Sainte-Beuve — Les Consolations
XXVII. La Harpe éolienne
À mon ami Victor Pavie ; traduit de Coleridge
La Harpe éolienne
Ô pensive Sara, quand ton beau front qui penche,
Léger comme l’oiseau qui s’attache à la branche,
Repose sur mon bras, et que je tiens ta main,
Il m’est doux, sur le banc tapissé de jasmin,
À travers les rosiers, derrière la chaumière,
De suivre dans le ciel les reflets de lumière,
Et tandis que pâlit la pourpre du couchant,
Que les nuages d’or s’écroulent en marchant,
Et que de ce côté tout devient morne et sombre,
De voir à l’Orient les étoiles sans nombre
Naître l’une après l’autre et blanchir dans l’azur,
Comme les saints désirs, le soir, dans un cœur pur.
À terre, autour de nous, tout caresse nos rêves ;
Nous sentons la senteur de ce doux champ de fèves ;
Aucun bruit ne nous vient, hors la plainte des bois,
Hors l’Océan paisible et sa lointaine voix
Au fond d’un grand silence ;
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