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  • Catégories : Des femmes comme je les aime

    Je viens de lire: le Télérama Hors-série consacrée à Marie-Antoinette

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    Une expo, un film, une bio et même un hors-série Télérama… Victime d’un mépris haineux pendant la Révolution, la dernière reine de France nous revient en icône moderne, genre héroïne glamour à la Lady Di. Gardons la tête froide : la vérité est entre les deux.

    Marie-Antoinette, par Mme Vigée-Lebrun en 1783.

    Marie-Antoinette, icône moderne ? Il y a seulement vingt ans, qui aurait imaginé voir ainsi celle qu'avec mépris les pamphlétaires de son temps surnommaient « l'Autrichienne » accéder au rang de star – héroïne glamour pour Sofia Coppola, sujet d'une biographie signée de la Britannique Antonia Fraser (1) ? L'engouement populaire pour le destin tragique de Marie-Antoinette, exécutée en octobre 1793 alors qu'elle n'était plus la reine de France, atteint aujourd'hui des sommets. Reposant, en partie, sur un élan de compassion parfaitement anachronique, qui fait même comparer Marie-Antoinette à Lady Di , l'une et l'autre victimes expiatoires de leur époque, l'une et l'autre femmes « rebelles », modernes, ayant payé au prix fort l'affirmation de leur singularité.

    Cet excès irraisonné d'empathie apparaît comme la réponse outrée à l'aversion démesurée qu'elle provoqua longtemps. C'est que Marie-Antoinette revient de loin. Il n'est besoin, pour s'en convaincre, que de se plonger dans les libelles et pamphlets haineux qu'elle suscita, dès les premières années de son mariage (1770) avec le futur Louis XVI, qui n'était encore que le Dauphin. Chantal Thomas a fait ce travail et a publié, en 1989, l'année du bicentenaire de la Révolution, les fruits de cette immersion dans les archives : ce fut La Reine scélérate (2), belle étude historique qui tient le registre des agressions verbales d'une violence inouïe dont fit l'objet Marie-Antoinette. Injures teintées de xénophobie, de misogynie, de fantasmes sexuels, qui contribuèrent à véhiculer l'image erronée d'une souveraine frivole, dépensière, traîtresse, incestueuse.

    Le propos rigoureux et argumenté de Chantal Thomas n'était certes pas d'idéaliser Marie-Antoinette, mais simplement de rectifier l'image, de lui rendre ses justes couleurs. En se gardant de toute sensiblerie. En évitant aussi le piège de la manipulation historique et idéologique qui consisterait, à travers la réhabilitation de la reine, à mettre en cause l'héritage de l'événement révolutionnaire et les valeurs fondatrices de la République issues de ces années terribles. Entre glorification et diabolisation, l'équilibre réside dans une vérité historique à laquelle ont contribué aussi, au cours des dernières années, les travaux biographiques d'Evelyne Lever (3) et les réflexions de Mona Ozouf sur la Révolution et la fin de la royauté (4). Marie-Antoinette est bel et bien un individu d'Ancien Régime. Une ­figure complexe « attachée à une image ancienne de la royauté que dans le même temps elle bafoue et contribue à discréditer », explique Mona Ozouf dans le hors-série que Télérama consa­cre à Marie-Antoinette. Une personnalité qu'aucun cliché ne saurait résumer.

    Nathalie Crom

    (1) Ed. Flammarion.
    (2) Ed. du Seuil et en poche dans la coll. Points.
    (4) “Varennes, la mort de la royauté”, éd. Gallimard.
    (3) Ed. Fayard. On doit aussi à Evelyne Lever la très belle édition de la “Correspondance de Marie-Antoinette” (éd. Tallandier).
     
    A VOIR

    Marie-Antoinette, exposition par Robert Carsen : 300 oeuvres (peintures, sculptures, objets d'art...) pour évoquer la vie et le siècle de la souveraine. Du 15 mars au 30 juin aux Galeries nationales du Grand Palais, Paris VIIIe. Tél. : 01-44-13-17-17.

    A LIRE

    Télérama Hors-série "Marie Antoinette, rétrospectice au Grand Palais", 7,80 €.

    http://www.telerama.fr/scenes/26006-une_tete_qui_nous_revient.php