Recueil de poèmes en hommage aux deux auteurs
Catégories : La langue (française)/ les langues
Etymologie: nos racines arabes
Bougie, guitare, tulipe ou épinard... Un ouvrage recense près de 300 mots français issus de la langue arabe.
Par Natalie LEVISALLES
QUOTIDIEN : vendredi 18 mai 2007
I l y a deux fois plus de mots français d'origine arabe que de mots français d'origine gauloise», nous apprend Salah Guemriche. Peut-être même trois fois plus. Pour une centaine de mots gaulois, donc, on a près de trois cents mots arabes dans le français d'aujourd'hui, les plus anciens arrivés il y a six ou sept siècles, les plus récents datant de la colonisation de l'Afrique du Nord, et de ses conséquences. Dans le Dictionnaire des mots français d'origine arabe (et turque et persane) (1), Salah Guemriche recense tous ces mots et nous raconte leur étymologie (certaine ou probable) et leur métamorphose progressive. En linguiste amateur et enthousiaste (il est romancier et journaliste), il a compilé différents dictionnaires ( Trésor de la langue française, Dictionnaire étymologique de tous les mots d'origine orientale ...), acceptant souvent leurs hypothèses, en proposant parfois d'autres. Comme l'indique la parenthèse du titre, et comme la lecture le confirme, une bonne partie de ces mots arabes sont eux-mêmes des importations du turc, et surtout du persan.
Si l'origine de certains «caravane», «bazar», «macache», «kif-kif», «maboul»... est transparente, il y a bien d'autres mots dont la présence dans cette liste est inattendue. Au hasard (de az-zahr , le coup de chance) et fissa (de l'arabe maghrébin fissa'a , illico) : «arobase», «amiral», «avanie», «albatros», «bougie», «carat», «douane», «guitare», «houle», «luth», «mage», «mesquin», «mortaise», «raquette», «truchement» ou «vérin». On remarquera que la langue arabe a généreusement alimenté certains domaines du vocabulaire : équitation, astronomie, botanique, mais aussi cuisine («café», «pilaf», «sirop», «sorbet», «sucre»), chimie («alambic», «alchimie», «alcool») ou navigation («patache», «récif», «calfater»).
Parmi les découvertes les plus surprenantes, on apprend que «crouillat» (ou «crouille»), ce terme violemment raciste, vient de l'arabe dialectal khouya , qui signifie «mon frère». De même que «bicot», autre terme raciste, vient de l'arbi (l'arabe), d'où «arbicot», puis «bicot». Autre étonnement : le nombre de doublets (mots différents qui ont une étymologie commune). «Azimut» et «zénith» viennent tous deux de as-samt (la direction), «turban» et «tulipe» de tülbent (turban en turc), «azur» et «lapis-lazuli» de l'arabe lazurd , emprunté au persan lazward , (bleu clair et intense), «tambour» et «timbale» du persan tabir (tambour). Mais le record est battu par qirmiz (cochenille) qui, à lui seul, a donné trois mots : «carmin», «cramoisi» et le médicament ancien «alkermès».
Calligraphie Hassan Massoudy
(1) Dictionnaire des mots français d'origine arabe, Salah Guemriche, Seuil, 878pp.
Hassan Massoudy est aussi l'auteur de ABCdaire de la calligraphie arabe, Flammarion et de Calligraphie pour l'Homme, Alternatives.
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