerranée, au large de Marseille, et identifiés en avril 2004 grâce à son numéro de série. Tous les objets sont exposés au musée du Bourget.

    Thierry Lévêque

  • Catégories : La poésie

    Suite à ma note du 27/03/2008-5

    span style="font-size: 10pt; color: black">Suite de ma note du 27/03/2008-2

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/03/27/je-viens-de-lire-poesie-1-numero-51-de-l-hiver-2007-2008.html

     

    et du 29/03/2008

     

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/03/29/suite-de-ma-note-du-27-03-2008-1.html#comments

     Poésie 1 numéro 51 de l'hiver 2007-2008

    C'est une revue trimestrielle d'information et d'expression poétique dont le dossier/enquête portait cette fois sur: Pourquoi la poésie? Pourquoi des poètes?
    Il est présenté par Jean-Marc Debenedetti, introduisant les réponses au questionnaire envoyé par la revue(moins d'un tiers de réponses sur 150 questionnaires envoyés). Ceux qui ont répondu ne sont pas tous des poètes.

     



    Extrait de la réponse de Jean-Paul Letellier(peintre), p.40:

    La poésie sent bon.
    Un lapin sort du chapiteau
    Le magicien des mots meurt tôt.
    Comme les mots.

  • Catégories : La poésie

    Suite à ma note du 27/03/2008-4

    span style="font-size: 10pt; color: black">Suite de ma note du 27/03/2008-2

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/03/27/je-viens-de-lire-poesie-1-numero-51-de-l-hiver-2007-2008.html

     

    et du 29/03/2008

     

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/03/29/suite-de-ma-note-du-27-03-2008-1.html#comments

     Poésie 1 numéro 51 de l'hiver 2007-2008

    C'est une revue trimestrielle d'information et d'expression poétique dont le dossier/enquête portait cette fois sur: Pourquoi la poésie? Pourquoi des poètes?
    Il est présenté par Jean-Marc Debenedetti, introduisant les réponses au questionnaire envoyé par la revue(moins d'un tiers de réponses sur 150 questionnaires envoyés). Ceux qui ont répondu ne sont pas tous des poètes.

     




    Romain Goupil(cinéaste français), p.34:

    "Pourquoi la poésie?Pourquoi des poètes?"
    Pour tous les pourquoi.
    Contre le pourquoi.

  • Catégories : Les polars

    Une collection de polars découverte: Polars en nord-Polars en régions chez Ravet-Anceau

    371241332.jpgLa Morte du canal
    Emmanuel Sys

    8 € TTC

    Un corps de femme a été retrouvé dans le canal, près de la citadelle de Lille. Le décés est d'origine criminelle. Cela ne fait aucun doute. La victime a été étranglée.

    Saint-Etienne - Santiago
    Jean-Louis Nogaro

    10 € TTC

    A Saint-Etienne, pendant les élections régionales de 2004, un candidat d’extrême droite tente d’effacer des traces compromettantes de son passé. Saint-Etienne – Santiago est le premier titre de la collection polars en région.

    538109713.jpghttp://www.ravet-anceau.fr/f_menu.htm POUR EN SAVOIR PLUS

    J'ai lu le premier(très bien); il me reste à lire le 2e
  • Catégories : Mes poèmes

    Si j'étais...

    1677494370.2.jpg

    Si j'étais secrétaire du Ministre de la poésie

    Je ferais des vers jolis

    Pour que tout le monde sourie

    A la vie



    Si j'étais secrétaire du Ministre de la poésie

    Je ferais des vers sexy

    Pour donner des envies

    A tous les endormis et endormies



    Si j'étais secrétaire du Ministre de la poésie

    Je ferais des vers mélancoliques

    Pour faire couler des larmes

    De mots impudiques.



    Si j'étais secrétaire du Ministre de la poésie

    Je ferais des vers hermétiques

    Pour que les lecteurs réfléchissent

    A des solutions ésotériques.



    Si j'étais secrétaire du Ministre de la poésie

    Je ferais des vers enfantins et adultes

    Pour les enfants des écoles

    Et les adultes du rêve.


    Sur une idée d'ABC:http://detente-en-poesie.over-blog.com/article-18325223-6.html#anchorComment

    Pour lire d'autres poèmes de moi, cf. mes 2 recueils en vente sur The bookedition: liens à droite de ce blog.

  • Catégories : Nerval Gérard de

    Investissement affectif dans le "Voyage en Orient" de Nerval

    O. C, II, 414-415 : « Nous voilà de nouveau sur le Nil. Jusqu’à Batn-el-Bakarah, le ventre de la vache, où commence l’angle inférieur du Delta, je ne faisais que retrouver des rives connues. Les pointes des trois pyramides, teintes de roses le matin et le soir, et que l’on admire si longtemps avant d’arriver au Caire, si longtemps après avoir quitté Boulac disparurent enfin tout à fait à l’horizon. Nous voguions désormais sur la branche orientale du Nil, c’est-à-dire sur le véritable lit du fleuve ; car la branche de Rosette, plus fréquentée des voyageurs d’Europe, n’est qu’une large saignée qui se perd à l’occident.

                C’est  de la branche de Damiette  que partent les principaux canaux deltaïques ; c’est elle aussi qui présente le paysage le plus riche et le plus varié. Ce n’est plus cette rive monotone des autres branches, bordée de quelques palmiers grêles, avec des villages bâtis en briques crues, et çà et là des tombeaux de santons égayés de minarets, des colombiers ornés de renflements bizarres, minces silhouettes panoramiques toujours découpées sur un horizon  qui n’a pas de second plan ; la branche, ou si vous voulez, la brame  de Damiette, baigne des villes considérables, et traverse partout des campagnes fécondes. […] Tout papillote, étincelle et bruit, sans tenir compte de l’homme, […]. »

     

    Paysage vu sur l’eau

     

    Cadrage

     

    Présence du mot paysage

     

  • Catégories : Nerval Gérard de

    Investissement affectif dans le "Voyage en Orient" de Nerval

    O. C, II, 409-410, La forêt de pierre : « Ayant pris les dispositions nécessaires et averti le reïs qui me fit venir un ânier intelligent, je me dirigeai vers Héliopolis, laissant à gauche le canal d’Adrien, creusé jadis du Nil à la mer Rouge, et dont le lit desséché devait plus tard tracer notre route au milieu des dunes de sable.

                Tous les environs de Choubrah sont admirablement cultivés. Après un bois de sycomores qui s’étend autour des haras, on laisse à gauche une foule de jardins où l’oranger est cultivé dans l’intervalle des dattiers plantés en quinconces ; puis en traversant une branche du Calish ou canal du Caire, on gagne en peu de temps la lisière du désert, qui commence sur la limite des inondations du Nil. Là, s’arrête le damier fertile des plaines, si soigneusement arrosées par les rigoles qui coulent des saquiès ou puits à roue ; là commence, avec l’impression de la tristesse et de la mort qui ont vaincu la nature elle-même, cet étrange faubourg de constructions sépulcrales qui ne s’arrête qu’au Mokatam, et qu’on appelle de ce côté la Vallée des Califes. […]

    En nous éloignant de cette triste cité dont l’aspect extérieur produit l’effet d’un brillant quartier du Caire, nous avions gagné la levée d’Héliopolis, construite jadis pour mettre cette ville à l’abri des plus hautes inondations. Toute la plaine qu’on aperçoit au-delà est bosselée de petites collines formées d’amas de décombres. »

     

    Paysage ambulatoire

     

            Cadrage

     

  • Catégories : La poésie

    Suite à ma note du 27/03/2008-2

    Suite de ma note du 27/03/2008-2

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/03/27/je-viens-de-lire-poesie-1-numero-51-de-l-hiver-2007-2008.html

     

    et du 29/03/2008

     

    http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/03/29/suite-de-ma-note-du-27-03-2008-1.html#comments

     Poésie 1 numéro 51 de l'hiver 2007-2008

    C'est une revue trimestrielle d'information et d'expression poétique dont le dossier/enquête portait cette fois sur: Pourquoi la poésie? Pourquoi des poètes?
    Il est présenté par Jean-Marc Debenedetti, introduisant les réponses au questionnaire envoyé par la revue(moins d'un tiers de réponses sur 150 questionnaires envoyés). Ceux qui ont répondu ne sont pas tous des poètes.

     

    André Comte-Sponville(philosophe français), page 27:

     

    "Pourquoi la  poésie? Parce qu'il arrive que la vérité soit à la fois émouvante et belle. 

    Pourquoi des poètes?Pour que cela advienne plus souvent, et autrement que par hasard: pour créer un peu de beauté en dévoilant un peu de vérité, pour réconcilier le désir et la lucidité, l'émotion et l'action, le plaisir et la contemplation, le chant et le silence- le présent et l'éternité."

     
  • Catégories : Mes poèmes

    Une tempête de mots

    1677494370.2.jpg

    Une tempête de mots
    En folie s’abat parfois sur moi
    Des bourrasques de phrases
    Qui se bousculent au gré des vents
    Contraires de mes pensées.


    Pour lire d'autres poèmes de moi, cf. mes 2 recueils en vente ici:

    http://www.thebookedition.com/laura-vanel-coytte-paysages-p-866.html

    http://www.thebookedition.com/laura-vanel-coytte-paysages-amoureux-et-erotiques-p-143.html

  • Catégories : La poésie

    Suite de ma note du 27/03/2008-1

    70960634.jpghttp://www.lauravanel-coytte.com/archive/2008/03/27/je-viens-de-lire-poesie-1-numero-51-de-l-hiver-2007-2008.html

     

     

    Poésie 1 numéro 51 de l'hiver 2007-2008

     

     

     

    C'est une revue trimestrielle d'information et d'expression poétique dont le dossier/enquête portait cette fois sur: Pourquoi la poésie? Pourquoi des poètes?
    Il est présenté par Jean-Marc Debenedetti, introduisant les réponses au questionnaire envoyé par la revue(moins d'un tiers de réponses sur 150 questionnaires envoyés). Ceux qui ont répondu ne sont pas tous des poètes.

    Bruno Allain, homme de théâtre(sur lui, cf. le site où j'ai pris l'image:http://remue.net/revue/TXT0309Allain.html) répond ainsi:

    Crier l'indicible

    En vérité la condition humaine

    La même pour tous

    Pour chacun différente.

    Chuchoter la beauté d'une solitude qui tend la main.

    L'homme vit en troupeau

    Seul, la nuit est inacceptable

    C'est l'autre qui fait que "je" existe

    Lui dire lui dire.

    Un arc-en-ciel se cache dans la transparence de la lumière.

  • Catégories : Mes poèmes

    Pas douée pour l'amitié

    1677494370.3.jpg


    Pas douée pour l’amitié
    J’ai pourtant essayé
    Mais rien à faire, pas douée
    Pour, sur ce thème rimer
    M’épancher et m’exprimer
    Sans risquer de provoquer
    Les foudres de mes ratés
    En camaraderie efféminée.


    Pour lire d'autres poèmes de moi, cf. mes recueils en vente sur:

    http://www.thebookedition.com/laura-vanel-coytte-paysages-p-866.html

    http://www.thebookedition.com/laura-vanel-coytte-paysages-amoureux-et-erotiques-p-143.html

  • Catégories : La poésie

    Je viens de lire Poésie 1 numéro 51 de l'hiver 2007-2008

    C'est une revue trimestrielle d'information et d'expression poétique dont le dossier/enquête portait cette fois sur: Pourquoi la poésie? Pourquoi des poètes?
    Il est présenté par Jean-Marc Debenedetti, introduisant les réponses au questionnaire envoyé par la revue(moins d'un tiers de réponses sur 150 questionnaires envoyés). Ceux qui ont répondu ne sont pas tous des poètes.
    Dans ce numéro, il y aussi un éditorial de Bernard Lefort qui s'est entretenu avec Jean Orizt, l'un des fondateurs de la revue..
    Il y a encore un florilège des poètes et de la poésie, les inédits de Poésie 1, des chroniques, la revue des revues,des propositions et des compte-rendus de lecture.
    J'espère pouvoir me procurer le numéro de printemps car je n'ai pas vu cette revue ici.

  • Catégories : Des poèmes

    Pierre Garnier,"Présence de la poésie"

    "On ne peut écrire de poèmes que si on se sent, si on se sait en accord avec les étoiles-avec les insectes, avec les oiseaux- il s'agit de penser que le mots, les mots, représentent le monde comme le chant des oiseaux et le chant des étoiles-il s'agit de faire son possible de poète pour marquer cette alliance." (dans le magazine "Traits d'union" déjà évoqué)

  • Catégories : Des poètes et poétesses

    Pierre Garnier, poète picard

    Le meilleur représentant de la poésie spatiale

    Pierre Garnier est le meilleur représentant de la poésie spatiale. Il a écrit et publié de nombreux livres de poèmes parus dans différents pays.

    Pierre Garnier naît à Amiens le 9 janvier 1928 et grandit dans le quartier Saint-Roch au sein d’une famille laïque de gauche. Son enfance lui laissera de bons souvenirs jusqu’à l’arrivée de la Seconde Guerre Mondiale, qui le fera vivre pendant dix ans dans les ruines, à Amiens, puis en Allemagne de 1946 à 1950.

    En 1946, alors qu’il est en hypokhâgne au lycée Condorcet à Paris, Pierre Garnier est invité en Allemagne à une réunion entre étudiants français et allemands. Il y fait une rencontre amoureuse et décide d’y rester pour poursuivre ses études. A cette époque, il écrit des poèmes romantiques et voyage beaucoup, en Allemagne d’abord, en Europe mais aussi en Afrique, Egypte, Israël...

    De retour à Paris, il fréquente le Cercle des Jeunes Poètes autour d’Elsa Triolet et Louis Aragon, où il se livre à une poésie linéaire (c’est-à-dire "traditionnelle").

    En 1950, il rencontre une jeune étudiante allemande, Ilse Göttel, à la Sorbonne, une rencontre qui "orienta toute sa vie" puisqu’ils ont toujours travaillé l’un près de l’autre et qu’ils se marieront.

    En 1958, Pierre Garnier se lie d’amitié avec Henri Chopin qui expérimente la poésie sonore. A partir de ce moment, il se consacre à la poésie expérimentale, puis spatiale. Il a fédéré ce mouvement au début des années 60.

    Aujourd’hui le poète vit avec Ilse dans un petit village près d’Amiens. Tous deux continuent à écrire.


    Galerie photo

    Voir la galerie photos : Chez Pierre Garnier

    Le spatialisme

    Cette démarche poétique qui consiste à considérer la place du mot et des caractères d´imprimerie dans l´espace de la page, c’est Pierre Garnier et son épouse Ilse, qui en sont à l’origine. « Isoler la langue, la modifier, la bouleverser, créer des structures neuves… provoquant l’apparition d’états jusqu’alors inconnus et plaçant l’homme dans un milieu permanent de création et de liberté » dixit le poète. Ce mouvement deviendra très vite international et Pierre Garnier écrira et publiera de nombreux ouvrages dans différents pays.

    Pour en savoir plus, télécharger la lettre d'actualité de l'année Pierre Garnier, "Traits d'union":

    Bertrand Creac’h, Mathilde Leroy, Waide Somme Studio
    Télécharger - PDF - 1.4 Mo
     J'ai moi-même découvert ce poète à la Bibliothèque Guy de Maupassant de Saint-Quentin qui proposait une jolie exposition sur lui. La bibliothèque (située dans un  beau palais) semble très sympa.
  • Catégories : La presse

    J'ai lu ce mois-ci le magazine Muze

    1021183508.jpgComme ça m'arrive lorsque les sujets traités m'intéressent:le dossier "Je veux écrire", un article sur Thomas Mann et sa "Montagne magique", un interview de Ruth Rendell, la reine du polar, etc.

    Même si je ne lis plus(depuis assez longtemps) les magazines féminins.

    Car je trouve que celui-ci est plus culturel et littéraire que féminin.

    Muze de mars 2008:

    Dans la foule de lecteurs qui va se précipiter au Salon du Livre de Paris dès le 14 mars, nombreux sont ceux qui écrivent eux-mêmes et rêvent d'être publiés. À tous ces lecteurs, Muze propose ce mois-ci un dossier spécial et donne tous les conseils des pros pour écrire et être publié.

    Israël est l'invité d'honneur du Salon cette année : pour découvrir sa littérature, Muze présente huit auteurs essentiels et leurs meilleurs romans.

    Muze a  rencontré ses lecteurs, le samedi 15 mars à 15h45 sur le stand Bayard (stand J 55).

    Salon du Livre de Paris
    14-19 mars 2008
    Paris Expo
    Porte de Versailles - Hall 1

    Muze, premier magazine féminin culturel
    CULTURE / ALLURE / LITTÉRATURE
    Échanger des idées, nourrir toutes les envies de lecture, donner à voir, croiser les repères, cultiver sa différence, partager l'actu, provoquer des rencontres, affirmer son style... C'est chaque mois l'esprit de Muze.

    Contact presse : Dorothée Leclère
    01 44 35 65 77 - dorothee.leclere@bayard-presse.com

    Plus de Muze sur www.muze.fr

    http://www.bayardpresse.com/index.php/fr/articles/actu/id/133

  • Catégories : La littérature, Voyage

    Olivier Barrot

    Il ne faut pas se fier à son air de garçon sage, de guerrier appliqué et de lettré télégénique. Olivier Barrot est fou. Un fou volant. Sa seule patrie, c'est un tarmac dans le petit matin. A la fois Fregoli, ubiquiste et schizophrène, il ne cesse de faire le tour du monde et ne prend même pas le temps de se poser. On ignore ce qu'il fuit, ce qu'il cherche, en jonglant avec les fuseaux horaires. A côté, l'homme pressé selon Paul Morand est un flemmard.

    Lorsque, entre Turks-et-Caicos et Oaxaca, il lui arrive de faire escale à Paris, Barrot s'empresse d'enregistrer son émission «Un livre, un jour», de diriger le magazine «Senso», de donner des causeries dans les théâtres et des manuscrits sur Jean Vilar, René Clair ou Patrick Modiano. Le reste du temps, il est ailleurs. Son plus grand bonheur: «Atterrir dimanche à Tahiti en provenance de l'Australie quittée lundi. » Barrot gravite, jusqu'au vertige, dans le temps et l'espace. Il parcourt la Libye de l'empereur Septime Sévère, croise saint Grégoire l'illuminateur au monastère de Khor Virap, salue Somerset Maugham à l'Oriental de Bangkok, caresse l'encolure des akhal-teke sur le marché d'Achkhabad, lorgne la villa de Bruce Willis sur l'île de Parrot Cay, roule vers Singapour à bord de l'Eastern and Oriental Express et dévore la page sportive du «Daily Telegraph» au-dessus de la mer Caspienne.
    Précisons qu'Olivier Barrot ne voyage jamais seul. Considérant que la cabine d'un avion est le cabinet de lecture idéal, cet insomniaque prie les écrivains de l'accompagner. Ils ne demandent que ça. C'est ainsi qu'il survole le Pacifique avec la Correspondance de Gide et Allégret, s'imprègne du Journal de Jean Cocteau pour aller à Auckland, se plonge dans Obaldia à Mexico et emmène partout Valéry Larbaud; son maître: qui lui a inspiré «Décalage horaire» (Folio, 6 euros), le plus subjectif; raffiné et inapplicable des guides de voyage. Car il serait vain de le suivre, il est déjà ailleurs.


      Jérôme Garcin Le Nouvel Observateur - 2228 - 19/07/2007   Source:http://livres.nouvelobs.com/p2228/a350249.html

  • Catégories : La littérature, La presse

    Lire de juillet, dossier "correspondance des écrivains" 2

    Dans l'intimité de Violette Leduc

    par Christine Ferniot
    Lire, juillet 2007

     Adressées en particulier à Simone de Beauvoir et à Jacques Guérin, ses lettres sont pleines de fougue.

    C'est à la parution de son autobiographie, La bâtarde, en 1964 que Violette Leduc connaît un succès fulgurant qui la transforme en phénomène de foire. Une reconnaissance tardive pour cette femme qui écrit depuis vingt ans, appréciée de quelques amis et soutenue, entre autres, par deux fidèles: Simone de Beauvoir et Jacques Guérin. C'est à eux deux que s'adressent la plupart de ses lettres. «Violette Leduc était une épistolière infatigable, voire obsessionnelle», rappelle Carlo Jansiti dans sa préface, et cette correspondance est une oe; uvre en soi. On y retrouve sa fougue, sa liberté de ton, ses combats de femme libre d'aimer, son indépendance de point de vue dans le domaine privé comme dans les goûts littéraires. Des années durant, Violette déclare sa passion à Simone de Beauvoir qui lui oppose une totale indifférence sentimentale mais une fidélité amicale sans faille. «Je vous aime et vous m'inspirez un seul amour, la chasteté, le silence, la vie monacale, la discrétion, l'effort d'écrire», envoie-t-elle au Castor en 1949. Beauvoir est sa lectrice privilégiée, la conseillant, admirant son écriture tourbillonnante. Rien ne devrait rapprocher les deux femmes, mais Simone est sensible au talent et à l'intrépidité de Violette tandis que la jeune femme écoute passionnément celle qui lui «insuffle la force d'écrire».

    Violette aime la «voix rauque» de Simone, sa beauté, son élégance. Elle le lui répète sans cesse et le note également dans des récits comme La folie en tête. Le petit mot, le pneumatique sont pour l'écrivain un moyen d'exprimer ses émotions, ses impuissances. Même chose avec Jacques Guérin, son ami et admirateur. Violette tombe amoureuse de cet homosexuel, et sa passion à sens unique ne fait qu'aiguiser son désir, elle qui cherche toujours l'impossible, provoquant sans cesse pour mieux se sentir rejetée. Dans ses récits, son autobiographie comme dans sa correspondance, Violette Leduc plonge dans l'autofiction avant même que le mot ne soit inventé, gommant l'éventuelle différence entre l'écriture privée et le récit public, la réalité et la fiction. Quand ment-elle? C'est la question qu'elle se pose à chaque fois qu'elle écrit une lettre, une page, un roman, revenant immanquablement au sens de la création, de l'authenticité portée par cette écriture exaltée qui reste inoubliable.


    Correspondance 1945-1972
    Violette Leduc
    Gallimard
    500 pages.
    Prix : 27 € / 177,11 FF.

    Source:http://www.lire.fr/enquete.asp/idC=51471/idR=200

  • Catégories : Des lieux, La littérature

    C'est le premier parc à thème littéraire

    Entrez dans le monde de Dickens !

     

    L'écrivain y a vécu : c'est donc à Chatham que vient de s'ouvrir un grand parc consacré à l'auteur d' « Oliver Twist ». Tout y est du Londres misérable du XIX e siècle, catins et pickpockets compris. Visite guidée

     

    Il pleut sur Chatham, ville peu riante du Kent à quarante minutes de train de Londres, où l'écrivain anglais le plus connu après Shakespeare a passé les premières et les dernières années de sa vie. La navette pour les docks n'est pas bien signalée. Mais enfin voici Dickens World, annoncé en lettres blanches sur fond bleu étoilé, un parc d'attractions consacré à l'univers de l'auteur d' « Oliver Twist ».

    On vous promet une plongée dans le ventre fangeux de l'Angleterre du début du XIX e, ses égouts, ses odeurs et ses rats. Dans le train, pendant que défilait un paysage de cataclysme postindustriel fait d'usines désaffectées, on s'était pris à rêver d'un Zola World, avec descente aux enfers sponsorisée par Gervais ( e ) ou d'un Hugo Land avec sa parade de misérables et son train fantôme où les Thénardier feraient peur aux enfants. « A partir de ce point, plus que trois heures d'attente » : la première semaine, victime de son succès, Dickens World, inauguré en mai dernier, a refusé du monde et à la Pentecôte, particulièrement humide, 15 000 personnes y ont trouvé refuge.

    A priori, rien de franchement de mauvais goût ne nous attend : Dickens World a reçu l'approbation de la vénérable Dickens Fellowship ( fondée en 1902, 6 000 membres dans le monde ). Thelma Grove, ancienne secrétaire générale, a suivi le projet comme consultante. « Des descendants de Dickens m'ont appelée un jour, effrayés par ce qui se tramait ; j'ai participé aux réunions et j'ai été agréablement surprise » , raconte cette orthophoniste à la retraite. L'idée de ressusciter le Londres miséreux de l'ère victorienne est née dans les années 1970 dans la tête de Gerry O'Sullivan Beare, un concepteur de parcs à thèmes qui s'est battu pendant trente ans pour lever des fonds. Il est mort l'année dernière, avant l'inauguration. En 2005, grâce à Kevin Christie, un homme d'affaires spécialisé dans le cinéma, ont été enfin réunis les 500 financiers privés et les quelque 91 millions d'euros nécessaires à la création de ce complexe de loisirs de 12 000 m 2, qui englobe un parking, des restaurants et un multiplexe.

    Dans la pénombre, on distingue d'abord des maisons décrépies et, sous les réverbères, une place de quartier sordide, avec son usurier et son épicerie. On guette les rongeurs, mais de mauvaises odeurs, point. Une affiche jaunie détaille la ration quotidienne des cachots de Marshalsea, la prison londonienne où John Dickens, le père de Charles, qui travaillait au bureau de la paie sur les docks, fut emprisonné pour dettes. A 12 ans, Charles Dickens trimait déjà à la Warren's Blacking Factory, dont la façade glauque est reconstituée à l'entrée. Des journées à coller des étiquettes sur des pots de cirage pour 6 shillings par semaine : l'expérience changera définitivement sa vision du monde.

    Faquins, prostituées, chasseurs de rats, tous les personnages dickensiens sont là. A peine a-t-on posé le pied dans ces ruelles sombres qu'un certain Bill, pickpocket en haillons, vous subtilise votre carnet de notes. C'est l'un des 60 employés qui paradent en costume pour 6 livres de l'heure. Mike, le maître de la sévère pension Dotheboys, coiffe d'un bonnet d'âne les élèves-visiteurs qui ne gagnent pas assez de « Dickens points » au quiz. Derrière leurs pupitres en bois à écrans tactiles, les cancres rigolent... Tony, un autre employé portant beau avec son haut de forme, un amoureux de Dickens, a trouvé là un moyen agréable d'arrondir sa retraite. « Mettez-vous bien à l'avant , sinon vous ressortirez trempés ! » , prévient Tony. C'est par les soupiraux reconstitués de Marshalsea que commence l'attraction phare de Dickens World, « la Croisière des Grandes Espérances. », une quinzaine de minutes en bateau, des égouts douteux - un colorant marron, nous assure-t-on - jusqu'aux toits de la ville, traversée du cimetière comprise. « Aujourd'hui , tout est loisirs ! », s'enthousiasme Kevin Christie, le patron de Dickens World. Il espère atteindre les 300 000 visiteurs par an et attend d'ailleurs un coup de pouce décisif du passage dans quelques jours du Tour de France à deux pas d'ici.

    « Cela mettra notre région
    , qui en a besoin, sur la carte du monde » , se réjouit aussi Louise Dale, une infirmière. D'autres se montrent plus circonspects et craignent la saturation de ce coin du sud-est de l'Angleterre où l'on ne compte plus les références à l'auteur. « On a déjà un Dickens World : c'est Rochester ! » Chaque année, en juin, un festival y voit parader les dickensophiles, venus parfois d'Australie, du Japon ou d'Amérique un pays fou de l'écrivain : 60 % des visiteurs du Musée Dickens ( 1 ) de Londres sont américains.

    A l'étage, un film retrace l'épopée américaine de Charles, à qui l'acteur Gerald Dickens, l'arrière-arrièrearrière-petit-fils, prête sa voix. C'est le moment pédagogique de Dickens World, l'occasion d'apprendre, mais toujours en s'amusant ( la tête d'un condamné à mort vous arrive en pleine figure ...).« On a une idée fausse de Dickens ; on en fait quelqu'un de plus sérieux et intellectuel qu'il n'était . Il écrivait pour tous, était lu par tous, y compris les enfants . C'était une personnalité flamboyante, un showman plein d'humour » , explique l'écrivain Lucinda Hawksley, la cousine de Gerald.

    Dans le « Monde de Dickens », tout n'est pas parfait. Des techniciens vont et viennent, le bruit des perceuses couvre parfois la voix des apparitions dans la maison hantée où, devant un hologramme de chaise vide, les Mitchell attendent en vain que le fantôme veuille bien se montrer. Et le Britannia Theatre, un show de personnages mécaniques, n'est toujours pas opérationnel. « Les actionnaires ont mis la pression pour que l'on ouvre le 25 mai » , souffle une employée. « C'est un work in progress , concède Kevin Christie. On n'a jamais dit qu'on serait aussi spectaculaire qu'un Disneyland ; on n'a jamais promis qu'on serait aussi instructif qu'un musée . » L'ambition ici ? « S'amuser en acquérant quelques connaissances. » Le risque ? Décevoir l'amateur de sensations fortes et énerver le puriste.

    Dans son bureau à Londres, Andrew Xavier, le jeune directeur du Musée Dickens, se montre conciliant : « Tout ce qui peut contribuer à diffuser la vie et l'oeuvre de Dickens auprès des jeunes générations , qui, en juillet, vont se précipiter sur le dernier “ Harry Potter” , est le bienvenu. »
    « Dickens ? Bien sûr , j'ai vu tous ses films » , assure Billy, élève d'Ashford. On lui dédie ce mini-scoop : Robert Zemeckis, le réalisateur de « Roger Rabbit », prépare une adaptation du « Conte de Noël ». Que Hollywood vole au secours de Dickens, ça tombe bien : on annonce l'ouverture en 2009 d'un parc Harry Potter à Orlando, en Floride.

    ( 1 ) 48, Doughty Street, dans le quartier de Bloomsbury.

    Dickens World :
    Leviathan Way, Chatham Maritime,
    dans le Kent. Renseignements : www.dickensworld.co.uk.
    Pour y aller :
    Trains pour Chatham à partir de Victoria Station, Charing Cross et London Bridge. Entrée : 12,50 livres pour les adultes ; 7,50 livres pour les enfants.

     



    Marie-Hélène Martin

    Le Nouvel Observateur - 2226 - 05/07/2007

    Source:http://artsetspectacles.nouvelobs.com/p2226/a349248.html

  • Catégories : La littérature, Voyage

    Nicolas Bouvier ou l'essence du voyage

    5ccfe8001fa76d1889595c353b3ece8a.jpgLe livre culte de la littérature du voyage possède un nom, "L'Usage du Monde", et un auteur, Nicolas Bouvier. Dans "Indigo Street", les photos font écho aux phrases de l'écrivain, qui concentrent l'esprit du voyage.

    Indigo Street, sur les traces de Nicolas Bouvier

    Prilep, Macédoine. "Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait." (Nicolas Bouvier, L'Usage du Monde). Photo © Eric Rechsteiner
    Les écrivains-voyageurs (2)

     

    Nicolas Bouvier, le Suisse errant

     

     

     

    De Genève à Tokyo en passant par Ispahan, et de pannes de voiture en petits boulots, il sut oublier livres et horloges pour se laisser porter par les hasards de la route. Portrait un usager du monde et styliste admirable

     

     

     

     Dans les récits de Nicolas Bouvier passent parfois d'indomptables Américaines à chapeaux et caméras, de « l'espèce qui digère en une journée une douzaine de temples et une ou deux résidences impériales sans même sentir leur estomac ». Des Françaises en gants de fil, chagrines de ne s'être pas vu livrer, en même temps que leurs billets d'avion, « l'âme du Japon ». Des touristes en longues files résignées, attendant qu'un guide les « conduise au paysage », récriminants et dociles, pleins de mépris pour les autochtones, qui le leur rendent amplement. A ces activistes péremptoires et fébriles, Nicolas Bouvier a constamment opposé sa philosophie du voyage, édifiée sur les quatre piliers de l'ignorance, de la lenteur, du dénuement, de la fatigue.

    Vieux débat, celui de savoir s'il vaut mieux partir lesté de connaissances, ou dans un état d'ignorance bénie. Nicolas Bouvier dit ne pas vouloir se prononcer, mais sa pratique est éloquente. Quand il part, ce lecteur impénitent se soucie peu de se charger de livres. Il se contentera de ce que lui offriront, à l'étape, d'improbables bibliothèques, Stendhal à Téhéran et Dickens à Colombo. Il n'établit pas la liste des monuments à visiter, des points de vue célèbres à ne pas manquer. Sur ce que lui réserve le voyage, il s'interdit d'anticiper. « Voyager, c'est prévoir », avait dit Paul Morand. Rien de plus antipathique à Nicolas Bouvier, qui fait confiance à la surprise, à la rencontre, au hasard : à quoi bon savoir et prévoir, si on est empêché de voir ?

    A quoi bon encore se fixer des dates et des horaires, établir l'emploi d'un temps qu'il faut savoir perdre ? A tous les modes de locomotion qui se targuent d'en faire gagner, Nicolas Bouvier préfère la marche, moyen le plus sûr de s'approprier le monde à la semelle de ses souliers. En cheminant, « les paysages s'annoncent, se laissent percevoir et décrire avec la minutie d'une peinture flamande, et ne disparaissent pas sans crier gare ». Au rythme litanique des pas, mille détails sautent au visage, que l'homme pressé n'a aucune chance de capter : la couleur des fichus, l’odeur du pain, la taille des oignons, la forme des nids. A chaque pas, mille bifurcations s'ouvrent, mille contretemps contraignent à la halte. Les voyages de Nicolas Bouvier ont toujours été troués de pauses imprévues : à Tabriz, la neige l'a bloqué pendant six mois ; à Tokyo, c’est un séjour forcé à l’hôpital, et à Mahabad, celui dans une prison débonnaire. Le voyageur s'accommode de cette lenteur, et même la célèbre : « Tu te pousses à petite vitesse, un mois passe comme un rien. »

    Oublier le savoir des livres et le temps des horloges, c'est aussi rompre avec les commodités de l'existence ordinaire. Le père de Nicolas Bouvier avait averti le garçon en mal d'errance : il lui faudrait se débrouiller sur les routes, exercer partout les petits métiers de la survie. A chaque étape, il devrait trouver les quatre mètres carrés où poser sa paillasse, et gagner la pitance du jour. On le voit donc faire la plonge dans les soutes torrides du bateau des Messageries, tenir la caisse dans une troupe de baladins, graisser des ressorts dans un garage, vendre des dessins de nus, s'improviser photographe ambulant, jouer des valses musette dans les bars : tout cela pour trois œufs, deux chemises amidonnées, un esturgeon fumé. Parfois aussi, dans l'espoir de négocier une conférence pour l'Alliance française ou un article dans le journal local, il doit rendre visite aux autorités : il passe de la courette du chauffeur de taxi sikh qui le loge aux salons feutrés de l'ambassade, ludion sur l'échelle sociale. Que pèsent alors les statuts, les ambitions, les carrières ? Jour après jour, le voyageur se désencombre.

    Pour décrire cette marche au dénuement, Nicolas Bouvier use libéralement du lexique de la médecine (le voyage « décongestionne » et « purge »), de la lessive (le voyage « décape », « débarbouille », « essore », « étrille », « rince », « récure »), du cambriolage (le voyage « dépouille », « déleste », « détrousse »).

    Il arrive au dénuement de basculer dans la misère. Faim, fatigue, fièvre, folie même sont alors les mauvaises compagnes du voyageur. Nicolas Bouvier, pourtant, les juge parfois bénéfiques puisqu'elles sont des moyens de connaissance, d'illumination, voire de progrès spirituel : quand le corps est recru, les bandelettes du vieil homme tombent, des portes inconnues s’ouvrent. Mais on peut aussi y laisser sa vie et sa raison. Secoué par la malaria à Ceylan, dans une chambre termitière où le guettent des monstres à la carapace de chitine, où il sait pourrir, où il croit mourir, il frôle la démence : les soirs de lune, un jésuite fantôme, grand connaisseur de diableries, sort du pavé. Alors il s'interroge : pourquoi donc un gribouille comme lui va-t-il s’égarer sans profit dans des lieux aussi disgraciés ? Qui l'oblige à croupir dans l'étuve malsaine de Ceylan ? « Qu'est-ce que j'ai au monde à foutre ici ? »

    Par quel ressort, en effet, en vient-on au lâcher tout du voyage et au choix de conditions aussi rudes ? Un coup d'oeil sur les jeunes années de Nicolas Bouvier fait vaciller l'explication déterministe. Pas trace, ici, d'un malheur natif. Dans cette enfance, on ne trouve que la musique et les livres, la beauté des paysages, la tendresse de parents cultivés et polyglottes, les belles demeures d'été au bord du lac, barque sur la grève, bouquets sur le piano, ombres longues sur les pelouses, tintement des cuillers sur les tasses à thé, jolies cousines qu'on lutine sous la capote des calèches. Une brillante carrière universitaire attend l'adolescent, un beau mariage, tout ce que sa mère, dans les lettres qui l'attendent à la poste restante de Ceylan, lui rappelle avec une sournoise insistance, en évoquant le parcours des copains, « arrivés », eux, pendant qu'il partait, dûment mariés désormais et chargés de distinctions flatteuses.
    Rien ne semblait promettre le jeune homme rangé au staccato de cette vie étrange où l'errance ne s'arrêtera que pour raconter l'errance, puis embrasser des métiers incertains qui sont autant d'errances : devenu « iconographe » au retour de ses équipées, Nicolas Bouvier s’est fait chasseur d’images pour maisons d’édition, occupé à une collecte aussi hétéroclite, énigmatique et inépuisable que le butin rapporté des voyages.

    Peut-être peut-on apercevoir, malgré tout, quelques présages de la rupture avec une existence assise. L'enfant détestait la barrette sage dans ses cheveux, vivait l'école comme un éteignoir. Quelque chose en lui protestait contre la touche de raideur huguenote de l'éducation. Tout ce qui évoquait la carrière, ambitions, honneurs, médailles, lui semblait « appeler le cercueil ». A 12 ans, allongé sur le tapis avec un vieil atlas, le nez sur les cartes, il rêvait sur le vert olive des deltas, les bruns plissés des plateaux, et plus que tout sur les blancs mystérieux qui sa vie durant le rendront fou d'impatience. Les vignettes missionnaires de l'école du dimanche avec leurs jonques et leurs baleines, Jules Verne, Stevenson et les noms des villes inconnues le faisaient délirer. Et le fait d'être le citoyen d'un pays coincé dans son corset de montagnes a peut-être aussi joué sa partie dans la vocation pérégrine : la Suisse, comme on le sait peu, est une terre de nomades. Sous la solidité suisse, « ce comme il faut qu'on nous prête, vous trouverez cette quête incessante, ce mouvement brownien helvétique où se devine un fil d'incertitude et d'insatisfaction, une nostalgie qui ne se satisfait ni de présence, ni d'absence ».

    Pour ses premiers voyages, Nicolas Bouvier avait choisi les routes de l'Est. Le chemin du couchant, Irlande, Ecosse, Californie, Colombie-Britannique, il le prendra plus tard. Pour commencer donc, Yougoslavie, Macédoine, Afghanistan, Inde, Ceylan, Japon. Des pays où rien n'est mieux compris que le projet de voyager, constamment entouré de révérence, comme un emploi du temps du plus haut intérêt : « Que vous partiez pour échapper au poignard d'un cousin, visiter un lieu saint, vendre quelques balles de pistache ou satisfaire une curiosité importe peu, le trajet compte plus que les motifs. » L'Asie, mère de l'Europe, offre partout la profondeur de l'histoire, les traces écrites des ambassades, invasions, migrations, pèlerinages, négoces, le compagnonnage des vivants et des morts. Et la merveille paradoxale de cette profondeur est d'être alliée à la frugalité des êtres et à l'extrême dénuement des lieux.
    L'homme que la dérive du voyage a ramené à l'humilité se sent chez lui dans ces cantons dépouillés. Partout Nicolas Bouvier a élu les paysages déshérités, « les chemins qui ne vont nulle part, les paysages faits avec des chutes de paysages mieux foutus ». Il lui suffit, comme à Hokkaido, l'île du nord du Japon, de trois chevaux noirs sur le vert strident d'un pré plat, du brouillard, d'une mer grise sous le cri malveillant des corbeaux ; ou, au sud d'Ispahan, des berges d'une rivière tarie. Quand il ira vers l'ouest, ce sont encore les contrées où l'homme fait figure d'accident qu'il élira : tourbières désolées d'Irlande sous la balafre du vent, collines gorgées d'eau sous le ciel fou d"Ecosse. « Les lieux d’où un homme est quasiment absent nous piègent comme des miroirs aux alouettes. » Toute cette austérité a sa récompense : « Comme une eau, le monde vous traverse et vous prête ses couleurs. » Elle délivre le voyageur des souvenirs et des projets qui engourdissent ses sens et parasitent ordinairement sa vision. Elle libère l’attention, que Nicolas Bouvier, comme Alain jadis, tenait pour la plus haute des vertus intellectuelles. Le voici prêt, au long de la route, pour la collecte des images les plus fraîches :  « Les pousses gonflées du tabac, l’oreille soyeuse des ânes, la carapace des jeunes tortues » ; les plus cocasses : dans la rue de Prilep, la boutique du marchand de cercueils jouxte celle du marchand de fusils, son frère, dont le commerce soutient le sien ; les plus efficaces : devant la porte d’un troquet afghan dont les samovars fument, un tronc d’arbre couché contraint la voiture à s’arrêter net, péremptoire argument publicitaire ; les plus insolites : au cimetière de Belgrade, croix de perles violettes et lampions font signe vers un au-delà, sur des tombes que l’étoile rouge frappe d’un emblème lourdement terrestre.

    Et il y a encore la merveilleuse diversité des visages. Sur les routes de l’Est, Nicolas Bouvier était devenu photographe. Il fallait vivre, il est plus facile de faire argent d’une photo que d’un texte, et comme les gens qui l’entouraient n’avaient que leur tête à offrir et étaient disposés à payer le travail en nature, il s’était fait portraitiste. Il avait appris les ficelles du métier : s’effacer, se faire le simple quidam qui passe par là, se taire, attendre l’instant où les émotions et les rêves réprimés affleurent aux visages, bondir alors sur l’instant décisif. Ce savoir-faire s’est communiqué à ses portraits écrits. Voici son copain Thierry Vernet, retrouvé à Belgrade derrière le rideau crocheté d’un café :  « Un jeune requin folâtre et harassé avec ses ailerons sur les oreilles et ses petits yeux bleus. » Voici l’important directeur de l’Institut franco-iranien et la rosette qui sur son veston noir « brillait comme un petit œil irrité ». Et voici encore un visage pompeux, « comme une porte à fronton derrière lequel on devine le filet de vie intérieure d’une courette ».

    Voir n’est encore rien en effet si on ne sait deviner. Derrière la profusion et le tumulte des signes, la présence d’un autre monde est constamment sensible dans la prose précise de Nicolas Bouvier. Il avait, il est vrai, choisi des pays où rôdent les forces irrationnelles : l’Asie des exorcistes, jeteurs de sorts, diseurs de bonne aventure qui détalent, pris de panique, à la seule vue d’une main aux lignes inquiétantes ; l’Irlande du « Side », ce monde souterrain, peuplé de visiteurs de l’ombre aux intentions suspectes. Mais l’extraordinaire peut loger aussi bien dans un paysage d’apparence banale : il suffit d’un roc que la foudre a fendu, d’une souche de cornouiller. Certains paysages ont une charge sacrale, une gravité particulière, une vertu maléfique ou thérapique ; ils recèlent une menace, ou une promesse. Et Nicolas Bouvier, pour les déchiffrer, fait confiance à la pulsion vitale qu’a aiguisée en lui le voyage : il y a des lieux à l’air malfaisant, où on file un mauvais coton, d’où il est urgent de déguerpir. Il y a, en revanche, des lieux qui vous font entrer en lévitation et paient d’un coup le voyage, « où le mot de bonheur paraît bien maigre et particulier pour décrire ce qui vous arrive ».

    Il n’était pas parti sans espoir de retour. Dès son premier voyage d’adolescent, son père lui avait imposé la contrainte d’avoir à raconter. Il savait qu’il devrait, après les grands espaces, se colleter avec les mots. Il avait toujours aimé l’habileté artisane, les trucs du métier, les tours de main réussis qu’on souligne d’un « et voilà le travail ! » triomphant. Sur l’édredon bleu de la chambrette irlandaise où le clouait la fièvre, il contemplait affectueusement ses mains tavelées qui avaient tenu mille emplois, « bricolé des carburateurs et des arbres à cames, fait la plonge, tenu l’accordéon dans un bar de Quetta, caressé force matous puceux et quelques dames ». Il en a usé avec les mots comme avec les choses, pratiqué sur eux un long, un épuisant bricolage ; les forgeant comme des clous ; les tisonnant sans relâche pour leur faire rendre un peu de couleur ; les considérant souvent avec suspicion comme tous ces mots en « aque », arnaque, barbaque, « liés par un fil de poisse » ; heureux, parfois, de découvrir un mot « frais comme un œuf sur la paille ». Il a parfois regretté cette application maniaque, souhaité avoir plus de désinvolture. Il a tort : pour son lecteur, le charme de cette écriture, comme de l’homme, tient à l’alliage rare de la précision et du lyrisme, de la profusion et de l’ascétisme, du prosaïque et du merveilleux, de la rigueur et du tremblement, du burlesque et de l’angoisse. Celle-ci n’est jamais absente des écrits de Nicolas Bouvier. Le voyage et la mort ont de temps immémorial partie liée, et il aurait volontiers dit que voyager, plus sûrement que philosopher, c’est apprendre à mourir. Se mettre en route, c’est nécessairement penser à l’ultime dénouement, qui accompagne comme une basse les pas du voyageur. S’il aime tant Hölderlin, Michaux, Lorca, et davantage encore la nudité liturgique des poèmes d’Akhmatova, c’est que tous rendent palpable l’approche de ce qu’il appelle la « dernière douane ». Il ne faudrait pourtant pas croire que la méditation de la mort engendre chez lui le désespoir, car « derrière ce dénouement terrifiant, au-delà de ce point zéro de l’existence et du bout de la route, il doit encore y avoir quelque chose ». En attendant cette révélation dernière, la mort « invite à ouvrir l’œil, dresser l’oreille, froncer le nez comme un lapin, à prendre au plus court, à ne rien perdre de la cambrure des femmes, de l’odeur du chèvrefeuille, du fumet d’un gigot, ou du chant du loriot ». Sans son obscure présence, on ne pourrait goûter l’allégresse d’être au monde, ce miracle élémentaire que célèbre l’œuvre amicale de Nicolas Bouvier. 


    Nicolas Bouvier est né en 1929 près de Genève, où il est mort en 1998. Il a reçu de nombreux prix, dont ceux de la critique (1982) et des belles-lettres (1986), le prix Louis-Guilloux (1991) et le grand prix Ramuz (1995).

    A LIRE
    • « L’Usage du monde », Payot, 364 p., 10,40 euros.
    • « Le Poisson-scorpion », Gallimard, « Folio », 172 p., 5,10 euros.
    • « Chronique japonaise », Payot, 228 p., 9 euros.
    • « Journal d’Aran et d’autres lieux », Payot, 182 p., 7,30 euros.
    • « Dans la vapeur blanche du soleil. Les photographies de Nicolas Bouvier », Zoé, 212 p., 37 euros.
    • « Œuvres », préface de Christine Jordis, dessins de Thierry Vernet, Gallimard, « Quarto », 1 428 p., 30 euros.

     

     

     

    Mona Ozouf

     

    Le Nouvel Observateur - 2228 - 19/07/2007

     

     

     

    http://artsetspectacles.nouvelobs.com/p2228/a350322.html

     

     

     

  • Catégories : Des femmes comme je les aime, La littérature

    Littérature:Le seul regret de Régine Deforges

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    Scarlett Coten pour Le Figaro

    MOHAMMED AÏSSAOUI. Publié le 19 juillet 2007Actualisé le 19 juillet 2007 : 08h22

    Chaque jour, une personnalité du monde de la politique, des arts, du sport et de l'économie se confie. Aujourd'hui, la romancière Régine Deforges.




    UNE SECONDE à peine. Régine Deforges n'a pas eu à réfléchir bien longtemps quand on lui a demandé quel était son seul regret. Dès la question posée, elle lance : « Ce petit copain que j'ai laissé sur le bord de la route. » Puis, elle enchaîne, comme si elle avait trop retenu ses mots, l'émotion étant perceptible dans sa voix : « J'avais six ans. Nous étions en vacances à Peyrac (dans le Lot). J'avais proposé à ce garçon de faire une excursion avec nous au gouffre du Padirac. Il est venu. Mais il n'a pas pu monter avec nous dans la voiture qui nous emmenait - il y avait trop de monde dans le véhicule. J'aurais voulu qu'il monte avec nous, mais ce n'était pas possible. » C'était en 1942 ou 1943. L'auteur de La Bicyclette bleue ajoute : « Je ne l'ai plus jamais revu. Je n'aurais sans doute pas eu de regret s'il n'avait pas été juif et appartenu à une famille de réfugiés. »


    L'étonnant est que, plus de soixante-quatre ans après, elle se souvienne avec autant de précision de cette promesse non tenue. Cela arrive à tout le monde ; et les enfants ont tendance à vite oublier. On a beau lui rétorquer qu'elle n'y était pour rien, elle insiste : « C'est plus qu'un regret, c'est un remords, un sentiment d'abandon, de trahison. » De plus, ce petit garçon n'était pas abandonné, il vivait, réfugié, avec sa grand-mère à Peyrac (qui, elle, n'était pas juive). Et une fille de six ans pouvait-elle s'imaginer ce qui se passait en France et en Europe et sentir à ce point le poids de la culpabilité ? « Oui, même à cet âge-là, même à cette période-là, on avait conscience de ce qui se tramait. D'autant que, lorsque mes parents recevaient des amis juifs chez eux, ils nous disaient « ne dites pas que tel ou tel est venu chez nous ». » On sentait qu'il se passait « quelque chose ».


    Si elle ne souvient pas bien de l'année (1942 ou 1943), Régine Deforges raconte aujourd'hui la scène dans les moindres détails : « C'était l'été. Il faisait très beau. Il s'appelait Clovis, il était blond, en habits de dimanche, très bien coiffé, la raie soigneusement mise. Il devait avoir deux ou trois ans de plus que moi. » Elle se rappelle parfaitement avoir insisté pour que ses parents emmènent le garçon avec elle, lui aussi voulant rejoindre la voiture - un moyen de transport rare à l'époque. Sa mère avait même dû descendre pour expliquer au petit que ce n'était pas possible. « Maman s'est alors approchée de lui et lui a dit qu'elle ne pouvait pas l'emmener. Trop de monde dans la voiture : il y avait des adultes, ma soeur et moi. » L'automobile est partie sans le petit garçon : « Je n'ai pas cessé de me retourner, je voyais sa silhouette disparaître petit à petit. Cet épisode m'a bouleversée », dit-elle.


    Ces souvenirs lui restent fixés à jamais, comme une photo. En fait, ce qui a blessé l'auteur de Noir tango, c'est davantage ce décalage entre un moment de bien-être promis à ce garçon qu'elle ne connaissait pas et le fait de devoir le laisser tout seul avec sa tristesse. « Depuis, je me méfie de mes enthousiasmes », explique cette mère de trois enfants. Du coup quand elle propose quelque chose de sympathique à des amis, il lui reste toujours un fond d'inquiétude. L'angoisse du bonheur.


    Il y a une quinzaine d'années, elle a parlé de Clovis lors d'une émission télévisée dans l'espoir de le retrouver. Quand elle a commencé à l'évoquer, l'auteur du Diable en rit encore n'avait pu retenir ses larmes... Cette collectionneuse de romans noirs est également retournée à plusieurs reprises à Peyrac, à la recherche du moindre indice qui aurait pu la mettre sur la trace de Clovis - elle ne connaissait de lui que ce prénom. Au village, personne ne se souvient de ce petit garçon. La maison de sa grand-mère est à l'abandon.


    Elle en a fait du chemin, depuis 1942 ou 1943, la petite Régine. Libraire, éditrice remarquée, romancière populaire, auteur d'une des plus grandes sagas de l'édition française, membre d'un jury littéraire prestigieux (dont elle a démissionné avec fracas), présidente de la Société des gens de lettres, chargée de mission auprès du ministre de la Culture... Tous ces titres ne lui font pourtant pas oublier l'épisode de ce petit garçon privé d'excursion au gouffre de Padirac.


    Aujourd'hui, Clovis devrait avoir plus de soixante-dix ans. Et s'il se reconnaissait dans cette histoire, et lui faisait signe ? « Oh ! oui. Ce serait un merveilleux cadeau. Je pourrais lui demander pardon. »


    Source:http://www.lefigaro.fr/reportage/20070719.FIG000000146_mon_seul_regret.html

  • Catégories : La littérature, La presse

    Lire de juillet, dossier "correspondance des écrivains" 1

    Ce que révèle la correspondance des écrivains

    par Jean Montenot
    Lire, juillet 2007

     Genre littéraire aux contours mal définis, l'échange épistolaire nous renseigne sur l'écrivain, ses petits travers et ses grands soucis. Mais il permet aussi de donner un éclairage à une oeuvre et d'entrer dans l'intime d'une pensée et d'une création.

    Faut-il lire la correspondance de ses écrivains de prédilection? A quoi bon s'attacher à des textes qui, pour la plupart d'entre eux, ne sont pas destinés à être lus comme des textes littéraires? Est-il utile, pour apprécier La comédie humaine, de pénétrer dans l'intimité de l'homme Balzac, de le voir quotidiennement obsédé par les questions d'argent? Pourtant auteur de l'une des plus intéressantes correspondances d'écrivains, Flaubert en doute. Tandis qu'il achève la lecture de la correspondance de Balzac, qui venait alors de paraître (1876), il ne cache pas sa déception à sa nièce Caroline: «Comme il s'inquiète peu de l'Art! [...] que d'étroitesses! légitimiste, catholique [...] rêvant de la députation [...]. Avec tout cela ignorant comme un pot et provincial jusque dans les moelles: le luxe l'épate.» La correspondance des écrivains n'est-elle donc que de la «paralittérature», riche, au mieux, de copeaux d'oe; uvres qui, seules, méritent de retenir l'attention? De «l'hypertexte privé», comme l'enseignent, dans leur jargon savant, nos universitaires? Et peut-on mettre sur un même plan les correspondances qui relèvent du «gribouillage imbécile» et de «l'inondation du bavardage humain» (Barbey d'Aurevilly), et celles qui, telles certaines lettres de Flaubert, fourmillent d'indications précieuses sur les sentiments profonds de l'homme ou sur les intentions de l'écrivain au moment de la gestation de ses oe; uvres?

    Le paradoxe de l'épistolier
    «Le meilleur de nous n'est pas destiné au papier à lettres», affirmait sans ambages Mallarmé qui admettait «crayonner» ses lettres «le plus salement possible pour en dégoûter [ses] amis». Pour celui qui professe que «le monde est fait pour aboutir à un beau livre1», on n'est écrivain que lorsqu'on fait oe; uvre littéraire. Le sacerdoce de l'homme de lettres exige de ne pas mêler l'eau pure de la littérature à l'eau trouble des missives qui charrient pêle-mêle les alluvions de l' «universel reportage» et les confidences privées. Mais aux yeux du plus grand nombre, un écrivain ne cesse pas forcément de l'être lorsque, au lieu d'écrire pour la postérité, il s'adresse à ses contemporains. Il y a cependant une différence notable de situation entre l'écrivain et l'auteur de lettres. Amis, rivaux, parents, amants, créanciers, éditeurs, critiques, hommes politiques, etc., les destinataires d'une correspondance ont ceci de particulier qu'ils peuvent exercer une influence sur la vie de l'écrivain, ce qui n'est pas sans effet sur la manière dont il leur exprime (ou leur dissimule) sa pensée. C'est cette situation paradoxale de l'écrivain épistolier qui confère à la lettre son statut d'objet singulier dans le monde des Lettres. Il y a certes des lettres qui tiennent du monologue ou qui s'apparentent au journal intime, faisant parfois office de journal de bord de l'oe; uvre littéraire. Ces lettres peuvent être lues en faisant abstraction du contexte de leur rédaction et sans le secours de présentation critique, le destinataire y est d'ailleurs réduit au rang de simple faire-valoir. Mais, dans l'ensemble très varié de la correspondance des écrivains, ces lettres forment plutôt l'exception que la règle.

    Le genre épistolaire est à vrai dire un genre protéiforme, et la lettre, un objet difficilement identifiable du point de vue littéraire. Longues missives ou courts billets, les lettres sont privées ou publiques, confidentielles ou ouvertes, censées exprimer l'intime ou destinées à exercer une action sur le monde, fagotées à sauts et gambades ou rédigées dans les règles de l'art. «Chose si multiple, et variant presque à l'infini2», lit-on chez Erasme, qui fut un grand épistolier, qu'on n'a pas fini d'en recenser les formes. La correspondance dépend en plus des aléas de sa transmission, du choix des éditeurs et, parfois, des nécessités matérielles. Ces parerga, ces «hors oe; uvre», que sont les lettres d'écrivains, se présentent ainsi souvent en extraits, dans des morceaux choisis, sans les réponses des destinataires, à sens unique pour ainsi dire. Il est vrai que personne, à part les éditeurs de ces correspondances, quelques spécialistes, érudits ou monomaniaques, ne se lancerait dans la lecture suivie de la volumineuse correspondance de Voltaire ou de Proust. Il faut l'admettre: les correspondances d'écrivains ne sont pas des oe; uvres aux contours bien délimités. Elles sont même rarement complètes. Il n'est pas rare qu'en cours d'édition, ayant retrouvé un document ou après avoir obtenu des ayants droit de l'écrivain qu'ils acceptent de publier des lettres jusqu'alors soustraites à la connaissance du public, les éditeurs de «correspondances» les incluent en cours de route dans des volumes additionnels ou des suppléments. La correspondance acquiert ainsi un statut de work in progress: avec le temps, au gré des éditions, les correspondances d'écrivains se décantent et tendent ainsi à devenir d'authentiques oe; uvres littéraires.

    «J'ai de quoi faire durer les noms que je mène avec moi!»
    Il s'en faut que la lettre soit une pratique récente. Il y a toujours eu des correspondances à portée, sinon à valeur, littéraire. Des lettres (probablement apocryphes) évoquaient les ennuis de Platon lors de ses séjours auprès des tyrans de Syracuse; des lettres résument l'essentiel de la doctrine d'Epicure. C'est aussi dans une correspondance que Sénèque prodigue à Lucilius ses conseils sur la manière de mener une vie conforme à la vertu. Une partie de la doctrine du Nouveau Testament est transmise sous formes d'épîtres, dont Paul, Pierre, Jacques ou Jude sont les auteurs supposés. Lettres encore (peut-être inauthentiques, certains spécialistes y voient la plume de Jean de Meung), le récit des amours malheureuses d'Héloïse et d'Abélard. Elles forment même, selon Denis de Rougemont, le «premier grand roman d'amour passion» de notre littérature. La pratique épistolaire est aussi ancienne que l'activité littéraire. Il arrive parfois que l'épistolier prenne conscience, chemin faisant, de la valeur littéraire de ses lettres. En décidant de publier leur correspondance, et d'écrire pour la postérité, Sénèque fait miroiter à Lucilius une gloire posthume: «Ce qu'Epicure a pu promettre à son ami, je le promets à toi, Lucilius. J'aurais crédit chez la postérité; j'ai de quoi faire durer les noms que je mène avec moi!» (lettre 21). Fatuité? Orgueil? En tout cas, Lucilius, qui ne semble pas avoir été un personnage de second ordre, se prend au jeu au point de reprocher à Sénèque son style relâché (lettre 75). Sénèque lui répond qu'il tient à ce que ses lettres soient écrites «sans rien de recherché, ni d'artificiel», pour donner le change, comme si le tiers lecteur devait surprendre les protagonistes de la correspondance en train de converser «en tête-à-tête, paresseusement assis ou à la promenade» (ibid.). On pourra légitimement soupçonner toute correspondance destinée à la publication d'être, comme celle de Sénèque, un peu factice, et la spontanéité de l'épistolier, tributaire des astuces de l'écrivain. Nombre de «lettres» ont ainsi été écrites, par-delà leur destinataire déclaré, pour d'autres lecteurs. Paradoxalement, le mode de l'adresse personnelle permet de toucher le plus grand nombre. Que la lettre ait été, avec le sermon, le genre littéraire dominant au Moyen Age n'est donc qu'un paradoxe apparent: ces deux formes d'expression sont en fait complémentaires et répondent à des codes d'écriture assez contraignants.

    Une affaire de femmes?
    Un autre poncif veut que la correspondance soit un genre d'écriture féminin. On sait qu'à l'âge classique on répugne à s'étendre sur le «moi haïssable». L'esprit, quand il s'attarde sur soi, est toujours un peu la dupe des sentiments, et la pudeur et la bienséance s'opposent à l'étalage des intermittences du coe; ur. Les correspondances privées sont ainsi perçues comme un genre d'écrit spécifiquement féminin, genre secondaire, où l'esprit de spontanéité et la délicatesse naturelle des femmes trouvent un espace propice à leur épanouissement. Le jugement de La Bruyère fait alors autorité: «Ce sexe va plus loin que le nôtre dans ce genre d'écrire. Elles trouvent sous leur plume des tours et des expressions qui souvent en nous ne sont l'effet que d'un long travail et d'une pénible recherche» (Les caractères). Un préjugé tenace: «Genre épistolaire: genre exclusivement réservé aux femmes», écrit encore Flaubert dans son Dictionnaire des idées reçues. Les lettres de Mme de Sévigné forment, il est vrai, l'archétype de l'écriture privée devenue littérature. Mais si Mme de Sévigné accède à la gloire littéraire en tant qu'épistolière - ses lettres étaient lues en petit comité d'ami(e) s - la correspondance demeure en fait une pratique essentiellement masculine. Voiture, Guez de Balzac et Chapelain doivent leur (relative) consécration littéraire à l'édition de leur correspondance. Et qui veut connaître le fond de la pensée cartésienne en matière de morale se doit de lire les lettres de Descartes à la princesse Elisabeth. Le même Descartes avait d'ailleurs bien conscience de l'importance de sa correspondance «privée». Pour la diffusion de sa pensée, son ami, le père Marin Mersenne, faisait ainsi à la fois figure de correspondant privilégié, de «boîte aux lettres» et d'attaché de presse avant la lettre. Les provinciales, dans un tout autre registre il est vrai, participent aussi du genre épistolaire: on ne saurait donc cantonner la correspondance à l'expression des sentiments délicats, encore moins en faire un genre proprement féminin.

    Le roman épistolaire et l'âge d'or de la correspondance
    Plus soutenable, l'idée que la correspondance offre à l'écrivain un espace d'expression de ses sentiments plus authentique, plus libre. Et sans doute n'est-ce pas un hasard si le siècle des Lumières, qui voit réhabiliter l'expression littéraire des sentiments privés - le «charmant projet» qu'a eu Montaigne de se peindre, écrit Voltaire en réponse à Pascal - est aussi celui de l'âge d'or de la correspondance littéraire. Les lettres des uns et des autres sont lues dans les salons. L'un des signes notables du phénomène est le développement d'une mode, ou plutôt d'un procédé nouveau: le roman épistolaire. A l'origine de cette mode: le succès des Lettres portugaises, attribuées à une religieuse portugaise, parues anonymement en 1669 et dont l'auteur, Guilleragues, n'était ni religieuse ni portugaise. La fiction épistolaire connaît alors sa moisson de chefs-d'oe; uvre, avec les Lettres persanes (1721) de Montesquieu, les Lettres philosophiques (1734) de Voltaire, plus tard La nouvelle Héloïse (1761) de J.-J. Rousseau ou Les liaisons dangereuses (1782) de Choderlos de Laclos. Cette littérature épistolaire ne relève bien sûr pas stricto sensu de la correspondance d'écrivains, mais, par une sorte d'effet de miroir, elle atteste l'estime dans laquelle est désormais tenue la forme de la lettre. La mode du roman par lettres a passé, mais la lettre, comme mode privilégié d'expression des sentiments intimes, a fait son entrée en littérature et, à partir de l'époque romantique, elle devient complémentaire du journal intime. Les écrivains prennent à témoin certains de leurs correspondants des tâtonnements et des impasses de leur création. Lorsque l'échange se fait entre deux écrivains dont les options esthétiques sont divergentes, cela donne au lecteur le sentiment qu'ils s'écrivent sans jamais correspondre, comme c'est le cas entre Gide et Valéry.

    Une écriture pour autrui équivoque
    La lettre permet à l'écrivain de s'adresser à autrui hors de sa présence, à l'abri de ses réactions immédiates. Cette distance est même, assez fréquemment, condition de la proximité. Quand on lit la correspondance de Flaubert, on sent qu'entre Louise Colet et lui il n'y a de proximité possible qu'à raison de la distance qui sépare Croisset de Paris. Mais la proximité ne veut pas dire toujours sincérité. On peut ainsi présumer que les plaintes de Flaubert accouchant de Madame Bovary avaient aussi pour but de tenir éloignée Louise Colet. Le jeu équivoque dont elle était le témoin privilégié prend fin avec une lettre de rupture qui est un modèle de sécheresse et de muflerie masculines. Les amours impossibles de Kafka se déploient aussi au rythme de correspondances où l'élue du moment n'est vraiment présente qu'à partir du moment où l'écrivain est seul et qu'il peut enfin jouir de la présence imaginée de l'autre: «Voilà, chérie, les portes sont fermées, c'est le silence et je suis de nouveau auprès de toi» (15-16 décembre 1912 à Felice Bauer). La correspondance est donc une «écriture pour autrui» paradoxale, nous informant de la psychologie des écrivains autant sinon plus que l'écriture autobiographique, consignée dans les Mémoires ou les journaux intimes.

    Petits et grands travers des écrivains
    Faut-il d'ailleurs croire les écrivains lorsqu'ils écrivent à leurs contemporains? Ils ne sont pas nécessairement plus sincères dans leurs correspondances que dans leurs oe; uvres ou dans leurs écrits autobiographiques. La lecture attentive des correspondances va parfois à l'encontre des images d'Epinal qui font de nos écrivains des princes désintéressés de la littérature. Il y a des correspondances qui trahissent leurs auteurs, qui nous les montrent ordinaires, humainement médiocres, mesquins, menteurs, calomniateurs voire délateurs. On songe aux échanges de lettres que ces beaux messieurs les philosophes (Hume, Grimm, Voltaire, d'Holbach, etc.) s'écrivent pour discréditer le malheureux Rousseau en fuite3. Il est vrai que les niaiseries «christicoles» de l'auteur de l'Emile allaient à l'encontre de l'entreprise politique de déchristianisation de l'Encyclopédie, et que ses vaticinations sur la justice sociale avaient le tort de mettre en cause l'idéal voltairien d'un ordre social où le «grand nombre travaille pour le petit qui le gouverne». Lorsqu'on lit la correspondance de Proust, on est surpris de voir l'écrivain, qui n'a pas son pareil pour peindre la vanité et le snobisme du monde, pris en flagrant délit de vanité ou de snobisme. On a du mal à retrouver les professions de foi du narrateur de la Recherche sur la vocation littéraire dans les circonlocutions auxquelles Proust se livre dans sa correspondance pour se faire adouber par ce que le regretté Pierre Bourdieu aurait appelé le «champ littéraire». Tacticien, Proust fait jouer la concurrence entre Fasquelle et Gallimard. Malin, il sait qu'un parfum de scandale peut constituer un argument utile pour «lancer» son oe; uvre. Sous couvert d'avertir ses éditeurs éventuels, il les «ferre» en leur révélant que le baron de Charlus «n'est pas du tout l'amant de Madame Swann, mais un pédéraste» (à Gaston Gallimard, 5 novembre 1912) - et qui pis est, un pédéraste d'un style «assez neuf» puisqu'il s'agit d'un «pédéraste viril». Ce genre de révélation servait en fait l'oe; uvre pour laquelle Proust se démenait, «comme un père pour son enfant» (à Mme Straus, 10 novembre 1912). Si la correspondance des écrivains est «à littérarité variable», moins guindée que leur production proprement littéraire, elle témoigne souvent davantage de la vraie vie, et, même lorsqu'elle est mensongère, elle mérite, à ce titre au moins, qu'on y musarde.

    1) Entretien avec Jules Huret paru dans L'Echo de Paris en 1891. 2) Erasme, De conscribendis epistolis (Sur l'art de composer des lettres), 1522. 3) Henri Guillemin, Cette affaire infernale, Utovie, 2003.

    Bibliographie
    Marcel Proust, Lettres, Plon, 2004.

    Gustave Flaubert, Correspondance, Folio, 1998.

    Abélard et Héloïse, Lettres, Le Livre de poche, 2007

    Descartes, Correspondance avec Elisabeth, Garnier-Flammarion, 1989.

    Mme de Sévigné, Lettres, Garnier-Flammarion, 2003.

    Lettres portugaises, Le Livre de poche, 2003.

    Vincent Kaufmann, L'équivoque épistolaire, Minuit, 1990.


    Un plaisir trop bref. Lettres
    Truman Capote
    10/18

    Source:http://www.lire.fr/enquete.asp?idc=51360&idR=200&idG=8

  • Catégories : La littérature

    Littérature:Le seul regret de Norman Mailer

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    Vingt-six ans après le second meurtre commis en 1981 par Jack Henry Abbott, Norman Mailer se sent coupable et responsable.
    S. Soriano/Le Figaro.

    JEAN-LOUIS TURLIN (à New York). Publié le 16 juillet 2007Actualisé le 16 juillet 2007 : 08h07


    Chaque jour, une personnalité du monde de la politique, des arts, du sport et de l'économie confie. Aujourd'hui, le géant de la littérature américaine Norman Mailer.


    « JE LE REGRETTE, oui, je le regrette prodigieusement. » Vingt-six ans après le second meurtre commis en 1981 par Jack Henry Abbott, Norman Mailer se sent coupable et responsable. Non tant d'avoir joint sa voix au choeur des intellectuels new-yorkais qui plaidaient pour la remise en liberté d'un assassin repenti et publié, mais de n'être pas allé jusqu'au bout de ses responsabilités envers un instable, incapable d'affronter sa liberté provisoirement retrouvée.


    En 1978, Norman Mailer travaille sur son livre Le Chant du bourreau, fondé sur l'exécution d'un assassin célèbre, Gary Gilmore. Pour sa documentation sur la vie dans les couloirs de la mort, il s'adresse à un autre condamné, Jack Abbott, qui se révèle un correspondant de talent. Au point que Mailer publie certaines de ses lettres dans la prestigieuse New York Review of Books avant de les réunir dans un livre : Dans le ventre de la bête. Trois ans plus tard, la notoriété épistolaire du meurtrier ferait contrepoids à son casier judiciaire.


    Après une enfance difficile marquée par des séjours successifs en maison de correction, Abbott avait 18 ans quand il a été condamné en 1962 à cinq ans de prison pour falsification de chèques. Trois ans plus tard, il y poignardait à mort un détenu et en blessait un autre au cours d'une rixe. En 1980, il avait fait naturellement appel à son mentor littéraire pour appuyer sa demande de libération sous surveillance après 18 ans de détention. Mailer s'était porté garant de lui en promettant de l'aider à trouver du travail. Mais Abbott était un récidiviste. Lors d'une première remise en liberté, il avait tenté de dévaliser une banque. La seconde allait avoir de plus graves conséquences : six semaines après sa sortie, le protégé de Mailer donnait un coup de couteau mortel à un garçon de restaurant de 22 ans sur le point de commencer une carrière d'acteur à New York, Richard Adan. Réincarcéré à vie, Abbott publiait en 1987 un second livre : Mon retour. Le 10 février 2002, on le retrouvait pendu avec un drap dans sa cellule.


    Aujourd'hui âgé de 84 ans, Mailer est encore hanté par l'affaire Abbott : « Je me suis senti coupable quand c'est arrivé, parce que j'en savais assez sur le compte de Jack Abbott... J'avais écrit Le Chant du bourreau et Jack m'y avait aidé. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai voulu l'aider à mon tour. Il m'avait envoyé de prison 70 lettres merveilleuses et elles m'avaient permis de mieux comprendre la situation carcérale. Je savais donc que quand il sortirait, il causerait des ennuis. Mais quand il m'avait demandé de faire partie du comité qui devait émettre un avis sur sa remise en liberté, j'avais dit oui, pensant qu'il n'avait aucune chance. J'avais bien tort. Ce que j'ai appris des années plus tard, c'est que la commission des libérations conditionnelles était très contente que nous, les intellectuels new- yorkais, nous nous soyons engagés en faveur de sa sortie, car cela lui enlevait une épine du pied. De toute façon, elle l'aurait laissé sortir un an plus tard. Quand Jack s'est retrouvé libre, je savais que mon devoir était de rester proche de lui. J'étais son oncle Norm. Il venait dîner à la maison, mes enfants étaient là et ils ne se sont jamais sentis plus en sécurité près d'un autre homme. Mais, pendant tout ce temps, je savais qu'il n'était pas équilibré, qu'il enrageait et qu'il gardait toute sa rancoeur ramassée. Je ne voulais pas passer tout mon temps avec lui. Ce n'était pas le type le plus intéressant de la terre et je n'avais pas envie de lui consacrer toutes mes soirées, ce qui aurait pourtant été nécessaire, j'en étais conscient. Alors quand c'est arrivé, je ne pouvais être tout à fait surpris. Je n'avais pas assumé mes responsabilités. Je le regrette donc, oui, je le regrette prodigieusement. »


    Agirait-il différemment aujourd'hui ? « Je crois que j'hésiterais à prendre ce genre de responsabilité à moins d'être prêt à m'y sacrifier totalement. Si l'on prend la responsabilité de faire sortir quelqu'un de prison, il faut assumer ou ne pas le faire. J'ai eu du mal à vivre avec ça, car je me suis rendu compte que j'avais non seulement mal agi, mais que les dégâts étaient immenses. Voyez-vous, les détenus détestent Jack Abbott, même s'il est mort maintenant, car il a obéré leurs propres chances de bénéficier d'une libération conditionnelle. Je ne pense pas qu'un type comme Abott soit jamais à 100 % sincère. Il était incapable de faire face à sa nouvelle vie. Il n'était absolument pas prêt à affronter le monde. »


    « Si l'on prend la responsabilité de faire sortir quelqu'un de prison, il faut assumer ou ne pas le faire. J'ai eu du mal à vivre avec ça. »





    Source:http://www.lefigaro.fr/reportage/20070716.FIG000000253_le_seul_regret_de_norman_mailer.html

  • 50ème anniversaire de la disparition de Valery Larbaud

    93d6ca3fd2ed51309a84d16176b3772b.jpgDu 11 mai au 21 juillet, l’Association Internationale des Amis de Valery Larbaud et la Ville de Vichy célèbrent le cinquantenaire de la disparition de Valery Larbaud: romancier, nouvelliste, essayiste, poète, critique littéraire, traducteur et « passeur en littérature ».

    Valery Larbaud naît à Vichy le 29 août 1881 et y meurt le 2 février 1957: aujourd’hui encore, il est lu dans le monde entier et chaque année, des Universitaires de tous les pays viennent consulter le Fonds Larbaud à la Médiathèque de Vichy, une des plus belles bibliothèques de France.


    Depuis 1967, l’association internationale des Amis de Valery Larbaud, présidée par l’académicien Michel Déon, décerne, fin mai à Vichy, un Prix littéraire.

    Une commémoration nationale


    Retenu au Calendrier des Célébrations Nationales de l’année 2007, le 50 ème anniversaire de sa disparition est l’occasion de mettre à l’honneur Larbaud à travers de nombreux évènements:

    - Les éditions Gallimard rééditent cette année le journal de Valery Larbaud, une nouvelle édition complète (collection Blanche - édition établie, préfacée et annotée par Paule Moron).

    - Un partenariat a été mis en place avec l’Éducation Nationale afin de permettre aux élèves des établissements scolaires et universitaires de l’agglomération vichyssoise et de la région de découvrir l’écrivain et son œuvre par le biais de projets variés élaborés par les professeurs et réalisés par les élèves : courts-métrages, diaporama, poèmes ou essais, lectures à voix haute….
    La Médiathèque de Vichy accompagne ces différents projets : visites commentées du musée Larbaud, prêts d’ouvrages et d’expositions, constitution d’une documentation sur l’écrivain…

    - L’Association Internationale des Amis de Valery Larbaud organise un Colloque international « du journal intime au monologue intérieur dans la littérature du 20ème siècle », au Pôle Universitaire et Technologique de Vichy.
    Ce colloque va réunir des intervenants prestigieux venus de Croatie, des Etats-Unis, d’Italie… . Le thème a été choisi car Valery Larbaud a été le premier en France à publier un journal intime fictif, celui de A.O. Barnabooth.


    Le calendrier des évènements



    - A partir du 11 mai et jusqu’au 21 juillet 2007

    A la Médiathèque Valery-Larbaud

    Exposition "Le journal intime en France"

    Qu’est-ce que l’écriture de l’intime ? Son histoire, sa raison d’être et ses formes actuelles comme le blog... Un cheminement dans 5 espaces dans cinq espaces d’exposition pour résoudre l’énigme du journal intime.
    A voir: des manuscrits des journaux de François Mauriac, Marie Curie, Colette, Théodore Monod…, des photographies, des peintures et des éditions rares.

    173b434e1db4ad79c8d0bd6abd9c1d88.jpgLire le programme détaillé de la Commémoration












    Contacts


    Médiathèque Municipale Valery-Larbaud
    106-110 rue Maréchal Lyautey – 03200 – Vichy
    Tél. 04 70 58 42 50

    Association Internationale des Amis de Valery Larbaud
    Monique Kuntz/E-mail : monique.kuntz@wanadoo.

    Source:http://www.ville-vichy.fr/focus-valery-larbaud.htm