La naissance de mon premier neveu a été un événement merveilleux. Remplis de joie, ses parents ont quand même remarqué ma drôle de tête : « Mais qu’est-ce qu’il y a, Grégoire ? Tu ne le trouves pas joli, le bébé ? » Ce personnage minuscule, fripé, les yeux grands ouverts et les poings fermés…
J’étais stupéfait. Comme c’est bizarre, un fils d’homme…
La naissance d’un enfant nous place face à un étranger, un être mystérieux que nous apprenons progressivement à connaître. Elle nous interroge et nous ouvre à la profondeur du mystère de la vie : que sera cet enfant ?
C’était déjà la question des voisins lorsque les parents de Jean Baptiste ont décidé de l’appeler Jean.
La naissance, en effet, ne dit pas tout de l’enfant. Plus tard, il se révélera. Et ce seront alors d’autres questions. Par exemple :
Celle des foules qui viendront se faire baptiser par Jean : « Que devons-nous faire ? »*
Ou celle de Jean Baptiste qui envoie demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » **
Ou encore celle de ses disciples qui l’interpellent : « Maître, où demeures-tu ? » ***
Ou enfin celles des contemporains : « Pourquoi parle-t-il ainsi ? Il blasphème ! Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu
seul ? »****
C'est le paradoxe de toute naissance que la différence entre l’enfant qui naît et l’adulte qu’il deviendra. Paradoxe dans l’affirmation de Paul : «Dieu envoya son Fils, né d’une femme ». Plus qu’un homme né d’une femme, Jésus est le Fils de Dieu envoyé pour sauver les hommes. Oui, Dieu a un fils. Dieu se fait homme et il choisit une femme pour mère !
À chacun de nous il revient d’accueillir ce que Dieu veut nous enseigner par cette naissance : l’humanité de Jésus, mystère incroyable d’un Dieu pleinement homme, la maternité de Marie, cette tendresse de Dieu et cette fragilité. Et si cette naissance était le premier acte de la mission de Jésus ?
Pour Dieu, naître d’une femme est le premier signe qu’il nous adresse : notre condition humaine est digne d’être aimée et célébrée. En Marie, tout l’océan d’amour de Dieu s’est déposé.
* Évangile selon saint Luc ch. 3, v. 10.
** Évangile selon saint Matthieu ch. 11, v. 3.
*** Évangile selon saint Jean ch.1, v. 38.
**** Évangile selon saint Marc ch. 2, v.7.