La modernité occidentale a conduit à une vision désacralisée et matérialiste du cosmos. Elle l’a vidée de tout mystère et présence intérieure. La nature a ainsi été réduite à un environnement matériel, un stock de ressources à disposition de l’être humain pour la satisfaction non seulement de ses besoins, mais de son avidité infinie qui détruit la planète.
L’un des enjeux écologiques actuels est – sans l’idolâtrer – de redonner à la nature sa dimension mystérique et sacrée. Cela suppose de changer, réenchanter notre regard. A cette fin, l’art peut être un formidable outil. Pour preuve, l’exposition Lemancolia qui se termine ces jours au Musée Jenisch (Vevey, Suisse). Elle propose un parcours artistique fascinant sur le Léman. Ni plus ni moins que le plus grand lac d’Europe occidentale. Un lieu mythique entre terre et ciel, plaine et montagne, fini et infini, dont François Bocion a magnifié l’harmonie et la splendeur humaine et naturelle. Il était sans doute d’accord avec Gustave Courbet qui le considérait comme « le plus beau du monde entier ». Alphonse de Lamartine, lui, le regardait comme une « seconde création du monde » : « À mes pieds étincelait le lac Léman, moitié dans l’ombre, moitié dans la lumière. [...] Jamais, même à Naples, pareil spectacle n’avait émerveillé mes yeux. »
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