Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Laura Vanel-Coytte: écrivaine publique. Entreprise Siret:884 135 807 00011 à votre service - Page 1355

  • Catégories : Les polars

    Féminisme et roman policier

    Amanda Cross, Ruth Rendell, Dorothy Sayers. Féminisme et roman policier
    Ilana Löwy


     
    Plan de l'article


     

    Entre les deux guerres, le roman policier anglais est devenu une spécialité féminine. Les livres d’Agatha Christie, de Dorothy Sayers, et, un peu plus tard, de Ngaio Marsh et de Josephine Tey ont solidement établi la popularité des polars qui mélangeaient allègrement l’arsenic et les veilles dentelles. La place importante occupée par des femmes parmi les auteurs de polars n’est pas surprenante dans un pays où une proportion importante de romanciers renommés sont des romancières. D’autant plus que la publication des romans policiers fut une activité lucrative, un atout non-négligeable dans une période d’accès limité des femmes à certains métiers.

    Les « grandes dames anglaises » du polar ont rénové le genre en introduisant des intrigues ingénieuses, des descriptions minutieuses de certains milieux sociaux (en règle générale, les classes supérieures et moyennes, et les milieux intellectuels et artistiques), de fines études psychologiques, de l’humour et de l’ironie, et, surtout, des détectives de sexe féminin.

     

    • Féminisation du polar : la nouvelle héroïne

    Ces détectives-femmes sont souvent plus vivantes et attrayantes que les détectives masculins créés par les mêmes auteures. Parmi les plus anciennes, la célèbre Miss Marple d’Agatha Christie est une vieille dame agréable, malicieuse, et extrêmement intelligente ; et elle n’a aucun des attributs ridicules d’un Hercule Poirot, Belge à moustache cirée, chaussures trop étroites, maniaque de l’ordre, et à l’ego en proportion inverse de sa petite taille. De même, si Lord Peter Whimsey, créé par Dorothy Sayers, porte un monocle, souffre de cauchemars récurrents, et est originaire d’une famille noble dans laquelle l’excentricité se conjugue à la bêtise et la folie, sa contrepartie féminine, Harriet Wane, est une jeune femme saine et énergique, fille d’un médecin de campagne, dotée de bon sens, de joie de vivre, et d’un solide goût pour l’amitié.

    Cependant, le trait le plus important de ces femmes détectives est l’excellence de leurs capacités intellectuelles. Depuis les Aventures de Sherlock Holmes, l’attribut principal du détective dans un roman policier « classique » est sa capacité d’analyser l’évidence et d’opérer des déductions logiques. Si les femmes détectives – comme leurs collègues masculins – sont occasionnellement confrontées à des situations dangereuses, et sont capables de montrer leur courage, elles sont surtout très intelligentes.

    Les changements importants intervenus dans la situation des femmes depuis les années soixante ont eu des conséquences dans les polars, notamment d’action. Les femmes-détectives, officiers de police, juges, médecins-légistes, journalistes, détectives privés, et même gardes du corps, sont omniprésentes dans les polars contemporains, en particulier ceux (toujours plus nombreux) écrits par des femmes. En outre, ces romans, souvent américains, font un effort délibéré pour offrir une grande diversité d’héroïnes. Ces nouvelles enquêtrices ont des origines ethniques très diverses, un niveau d’éducation variable, des vies privées compliquées, et souffrent parfois d’un handicap ou d’une maladie chronique. Elles manient des armes à feu, sont entraînées aux techniques de combat, affrontent des criminels dangereux, risquent des coups et blessures. De plus, à l’instar des héros mâles, elles ont droit à une vie sexuelle souvent aventureuse, et leur sexualité peut jouer un rôle important dans l’intrigue. Il faut toutefois distinguer l’avènement des femmes dans des rôles exclusivement réservés auparavant aux hommes, de l’apparition dans le polar d’une thématique proprement féministe.

    • Le polar féministe

    Les polars dits « féministes » sont une minorité parmi ceux, très nombreux, écrits par des femmes. La plupart d’entre eux sont plaisants à lire, présentent des idées « politiquement correctes » du point de vue féministe, et ne se détachent pas vraiment de la production moyenne dans ce domaine. Je m’attarderai ici sur l’œuvre de deux auteures de polars à succès dont les livres, d’une excellente qualité, peuvent en même temps stimuler la réflexion sur les rapports entre hommes et femmes : l’Américaine Amanda Cross et la Britannique Ruth Rendell.

    Toutes deux ont commencé à publier des polars au début des années soixante (donc avant l’essor de la deuxième vague du féminisme), et leurs idées féministes se sont développées et affirmées avec le temps. Il y a cependant, outre la différence de nationalité et la spécificité de leur talent – Cross est perçue comme un bon écrivain de polars, Rendell comme un bon écrivain tout court – une différence de statut. Rendell est une écrivaine professionnelle, vivant de sa plume. Cross est le pseudonyme d’une professeure de littérature anglaise à l’université de Colombia (NY), Carolyn Heilbrun, et auteure de plusieurs ouvrages théoriques importants sur genre et littérature [1].

    Pendant une quinzaine d’années, C. Heilbrun a gardé secrète l’identité d’Amanda Cross, afin d’éviter à la fois toute conséquence fâcheuse pour sa carrière universitaire, mais aussi pour avoir un « espace de liberté » et le plaisir de posséder une double personnalité. Son héroïne, Kate Fansler, professeure de littérature anglaise dans une université à New York et détective à ses heures libres, est un portrait idéalisé d’Heilbrun elle-même, débarrassée de ses problèmes de poids et de ses origines juives, mais toujours munie d’un esprit vif et de solides connaissances littéraires. Dans ses premières apparitions, Fansler est présentée comme vaguement « progressiste ». Son féminisme s’affiche clairement pour la première fois en 1981, dans Mort d’un professeur titulaire [2]. Dans ce polar, Fansler tente d’aider une collègue, première femme professeure au département de littérature anglaise de Harvard. Les enseignants du département, forcés par la direction de l’université d’accepter cette nomination, tentent de trouver la candidate la moins dérangeante possible, c’est-à-dire une femme à la réputation professionnelle irréprochable, ouvertement hostile au féminisme et entièrement convaincue que la prétendue discrimination liée au sexe n’est qu’une invention de femmes paresseuses et médiocres. Hélas, sa confiance s’effondre face à l’hostilité déclarée de ses collègues masculins, tandis que son refus obstiné de reconnaître l’existence du sexisme et de s’allier à d’autres femmes de son milieu professionnel accroît son isolement et son désespoir. Confrontée à une série d’humiliations, elle sera retrouvée morte dans des circonstances mystérieuses. Le thème central de ce roman est l’importance de la solidarité féminine. Cross brosse une image vive des débats au sein du mouvement féministe nord-américain : l’opposition entre le féminisme « rangé » de Kate Fansler et de ses amis, et leur aspiration à réformer les institutions de l’intérieur, et le féminisme radical d’un groupe de femmes homosexuelles qui vivent en communauté et développent une idéologie anti-mâle. Bien que Cross ne cache pas sa sympathie pour la première variante du féminisme, elle guide Fansler avec peu d’hostilité vers la seconde. À la fin du livre, les féministes réformistes et radicales trouvent, momentanément au moins, un langage commun, et la cause des femmes à Harvard fait un bond en avant. Tout cela se fait dans un esprit bon enfant et dans une joie partagée.

    Avec ses héroïnes généreuses, intelligentes et drôles et ses « méchants » souvent pitoyables ou ridicules, les livres d’Amanda Cross proposent à la lectrice (progressiste et cultivée, cela va de soi) le monde enchanté des contes de fées. Cette atmosphère de « conte de fées féministe » se retrouve dans d’autres polars de Cross. Comme Pas un mot de Winifred : l’histoire, qui se déroule des deux côtés de l’Atlantique, réunit plusieurs femmes remarquables à la fois par leurs intérêts intellectuels, leur grande indépendance d’esprit et leur don pour l’amitié, en particulier avec d’autres femmes. Ces qualités leur permettent de triompher de l’adversité et de trouver le bonheur dans le travail, les relations humaines et la découverte du monde, et même de rencontrer des compagnons masculins qui savent les apprécier à leur juste valeur. On retrouve aussi d’autres thèmes récurrents : l’importance de l’amitié entre les femmes et la capacité des femmes à « renaître » à tout âge et sous toute condition. Cet optimisme affiché contribue sans doute au succès de ces polars. Nous voulons toutes et tous croire que la justice va triompher sur la méchanceté et la bêtise, que l’amitié et la solidarité sont des valeurs sûres, que la vie n’est ni absurde, ni tragique, ni fragmentée, et qu’on garde toujours la possibilité d’un nouveau départ. Cependant, l’univers idéalisé dans lequel circule Fansler peut rappeler l’observation faite par Heilbrun au sujet d’auteures comme Louise May Alcott ou George Eliot : leurs héroïnes sont souvent plus conventionnelles et moins courageuses qu’elles-mêmes.

    • Violences contre les femmes, violence des femmes : les destins d’une révolte

    Même en s’attaquant, dans Un espion imparfait, à un sujet qui se prête peu à l’angélisme – la violence conjugale – Cross réussit à créer une atmosphère de bienveillance généralisée [3]. Ce livre est inspiré par l’œuvre de John Le Carré, mais Cross est très loin de l’amertume désabusée de ce dernier. Kate Fansler collabore dans ce polar avec une autre « bonne sorcière », une femme à la retraite qui a su se forger une personnalité et une identité nouvelles. Et l’héroïne va y défendre une jeune femme qui a subi pendant des années les violences de son mari, un professeur de droit, et qui a fini par l’assassiner. Celle-ci est reconnue coupable de meurtre avec préméditation et condamnée à la prison à perpétuité, sans tenir compte du fait que la loi américaine a reconnu récemment les violences conjugales comme une circonstance atténuante. Les réflexions sur les raisons qui ont poussé cette jeune femme à demeurer avec cet époux violent sont mêlées à une histoire de réforme d’une faculté de droit conservatrice et sclérosée. Le mari, professeur de droit, était très soutenu par ses collègues mâles. À l’issue du livre, l’espoir d’un jugement plus équitable pour la meurtrière est associé au réveil politique des étudiants de la faculté, amenés par l’enseignement éclairé de Fansler et ses amis à réviser leurs positions conservatrices et leurs préjugés sexistes.

    La violence contre les femmes, et le sort réservé à une femme battue qui tue son partenaire violent sont également au centre du récent livre de Ruth Rendell, Il n’y a pas de mal [4]. En juxtaposant ces deux livres, on apprend que, contrairement aux Américains, les Britanniques n’accordent pas de circonstances atténuantes aux femmes victimes de violences conjugales qui tuent leur partenaire. On apprend aussi qu’au Royaume-Uni comme aux USA (et en France, mais on en parle rarement), les brutalités contre les femmes ne sont nullement limitées aux couches populaires, et peuvent avoir lieu derrière les volets clos des villas des beaux quartiers. Cependant, l’univers décrit par Rendell est fort différent du monde dépeint par Cross. Si le New York de Cross est une ville étonnamment paisible, Kingsmarkham, la petite ville anglaise de Rendell, est un univers social en pleine désintégration. Rendell décrit avec compassion, mais sans complaisance, des vies sordides, des trajectoires interrompues, des actes illogiques, une violence souvent gratuite, faite de petite délinquance et de grande souffrance, et les tentatives pathétiques pour construire de petits îlots d’ordre au milieu du chaos afin de retrouver occasionnellement la chaleur humaine, la solidarité et l’espoir.

    • Rendell et l’engagement féministe : un combat avant tout « social »

    Pour comprendre l’attitude de Rendell envers les violences contre les femmes, il faut remonter aux racines de ses réflexions féministes qui apparaissent pour la première fois dans Une vie endormie en 1978, et sous une forme plutôt critique [5]. Sylvia, la fille aînée de l’inspecteur Wexford, le héros de la plupart des polars de Rendell, traverse une crise dans son mariage. Mariée très jeune, mère de famille menant une existence aisée auprès d’un mari architecte, elle découvre le féminisme, et refuse d’être cantonnée dans le rôle d’une « simple ménagère ». Wexford, heureux dans un mariage très traditionnel, trouve ses complaintes ridicules, ses discours enflammés sur l’esclavage domestique des femmes déplacés sinon franchement ridicules, ses critiques incessantes de sa mère fort irritantes, et son attitude proche de celle d’une petite fille gâtée, une opinion que semble partager Rendell. Cependant, le roman s’attaque en même temps à l’un des thèmes chers aux féministes : les avantages de la possession d’un corps mâle. Une femme qui réussit à « passer » pour un homme améliore considérablement sa position dans la vie. Elle a plus de liberté, des facilités d’emploi, elle est plus estimée, et, en outre, elle rajeunit. Dans un passage-clé du livre, Wexford explique que notre perception de l’âge dépend souvent de son sexe : « L’air de jeunesse d’une femme dépend avant tout de l’absence de rides. Ici, comme partout ailleurs, nous utilisons un double standard. Quel âge as-tu, Mike ? Une quarantaine ? Mets une perruque et un maquillage et tu auras immédiatement l’air d’une vieille loque, mais coupe les cheveux d’une femme de ton âge, habille-la dans un costume d’homme, et elle pourra très facilement passer pour un homme de trente ans. »

    Une vingtaine d’années et de nombreux polars plus tard, Rendell a enrichi considérablement l’étendue des problèmes sociaux présents dans ses livres. Elle discute de questions telles que l’immigration et le chômage, des conflits entre communautés ethniques, du racisme ou des conséquences des changements des mœurs sexuelles. Parallèlement, elle a approfondi le personnage de Sylvia Wexford. Cette dernière dépasse le stade de la plainte, reprend des études et devient assistante sociale, et volontaire dans un centre pour femmes battues. Ses convictions féministes, toujours aussi fortes, sont maintenant fondées sur une observation directe du sort de nombreuses femmes. Grâce à Sylvia, l’inspecteur Wexford devient lui aussi plus sensible à l’oppression des femmes, thème qui se trouve au centre de ses investigations. Dans Semisola, par exemple, il apprend que certaines femmes de ménage étrangères sont maintenues dans les conditions d’un véritable esclavage. Dans Pas de dégâts visibles, il se rend compte que la police est impuissante face au violences domestiques [6].

    Chez Cross, la femme battue plonge dans la dépression après l’assassinat de son mari. L’univers idéalisé de Cross s’accorde mal avec un bénéfice immédiat dû au crime, aussi légitime soit-il. Chez Rendell, la femme battue est libérée par son acte. En tuant son tortionnaire, elle est enfin capable de sortir de son cauchemar. Ce n’est pas un hasard si, dans le monde désenchanté de Kingsmarkham, dans lequel peu d’individus, et encore moins de femmes, atteignent l’équilibre et le bonheur, le chemin vers une vie un peu meilleure doit passer par un crime. Chez Rendell, ce chemin passe rarement par le bonheur conjugal.

    Si, en 1978, une femme devait littéralement changer de corps, ce n’est plus nécessaire en 2000. Les femmes peuvent choisir des styles de vie très divers, et l’on voit apparaître de nombreuses « femmes nouvelles ». Pas d’« hommes nouveaux », en revanche. Dans les polars de Rendell, ils affichent une masculinité tout à fait traditionnelle. Il est peu étonnant que nombre de femmes décrites par Rendell vivent seules. Leur vie n’est pas dépourvue de joie, mais elle est souvent difficile. À l’aube du xxie siècle aussi, il est toujours plus avantageux d’être un homme. Quant au féminisme militant – tel que représenté par Sylvia et ses amies par ailleurs tout à fait conscientes de la faiblesse de leurs contributions –, il est indispensable, puisqu’il permet de sauver certaines femmes du désespoir. Dans le monde adouci d’Amanda Cross, le féminisme, par un tour de passe-passe magique, induit le revirement rapide d’une situation difficile. Dans l’univers réaliste et désabusé de Ruth Rendell, le féminisme ne peut que colmater quelques brèches et parer au plus urgent. On est très loin de la revendication féministe de changer le monde. Pour trouver les traces d’une telle aspiration dans un polar d’inspiration féministe, il faut revenir bien en arrière, au Gaudy Night (La nuit de fête) de Dorothy Sayers, publié en 1935.

    • Une idée subsersive : les femmes peuvent être des humains à part entière

    Sayers n’était nullement une féministe militante, mais les événements de sa vie l’ont amenée à se pencher sur la condition féminine. Mère célibataire, puis mariée avec un homme qui rencontrera des problèmes psychiatriques graves, elle a pu mesurer les obstacles qui se dressent devant une femme intelligente et courageuse mais dépourvue de fortune ou d’une grande beauté. Le thème de l’inégalité entre les sexes apparaît en pointillé dans nombre de ses polars, mais il est au centre d’un seul livre : Gaudy Night [7].

    Ce thème apparaît sous la forme du dilemme de l’héroïne, Harriet Wane, qui ne parvient pas à se décider à épouser Lord Peter Whimsey, pourtant « très bien à tous égards ». Elle craint que même dans les meilleures conditions, le mariage ne détruise la liberté de la femme en ne laissant intacte que celle de l’homme. Ses hésitations se déroulent sur fond de collège féminin à Oxford, microcosme offrant d’excellentes opportunités pour esquisser de nombreux portraits de femmes, enseignantes, étudiantes, anciennes étudiantes, personnel de service, et montrer quelles sont les possibilités offertes aux femmes et l’usage qu’elles en font. La description de la vie du Shrewsbury College est fort réaliste. On y trouve, parmi les enseignantes, des frustrées, des femmes jalouses, des auteures médiocres de travaux bâclés, et même les meilleures ne sont pas exemptes de défauts. Pourtant, le tableau dépeint dans Gaudy Night a un potentiel subversif considérable. Sayers y décrit une communauté – imparfaite, et donc vivante – de femmes qui n’ont aucun besoin des hommes pour définir leur identité humaine et professionnelle. Les hommes existent, certes, mais ils sont cantonnés à la périphérie de leur univers. Ils peuvent être utiles, amusants, vexants, intéressants ou stimulants, mais ils ne sont jamais indispensables. Sayers ne nie nullement l’existence des pulsions sexuelles – et elle décrit la sexualité comme une activité fort agréable – mais elle ajoute qu’on peut la remplacer par d’autres plaisirs du corps et de l’âme. Le meilleur remède aux peines de cœur, son héroïne Harriet Wane l’explique, c’est d’avoir un travail intéressant, une activité physique et suffisamment d’argent pour des loisirs de qualité. La conclusion, qui apparaît en filigrane, est que les rapports de force entre les hommes et les femmes étant ce qu’ils sont, se passer de sexualité est souvent un choix bien sage.

    Des polars récents ont décrit des femmes expertes en judo ou en loi pénale, confrontées aux malheurs d’autres femmes dans les bidonvilles ou dans les beaux quartiers, qui prêchent le féminisme ou le pratiquent en militant pour la cause des femmes. La porté radicale de leur message est pourtant bien moindre que celui véhiculé par Gaudy Night. Sayers y décrit d’une manière convaincante un monde dans lequel les femmes s’épanouissent uniquement grâce à leur intelligence, leur sens de l’humour, leur rigueur morale, leur soif de connaissance, et avant tout l’amitié et le soutien d’autres femmes. Dans un tel univers, les femmes ne se sentent pas obligées de rechercher leur légitimité et la reconnaissance chez des individus du sexe masculin. Elles ne tentent pas de les imiter et n’éprouvent guère le besoin de se définir, positivement ou négativement, par rapport aux hommes. Dorothy Sayers nous laisse ainsi entrevoir la possibilité d’un avenir dépourvu des privilèges liés à une masculinité hégémonique, une perspective qui peut paraître menaçante à beaucoup d’hommes et sans doute aussi à un certain nombre de femmes. •

     

    http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=MOUV&ID_NUMPUBLIE=MOUV_015&ID_ARTICLE=MOUV_015_0048

  • Catégories : Les Lumières

    Les Lumières, des idées pour demain

     

     

    J'ai lu un hors série de Télérama qui porte ce titre mais je n'en ai pas trouvé le texte sur le web alors je vous propose de parcourir une partie de  l'exposition que la BNF a consacrée à "L'esprit des Lumières":

    medium_diderot.jpgDès la première moitié du XVIIIe siècle, surgissent partout en Europe des idées nouvelles qui, à travers la métaphore de la lumière évoquent le passage de l’obscurantisme à une pensée et une action libres, éclairées par la raison, qui est donnée en partage à tous les hommes de la terre.

     

    Il faut secouer le joug de l’autorité et "oser penser par soi-même"  (Diderot).

     

    "Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières" (Kant).

     

    Le mouvement des Lumières n’a pu s’engager qu’à l’intérieur du cadre européen, il a en même temps contribué à le constituer : "Il n’y a plus aujourd’hui de Français, d’Allemands, d’Espagnols, d’Anglais même, quoi qu’on en dise ; il n’y a que des Européens". (Rousseau).

     Aufklärung en Allemagne, Illuminismo en Italie, Enlightenment en Angleterre : la pensée des Lumières joue un rôle fondateur de la conscience européenne. L’Europe des Lumières est un espace à la fois un et multiple, où circulent librement les idées.

     

    En même temps, la pensée des Lumières est portée par des individus qui, loin de se sentir d’accord entre eux, passent leur temps en âpres discussions. Les Lumières naissent de cette confrontation. Emerge toutefois un esprit commun où s’affirment la liberté de l’individu et la souveraineté du peuple

     

    De nouveaux principes régulateurs accompagnent cette émancipation de la volonté : les hommes, appartenant à la même espèce, possèdent des droits inaliénables ; à travers leurs actes, ils recherchent le bien-être humain.

    http://expositions.bnf.fr/lumieres/expo/salle1/index.htm

  • Catégories : Lamartine Alphonse de

    Alphonse de Lamartine:"La prière"

    Le roi brillant du jour, se couchant dans sa gloire,
    Descend avec lenteur de son char de victoire.
    Le nuage éclatant qui le cache à nos yeux
    Conserve en sillons d'or sa trace dans les cieux,
    Et d'un reflet de pourpre inonde l'étendue.
    Comme une lampe d'or, dans l'azur suspendue,
    La lune se balance aux bords de l'horizon ;
    Ses rayons affaiblis dorment sur le gazon,
    Et le voile des nuits sur les monts se déplie :
    C'est l'heure où la nature, un moment recueillie,
    Entre la nuit qui tombe et le jour qui s'enfuit,
    S'élève au Créateur du jour et de la nuit,
    Et semble offrir à Dieu, dans son brillant langage,
    De la création le magnifique hommage.
    Voilà le sacrifice immense, universel !
    L'univers est le temple, et la terre est l'autel ;
    Les cieux en sont le dôme : et ces astres sans nombre,
    Ces feux demi-voilés, pâle ornement de l'ombre,
    Dans la voûte d'azur avec ordre semés,
    Sont les sacrés flambeaux pour ce temple allumés :
    Et ces nuages purs qu'un jour mourant colore,
    Et qu'un souffle léger, du couchant à l'aurore,
    Dans les plaines de l'air, repliant mollement,
    Roule en flocons de pourpre aux bords du firmament,
    Sont les flots de l'encens qui monte et s'évapore
    Jusqu'au trône du Dieu que la nature adore.
    Mais ce temple est sans voix. Où sont les saints concerts ?
    D'où s'élèvera l'hymne au roi de l'univers ?
    Tout se tait : mon coeur seul parle dans ce silence.
    La voix de l'univers, c'est mon intelligence.
    Sur les rayons du soir, sur les ailes du vent,
    Elle s'élève à Dieu comme un parfum vivant ;
    Et, donnant un langage à toute créature,
    Prête pour l'adorer mon âme à la nature.
    Seul, invoquant ici son regard paternel,
    Je remplis le désert du nom de I'Eternel ;
    Et celui qui, du sein de sa gloire infinie,
    Des sphères qu'il ordonne écoute l'harmonie,
    Ecoute aussi la voix de mon humble raison,
    Qui contemple sa gloire et murmure son nom.
    Salut, principe et fin de toi-même et du monde,
    Toi qui rends d'un regard l'immensité féconde ;
    Ame de l'univers, Dieu, père, créateur,
    Sous tous ces noms divers je crois en toi, Seigneur ;
    Et, sans avoir besoin d'entendre ta parole,
    Je lis au front des cieux mon glorieux symbole.
    L'étendue à mes yeux révèle ta grandeur,
    La terre ta bonté, les astres ta splendeur.
    Tu t'es produit toi-même en ton brillant ouvrage ;
    L'univers tout entier réfléchit ton image,
    Et mon âme à son tour réfléchit l'univers.
    Ma pensée, embrassant tes attributs divers,
    Partout autour de soi te découvre et t'adore,
    Se contemple soi-même et t'y découvre encore
    Ainsi l'astre du jour éclate dans les cieux,
    Se réfléchit dans l'onde et se peint à mes yeux.
    C'est peu de croire en toi, bonté, beauté suprême ;
    Je te cherche partout, j'aspire à toi, je t'aime ;
    Mon âme est un rayon de lumière et d'amour
    Qui, du foyer divin, détaché pour un jour,
    De désirs dévorants loin de toi consumée,
    Brûle de remonter à sa source enflammée.
    Je respire, je sens, je pense, j'aime en toi.
    Ce monde qui te cache est transparent pour moi ;
    C'est toi que je découvre au fond de la nature,
    C'est toi que je bénis dans toute créature.
    Pour m'approcher de toi, j'ai fui dans ces déserts ;
    Là, quand l'aube, agitant son voile dans les airs,
    Entr'ouvre l'horizon qu'un jour naissant colore,
    Et sème sur les monts les perles de l'aurore,
    Pour moi c'est ton regard qui, du divin séjour,
    S'entr'ouvre sur le monde et lui répand le jour :
    Quand l'astre à son midi, suspendant sa carrière,
    M'inonde de chaleur, de vie et de lumière,
    Dans ses puissants rayons, qui raniment mes sens,
    Seigneur, c'est ta vertu, ton souffle que je sens ;
    Et quand la nuit, guidant son cortège d'étoiles,
    Sur le monde endormi jette ses sombres voiles,
    Seul, au sein du désert et de l'obscurité,
    Méditant de la nuit la douce majesté,
    Enveloppé de calme, et d'ombre, et de silence,
    Mon âme, de plus près, adore ta présence ;
    D'un jour intérieur je me sens éclairer,
    Et j'entends une voix qui me dit d'espérer.
    Oui, j'espère, Seigneur, en ta magnificence :
    Partout à pleines mains prodiguant l'existence,
    Tu n'auras pas borné le nombre de mes jours
    A ces jours d'ici-bas, si troublés et si courts.
    Je te vois en tous lieux conserver et produire ;
    Celui qui peut créer dédaigne de détruire.
    Témoin de ta puissance et sûr de ta bonté
    J'attends le jour sans fin de l'immortalité.
    La mort m'entoure en vain de ses ombres funèbres,
    Ma raison voit le jour à travers ces ténèbres.
    C'est le dernier degré qui m'approche de toi,
    C'est le voile qui tombe entre ta face et moi.
    Hâte pour moi, Seigneur, ce moment que j'implore ;
    Ou, si, dans tes secrets tu le retiens encore,
    Entends du haut du ciel le cri de mes besoins ;
    L'atome et l'univers sont l'objet de tes soins,
    Des dons de ta bonté soutiens mon indigence,
    Nourris mon corps de pain, mon âme d'espérance ;
    Réchauffe d'un regard de tes yeux tout-puissants
    Mon esprit éclipsé par l'ombre de mes sens
    Et, comme le soleil aspire la rosée,
    Dans ton sein, à jamais, absorbe ma pensée.

  • Catégories : Des poèmes

    Pindare,Odes pythiques

    J'ai déjà évoqué Pindare dans UNE note Poètes mais comme il est question de ses "Odes pythiques" dans "Le cercle magique" (de Katherine Neville), j'ai décidé de leur consacrer une note grâce au lien suivant:http://remacle.org/bloodwolf/poetes/falc/pindare/Introduction.htm

     

    LES PYTHIQUES 

     

     

     

    Les Jeux Pythiques

     

       

    Les Jeux Pythiques ou Delphiques venaient tout de suite après les Jeux olympiques par ordre d'importance aux yeux des Grecs. Ils se tenaient deux ans après les Jeux d'Olympie, et se déroulaient tous les quatre ans au deuxième mois du calendrier delphique en plein milieu de l'été. La légende raconte que ces Jeux avaient été créés à Delphes sur l'initiative d'Apollon lui-même, dès qu'il eut établi son sanctuaire et institué l'oracle à l'emplacement où il avait tué le serpent Python. À l'origine, Apollon étant le dieu musicien par excellence, ces jeux étaient tout entier consacrés au chant avec accompagnement de cithare. À ce propos, circulait en Grèce une anecdote (que nous a rapportée Pausanias), selon laquelle Homère et Hésiode auraient tenté de participer aux compétitions, mais en vain, parce que l'on reprochait à l'un d'être aveugle et à l'autre d'être un piètre citharède. En 590, on joignit à cette vénérable épreuve musicale un concours de flûte solo (aulétique) ainsi que le récital d'une cantate avec accompagnement de flûte (aulodie).

        Ce n'est que vers 582, après une période de troubles (Guerre sacrée de 594), que ces jeux se tinrent de façon régulière et s'enrichirent d'une série d'épreuves athlétiques : lutte, pugilat, pancrace, javelot, lancement du disque, course. Mais c'est la course de chevaux, qui était la grande attraction de ces fêtes, car elle se déroulait dans un site magnifique au pied du Parnasse. Comme à Olympie, le vainqueur recevait une couronne. Celle-ci était tressée de laurier, l'arbre favori d'Apollon. De plus, la victoire donnait droit à l'athlète de consacrer au dieu sa statue en guise d'ex-voto : d'ailleurs, comment ne pas évoquer ici la seule statue représentant un de ces vainqueurs au quadrige que l'on a retrouvé grâce à des fouilles et qu'on appelle communément l' « Aurige de Delphes ». Datant de 474, cette merveilleuse statue est exactement contemporaine de l'activité poétique de Pindare : et peut-être, se pourrait-il que notre poète l'ait admirée quand, de séjour dans le sanctuaire, il allait flâner le long de la voie sacrée ?

     

     

    Les Pythiques de Pindare

     

        Ce recueil de 12 poèmes célèbre dès son ouverture une victoire de Hiéron de Syracuse, dont on sait qu'il fut l'un des grands commanditaires de Pindare. Cette Ière Pythique est à juste titre considérée comme le chef-d'œuvre absolu du poète, celle que l'on considère comme la plus aboutie. La troisième ode n'est pas vraiment une Pythique, ni même une ode triomphale, mais une épître destinée à Hiéron malade. La IVème Pythique, dédiée au roi Arcésilas de Cyrène pour sa victoire au quadrige, est également une œuvre maîtresse de Pindare. D'autres éloges sont consacrés à Xénocrate d'Agrigente, telle la VIème Pythique, à l'Athénien Mégaclès, mais aussi à des athlètes d'un moindre niveau social (mais appartenant tout de même à des familles aristocratiques !). Parmi les dédicataires de ces odes, citons le joueur de flûte Midas (XIIème Pythique) ou le lutteur Aristoménès (VIIIème Pythique). Ces compositions sont facilement datables, puisque, comme pour les Olympiques, nous avons conservé les listes officielles.

      

     

    Pythique X

    498

    Pythiques VI et XII

    490

    Pythique VII

    486

    Pythique II

    475

    Pythiques IX et XI

    474

    Pythique III

    473

    Pythique I

    470

    Pythiques IV et V

    462

    Pythique VIII

    446

     

     

    PYTHIQUE VI

    Pour Xénocrate d'Agrigente, 

    Vainqueur au quadrige

    PYTHIQUE VII

    À Mégaclès d'Athènes,

    Vainqueur au quadrige
    PYTHIQUE X

    Pour Hippocléas, Thessalien,

    Vainqueur à la course diaulique

    PYTHIQUE XI

    Pour le jeune Thrasidée de Thèbes,

    Vainqueur à la course

    PYTHIQUE XII

    À Midas d'Agrigente,

    Joueur de flûte

     

     

     PYTHIQUE VI

     

    Pour Xénocrate d'Agrigente, 

    Vainqueur au quadrige

     

     

     

    Strophe 1

    Écoutez ! C'est le champ d'Aphrodite

           Aux yeux vifs et des Charites

    Que nous labourons, tandis qu'au nombril de la mugissante

    Terre, vers le temple, nous nous dressons ;

    Louant la victoire pythique, pour les riches Euménides,

    Pour l'humide Agrigente, enfin, pour Xénocrate,

    J'offre ce cortège d'hymnes qui, à la profusion d'or

    De l'Apollinienne vallée, se mêle, inaltérable.

     

    Strophe 2

    Sur lui, ni l'orageuse pluie, monstrueuse,

           Ni le vacarme des nuées

    Dans leurs bataillons cruels, ni le vent ne pourront jusqu'aux gouffres

    Maritimes les mener, malgré tous les débris

    Qui viendraient l'affecter. Brillante, pure, sa façade

    Dira, tout comme de ton père, Thrasybule, de sa race,

    Aux hommes, l'illustre victoire au quadrige,

    Ce triomphe au vallon de Crisa !

     

    Strophe 3

    Tenant le rêne, à ta droite, tu conduis,

           Debout, le Précepte

    Qu'autrefois, sur les monts, au magnifique

    Fils de Phylire, au fils de Pelée, loin de vos parents,

    Rappelait ceci : « Puissamment, le Cronide,

    Dont la voix rauque décoche éclairs et foudre,

    Lui, parmi tous les dieux, honore-le : mais, de cette célébration,

    N'oublie jamais tes parents tout le temps qui leur reste de vie. »

     

    Strophe 4

    Jadis aussi, Antilochos le fort

           Était mû par ce sentiment,

    Lui qui mourut pour son père en affrontant

    Le tueur d'hommes, le chef  des Éthiopiens,

    Memnon. Le cheval nestoréen, clouant son char sur la place,

    Il fut blessé par les coups de Pâris, brandissant

    Son épée : le vieillard messénien

    Éperdu, implora le secours de son fils,

     

    Strophe 5

    Sa parole ne s'éteignant que lorsqu'il fut à terre !

          Face au péril, le héros divin

    Vengea par son trépas le salut de son père,

    Devenant, pour les siècles à venir,

    Au regard de la jeunesse, par son exploit sublime,

    L'indéfectible modèle de vaillance filiale.

    Mais ce temps est révolu ! Aujourd'hui, Thrasybule

    Marche, brillant, sur les voies paternelles :

     

    Strophe 6

    Il imite son oncle dans ses vertus splendides ;

          Humblement, il goûte à sa richesse,

    Ne cueillant ni l'injustice, ni l'intempérance au cœur de sa jeunesse,

    Mais la vertu au fond de l'antre des Piérides.

    Et toi, Trembleur de terre, toi qui préludes aux jeux équestres,

    De toute son âme, Poséidon, il t'aime,

    Et son commerce exquis, au milieu des banquets,

    Est plus suave encore que l'œuvre ajourée des abeilles.

     

     

     

     

     

     

    PYTHIQUE VII

      

    À Mégaclès d'Athènes,

    Vainqueur au quadrige

     

     

     

    Strophe

    Le plus beau prélude

    - Athènes l'immense - pour honorer cette race grandiose,

    Les Alcmanides, auxquels je dresse une ode à leur quadrige.

    Y a-t-il un pays, une famille, dont la renommée

    Soit la plus éclatante

    À jeter à la face des Grecs ?

     

    Antistrophe

    Car toutes les cités connaissent

    Les hommes d'Érechthée, qui, ô Apollon, pour toi,

    Ont bâti ta demeure dans la sainte Pytho, merveille !

    Vois : cinq victoires dans l'Isthme me guident, comme celle, splendide,

    Au Zeus de l'Olympique,

    Deux triomphes à Cyrrha,

     

    Épode

    Ô Mégaclès,

    Enfin, celles de vos ancêtres !

    Et ton succès nouveau me grise. Cependant, je suis triste,

    Car l'exploit engendre l'envie. Mais ne dit-on pas

    Qu'ainsi vont les choses, que, trop proche de l'homme,

    Le bonheur qui rayonne apporte l'un, apporte l'autre ?

     

     

     

     

     

    PYTHIQUE X

     

      

     

    Pour Hippocléas, Thessalien,

    Vainqueur à la course diaulique

     

     

    Strophe 1

    Ô belle Lacédémone,

    Ô heureuses vallées de Thessalie !

    Sur vous deux, la race issue

    D'un même père, le bienveillant Héraclès, règne.

    Aurais-je retardé ma louange ? Mais Pytho

    Et Pélinnéon m'ont fait part de leurs vœux,

    Les enfants d'Aléas aussi, qui veulent d'Hippocléas

    Glorifier la prouesse par des chants de victoire.

     

    Antistrophe 1

    Il se livre aux jeux :

    Et le cortège assemblé dans le val parnassien

    L'a proclamé vainqueur au diaule des garçons.

    Apollon, finitude des hommes, et leur commencement aussi,

    Est ébloui quand le sort leur concède la gloire.

    Oui, c'est bien grâce à toi qu'il a triomphé,

    Succédant aux exploits accomplis par son père,

     

    Épode 1

    Vainqueur deux fois à Olympie aux armes

    Belliqueuses d'Arès,

    Mais aussi sous les rochers de l'ombrageante Cyrrha,

    À la course, grâce à son pied agile, lui Phrikias !

    Qu'un destin bienveillant, pour ses jours futurs,

    Déploie la floraison lumineuse de ses richesses,

     

    Strophe 2

    Car, pour le bonheur de l'Hellade,

    Des dons divers leur ont été confiés ! Puissent-ils des Immortels

    Ne point subir les humeurs versatiles ! Puisse Zeus

    Leur être bienveillant ! Car heureux et digne des chants,

    Devient l'homme aux yeux des sages,

    Lui qui, par ses bras et ses pieds vainqueurs,

    A conquis par ses âpres efforts les plus belles couronnes.

     

    Antistrophe 2

    Et a vu, de son vivant,

    Son fils triompher à Pytho.

    Certes, les astres d'airain lui sont défendus,

    Mais toutes ces joies dont les mortels

    Disposent, ils les a ressenties

    Jusqu'à l'extrême ; hélas ! ni sur un vaisseau, ni sur la terre, on n'a jamais trouvé

    Des hyperboréens les routes fantastiques.

     

    Épode 2

    Chez ce peuple, seul Persée festoya, cet âme de chef :

    Il pénétra dans leurs maisons,

    Où se préparait l'hécatombe de superbes ânes

    Au dieu. Ces gens

    Et leurs acclamations plaisent à Apollon,

    Qui sourit devant les troupeaux qui se débattent.

     

    Strophe 3

    La Muse n'est point absente

    De leur vie : chez eux, partout les chœurs de jeunes filles,

    Le charme des lyres et l'aigu des flûtes se mêlent ;

    Du laurier d'or ils couronnent leur front,

    Et ils font bonne chère.

    Jamais la maladies, ni la vieillesse ne souillent

    Cette race sacrée. Loin des rudes labeurs, des guerres,

     

    Antistrophe 3

    Ils sont préservés

    De l'âpre Vengeance. Et c'est d'un cœur vaillant

    Que, jadis, arriva le fils de Danaé, guidé par Athéna,

    Chez ces bienheureux.

    C'est là qu'il tua Gorgone, et revint,

    En ayant rapporté la tête sanglante, remplie de serpents,

    Et pétrifiante pour les Iliens. Pour moi,

     

    Épode 3

    Lorsque les dieux font de tels actes, rien de sublime

    Ne saurait m'étonner.

    Mais, ô Muse, cesse de ramer, jette l'ancre ! Plante-la dans le sol,

    Évite ainsi les écueils.

    Car la splendeur de mes hymnes festifs

    Butine de fleur en fleur, comme l'abeille.

     

    Strophe 4

    Et si, repris par les gens d'Éphyros,

    Mon chant pénètre sur les rives de Penée, suave,

    J'espère donner de l'éclat à Hippocléas par ces odes,

    Pour ses couronnes, auprès

    Des jeunes gens, des vieillards ou des jeunes vierges.

    Et tous, leur cœur s'embrase pour ceci ou cela.

     

    Antistrophe 4

    Mais que chacun, après tant de soupirs,

    Grâce à la chance, puisse atteindre un bonheur accessible.

    Mais ce qui surviendra dans un an est aléatoire.

    Moi, j'apprécie l'amitié douce

    De Thorax, qui s'est empressé, ô joie,

    De prendre les rênes du char des Piérides,

    Lui qui aime celui qui l'aime, hospitalier à ceux dont il fut l'hôte.

     

    Épode 4

    L'or se révèle au caillou qui l'effleure,

    Une belle âme aussi !

    Ses frères, nous les louerons, ces êtres généreux,

    Car ils ont levé très haut les lois du pays thessalien,

    Les magnifiant ; oui, c'est aux Meilleurs qu'échoient,

    Par leur rigueur, les suprêmes gouvernances des cités.

     

     

     

     

     

     

    PYTHIQUE XI

     

    Pour le jeune Thrasidée de Thèbes,

    Vainqueur à la course

     

     

  • Catégories : La littérature

    Jean Genet, un captif amoureux

    par Baptiste Liger
    Lire, octobre 2006

     Dans l'œuvre de Genet, son homosexualité est exposée avec sensualité et crudité.

    Il serait culotté de résumer l'écriture de Jean Genet au titre de son unique incursion cinématographique: Un chant d'amour. Pourtant, derrière la violence, la rébellion et l'évocation des parias, l'auteur des Bonnes n'a peut-être rien chanté d'autre. Dans ce film mythique, Genet nous met à la place d'un gardien de prison, voyeur, épiant deux détenus, face à leur désir, et dont les mouvements sont autant de pulsions sexuelles. Cru dans son regard sur les corps, le septième art a permis à Genet d'expliciter sans fard ses goûts amoureux, largement présents dans ses pièces, poèmes ou romans. Gosse de l'Assistance né en 1910, il grandit dans une famille du Morvan et, très jeune, se prend de passion pour le vol et la gent masculine, que ce soit pour ses jeunes camarades d'école - Louis Cullafroy, évoqué dans Notre-Dame-des-Fleurs, et le dénommé Querelle - ou de solides gaillards égarés. Elève (presque) modèle, il connaît la compagnie des hommes dans les geôles, qu'il fréquente dès l'âge de quinze ans suite à des fugues et différents larcins. Son expérience à la colonie pénitentiaire agricole de Mettray, où il reste jusqu'en 1928, est déterminante pour sa sexualité, sa passion pour les rapports de domination et de soumission via la captivité.

    Aussitôt sorti, Genet s'engage dans la Légion étrangère, afin d'être dans un milieu viril et de voyager en Orient. Mais l'envie de fugue et de vol est trop forte: il ne cesse de déserter et de chiper (des livres, souvent), se fait condamner - une quête inconsciente de punition? - avant de parcourir l'Europe. Alors qu'il est incarcéré à Paris, en 1942, il publie son poème Le condamné à mort, puis ses romans Notre-Dame-des-Fleurs et Miracle de la rose. Cocteau, qui n'est pas insensible à l'homo-érotisme de cette prose à la fois brute et lyrique, l'aide à être libéré en 1944. Si on évoque souvent la férocité de la critique sociale, l'œuvre à venir est obsédée par cette homosexualité allégorique - songez à ce fait en relisant Les bonnes - ou bien plus explicite. Sous couvert de critique de la discrimination pour couleur de peau, sa sulfureuse pièce Les Nègres distille un évident désir pour les éphèbes à peau d'ébène. Le soutien de Genet aux Black Panthers ne serait-il pas influencé par cette attirance? Et l'amour? Genet s'entiche en 1955 du jongleur Abdallah Bentaga, qui se suicide neuf ans plus tard, après que Genet l'a quitté. L'écrivain jure alors qu'il n'écrira plus. Enième fugue, il ne tiendra pas cette promesse.

    http://www.lire.fr/enquete.asp/idC=50487/idR=200

    Lire la suite

  • Catégories : La littérature

    Goethe, "West-östlicher Diwan", "Le Divan", (traduction Henri Lichtenberger)

    medium_wGoethe00.jpg

     

     

     

     

     

     

     

    "Celui qui se connaît lui-même et les autres

     

     

    Reconnaîtra aussi ceci :

     

    L'Orient et l'Occident ne peuvent plus être séparés.

     

    Heureusement entre ces deux mondes

     

    Se bercer, je le veux bien ;

     

    Donc aussi entre l'Est et l'Ouest

                                    

    Se mouvoir, puisse cela profiter!"

     

     

    Goethe, West-östlicher Diwan, Le Divan, (traduction Henri Lichtenberger)

  • Catégories : Novalis(Friedrich Leopold, Freiherr von Hardenberg

    Novalis, "Hymnes à la nuit, I"

    Est-il quelque être vivant, de sens doué, qui ne chérisse avant toutes les apparitions magiques de l’espace autour de lui largement éployé, la toute réjouissante lumière, avec ses couleurs, ses rayons et ses ondes, et sa douce omniprésence, le jour donneur d’éveil ? Elle est comme l’âme très profonde de la vie, que respire le monde immense des constellations infatigables – et il se plonge et danse dans son torrent d’azur ; c’est elle que respire la roche étincelant dans son éternel repos, et la plante qui médite et qui puise, et l’animal multiforme, ardent, sauvage – mais plus que tout autre encore, le royal Étranger au regard plein de pensée, au pas léger, avec ses lèvres doucement closes, riches de musique. Pareille à une reine de la terrestre nature, elle appelle toute puissance à d’infinies métamorphoses, elle noue et délie d’innombrables liens ; sa divine image autour de chaque existence terrestre se suspend. Elle n’a qu’à paraître, et les empires du monde découvrent leur magique splendeur.

          Mais moi je me tourne vers la Nuit sacrée, l’ineffable, la mystérieuse Nuit. Là-bas gît le monde, au creux d’un profond sépulcre enseveli – vide et solitaire est sa place. Aux cordes du cœur bruit la profonde mélancolie. Que je tombe en gouttes de rosée, que je m’unisse à la cendre ! Lointains du souvenir, vœux de la jeunesse, rêves de l’enfance, de toute une longue vie l’inutile espérance et les brèves joies se lèvent dans leurs vêtements gris, pareils à la brume du soir quand le soleil s’est couché. Ailleurs, dans d’autres espaces, la lumière a déployé ses tentes d’allégresse. Pourrait-elle ne retourner jamais vers ses fils qui l’attendent avec la foi de l’innocence ?

         Qu’est-ce donc tout à coup, dans le tréfonds du cœur, qui sourd mystérieusement et dissipe la molle atmosphère de tristesse ? Trouverais-tu toi aussi quelque joie en nous, sombre Nuit ? Que tiens-tu sous ton manteau qui pénètre jusqu’à mon âme avec une souveraine puissance ? Précieux est le baume qui, des pavots en gerbe issu, coule de ta main goutte à goutte ! Les lourdes ailes de l’âme, c’est toi qui délivres leur essor. Obscurément, indiciblement nous nous sentons touchés ; tout saisi de peur et de joie, je vois un visage plein de gravité qui doucement, pieusement sur moi se penche, et sous les boucles à l’infini mêlées, me dévoile la chère jeunesse de la Mère.

          Ah ! que la lumière maintenant me paraît pauvre et puérile, que joyeux et béni le départ du jour ! Ainsi, c’est seulement parce que la Nuit éloigne de toi tes fidèles, que tu semas aux profondeurs de l’espace les sphères étincelantes, pour annoncer ta toute-puissance et ton retour – au temps de ton absence ? Ah ! plus divins que toutes les étoiles éclatantes nous paraissent les yeux sans nombre que la Nuit fit s’ouvrir en nous ! Ils voient plus loin que les plus pâles d’entre ces légions infinies. Sans le secours de la lumière, leur regard traverse les profondeurs d’une âme aimante, comblant les régions suprêmes de l’espace d’une indicible volupté. Louange à la Reine du monde, à la haute annonciatrice des mondes sacrés, à la gardienne du bienheureux amour ! C’est vers moi qu’elle t’envoie – tendre bien-aimée – cher soleil de la Nuit – maintenant je veille, car je suis tien et mien – tu m’as révélé la Nuit : ma vie – tu m’as fait homme – brûle mon corps au feu spirituel, que devenu léger comme l’air à toi plus profondément je m’unisse et que notre nuit nuptiale dure l’éternité !

    http://jm.saliege.com/roud2.htm

  • Lawrence d'Arabie

     

    Thomas Edward Lawrence (16 août 1888 - 19 mai 1935), également connu sous le nom de Laurence d’Arabie (Lawrence of Arabia), ou encore — parmi ses compagnons arabes — Aurens ou Al-Aurens, est un archéologue, officier, aventurier et écrivain britannique. Il accéda à la notoriété en tant qu'officier de liaison britannique durant la Révolte arabe de 1916 à 1918. L'immense écho que connut son action pendant ces années et après est due tant aux reportages du journaliste américain Lowell Thomas qu’à son autobiographie Les sept piliers de la sagesse (Seven Pillars of Wisdom). T.E. Lawrence est resté très populaire parmi les Arabes pour avoir soutenu leur lutte pour se libérer des jougs ottomans et européens. De même, les Britanniques le considèrent comme un des plus grands héros militaires de leur pays. Un film a été tiré de sa vie en 1962, avec Peter O'Toole dans le rôle-titre : Lawrence d'Arabie.

    Lawrence naît à Tremadoc, Caernafonshire au Nord du Pays de Galles, de parents d’ascendance anglaise et irlandaise. Son père, Thomas Chapman, est un membre important de l’aristocratie irlandaise qui a quitté sa femme tyrannique afin de vivre avec la gouvernante de ses filles avec laquelle il eut cinq fils. De décembre 1891 jusqu'au printemps de 1894 il habite à Dinard et part pour Aigues Mortes à vélo.

    Lawrence suit des études au Jesus College à Oxford. Il obtient son diplôme avec mention après avoir rédigé une thèse intitulée L’influence des Croisades sur l’architecture militaire européenne à la fin du XIIe siècle (The influence of the Crusades on European Military Architecture - to the end of the 12th century).

    Il accepte une position post-doctorale sur la poterie médiévale, mais l’abandonne après s’être vu proposer un poste d’archéologue au Moyen-Orient. En décembre 1910, il part pour Beyrouth, qu'il quitte pour Jbail (Byblos). Il participe ensuite à l’excavation de Karkemish près de Jerablus au Nord de la Syrie, sous les ordres de D.G. Hogarth et R. Campbell-Thompson.

    À la fin de l’été 1911, il retourne au Royaume-Uni pour un bref séjour et, dès novembre, il repart pour le Moyen-Orient afin de travailler brièvement avec Williams Flinders Petrie à Kafr Ammar en Égypte. Il retourne à Karkemish travailler avec Leonard Woolley. Il continue à visiter régulièrement le Moyen-Orient afin d’y mener des fouilles jusqu’au début de la Première Guerre mondiale. Ses nombreux voyages en Arabie, sa vie avec les Arabes, à porter leurs habits, apprendre leur culture, leurs langue et dialectes, allaient s’avérer des atouts inestimables durant le conflit.

    En janvier 1914, sous couvert d’activités archéologiques, Wooley et Lawrence sont envoyés par l’armée britannique en mission de renseignements dans la péninsule du Sinaï. Lawrence visite notamment Aqaba et Petra. De mars à mai, Lawrence retourne travailler à Carchemish. Après l’ouverture des hostilités en août 1914, sur le conseil de S.F. Newcombe, Lawrence décide de ne pas s’engager immédiatement et attend octobre pour le faire.

    Une fois engagé, il est nommé au Caire où il travaille pour les services de renseignements militaires britanniques. La très bonne connaissance du peuple arabe de Lawrence en fait un agent de liaison idéal entre les Britanniques et les forces arabes. En octobre 1916, il est envoyé dans le désert afin de rendre compte de l’activité des mouvements nationalistes arabes. Durant la guerre, il combat avec les troupes arabes sous le commandement de Fayçal ibn Hussein, un fils du chérif de la Mecque Hussein qui mène une guérilla contre les troupes de l’Empire ottoman. La contribution principale de Lawrence à l’effort britannique consiste à convaincre les Arabes de coordonner leurs efforts afin d’aider les intérêts britanniques. Il persuade notamment les Arabes de ne pas chasser les Ottomans de Médine, forçant ainsi les Turcs à conserver de nombreuses troupes pour protéger la ville . Les Arabes harcèlent le chemin de fer du Hedjaz qui approvisionne Médine, immobilisant davantage de troupes ottomanes pour protéger et réparer la voie. En 1917, Lawrence organise une action commune entre les troupes Arabes et les forces de Auda Abu Tayi (jusqu’alors au service des Ottomans) contre le port stratégique d’Aqaba. Le 6 juillet, après une audacieuse attaque terrestre, Aqaba tombe aux mains des Arabes. En novembre, il est reconnu à Dara alors qu’il mène une mission de reconnaissance déguisé en Arabe et est vraisemblablement violé par des membres de la garnison turque. Il parvient malgré tout à s’échapper. Un an plus tard, le 1er octobre 1918, Lawrence participe à la prise de Damas.

    Parmi les Arabes, Lawrence adopte nombre de coutumes locales et devient bientôt ami du Prince Fayçal. Il devint connu pour porter des vêtements blancs et monter des chameaux et des chevaux dans le désert. Vers la fin de la guerre, il cherche à convaincre, sans succès, ses supérieurs de l'intérêt de l'indépendance de l'Arabie pour le Royaume-Uni

     

    Dans l’immédiat après-guerre, Lawrence travailla pour le Foreign Office et assista à la Conférence de paix de Paris entre janvier et mai 1919 en tant que membre de la délégation de Fayçal. Il fut ensuite conseiller de Winston Churchill au Colonial Office jusque vers la fin de 1921.

    À partir de 1922, il essaya de redevenir anonyme. Il s’engagea dans la Royal Air Force sous le nom de « Ross ». Il fut rapidement démasqué et dut quitter la RAF. Sous le pseudonyme de « Shaw », il s’engagea en 1923 dans le Royal Tank Corps. Cet engagement ne lui plaisant pas, il fit de multiples demandes pour rejoindre la RAF et y parvint finalement en août 1925. A la fin de l’année 1926, il fut assigné à une base en Inde et y resta jusque fin 1928, date à laquelle il fut obligé de rentrer au Royaume-Uni suite à des rumeurs d’espionnage. Il s’occupa ensuite des bateaux à grande vitesse au sein de la RAF ("Air Sea Rescue" pour le sauvetage des pilotes tombés en mer) et dû quitter à regret l’armée à la fin de son contrat en mars 1935. Quelques semaines plus tard, il fut tué lors d’un accident de moto dans le Dorset. Il avait 47 ans

    Au-delà du mythe, Lawrence d'Arabie reste l'un des officiers les plus influents dans le développement d'une doctrine insurrectionnelle au siècle dernier. En 1946, le général français Raoul Salan a mené plusieurs entretiens avec le Général vietnamien Vo Nguyen Giap qui a planifié et conduit les opérations militaires contre les Français jusqu’à leur défaite à la Bataille de Dien Bien Phu. Salan faisait partie d’une mission de négociation créée pour finaliser le retour de l’autorité française au Viêt Nam. Plus tard, il commandera le Corps expéditionnaire français au Viêt Nam du 20 mai 1951 jusqu’à mai 1953, et il a conduit la dernière action militaire réussie contre Hô Chi Minh : une offensive nommée opération Lorraine, le 11 octobre 1952, dans laquelle les forces de Salan ont balayé la vallée de la Rivière Rouge et les jungles du Nord-Viêt Nam. L’année suivante, il remettra son commandement au général Henri-Eugène Navarre, qui présidera au désastre de Dien Bien Phu. Giap disait:

    • "[…] Lawrence combinait la sagesse, l'intégrité, l'humanité, le courage et la discipline avec l'empathie, soit l'aptitude à s'identifier émotionnellement aussi bien avec les subordonnés qu'avec les supérieurs".

    Pendant ces entretiens de 1946, Salan a été frappé par l’influence d’un homme sur la pensée de Giap ; cet homme était Thomas Edward Lawrence. Giap a dit à Salan:

    L’essence de la théorie de la guérilla à laquelle se réfère Giap peut être trouvée à deux endroits. Le premier et le plus accessible n’est autre que les nombreuses éditions des Sept Piliers de la Sagesse, notamment le chapitre 33. Le deuxième est un article portant le titre " The Evolution of a Revolt ", publié en octobre 1920 dans le Army Quarterly and Defence Journal. Tous deux sont basés sur l’évaluation pratique et réfléchie par Lawrence de la situation à laquelle faisaient face les forces arabes dans la région du Hedjaz, au sein du désert saoudien, en mars 1917.

    Lawrence fut un auteur prolifique tout au long de sa vie. Il est l'auteur de Les sept piliers de la sagesse (Seven Pillars of Wisdom). Il eut également une correspondance fournie, notamment avec George Bernard Shaw, Edward Elgar, Winston Churchill, Robert Graves et E. M. Forster. Plusieurs recueils épistolaires furent publiés, dont certains furent expurgés par leurs éditeurs.

    Il écrivit The Mint, le récit de ses expériences en tant que soldat dans la Royal Air Force . Travaillant à partir de ses notes écrites lors de son service dans la Royal Air Force, Lawrence raconta la vie quotidienne des soldats et son envie de faire partie : la RAF. Ce livre fut publié à titre posthume. Lawrence traduisit aussi l’Odyssée d’Homère et Le Gigantesque, un roman français peu connu, par Adrien le Corbeau.

    Certains passages des écrits de Lawrence et des rapports d’un de ses collègues qui lui aurait administré des fessées laissent à penser que Lawrence avait des goûts sexuels non-conventionnels, notamment le masochisme. Bien que ses écrits comprennent un passage clairement érotique et homosexuel (voir citation), ses orientations et expériences sexuelles restent inconnues.

    Les Sept Piliers de la Sagesse sont dédiés à "S.A.", avec un poème qui commence par :

    "I loved you, so I drew these tides of men into my hands
    and wrote my will across the sky in stars
    To gain you Freedom, the seven-pillared worthy house,
    that your eyes might be shining for me
    When I came."

    (Dans certaines éditions des Sept piliers de la sagesse, la dernière ligne de ce poème est "When we came" ("Quand nous sommes arrivés"). L’édition de 1922 publiée à Oxford a cependant "When I came").

    L’identité de "S.A." n’a jamais été élucidée. Il a été supposé que ces initiales correspondent à un homme, une femme, une nation ou une combinaison des précédents. "S.A." pourrait être "Sheikh Ahmed", également appelé Dahoum, un jeune arabe qui travailla avec Lawrence dans un chantier archéologique avant la guerre et dont Lawrence aurait été très proche. Dahoum mourut en 1918 du typhus. Cependant, certains affirment que Dahoum était seulement un ami très proche de Lawrence comme cela arrivait au 19e siècle et au début du 20e siècle, ce qui impliquait souvent des contacts physiques (mais à caractère non-sexuel). Lawrence lui-même, peut-être pour masquer les pistes, affirma que "S.A." était un personnage inventé.

    http://fr.wikipedia.org

  • Catégories : La littérature, La presse

    Les 40 ans du Magazine littéraire

    medium_mag_litt.jpgJe me suis régalée à lire ce numéro spécial de décembre 2006 en retrouvant des livres que j'avais lus et en notant des livres à lire.

    40 ans de littérature

    Le bel âge

    Par Jean-Louis Hue


    Hegel disait que la lecture du journal quotidien lui tenait lieu de prière du matin. Mais pour le soir? Les longues soirées d'hiver? Rien ne vaut la lecture du Magazine littéraire à laquelle s'adonnent régulièrement quelque cent mille fins lettrés. Prions le ciel pour que perdure ainsi la passion des mots et des livres.
    Quarante ans déjà! Pour un journal, c'est un fort bel âge. En ces temps que l'on dit moroses pour la presse écrite, une telle longévité fait notre bonheur. Depuis son premier numéro, consacré en novembre 1966 à Stendhal, Le Magazine littéraire a su rester fidèle à ses principes fondamentaux. Son ambition: un mensuel exclusivement consacré aux livres. Sa singularité: des dossiers qui convoquent chaque mois écrivains, journalistes et chercheurs autour d'un sujet lié à l'actualité éditoriale ou universitaire. Les dossiers du Magazine littéraire ont établi sa notoriété, guidant plusieurs générations d'étudiants et offrant aux lecteurs de tous âges une véritable encyclopédie littéraire, enrichie mois après mois, où chacun peut puiser à sa guise.
    Les écrivains sont depuis toujours nos compagnons de route. Dans ce même premier numéro, à propos du livre de Truman Capote, De sang-froid, J.M.G. Le Clézio signait un texte prophétique sur le rôle du romancier, nécessaire témoin de son temps. (Nos lecteurs pourront découvrir cet ar­ticle, ou le relire, dans le prochain numéro de janvier.) Quelques mois plus tard, un certain Philippe Djian, attendant que la fièvre du roman monte en lui (37°2 le matin), conversait avec Henry de Montherlant, qui lui confiait son intérêt pour le suicide… À l'autre bout du temps, dans nos derniers numéros, Cees Nooteboom, tout en s'avouant paradoxalement tenté par l'immobilité de la vie monastique, méditait sur le nomadisme tandis que le jeune Tash Aw, flânant dans le jardin de Rousham, expliquait comment il conciliait ses origines malaisiennes avec la culture anglaise.
    Le Magazine littéraire aime à saluer les grands écrivains, qu'il s'agisse des figures illustres de notre patrimoine ou des contemporains saisis dans le mouvement de leur œuvre (Aragon tombant le masque à l'occasion de son dernier roman, Perec reconstruisant le puzzle de La Vie mode d'emploi, Foucault progressant dans son Histoire de la sexualité, George Steiner, récemment, faisant l'éloge de Babel et de la diversité des langues…). Mais notre propos est aussi de découvrir et soutenir de jeunes auteurs (comme, parmi tant d'autres, ceux que nous avons invités dans ce numéro autour d'une question mêlant prospective et ironie: 40 ans, et après?) ainsi que de défendre des genres considérés ailleurs comme marginaux. Le polar, la science-fic­tion, les livres au format poche: autant de domaines dans lesquels Le Magazine littéraire a fait œuvre de pionnier.
    Au fil du temps, tout en maintenant le même cap, Le Magazine littéraire a su évoluer et se diversifier. On y trouve aujourd'hui des cahiers d'inédits, des pages débats, une enquête littéraire, un grand entretien qui permet d'entrer dans l'intimité d'un auteur et - enjeu capital car nous nous adressons à des lecteurs voraces (plus de trente livres par an en moyenne) - une sélection des parutions récentes à travers portraits, rencontres et notes de lecture.
    Le Magazine littéraire a la quarantaine épanouie. C'est le mensuel littéraire le plus vendu en France chez les marchands de journaux, tandis que les ventes à l'étranger ne cessent de croître, atteignant aujourd'hui près du quart de la diffusion totale. On lit assidûment Le Magazine littéraire dans les pays francophones - à commencer par la Belgique, le Canada et la Suisse - mais aussi un peu partout sur la planète, et parfois dans les endroits les plus inattendus, à Dubaï, au Ghana, ou en Lettonie. Très prisé en Amérique latine, Le Magazine littéraire a fait l'objet d'une édition en langue espagnole au début des années 1990. Parmi les capitales étrangères où il est le mieux diffusé: Lisbonne, Tunis, Rome et New York. En 2005, Le Magazine littéraire est entré pour la première fois dans la liste des dix mensuels français les plus vendus aux États-Unis. Somme toute, l'aventure ne fait que commencer.

    Au sommaire de ce numéro, vous trouverez donc :


    Jorge Luis Borges
    Michel Tournier
    Albert Cohen
    Gabriel García Márquez
    Henry de Montherlant
    Françoise Sagan
    Patrick Modiano
    Ahmadou Kourouma
    Yves Bonnefoy
    Anthony Burgess
    J.G. Ballard
    Aragon
    Georges Simenon
    Doris Lessing
    Federico Sánchez
    Jorge Semprun
    Georges Perec
    Norman Mailer
    Julien Gracq
    Umberto Eco
    Yachar Kemal
    Mario Vargas Llosa
    Lawrence Durrell
    Marguerite Duras
    Pierre Michon
    Toni Morrison
    Italo Calvino
    Nicolas Bouvier
    Bret Easton Ellis
    J.M.G. Le Clézio
    Octavio Paz
    Julian Barnes
    Antonio Tabucchi
    Paul Auster
    Claudio Magris
    Claude Simon
    Julien Green
    Ray Bradbury
    Kazuo Ishiguro
    Manuel Vázquez Montalbán
    Philippe Sollers
    Haruki Murakami
    Allen Ginsberg
    Christa Wolf
    Günter Grass
    Tom Wolfe
    Don DeLillo
    Carlos Fuentes
    Assia Djebar
    Pascal Quignard
    Russell Banks
    Jean Echenoz

    Un extrait du numéro
     

    1984 - L'Amant
    Marguerite Duras

    Le Magazine littéraire n°459
    Décembre 2006




     



     

     

    Quel est le point commun entre une concierge et Marguerite Duras ? La première parle parfois comme la seconde écrit, c'est le Prix Goncourt qui le dit, dans l'un des entretiens savoureux dont elle avait le secret.


    Marguerite Duras : " C'est complètement écrit à la va-vite, L'Amant. C'est un désordre total, même dans mon cas. Une récréation énorme ces trois mois qu'a durés l'écriture. Comme vous le savez, je suis complètement narcissique. C'est un livre qui agit sur le lecteur. J'ai dû recevoir plusieurs mètres cubes de lettres. Tous les lecteurs disent le relire plusieurs fois et tous parlent d'un rapport personnel qu'ils ont avec le livre. Le style aurait pu être rédhibitoire?: je change de temps sans prévenir, je mets sans cesse le sujet à la fin des phrases. Je pose le sujet au début de la phrase comme étant l'objet de celle-ci et ensuite je dis son devenir, son état.

    C'est encore plus frappant dans La Pluie d'été car c'est la mère qui parle comme ça : il y a un mélange entre son langage, proche de celui des gens de Vitry et cette inversion, cette figure de style qui la replace dans le domaine du littéraire.

    Le style parlé des gens est parfois très littéraire. Je me souviens d'une vieille concierge qui parlait comme j'écris. On parlait souvent ensemble. Elle nous avait toujours connus, j'étais un peu comme sa fille. Un jour, elle me dit?: " Je veux acheter un lit. " Je lui demande?: " Pourquoi un lit?? " Elle me répond?: " Pour moi, mon fils, dormir, quand il vient à Paris. " C'est du Duras.

    C'est quoi " du Duras " ?

    C'est laisser le mot venir quand il vient, l'attraper comme il vient, à sa place de départ, ou ailleurs, quand il passe. Et vite, vite écrire, qu'on n'oublie pas comment c'est arrivé vers soi. J'ai appelé ça " littérature d'urgence ". Je continue à avancer, je ne trahis pas l'ordre naturel de la phrase. C'est peut-être ça le plus difficile, de se laisser faire. Laisser souffler le vent du livre. Vous savez, L'Amant, ça a tout emporté. La Pluie d'été, ça a été un peu ça aussi.

    Vous l'avez quand même retravaillé ?

    Dans La Pluie d'été, j'ai interverti des épisodes. [...] Je change l'ordre des phrases, pas les phrases elles-mêmes. À un moment, en décrivant la mère, dans La Pluie d'été, je dis : " Elle a un teint de Pologne. " Une seconde avant de l'écrire, je ne savais pas que j'étais capable de trouver cette expression : " un teint de Pologne ". ç'aurait pu être le titre de La Pluie d'été.

    Il n'y a pas parfois des images que vous retrouvez par la suite en vous demandant à quoi elles correspondent ?

    Parfois, je ne comprends pas ce que j'ai fait. Un livre, ça peut se poursuivre la vie entière. Ça m'est difficile de me dire que le livre est fini. Quand on finit un livre c'est toujours un abandon. Les dernières pages de La Pluie d'été je les ai faites en deux jours, parce que je ne pouvais pas arriver à quitter ces gens. Je les ai écrites en pleurant. "

    Propos recueillis par Aliette Armel
    N° 278, juin 1990

    http://www.magazine-litteraire.com

     

     

  • Catégories : La peinture, Le paysage, Runge Philipp Otto

    Runge et le paysage

     

    En février 1802, dans une lettre à son frère, il écrit : « Nous sommes sur la frange de toutes les religions issus du Catholicisme. Les abstractions disparaissent, tout se fait plus aérien et plus léger, tout converge dans le paysage. On cherche à discerner quelque chose dans ce flou, sans savoir comment s’y prendre. Ne pourrait-on pas atteindre une apogée dans cet art nouveau ? – die Landschafterei, l’art du paysage pour le nommer ainsi. Une apogée plus belle, peut-être, que les précédentes ? Je veux représenter ma vie dans un cycle artistique. Quand disparaît le soleil et que la lune revêt d’or les nuages, je fixerai le cours des esprits. Si nous ne vivons pas la belle période de cet art, nous consacrerons notre vie à la susciter réellement et en vérité ».

    « Même les philosophes en viennent à l’idée que tout procède de notre imagination. Nous aussi nous voyons ou nous devons voir en chaque fleur l’esprit vivant que l’homme y introduit. Ainsi naîtra la peinture de paysage, tous les animaux et toutes les fleurs n’existant qu’à demi tant que l’homme ne leur a pas accordé sa meilleure part. L’homme imprègne donc les objets qui l’entourent de ses propres sentiments, il leur donne la signification et le langage propre de ses sentiments. »

     

    http://jm.saliege.com/runge.htm

     

  • Catégories : Des poètes et poétesses

    Pindare

    Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

    Pindare (en grec ancien Πίνδαρος / Píndaros), né à Cynoscéphales, Béotie, en 518, mort à Argos en 438 av. J.-C., est l'un des plus célèbres poètes lyriques grecs.

    Biographie

    Les éléments biographiques que nous possédons sur lui sont minces, malgré les six Vies laissées par l'Antiquité.
    Selon la tradition, il est membre d'une famille aristocratique. Il naît en 518 à Cynoscéphales, en Béotie. Dans le fragment 193, il évoque « la fête quinquennale / escortée de bœufs où pour la première fois / je fus couché, choyé dans mes langes » — cette allusion aux jeux Pythiques nous montre qu'il naît au mois d'août ou de septembre. Dans sa Ve Pythique, il semble affirmer qu'il est un membre des Égéides et il témoigne d'une sympathie particulière pour les institutions doriennes. Sa famille possède une maison à Thèbes, où Pindare habitera souvent par la suite. Hérodote fait de lui l'élève de Lasos d'Hermione. À Athènes, il a également comme professeur Agathoclès. Il entre jeune dans les concours de poésie, où il est battu par Corinne de Tanagra. Celle-ci lui conseille alors de « semer à pleines mains, non à plein sac ».
    Sa première ode, la Xe Pythique, est composée à l'âge de 20 ans. Elle célèbre la victoire du Thessalien Hippokléas au double stade, ainsi que la famille de l'athlète, les Aleuades. Très vite, il devient un poète renommé. En 490, il compose sa VIe Pythique en l'honneur de Xénocrate, frère de Théron, futur tyran d'Agrigente. En 480, les Perses envahissent la Grèce. Thèbes transige avec l'ennemi. Sans doute Pindare suit-il la politique de sa région natale, car c'est Simonide de Céos qui célèbre la victoire de Salamine.
    Loin se limiter au théâtre local, il s'attache à différentes cours aristocratiques grecques, comme celle du tyran Hiéron de Syracuse, en l'honneur duquel il compose la Première Pythique, ou celle du roi de Cyrène, pour lequel il compose les Pythiques III et IV. Sur ce terrain, il est concurrencé par le poète Bacchylide, caractérisé par son style plus élégant. Il adopte dans l'ensemble un point de vue panhellénique. Il considère ainsi les invasions perses comme une menace pour la Grèce dans son ensemble.

    Œuvre

    Le corpus pindarique nous est parvenu sous la forme de papyrus (du IIe siècle av. J.-C. au IIe siècle ap. J.-C.), comprenant de nombreux fragments de péans et des épinicies. Nous disposons également des manuscrits (XIIe et XIIIe siècles), parmi lesquels les plus importants sont l’Ambrosianus C222, le Vaticanus Græcus, le Laurentianus et le Parisinus Græcus. Ils proviennent d'une sélection effectuée au IIIe siècle et ne comprennent que des épinicies.
    Nous avons conservé de Pindare quatre livres d'épinicies (ἐπίνικοι / epinikoi). Il s'agissait de chants de victoire composés en l'honneur des vainqueurs des quatre Jeux panhelléniques, chantés ensuite par des chœurs de danseurs sur le passage du vainqueur. Dans ses épinicies, Pindare ne célèbre pas tant la performance sportive que la valeur personnelle de l'athlète : sa victoire reflète le triomphe du Beau et du Bon sur la médiocrité.
    Les épinicies ne représentent qu'une faible partie de l'ensemble de son œuvre, qui comprenait également des hymnes, des péans, des chants de procession, des chants pour chœurs de vierges (parthénies), des chants de louange, des chants à boire, etc. L'ensemble constituait 17 livres, édités par les grammairiens alexandrins Zénodote et Aristophane de Byzance à partir de copies ou des éditions originales. C'est Aristophane qui regroupe les Odes en quatre livres, suivant les Jeux concernés : les Olympiques, les Pythiques, les Néméennes et les Isthmiques.

    La question pindarique
    Les odes pindariques ne se conforment à aucun plan. Le poète lui-même déclare dans sa Xe Pythique : « semblables à l'abeille, mes beaux hymnes de louange volent d'un sujet à l'autre. » Cette variété et cette volatilité ont donné à Pindare la réputation d'un poète difficile, voire abscons. De ce fait, il a ses détracteurs, dont Voltaire n'est pas des moindres : dans une lettre à son ami Chabanon, il le nomme « l'inintelligible et boursouflé Pindare ». Si les Grecs l'ont très vite porté au pinacle, Hérodote parmi les premiers, Pindare n'a pas d'imitateurs. Il fut admiré par les poètes français de la Renaissance, au premier rang desquels Pierre de Ronsard.
    À l'époque hellénistique, Aristophane de Byzance et Aristarque de Samothrace le placent dans le Canon alexandrin. Ils établissent une édition sur laquelle les philologues se sont longtemps fondés : en effet, il semble peu probable que les odes de Pindare aient été couchés par écrit du vivant de leur auteur. Les grammairiens héllénistiques fixent le texte sous la forme de cola (du grec κῶλα / kôla, « membres », puis « périodes oratoires »). Il faut attendre le XIXe siècle et les travaux d'August Bœckh (Pindari opera quæ supersunt, Leipzig, 1811–1881) pour voir reconstruit le vers pindarique, d'autant plus difficilement que chaque ode possède son propre système métrique.
    Se pose ensuite la question de l'unité de l'ode. Un premier courant de la recherche, qualifié d'« historiciste », représenté par des auteurs comme Bœckh et Wilamowitz (XIXe siècle), s'attache à repérer dans le texte des éléments biographiques ou historiques. Un autre courant préfère se focaliser sur l'« idée lyrique » se trouvant derrière chaque art (Dissen, Metger, Croiset, XIXe siècle). La critique contemporaine tente pour sa part de relever la récurrence de motifs et d'images.

    Études
    • Philippe Brunet, « La Première Pythique de Pindare : mètre, strophe et traduction », Bulletin de l'association Guillaume Budé, n°3 (1996), Les Belles Lettres, Paris, 1996 ;
    • (en) Richard Hamilton, Epinikion: General Form in the Odes of Pindar, De Gruyter, La Haye, 1974 ;
    • Jean Irigoin, Histoire du texte de Pindare, Klincksieck, Paris, 1952 ;
    • Suzanne Saïd, Monique Trédé et Alain Le Boulluec, Histoire de la littérature grecque, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige », Paris, 1997 (ISBN 2-13-053916-5) ;
    • (en) David C. Young, « Pindaric criticism », Pindaros und Bacchylides, Wissenschattliche Buchgesellschaft, Darmstadt, 1970.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Pindare

  • Catégories : De Montparnasse Kiki

    Kiki de Montparnasse par Man Ray(Pour Monette)

    medium_manray-ViolonIngres.jpg

    Violon d'Ingres,
    épreuve photographique aux sels d’argent
    rehaussée de crayon et encre de Chine,
    28,2 cm x 22,5 cm.


    A propos de l'expression "Violon d'Ingres":

    Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867) était un fabuleux peintre et dessinateur. A ses élèves, il disait :
    Il y a trois principes à respecter pour réussir dans la peinture : 1/ le travail, 2/ le travail, 3/ le travail.

    Quand il ne travaillait pas, Ingres avait un passe-temps : il jouait du violon. D'où l'expression bien connue.

    http://laboiteaimages.hautetfort.com/archive/2005/03/27/violon_d_ingres.html

    A propos de Man Ray:


    En 1924, Man Ray, photographe d'origine américaine, réalise ce célèbre Violon d'Ingres.

    Man Ray, l'Homme Rayon (de son vrai nom Emmanuel Rudnitsky), commence à travailler dans la publicité et le graphisme.

    Il se lie à Marcel Duchamp et au groupe Dada en 1915, s'initie à la photographie, pratique des collages, etc. Puis il s'installe à Paris en 1919 et rejoint le groupe des Surréalistes qui lui devront beaucoup.

    C'est le célèbre modèle Kiki de Montparnasse qui posa pour ce Violon d'Ingres.

    On la voit assise de dos, ses bras sont invisibles, sa tête est tournée vers la gauche. Sur son corps sont dessinées, au crayon et à l'encre de Chine, deux ouïes de violon. La forme de son dos rappelle cet instrument, son crâne enturbanné évoque le haut du manche appelé communément tête.

    Nous avons donc l'image d'une femme-violon qui nous rappelle le passe-temps d'Ingres et aussi, peut-être, son grand intérêt pour les femmes. Sans parler de celui, non feint, que Man Ray portait à la sublime Kiki.

    Mais la chose ne s'arrête pas là.

    La position de Kiki, ainsi que son turban, rappellent directement Le bain turc qu'Ingres peignit en 1862 (visible au Musée du Louvre).
    target="_blank">medium_ingresBainturc-petit.jpg

    Il est à noter que la femme de dos joue d'un instrument, qui n'est pas le violon…


    Les surréalistes avaient repris à leur compte une phrase issue des Chants de Maldoror (écrits par Isidore Ducasse, dit Comte de Lautréamont, 1846-1870), qui leur servait à qualifier leur mouvement :

    beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie.

    La rencontre de Kiki et d'un violon n'a, on l'a vu, rien de fortuit. Elle reste néanmoins l'une des plus belles oeuvres surréalistes jamais produites.

    http://laboiteaimages.hautetfort.com/archive/2005/03/27/violon_d_ingres.html

    cf. aussi mes notes peinture sur Ingres et ma note d'hier sur Kiki.

  • Catégories : Des expositions

    Bouddha et Vishnou au Grand Palais

    medium_expo_grand_palais.2.jpgUne statue de danseur exposée dans le cadre de l'exposition du Grand Palais. - AFP/Loïc Venance

    Le Grand Palais, à Paris, révèle au grand public l'art oeucuménique et épuré de l'"Age d'or de l'Inde classique"

    Entre les IVe et VIe siècles, Bouddha et Vishnou cohabitaient harmonieusement dans "l'Empire des Gupta".

    Le public pourra découvrir, du 4 avril au 25 juin 2007, quelque 120 sculptures bouddhiques, jaines (hindous) et brahmaniques, taillées dans le grès, le bronze, ou moulées dans la terre cuite dans les galeries nationales du musée.

    Cette première exposition en Europe consacrée à l'art de l'Inde gupta a été rendue possible "grâce aux rapports harmonieux nourris depuis des années entre les musées indiens et le Musée national des Arts asiatiques-Guimet", a précisé Amina Okada, l'un des deux commissaires de l'exposition.

    Le directeur de l'Institut indien d'Archéologie, le professeur Munish Chandra Joshi, décédé en janvier 2007, n'aura pas vu cette exposition qui lui est dédiée et dont il fut l'initiateur et le coordonnateur.

    C'est avec lui que les deux commissaires, Amina Okada et Thierry Zéphir, ont parcouru tous les musées indiens en 2005 pour "dresser une liste idéale" de sculptures intactes ou fragmentaires, vestiges de l'empire de la dynastie des Gupta , fondée en 320 de notre ère.

    Cet âge d'or, "moment de grâce et d'équilibre dans la civilisation indienne", selon Amina Okada et Thierry Zéphir, vit s'épanouir dans toute l'Inde septentrionale, les sciences, la littérature et la pensée religieuse.

    Les empereurs Gupta firent ainsi cohabiter les religions bouddhique et brahmanique avec le culte de Vishnou dont ils étaient de fervents adorateurs.

    "A leur retour en Inde, (les pièces) seront classées 'chefs d'oeuvre absolus' et ne pourront plus jamais quitter le territoire indien, quoi qu'il arrive".

    L'Age d'Or de l'Inde classique-l'Empire des Gupta. Galeries nationales du Grand Palais. Tous les jours sauf le mardi de 10h à 20h et le mercredi de 10h à 22h. Prix d'entrée: 10 euros. Tarif réduit : 8 euros.)

    L'exposition sur le site de la RMN

    Publié le 03/04 à 18:56

    http://cultureetloisirs.france2.fr/artetexpositions/expos/29687944-fr.php

     

  • Catégories : Nerval Gérard de

    "Je suis l'autre", G. Macé

    medium_je_suis_l_autre.gif

    Paris, Gallimard, 2007

    Sous l'un de ses portraits, Nerval a écrit de sa main : " Je suis l'autre.
    " Cette formule, qui n'est pas moins troublante que celle de Rimbaud " Je est un autre ", est sans doute plus dangereuse pour son auteur, dont l'identité vacillante est un trait constant de son génie poétique, mais l'entraîne dans la folie. Cette façon de se confondre avec un autre, jamais le même en apparence, est d'ailleurs à l'origine d'El Desdichado, l'un des plus beaux poèmes de la langue française, dont la musique est celle d'un chant funèbre en même temps qu'une paradoxale affirmation de soi.
    Des Illuminés à Aurélia, en passant par Les Filles du feu, les poésies allemandes et Les Chimères, j'ai interrogé à mon tour un portrait de Nerval, le portrait changeant qu'il a laissé dans son œuvre, et je l'ai complété par le témoignage d'un contemporain, si vraisemblable qu'il a le charme d'un propos saisi sur le vif, si peu connu qu'il a l'intérêt d'un inédit. G.M.

    http://www.fabula.org/actualites/article17663.php

  • Catégories : La langue (française)/ les langues

    Bernard Cerquiglini , "Une langue orpheline"

    medium_une_langue_orpheline.jpgLes Editions de Minuit
    Coll. "Paradoxes"
    Paris 2007
    240 p.
    21,50 €
    ISBN : 978.2.7073.1981.4

    Parution le 15/03/07

    Présentation de l'éditeur:


    On a longtemps cherché pour la langue française des origines les plus nobles, justifiant sa grandeur. Découvrir qu'elle provenait d'un latin populaire mêlé de gaulois et de germanique, qu'elle était la moins latine des langues romanes fut un chagrin.
    On sut toutefois compenser ce manque initial en édifiant un idiome comparable à la latinité enfuie : orthographe savante, lexique refait, grammaire réglée, fonction sociale éminente. C'est pourquoi le français, admirable latin de désespoir, est aussi la plus monumentale des langues romanes.
    On sut enfin donner à la langue nationale une origine, autochtone, enfin gratifiante. Le parler de l'Île-de-France, dialecte élégant et pur, aurait eu depuis toujours la faveur des écrivains, la protection des princes ; il aurait été la source incomparable de l'idiome irriguant la France et le monde. À la fin du  XIXe siècle, la science républicaine changea cette légende en savoir positif, offrant au pays meurtri la raison d'admirer son langage et de le répandre.
    Une langue orpheline est ainsi devenue l'exemple universel de la perfection naturelle que confortent les artistes et les doctes, ainsi que l'identité d'une nation, et sa passion la plus vertueuse.

    Lire l'introduction

    Url de référence : http://www.leseditionsdeminuit.com
    http://www.fabula.org/actualites/article17687.php

  • Catégories : Mes textes d'adulte

    La protection

    La protection
    C’est la passion
    De la vie

    La protection
    C’est un compagnon
    Une relation
    A l’unisson
    Où tout se confond
    Qui fait tenir bon
    Les sensations
    Les frissons
    Les pulsions.
    L’abandon
    L’abdication
    Sans renonciation
    La libération
    Au diapason
    De l’union.

    La protection
    C’est la contemplation
    De la nature
    Un bourgeon
    En éclosion

    La protection
    C’est l’admiration
    De quelques-uns
    Qui nous font avancer

    La protection
    C’est la passion
    De la vie

    3/04/2007

  • Catégories : Baudelaire Charles

    "Au lecteur" de Charles Baudelaire" dans "Les Fleurs du Mal"

    medium_blecteur.jpg

    La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
    Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
    Et nous alimentons nos aimables remords,
    Comme les mendiants nourrissent leur vermine.

    Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches;
    Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
    Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
    Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.

    Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
    Qui berce longuement notre esprit enchanté,
    Et le riche métal de notre volonté
    Est tout vaporisé par ce savant chimiste.

    C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent!
    Aux objets répugnants nous trouvons des appas;
    Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
    Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.

    Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
    Le sein martyrisé d'une antique catin,
    Nous volons au passage un plaisir clandestin
    Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.

    Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes,
    Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,
    Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons,
    Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.

    Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,
    N'ont pas encore brodé de leurs plaisants dessins
    Le canevas banal de nos piteux destins
    C'est que notre âme, hélas! n'est pas assez hardie.

    Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
    Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
    Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
    Dans la ménagerie infâme de nos vices,

    Il en est un plus laid, plus méchant, plus immonde!
    Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
    Il ferait volontiers de la terre un débris
    Et dans un bâillement avalerait le monde;

    C'est l'Ennui!- l'œil chargé d'un pleur involontaire,
    Il rêve d'échafauds en fumant son houka.
    Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat,
    - Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère!

    Source:poetes.com

  • Catégories : Lamartine Alphonse de

    Alphonse de Lamartine:"L'isolement"

    medium_lisolement.2.jpgSouvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
    Au coucher du soleil, tristement je m'assieds;
    Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
    Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.

    Ici, gronde le fleuve aux vagues écumantes,
    Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur;
    Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes
    Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.

    Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
    Le crépuscule encor jette un dernier rayon,
    Et le char vaporeux de la reine des ombres
    Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.

    Cependant, s'élançant de la flèche gothique,
    Un son religieux se répand dans les airs,
    Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique
    Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.

    Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
    N'éprouve devant eux ni charme, ni transports,
    Je contemple la terre, ainsi qu'une ombre errante
    Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.

    De colline en colline en vain portant ma vue,
    Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
    Je parcours tous les points de l'immense étendue,
    Et je dis : Nulle part le bonheur ne m'attend.

    Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières ?
    Vains objets dont pour moi le charme est envolé;
    Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
    Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.

    Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
    D'un œil indifférent je le suis dans son cours;
    En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
    Qu'importe le soleil? je n'attends rien des jours.

    Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
    Mes yeux verraient partout le vide et les déserts;
    Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire,
    Je ne demande rien à l'immense univers.

    Mais peut-être au delà des bornes de sa sphère,
    Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux,
    Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
    Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux ?

    Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire,
    Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour,
    Et ce bien idéal que toute âme désire,
    Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour !

    Que ne puis-je, porté sur le char de l'aurore,
    Vague objet de mes vœux, m'élancer jusqu'à toi,
    Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore ?
    Il n'est rien de commun entre la terre et moi.

    Quand la feuille des bois tombe dans la prairie,
    Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons;
    Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie
    Emportez-moi comme elle, orageux aquilons

     

    http://www.poetes.com/lamartine/isolement.htm

     

    CITE DANS MON TRAVAIL UNIVERSITAIRE: "les paysages chez Lamartine"

  • Catégories : Paysages

    Mon livre

    Bonsoir à tous et toutes,
    Si par hasard vous aviez essayé de commander mon livre, n'y étiez pas parvenu et ne compreniez pas pourquoi, je vous signale que, après avoir cliqué sur le lien ci-dessous en haut à gauche de ce blog, il faut créer un compte sur Lulu (comme  sur d'autres sites, un nom d'utilisateur et un mot de passe ;et contrairement à d'autres sites de vente; mais ça n'engage à rien) avant d'enclencher le processus de paiement.
    Si vous n'avez pas l'intention de commander mon livre, oubliez tout ça et excusez mon audace; sinon merci à l'avance

  • La scène poétique: la revue Verso

    medium_829_20070221163014_revueverso.jpg
    Avec ses trente ans d'existence, la revue Verso est l'une des plus anciennes revues de poésie française, fondée à l'origine par Claude Seyve et Alain Wexler. Mais c'est aussi l'une des plus ouvertes. Pas de filiation. Pas d'esprit d'école. Juste le plaisir de lire et d'écrire, et d'échanger, et de se rencontrer, et de se cotoyer, se confronter, dans toute la diversité des écritures contemporaines. Verso fut aussi un tremplin d'essai pour bon nombre d'auteurs aujourd'hui reconnus, et cela perdure avec des poètes nouveaux, parfois très jeunes, à découvrir dans chaque numéro.
    Mais Verso c'est encore, et depuis toujours, de nombreuses chroniques sur la vie poétique française (revues, recueils, anthologies…), permettant une circulation d'information là où les médias n'opèrent plus, là où la poésie vivante se trouve condamnée à ne plus agir qu'à portée de voix ou d'oreille.
    Seize poètes récemment publiés dans la revue, habitant Lyon ou ses alentours, interviendront lors de cette soirée, lisant chacun dix minutes, pour briser le silence et ouvrir le printemps en poésie, dans toute leur diversité et leur richesse, avec ici et là - pour tout savoir de l'homme et ses bonheurs ? - quelques pauses dinatoires.

    18h - Présentation de la soirée
    18h10 - Myriam Chéreau
    18h20 - Claude Andruetan
    18h30 - Ménaché
    18h40 - Mohammed El Amraoui
    Pause
    19h10 - Valérie Canat de Chizy
    19h20 - Isabelle Rolin
    19h30 - Barbara Savournin
    19h40 - Yvan Watelle
    Pause
    20h20 - Anne-Lise Blanchard
    20h30 - Marie Vallon
    20h40 - Christian Degoutte
    20h50 - Armelle Chitrit
    Pause
    21h20 - Stéphane Roux
    21h30 - Roland Dauxois
    21h40 - Olivier Deschizeaux
    21h50 - Muriel Carrupt

    Dates (cliquez sur un lieu pour obtenir plus d'information)
     
    Le 19 avril 2007 de 18:00 à 22:30  
    Entrée libre  

    Adultes 

    http://php.bm-lyon.fr/phpmyagenda/infoevent3.php3?id=829