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Laura Vanel-Coytte: écrivaine publique. Entreprise Siret:884 135 807 00011 à votre service - Page 1351

  • Catégories : Blog

    Bon week-end

    à tous et toutes, que vous fêtiez la Pentecôte (à ce moment là, bonne fête)ou pas, que vous travaillez lundi ou pas...

    Pour notre part, ici, au Maroc, le week-end commencera vers midi(14h en France) et se terminera dimanche soir.

    Une grande pensée à ceux qui travailleront tout le week-end.

     

  • Catégories : La poésie

    Poésie:Je viens de (re) lire: André Frénaud, "Il n'y a pas de paradis." Préface de Bernard Pingaud. Poésie/Gallimard, 1967.

     p.139 de mon recueil, dans le poème "Où est mon pays", dans la section "Où est mon pays"

    7580f289f4fb793f636281db6c85aee1.jpgOù est mon pays ? C'est dans le poème.
    Il n'est pas d'autre lieu où je veux reposer.

     

     

     

     

     Telle est l'inscription qui figure sur la tombe d'André Frénaud dans le petit cimetière de Bussy-le-Grand en Bourgogne. C'est dire l'importance de la poésie pour cet homme né en 1907 à Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire.
    À 23 ans, il est lecteur de français en Pologne puis il intègre l'administration en 1937. Lors de la déclaration de guerre, il est mobilisé et fait prisonnier. Deux ans après, il est libéré et, de retour en France, il entre en résistance et publie des poèmes aux éditions clandestines organisées par Paul Éluard.
    Il collabore avec de nombreux artistes qui ont illustré ses poèmes.
    En 1971, il épouse Monique Mathieu qui exerce le métier de relieur. Tous deux s'installent à Bussy-le-Grand.
    Il reçoit en 1985 le Grand Prix national de Poésie.

    André Frénaud s'éteint pendant l'été 1993. Temps des moissons.

    1500142663090e4818a93d961140c32f.jpg

     

     

     

    Savoir ou ne pas savoir ...

    André Frénaud, la négation exigeante - Actes du Colloque de Cerisy tenu en l'an 2000 sous la direction de Marie-Claire Bancquart (2004).
    André Frénaud, dix ans après - La Polygraphe 30-31 (Ed. Comp’Act - 2003)
    La grand'soif d'André Frénaud - Pascal Commère - Le Temps qu'il Fait (2001)

    Éloge d'André Frénaud - Alain Freixe - Revue "Sans papier" de l'académie de Nice.
    André Frénaud, poète métaphysique - Alain Freixe sur La poésie et ses entours.

    Découvrez André Frénaud présenté par Florence Trocmé sur Poezibao.

    La présentation des ouvrages d'André Frénaud parus chez Gallimard sur Bleu de paille.

    À lire, l'article concernant André Frénaud sur l'encyclopédie Wikipedia.

     

     

     

    Quelques pistes que j'ai tirées de: http://boudully.perso.cegetel.net/frenaud.htm

  • Catégories : La peinture, Le Maroc:vie et travail

    Expo vue: Rita Alaoui, "Organic machine" à la Galerie Shart (Casablanca, Maroc) jusqu'au 4 juin 2007

    3e030523ee0b6cecd1cd0090e822d902.jpgJamal Boushaba, dans la présentation du catalogue, parle de "fleurs", d"objets universels" et d'"autres petits bonheurs."

    Source de l'image:http://www.limage.info/Transparences-de-Rita-Alaoui_a346.html?PHPSESSID=15e6067af345b8a85f9bf15b1068dd3b

  • Catégories : La littérature

    Hugo Pratt, une vie de roman

    medium_prattpere.gifLes Pratt, père et fils, en uniforme
    de la police de l'Afrique italienne

     par Tristan Savin
    Lire, mai 2007

     Aucune phrase ne pourrait mieux résumer la vie et l'œuvre du père de Corto Maltese: «J'ai appris à dessiner en Ethiopie, à écrire en Argentine», confiait Hugo Pratt. Une existence riche en rencontres, en aventures et en lectures. Une œuvre désormais reconnue pour son originalité, car Pratt fut l'inventeur de la bande dessinée littéraire. On lui doit le premier «roman dessiné», La ballade de la mer salée.

    «Je connais treize façons de raconter ma vie», déclarait Hugo Pratt. «La vie de nos rêves est peut-être la plus authentique», ajoutait-il en citant Pessoa. Plus prosaïquement, le futur géniteur de Corto est né en 1927 à Rimini (Italie). Pour comprendre son itinéraire, le contexte familial compte plus que le lieu de naissance qu'il ne cessera de fuir. Son grand-père paternel, Joseph Pratt, était un Lyonnais de lointaine origine anglaise et aristocratique. D'abord dessinateur en architecture militaire («Je lui dois mon don», déclarait Hugo), il trouva un poste de professeur de français dans un institut de Venise et mourut de la grippe espagnole. Du côté maternel, «ma généalogie est franchement romanesque», s'amusait le brasseur de légendes. Le père de sa mère était un enfant illégitime et ses ancêtres, des juifs de Tolède convertis en arrivant à Venise. Quant à sa grand-mère maternelle, également juive, ses aïeuls avaient quitté la Turquie pour travailler à Murano...

    On comprend pourquoi Hugo Pratt fera de Corto Maltese le fils d'un marin britannique et d'une gitane, élevé dans le barrio de la Judería, à Cordoue. La mère d'Hugo, Evelina Genero, était la fille d'un pédicure et poète, fondateur des Faisceaux de combat vénitiens. «La seule personne qui contestait le fascisme était mon oncle Ruggero, marin dans la marine marchande. Il avait beaucoup voyagé, était au courant de tout ce qui se disait, aussi bien en Russie qu'en Amérique. [...] Comme pas mal de marins, il était devenu plus ou moins anarchiste. Corto Maltese lui doit peut-être quelque chose!»

    Evelina n'avait pas fait d'études. Elle pratiquait l'astrologie et la cartomancie. «On la considérait comme la sorcière de la famille.» L'enfant hérita d'elle son intérêt pour l'occultisme et la magie, qui s'exprimera à travers les aventures oniriques de Corto. Quand il n'a que six ans, «Neno» (diminutif d'Hugo pour sa famille) est laissé au soleil par sa mère. On le croit déficient: il se retrouve dans une école pour malades mentaux. Il en sort six mois après, rétabli. La figure paternelle avait également de quoi frapper l'esprit d'un petit garçon: Rolando Pratt, orphelin, avait fait quelques mois de prison dans sa jeunesse, pour avoir cassé un nez au cours d'une rixe. Son casier judiciaire nuit à ses recherches d'emploi. La marche sur Rome lui en procurera un: servir Mussolini sous l'uniforme.

    Le plus jeune soldat de l'armée fasciste
    En 1936, Rolando Pratt est envoyé en Ethiopie, fraîchement colonisée par l'armée italienne. Il installe sa famille à Entotto, où Neno fréquente le lycée Vittorio Emanuele III. Les temps sont troubles. Un jour où il garde la maison, l'enfant ouvre la porte à un chef guérillero, bardé de cartouchières: «Il portait, suspendus à la ceinture, des testicules, des yeux et des oreilles qu'il avait coupés aux Italiens.» Un Abyssin évite à Hugo le même sort. En juin 1940, son père l'enrôle dans la police de l'Afrique italienne, malgré son âge, pour participer aux campagnes militaires. Un an plus tard, les Britanniques rentrent dans Addis-Abeba. L'adolescent est interné avec sa mère à Dirédaoua, à l'est du pays. Le voici plus jeune prisonnier italien, après avoir été le plus jeune soldat!

    Neno engrange les souvenirs, qui ressurgiront plus tard sous forme de dessins ou d'éléments scénaristiques. Il dort sur des sacs de sable; un homme meurt sous la fenêtre qu'il enjambe chaque soir; un nouvel évanouissement en plein soleil lui donne l'occasion d'être recueilli par des contrebandiers de qat et des voleurs de chameaux, «ces gens qui se mettent de la chaux sur les cheveux pour devenir roux». Il se souviendra encore: «J'étais devenu plus noir qu'un Danakil, toujours au milieu des chameaux sous le soleil le plus brûlant du monde.» Il découvre les plaisirs de l'amour à cette époque, d'abord avec une Abyssine, puis s'éprend d'une «Blanche-Neige de Walt Disney», Clara Pecci. Il la retrouvera deux ans plus tard à Vicence, tuée sous un bombardement.

    En 1942, Rolando Pratt est arrêté par les Anglais. Il meurt à la fin de l'année d'un cancer du foie. Hugo et sa mère sont rapatriés par la Croix-Rouge. Le canal de Suez étant fermé, leur cargo met plusieurs mois à contourner le continent africain. Mussolini et le roi d'Italie les accueillent à Naples pour leur souhaiter la bienvenue dans leur patrie. Mais après la vie en Abyssinie et la découverte du racisme des siens, Hugo Pratt a-t-il encore une patrie? Pour l'écrivain Alain Borer, il faudrait plutôt parler de «prattie», pays imaginaire qui engloberait Venise, Buenos Aires et la Corne de l'Afrique. Après l'armistice, le jeune homme s'engage dans le bataillon Lupo de la république de Salò. Il se fait ensuite passer pour un pilote sud-africain et se fait arrêter par les Allemands. Contraint à s'engager dans la police maritime du Reich, il parvient à déserter trois semaines plus tard. Aidé par des résistants, il franchit la ligne de front, rejoint les troupes alliées et s'enrôle en tant qu'interprète.

    En avril 1945, il revient à Venise pour assister à l'entrée des libérateurs, sur une voiture blindée canadienne, habillé en Ecossais. A l'époque, «Venise était un gigantesque bordel, un carnaval improvisé», déclarera-t-il. Il réussit à se faire engager dans l'armée néo-zélandaise, après s'être tatoué le visage comme un Maori, avec un stylo! Sa légende est en train de naître et avec elle le personnage du futur Corto: Hugo Pratt aura fait la guerre dans tous les camps, sous presque tous les uniformes...

    Guitariste, rugbyman et... dessinateur
    Dans l'euphorie de la paix, le Vénitien retrouve un lieutenant juif polonais, un certain Koinsky, dont il fera vingt-cinq ans plus tard le héros des Scorpions du désert. Hugo Pratt devient officiellement dessinateur de bande dessinée en décembre 1945, quand paraît le premier numéro de L'as de pique, revue de comics créée avec deux amis. Ce n'est plus un groupuscule militaire mais l'un des premiers mouvements artistiques italiens centrés sur la BD. Hugo ne vit pas pour autant de sa plume. Il devient organisateur de spectacles, rattaché à la Ve armée américaine. Entre autres talents, ce passionné de jazz joue de la guitare, chante et danse.

    En 1946, il est agent d'expéditions au port de Venise, joue au rugby en première division et tente d'intégrer la Légion étrangère. Il voyage en Europe et rêve de s'embarquer à destination de l'Amérique. Mais la police l'en empêche. La bande dessinée lui permet de s'évader autrement: il écrit l'histoire d'Indian River avec son ami Mario Faustinelli. Pratt peut enfin s'embarquer sur un transatlantique et gagne l'Argentine, sa troisième «prattie». Installé à Acassuso, il reprend la série Junglemen et en profite pour découvrir la Patagonie.

    En 1952, Hugo rencontre Anne Frognier, une jeune Belge installée à Buenos Aires, et Gucky Wogerer, d'origine yougoslave. Il épouse cette dernière, dont il aura deux enfants, Lucas et Marina. Pendant sa période argentine, il boit et dessine beaucoup. La vie sentimentale du don Juan se complique: après avoir fait la connaissance de Gisela Dester, une jolie Allemande devenue sa collaboratrice, il se sépare de Gucky. En 1959, Pratt s'installe à Londres et réalise plusieurs séries de guerre. L'un de ses premiers chefs-d'œuvre date de cette époque: il scénarise et dessine Ann de la jungle en s'inspirant d'Anne Frognier, sa nouvelle compagne.

    Une existence de héros de roman
    La décennie suivante montre l'intérêt d'Hugo Pratt pour la littérature. «Mon père avait hérité de son propre père le goût et le respect des livres. [...] Il me faisait lire Jules Verne, en français et avec un atlas.» Le dessinateur se passionne pour tous ces auteurs réunis sous la bannière des écrivains voyageurs: Joseph Conrad, Herman Melville, T.E. Lawrence, Jack London, Henry de Monfreid, Hemingway et Saint-Exupéry, auquel il consacrera un album hommage à la fin de sa vie. Après avoir réalisé le premier épisode de Capitaine Cormorant, il entreprend d'illustrer Sindbad le marin et Le retour d'Ulysse, puis L'île au trésor et David Balfour de Stevenson. «J'avais cinq ans quand mon père a commencé à me raconter des histoires de pirates.» Pratt, immense lecteur, dont le panthéon personnel s'élargissait à Hermann Hesse, D'Annunzio, John Reed et James Joyce, n'a cessé de démontrer à travers son œuvre qu'il était le plus érudit des dessinateurs de son époque. Tout en menant une existence de héros de roman, digne de celle de Blaise Cendrars ou de Joseph Kessel.

    Toujours marié officiellement à Gucky, il convole religieusement avec Anne à Venise. La naissance de leur fille Silvina ne l'empêche pas d'effectuer une exploration de l'Amazonie. En 1965, quand Jonas Pratt voit le jour, Hugo retourne au Brésil et apprend l'existence de Tebocua, son fils, que lui a donné une Indienne Xavantes. La même année, l'incorrigible coureur reconnaît d'autres enfants: la petite Victoriana Aureliana Gloriana dos Santos, sa fille avec une prêtresse de macumba, et «les enfants illégitimes des quatre sœurs. Voilà comment, à Salvador de Bahia, on peut aujourd'hui rencontrer un Lincoln Pratt, un Wilson Pratt ou un Washington Pratt». En donnant des noms de présidents américains, le dessinateur s'est donc amusé à composer un mont Rushmore à sa gloire!

    Après un périple aux Caraïbes, Pratt lance en 1967 la revue Sgt. Kirk avec deux amis. Cette date va marquer sa carrière d'une pierre blanche (et noire) puisque la publication de La ballade de la mer salée correspond à la première apparition de Corto Maltese. C'est aussi une véritable révolution dans le neuvième art. Pour la première fois, la narration compte autant que le dessin. L'intrigue et les personnages sont complexes, et l'atmosphère - magnifiée par l'encre de Chine - nous éloigne du monde de l'enfance cher à Walt Disney et à Hergé. Les errances et les rencontres de Pratt lui ont permis d'aboutir à une alchimie: «A force d'arpenter le monde et de faire la connaissance de tels personnages, cela devient assez facile pour quelqu'un qui écrit et dessine des comic-strips d'aventures de remplir ses histoires de beaux caractères, de jouer avec les psychologies...»

    Au sommet de son art, il publie le premier épisode des Scorpions du désert et confirme sa maîtrise de la narration, toujours basée sur de sérieuses recherches historiques. Il retourne en Ethiopie pour retrouver la tombe de son père, puis poursuit en Tanzanie et au Kenya à la recherche de l'épave du Königsberg. En avril 1970, les millions de lecteurs de Pif Gadget ont droit à la première apparition française de Corto Maltese. Puis Hugo se rend en Irlande, où il récolte des légendes dont il se servira pour Les celtiques.

    La reconnaissance tardive d'un véritable auteur
    Entre deux voyages, Pratt devient citoyen d'honneur de la ville de Wheeling et publie l'un de ses plus beaux albums: Corto Maltese en Sibérie. La presse s'arrache dorénavant les aventures du Maltais, des deux côtés des Alpes: Pilote, A suivre, Le Matin de Paris, l'hebdomadaire politique L'Europeo... Enfin, une nouvelle revue voit le jour: Corto Maltese. En 1978, le dessinateur aux semelles de vent est invité par le gouvernement révolutionnaire angolais. Il partage désormais sa vie entre l'Argentine, l'île Saint-Louis, Malamocco, Rome et Milan. Inspiré par ses voyages aux Etats-Unis et au Canada, Pratt écrit Un été indien, sombre histoire de colons américains dessinée par son ami Milo Manara. Avec le succès croissant de Corto Maltese (7 millions d'exemplaires écoulés à ce jour), les années 1980 sont celles de la consécration. La chanteuse Lio lui demande d'illustrer la pochette d'un disque. François Mitterrand offre à Jacques Laffite l'intégrale de Corto Maltese. Pratt dévoile une nouvelle facette de son personnage: il joue dans Mauvais sang de Leos Carax, aux côtés de Juliette Binoche et Michel Piccoli. Il avait déjà tourné dans quelques longs métrages italiens. Dans Blue Nude, un film noir, il jouait le rôle d'un tueur d'homosexuels...

    En 1984, il s'installe à Grandvaux, près de Lausanne, dans une grande maison remplie des milliers d'ouvrages amassés au cours des années. Il fréquentait assidûment les bouquinistes des quais parisiens et la librairie Ulysse, première de France consacrée aux voyages. Après une excursion en Patagonie, il publie Tango, histoire de la traite des Blanches en Argentine. Il fait des repérages à Djibouti pour la série des Scorpions puis s'embarque pour l'île de Pâques, qui lui inspire la dernière aventure de Corto Maltese: Mû. Il peut désormais se consacrer à la littérature et illustre les Lettres d'Afrique de Rimbaud, des Sonnets érotiques de Giorgio Baffo et des poésies de Rudyard Kipling.

    En 1992, le père de Corto pousse l'aventure toujours un peu plus loin et visite les îles Samoa: il rêvait de se rendre sur la tombe de Robert Louis Stevenson. A son retour, le parti socialiste italien lui commande un ouvrage sur Garibaldi. Pratt est hospitalisé en 1994 pour une tumeur. Comme en écho à son désir de ne pas disparaître, J'avais un rendez-vous, beau récit illustré de son voyage dans les mers du Sud, est publié au même moment.

    En serrant dans ses mains une croix éthiopienne, Hugo Pratt a définitivement rejoint le monde des fées le 20 août 1995 à Pully, près de Lausanne. Deux mois avant sa mort, l'infatigable travailleur avait eu le temps d'achever l'album Morgan.

    SOURCE DE CET ARTICLE:http://www.lire.fr/enquete.asp/idC=51250/idR=200

  • Catégories : Des expositions, La peinture, Le Maroc:vie et travail

    Abdellatif Belaziz - La parole à la couleur- A la galerie Nadar de Casablanca (Maroc) jusqu'au 2 juin

    081aef05e1e61d4d600c632248caf90d.jpgNatif de Larache en 1953, Belaziz qui a fait ses études à l'Ecole des Beaux-Arts de Tétouan et à Ecole royale des Beaux arts de Bruxelles en Belgique a déjà exposé ses oeuvres à Asilah, Rabat, Casablanca, Tanger, El Jadida et Larache, ainsi qu'à Paris en France, Cadix et Séville en Espagne, Stabbek en Norvège et Bruxelles, Brunalleud et Gravenhof en Belgique. Animée par une dynamique particulière, la peinture d'Abdellatif Belaziz semble détrôner tout a-priori.


    Débordant dans l'intensité parfois presque trop osée de la posture, son microcosme de figures féminines prend son inspiration dans le spectacle d'un quotidien familier

    Fort de l'impact immédiat qu'il exerce sur la rétine, animé par le rythme d'une structure première reconvertie dans l'enveloppe colorée astucieusement ménagée par le choix d'un assemblage de tonalités, le corps est ici à l'honneur, jouissant d'une diversité de rôles, ignorant toute vérité du détail anatomique, toute allusion à la réalité de sa présence, autrement ne vivant que par ce qui lui est de nature accordé.

    Dans son oeuvre, le corps est à la fois présent et absent, parce qu'il n'est, en fait, que rythme de pigments et jeu de couleurs.

    Jouant de cette mise en scène qui interpelle par son impressionnante stabilité mouvementée, le peintre de Larache appelle à une découverte qui va au-delà de la forme et de sa légitimité dans un vocabulaire d'images préconçues. Construire la création rime ici avec la déconstruction de la réalité, en tant qu'idée de forme que l'oeil exercé aurait eu pour habitude de rendre intelligible. Effectuant le geste inverse, Belaziz nous offre l'occasion unique d'assister à ce compte à rebours ola palette devient un volume créé à partir d'une idée observée, détourné de son milieu pris tel quel pour se retrouver au final reconstruit, renfermé dans le moule de visions colorées. Au corps, il n'a laissé que l'idée de présence par l'allusion faite à son contour. A l'âme, il a laissé le reste, dépassant par le maniement unique de la couleur, la suggestion, pour matérialiser une vitalité, une émotion et une personnalité, contrariant l'anonymat apparent de sa représentation dont la réalité de l'existence est volontairement abandonnée au moment précis où les souvenirs d'un vécu deviennent formes.

    SOURCE DE L'ARTICLE:target="_blank">http://fr.allafrica.com/stories/200705150926.html

     VOUS POUVEZ  AUSSI VISITER SA GALERIE D ART VIRTUELLE: http://www.galeriesdart.net/belaziz.abdellatif/

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     MERCI A Leila Assia Faraoui(Galerie Nadar) QUI M'A FOURNI LES ILLUSTRATIONS POUR CET ARTICLE.

  • Catégories : Le Maroc:vie et travail

    Abdelkader MELEHI( qui exposait à la galerie Nadar de Casablanca jusqu'au 5 mai)

     Signes d’ailleurs   2bbcab6eb6aaaf93f4a79653439ae478.jpg   Penser une œuvre par écrit sans faire revenir dans l’esprit l’image de celui qui l’a fait naître pourrait être aussi nuisible qu’efficace, le travail en soi et la personnalité derrière étant parfois paradoxalement différents. S’il m’incombe aujourd’hui de tenter l’expérience de l’anonymat, face à une production stupéfiante dans la vérité de son essence organique, ceci devrait être vu comme un défi, celui de mesurer la capacité de déchiffrement d’un inconnu, se donnant à voir par la force unique de sa créativité.   Par la présente, j’entreprends donc d’arpenter le chemin excitant à la découverte d’Abdelkader Melehi dans un monde mouvant bercé entre l’eau forte et le henné sur toile. Simples, fortes et très délicates à la fois. Faire connaissance au virtuel à travers un vocabulaire de formes qui semblent évoluer sur la feuille devant mes yeux, c’est plus qu’une aventure, mais un précieux apprentissage de l’organique en art. Découvrir Abdelkader Melehi, c’est plonger dans un microcosme vivant, comme venu d’ailleurs, parlant un de ces langages d’autrefois qu’on ne peut pas forcément comprendre, mais qu’on peut appréhender par chaque souffle renvoyé au contact mutuel établi. Le vrai chez lui est instinctif, tel le code génétique inscrit en chacun de nous, transparent dans chaque cellule, membrane, tissu, ces lignes innombrables semblent tracer des sillons inconnus vers un ailleurs qui a existé et qui existe, invisible, mais que nous n’avons pas encore eus l’occasion d’atteindre dans la dimension proposée.  On peut y voir du symbolisme, comme de l’ethnographie, ou encore, des reflets archéologiques d’un passé ressuscité et mis au suspend d’un futur supposé, pourtant reconnaissable en son essence humaine, viable et disponible pour une multiplication à l’infini.

     

                           

     

        Présent par fragments, mais perceptible en totalité dans chaque coin, chaque morceau de tissu chargé de pigments naturels, l’élément humain s’y retrouve en complète possession d’une autonomie d’existence singulière. Son être : une chair esquissée par le tracé linéaire, dont la serpentine ne cesse de promener l’œil, le faisant sursauter afin de parcourir la totalité de la surface, dépourvue de tout artifice gratuit. Géométrique et réductible, son espace de vie semble prisonnier d’une vision évolutive, toute fois libre et circulant, sans arrêt vers cet ailleurs dont les codes si familiers viennent à nous, plastiquement résumés. L’être organique est ici disséqué et rétabli à la fois, rendu pièce et espace, contour et enveloppe, mémoire et histoire. En minimaliste envahissant, Melehi refuse le détail pour privilégier le message du tout accompli, quoique délicatement suggéré que par l’essentiel. Aller à la synthèse par différentes visions et angles pertinemment choisis n’est pas seulement le caprice du plasticien saturé. Sa démarche relève d’un hommage à la vie et sa puissance de renouvellement perpétuelle, dans la curieuse et authentique perception de la matière rendue tel l’effet de peau, relief et consistance. Sa technique, définie par « … dessiner avec une seringue, c’est ce qui me permet d’obtenir le trait recherché, autant  sur son  épaisseur/ relief que dans la liberté de mon geste. » est en effet un mélange de colle acrylique,  colle animale (peau de lapin), de henné et de pigments sur support toile ou papier ou les deux ensemble pour finaliser un rêve atteint : dix ans et toute une vie à la fois, d’accomplissement d’une universalité dans le sublime de sa simplicité naturelle.       
               
                                                                                                    Par Tzvetomira  Tocheva      
        ___________________________________________________________________      

     (source de cet article: galerie Nadar)

     

    75134a8a0c14054c4693a084c692d4e4.jpgJ’ai toujours souhaité qu’Abdelkader MELEHI puisse, enfin, avoir l’occasion d’exposer ses travaux en une exposition qui lui soit consacrée, non pas seulement une participation occasionnelle comme se fut le cas a Marrakech. J’ai dit enfin que vivant à Angoulême, il a déjà eu l’occasion de présenter ses travaux, mais pas ici. Je me réjouis donc que maintenant Abdelkader  puisse exposer ses derniers travaux, grâce à la galerie Nadar de Leïla FARAOUI qui très heureusement a repris ses activités, fidèle en cela au rôle important qu’elle a joué dans l’histoire de la peinture marocaine. Si j’ai exprimé ce souhait, ce n’est pas par sympathie ou amitié à l’égard d’Abdelkader. Il est difficile de procéder par affirmation distribuant à tort et à travers la louange, comme c’est le cas maintenant pour certaines critiques, au risque de perdre toute crédibilité.

     

     Les toiles exposées disent déjà a elles seules qu’on est en présence d’une œuvre de peinture authentique une œuvre qui parle, dit un certain bonheur, un plaisir, fruit d’une création esthétique qu’il faut découvrir lentement, entrer en communication avec elle. Les premiers travaux traduisent d’abord le désir, la volonté de rester dans la peinture proprement dite, dans l’espace de son originalité et de son langage, alors que généralement parlant, pour les peintres de cette nouvelle génération, hommes et femmes, relativement jeunes en âge et en pratique, le conceptuel, l’installation toute autre démarche signifiant la fin de la peinture, c’est ce qui exerce le plus grand attrait sur eux. Sagement jusqu’ici, silencieusement comme il est de nature, Abdelkader peint, anime la surface de la toile, lui imprime à la faveur d’une certaine monochromie et signes intégrés un relief, des vibrations, des pulsations comme s’il s’agissait d’un tissu vivant qu’on toucherait des yeux et de la main.

     

    Ce sont là des prémices, les premiers fruits d’une œuvre à ses commencements et qui déjà révèle une sensibilité particulière, une certaine maîtrise d’une écriture bien personnelle.

    Ce en quoi Abdelkader s’annonce comme peintre, très attentif à cette matérialité, source de poésie et d’émotion qui serait sans doute l’ultime secret de la peinture. Encore faut-il savoir en explorer les virtualités, mais Abdelkader ne s’en tient pas là. Il aborde une nouvelle expérience qui constitue une heureuse surprise, un geste d’audace quand même, taillées dans le même tissu ou mieux à partir de ces matériaux peints, il nous livre ce qui à bon droit serait représentatif de véritables sculptures. J’ai là sous les yeux une toile, assez étonnante, montrant deux longues jambes, l’une tendue, l’autre repliée, peuplant tout l’espace de la toile, un certain humour, le contre-pied du classique portrait. Le même thème est repris, cette fois verticalement, deux personnages marchant ensemble, mais vus des jambes uniquement. Il n’est pas possible de décrire ce jeu sur des formes brisées, ou l’imagination se donne libre cours. Parfois on croit déceler l’esquisse de statuts, de sculptures africaines. Si bien sûr, il n’y a pas de ressemblance effective, il y a tout de même des ressemblances non sensibles, pour reprendre la formule employée par Walter BENJAMIN.

     

    Autrement dit, il y a cette liberté créatrice qui anime les arts premiers africains. Il y a aussi ce climat et ces nuances d’une certaine terre. Il est dit qu’ASILAH aura donné naissance à bon nombre de peintres et non des moindres de Mohamed MELEHI à Khalil EL KHRIB et ce indépendamment de toute institution ou de retombées d’un festival quelconque. De la blancheur aussi radicale qu’une ascèse à la puissance démoniaque du chergui, ce cousin du vent saharien.

    De là nous vient Abdelkader, les mains pleines de promesses pour notre grand plaisir.

     

             Edmond Amran EL MALEH.

     

    http://www.maroceve.com/.../3603d1176735994-expo-abdelkader-melehi-galerie-nadar-expositionabdelkadermelehi.doc

     

    Biographie   Abdelkader Melehi est né en 1966  à Assilah au Maroc Il vit aujourd’hui en France      Formation      1986 à 1988     Ecole Académique des Beaux-Arts de Tétouan      1988 à 1991     Ecole Nationale des Beaux Arts d’Angoulême, France       Expositions personnelles       2000   Centre National de la Bande Dessinée et de l’Image, Angoulême, France            

     

        2001   Galerie Four Pontet, Niort, France        Festival «5 x 5 = 25», Vindelle, France         2002   Galerie Nota Bene, Genève, Suisse      2003   Galerie Maya Guidi, Genève, Suisse  Balcon Paradis, Angoulême, France

         2004 Balcon Paradis, Angoulême, France

       

          Expositions collectives

                    1987    Galerie Delacroix, Centre Culturel Français de Tanger, Maroc   1988    « L’évolution de l’Art dans la ville », Université d’été Euro-Arabe, Bologna, Italie

     

      1993    Centre Hassan II, Moussem d’Assilah, Maroc

     

                  « Hommage » à Tchicaya Utamssi, poète africain, Moussem d’Assilah, Maroc

     

      1995    Intervention plastique sur la «Krikia», Assilah, Maroc

     

                  1996    Intervention plastique sur la «Krikia», Assilah, Maroc

     

      2001    « Espace-Temps », Conservatoire Gabriel Fauré, Angoulême, France

     

      2005    « Arts in Marrakech » Dar Bahïa, Marrakech

     

      2006    «Expressions du Nord» Linéart, Tanger, Maroc

     

     

                     Résidence

                   2002   Atelier de gravure AGEG, Genève, Suisse

       2004   Atelier de gravure AGEG, Genève, Suisse

     

           

    (Source: galerie Nadar)

     

     

    MERCI A Leila Assia Faraoui QUI M'A FOURNI LES ILLUSTRATIONS POUR CES ARTICLES.

     

     

     

     

     

     

  • Catégories : Char René

    Je viens de lire

    b2ae8d6d46024f9d060d8847500636d3.jpg(SOURCE DE L'IMAGE:http://www.info-presse.fr/revue/telerama-hors-serie_M2096H.htm)

    « René Char. Le géant magnétique », hors-série de Télérama, pour revenir longuement sur l’itinéraire personnel et poétique de celui qui inscrivait ses pas dans ceux de Rimbaud et écrivait : « Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver. » 100 p., 7,80 €.

    Quand l’obscur éclaire

    Il n’est pas utile d’être clair pour changer le monde : ce credo, Char le défendit toute sa vie. Cent ans après sa naissance, le poète résistant est célébré dans une exposition à Paris.

    René Char passe pour un poète « difficile », « obscur ». Pourtant, l’écrivain de L’Isle-sur-la-Sorgue, dont on fête le centenaire ce 14 juin, est aussi, dans un concert littéraire où la poésie s’est faite discrète, l’un des auteurs français contemporains les plus cités et les plus lus. Comme si, les textes se mêlant à la vie, il incarnait la figure du poète dont nous éprouvons tant le besoin aujourd’hui...

    Les poètes ne parlent pas comme tout le monde, ils utilisent des modes­ particuliers du langage. Autrefois, ce langage particulier était mis en évidence et comme justifié par les contraintes multiples auxquelles devait se soumettre le poème – rimes, métrique, rythmique, composition – et par les licences, les exceptions à la règle langagière courante qu’on lui accordait. Puis les contraintes tombèrent, mais le poème demeura. C’étaient les mêmes mots, la même grammaire souvent, mais, à la différence des prosateurs, les poètes n’administraient pas la langue, ils ne la géraient pas pour la rendre plus efficace : au contraire, ils ne l’employaient que pour mieux en affaiblir les pouvoirs et les maléfices, et mieux atteindre le réel.

    Du coup, la question de l’« obscurité » de la poésie prit un tour nouveau. Mallarmé en fit une sorte de dogme, afin de séparer radicalement le poème de « l’éternel journalisme » et de ses fausses clartés. Puis survint le surréalisme, désireux de surprendre, provoquer, déstabiliser, rompre avec la société et avec les logiques qui la soutenaient. La clarté­ rationnelle et le raisonnement articulé ne faisaient pas partie de son arsenal. Pas plus que le désir de « faire de la littérature » ou de toucher un vaste public. René Char se sentit immédiatement à son aise, dès la fin des années 20, avec le groupe formé autour d’André Breton, d’Aragon et surtout de Paul Eluard, son ami. Et le groupe surréaliste adopta sans hésitation ce poète de 22 ans, aussi épris de révolte que de beauté. Tous désirent que la poésie agisse, qu’elle ne soit pas un ornement du langage, mais une manière de «changer la vie», comme disait Rimbaud.

    Lorsque Char, à la fin de 1934, s’éloigne d’un groupe déchiqueté par les querelles internes et par les passions politiques, c’est sur la pointe des pieds et sans la moindre polémique. Même s’il ne pardonnera pas à Aragon d’avoir assujetti la poésie aux intérêts d’un parti. Car Char, lui, refuse la confusion des langages et celle des actions. Et lorsque survient l’occupation nazie, il cesse, sinon d’écrire, du moins de publier. L’action poétique est devenue impossible sous le règne de la barbarie, et faire croire le contraire reviendrait à leurrer les lecteurs sur la nature de ce qu’ils vivent, à les tromper sur le réel.

    Dès 1941, réfugié en Provence après sa démobilisation, Char prend contact avec des petits groupes de résistants. En 1942, le capitaine Alexandre devient le chef du secteur­ Durance-sud de l’Armée secrète. En 1944, il est expédié à Alger pour y collaborer au débarquement allié. L’ancien poète a abandonné sa plume pour suivre cette petite cohorte d’hommes disparates réunis par un refus de « l’innommable » : « Ce conglomérat fut sur le point de devenir, entre les mains d’hommes intelligents et clairvoyants, un extraordinaire verger comme la France n’en avait connu que quatre ou cinq fois au cours de son existence et sur son sol. Mais quelque chose qui était hostile, ou simplement étranger à cette espérance, survint alors et la rejeta dans le néant. »

    Comme nombre de ses camarades de combat, Char est en effet désespéré par la désillusion de la Libération. Il attendait l’aurore de temps nouveaux, il assista à l’affrontement des communistes qu’il n’aimait pas, face aux gaullistes qu’il n’appréciait pas davantage. Les Feuillets d’Hypnos­, qui paraissent en volume en 1946, rassemblant 237 fragments écrits entre 1943 et 1944, ne sont pas seulement un témoignage sur la Résistance écrit dans une langue magnifique, c’est aussi une réitération, dans une perspective plus vaste­ et plus concrète, de la profession de foi du jeune surréaliste dans le pouvoir de la poésie, infiniment plus efficace que le pouvoir de la politique et de ses bavardages.

    C’est le paradoxe de ces années 60, où s’affirme et s’affermit la figure majeure de Char dans la littérature française. Pour l’essentiel, sa gloire se construit sur sa stature de combattant exemplaire dont la parole, puissante et grave, se dresse face aux énigmes du mal, de la violence, de la domination et de la laideur. Mais, en même temps, le poèterésistant que l’on célèbre, que l’on cite sans arrêt – et sans toujours bien comprendre – dans les discours cultivés, que l’on apprend dans les écoles et que l’on récite sur les plateaux des théâtres, est celui qui, dans le silence du retrait et de la méditation, élabore une poésie qui ne demande rien qu’à elle-même et ignore superbement l’actualité.

    D’où la séparation, plutôt brutale, qui divise les poètes d’aujourd’hui, à propos de Char. Séparation, une fois encore, qui est plus affaire de « figure » que de textes ; comme si la légende, déjà, avait pris le pas sur la réalité. Certains d’entre ces poètes, et pas parmi les plus médiocres, avouent ne pas supporter, sauf en parodie, ce culte poétique dont Char s’était fait le grand prêtre. Ils moquent les extases et les illuminations du prophète. D’autres, pas forcément plus âgés, pas toujours moins savants ou moins sensibles, publient au contraire leur admiration pour cette parole capable d’atteindre le cœur des choses et des êtres. Char n’a évidemment pas de disciple, mais sa radicalité sert d’exemple.

    Quant au public, il a, semble-t-il, tranché : René Char, poète réputé hermétique, est un succès de librairie. Jean-Pierre Siméon, le directeur du Printemps des poètes, qui a mené une enquête, souligne qu’il s’est déjà vendu plus de 62 000 exemplaires des Œuvres complètes de Char dans la bibliothèque de la Pléiade, que Fureur et Mystère a atteint 200 000 exemplaires en édition de poche. Dans l’atelier du poète, l’antho­logie illustrée, réalisée par Marie-Claude Char pour Quarto-Gallimard, vient d’être rééditée. Quant à Lettera amorosa, le grand poème accompagné de dessins de Braque et de Jean Arp, son édition de poche parue à l’occasion du centenaire (1) connaît un très grand succès. A croire que les Français, s’ils délaissent la poésie, aiment encore les poètes. .
     

     
    A LIRE

    Pays de René Char.
    Un bel ouvrage, richement illustré, sur les visages et les paysages de sa vie. Les nombreux documents inédits – photos, dessins, peintures, lettres, manuscrits – dialoguent avec un texte sobre. De Marie-Claude Char, éd. Flammarion, 260 p., 45 €.
     
    A VOIR
    Exposition « René Char » à la BnF
    La Bibliothèque nationale de France organise une grande exposition qui, se veut une mise en perspective de l’homme et de l’œuvre, à travers témoignages, correspondances, documents photographiques, manuscrits enluminés… Jusqu’au 29 juillet, site François-Mitterrand, hall Est, Paris 13e. Tél. : 01-53-79-59-59.

    211b485e658ef9d950109164bb7e3876.jpg

     1) Ed. Gallimard, coll. Poésie, 70 p., 15,30 €.

    Télérama n° 2991 - 12 Mai 2007

     

     

     

     

     

     

    SOURCE DE L'ARTICLE:http://www.telerama.fr/livres/M0705071111027.html

  • Catégories : Le Maroc:vie et travail

    le 26 mai, MarAuction organisera des enchères exclusivement dédiées aux Arts du Maroc, anciens et contemporains

    medium_couverture200705.jpg

    Les arts traditionnels seront représentés dans toute leur diversité et occuperont une place importante dans la vacation, avec des lots de prime qualité datant du XVIIème au XXème siècle : céramiques de Fès Meknès et Safi, armes anciennes, bijoux berbères et citadins, broderies et éléments d'habillement, arts des métaux et du bois, manuscrits enluminés...

     

     

     

     

     

    medium_ceram6.jpgOn notera la présence de nombreuses pièces d'exception comme une écritoire de l'Université Qaraouiyyine (n°153), une amphore couleur amazonite (n°37) ou un beau pendentif à l'aigle (n°124).

    Les grands de la peinture Marocaine seront également bien représentés par nombre d'oeuvres maîtresses (rare Cherkaoui sur carton et gaze au n°92, beau Saladi au n°100), aux côtés de plasticiens moins cotés -pour le moment- mais dont le talent saura conquérir les amateurs avertis.

    Bref, une vacation de prestige, par laquelle MarAuction confirme ses choix directeurs : diversité et qualité des lots, promotion du patrimoine et de la jeune peinture du Maroc, fourchette de prix étendue (de quelques centaines de Dh à plusieurs centaines de milliers).

    Samedi 26 mai 2007, à 16h00.

    MarAuction - Galerie Athar
    12, rue Ibnou Khalouiya (ex rue de La Haye)
    A l'intersection des Brds Zerktouni et 2 Mars
    Casablanca, Maroc
    Téléphone : (00 212) 022 29 95 36

    Consultez le catalogue en ligne.

    Téléchargez le dossier de presse

    Source de cet article: Maroc Antics, le site des arts traditionnels du Maroc

    Nous sommes allés samedi chercher le catalogue et surtout voir les oeuvres qui seront vendues samedi, pas pour repérer nos achats mais uniquement pour le plaisir.

    Nous avons vu beaucoup de belles choses, tableaux, bijoux, céramiques, documents etc.

    d28f2e8a3edc611fd79bf96b0a3ee7ee.jpgNous avons flashé tous les deux (sans nous concerter)  sur un composition(huile sur toile, lot 97 dans le catalogue) de Moa Bennani (né en 1943).

    898562c9bfd037a55a4a37f67d87e998.jpgNous avons aussi remarqué une "Vue des Oudayas" (gouache sur panneau, lot 98 dans le catalogue) d'Hassan El Glaoui qui change de ses fantasias (mais il y en a aussi: lots 89,90,91).

    SOURCE DES IMAGES:

    http://www.marocauction.com/200705/index.html

  • Catégories : L'histoire, La presse

    Je viens de lire:Figaro hors série: Toutankhamon

     

    Un hors série intégralement illustré par Araldo de Luca.

    medium_hs_fig.jpgC’est un masque d’or avec « une expression triste et calme ». Des coffres et des bijoux. Des vases à parfum en albâtre, des sarcophages, des cobras de cuivre. Des pharaons, des dieux, un mystérieux bestiaire. Des trônes en bois doré, des barques funéraires, des chars de guerre. Plusieurs centaines de pièces en or , en turquoise, en lapis lazulli. C’est un trésor, peut être le plus extraordinaire de toute l’histoire des hommes. Celui de Toutankhamon, ce "petit pharaon de rien du tout" dont le regard mélancolique a traversé les siècles. Quand le 24 novembre 1922 Howard Carter et Lord Carnarvon découvrirent sa tombe, dans la vallée des rois, ce fut comme la plus saisissante des apparitions : « /D’abord je ne vis rien (…) puis des formes se dessinèrent lentement : d’étranges animaux, des statues et partout un scintillement de l’or. Pendant quelques secondes je restai muet de stupeur. Et lorsque que Lord Carnarvon me demanda enfin : « vous voyez quelque chose ? » je ne pus que répondre » : oui, oui, des merveilles ».

    Au printemps 1967, grâce à la détermination de Christine Desroches-Noblecourt la France entière se ruait au Petit Palais pour admirer les merveilles du trésor de Toutankhamon.

    Quarante ans plus tard, nous avons voulu à travers un hors série exceptionnel offrir de les admirer avec un luxe de détail inoui. Grâce à un reportage de photographies extraordinaires, à la collaboration d’historiens, d’égyptologues, de journalistes, ce Hors- Série fait revivre le temps d’une lecture l’Egypte à l’apogée de la civilisation pharaonique, retrace l’épopée de la découverte de Carter, explore les sept mystères qui entourent encore le règne de ce pharaon célèbre et inconnu. Comme s’il vous était donné de visiter la plus somptueuse des expositions jamais consacrées à l’Egypte. Chez vous".

    Michel De Jaeghere

    Directeur de la Rédaction

    Vous pouvez vous procurer les HS du Figaro en cliquantici.
    - Retrouvez l’art d’Araldo de Luca : ici.
    - A Paraître en octobre 2007 : Les trésors de Toutankhamon, texte d’Alessia Amienta et photographies d’Araldo de Luca, White Star.

    SOURCE DE CET ARTICLE:http://www.canalacademie.com/Hors-Serie-du-Figaro-Toutankhamon.html

  • Catégories : La langue (française)/ les langues

    Etymologie: nos racines arabes

    Bougie, guitare, tulipe ou épinard... Un ouvrage recense près de 300 mots français issus de la langue arabe.
    Par Natalie LEVISALLES
    QUOTIDIEN : vendredi 18 mai 2007
    I l y a deux fois plus de mots français d'origine arabe que de mots français d'origine gauloise», nous apprend Salah Guemriche. Peut-être même trois fois plus. Pour une centaine de mots gaulois, donc, on a près de trois cents mots arabes dans le français d'aujourd'hui, les plus anciens arrivés il y a six ou sept siècles, les plus récents datant de la colonisation de l'Afrique du Nord, et de ses conséquences. Dans le Dictionnaire des mots français d'origine arabe (et turque et persane) (1), Salah Guemriche recense tous ces mots et nous raconte leur étymologie (certaine ou probable) et leur métamorphose progressive. En linguiste amateur et enthousiaste (il est romancier et journaliste), il a compilé différents dictionnaires ( Trésor de la langue française, Dictionnaire étymologique de tous les mots d'origine orientale ...), acceptant souvent leurs hypothèses, en proposant parfois d'autres. Comme l'indique la parenthèse du titre, et comme la lecture le confirme, une bonne partie de ces mots arabes sont eux-mêmes des importations du turc, et surtout du persan.
    Si l'origine de certains ­ «caravane», «bazar», «macache», «kif-kif», «maboul»... ­ est transparente, il y a bien d'autres mots dont la présence dans cette liste est inattendue. Au hasard (de az-zahr , le coup de chance) et fissa (de l'arabe maghrébin fissa'a , illico) : «arobase», «amiral», «avanie», «albatros», «bougie», «carat», «douane», «guitare», «houle», «luth», «mage», «mesquin», «mortaise», «raquette», «truchement» ou «vérin». On remarquera que la langue arabe a généreusement alimenté certains domaines du vocabulaire : équitation, astronomie, botanique, mais aussi cuisine («café», «pilaf», «sirop», «sorbet», «sucre»), chimie («alambic», «alchimie», «alcool») ou navigation («patache», «récif», «calfater»).
    Parmi les découvertes les plus surprenantes, on apprend que «crouillat» (ou «crouille»), ce terme violemment raciste, vient de l'arabe dialectal khouya , qui signifie «mon frère». De même que «bicot», autre terme raciste, vient de l'arbi (l'arabe), d'où «arbicot», puis «bicot». Autre étonnement : le nombre de doublets (mots différents qui ont une étymologie commune). «Azimut» et «zénith» viennent tous deux de as-samt (la direction), «turban» et «tulipe» de tülbent (turban en turc), «azur» et «lapis-lazuli» de l'arabe lazurd , emprunté au persan lazward , (bleu clair et intense), «tambour» et «timbale» du persan tabir (tambour). Mais le record est battu par qirmiz (cochenille) qui, à lui seul, a donné trois mots : «carmin», «cramoisi» et le médicament ancien «alkermès».
    Calligraphie Hassan Massoudy
    (1) Dictionnaire des mots français d'origine arabe, Salah Guemriche, Seuil, 878pp.
    Hassan Massoudy est aussi l'auteur de ABCdaire de la calligraphie arabe, Flammarion et de Calligraphie pour l'Homme, Alternatives.
    Mes propres textes sont en capitales dans la liste des catégories.

  • Catégories : La cuisine

    Echange de recettes

    Monette m' a proposé un échange de recettes préférées.

    Voici la sienne:

    Raviolis de nutella au thé.

                                                          medium_raviolis.jpgIngrédients :
    75 cl de thé Earl Grey léger et bouillant
    24 feuilles de pâte à raviolis chinois
    12 c. à café de nutella
    4 blancs d'oeufs

    Pour 6 personnes Préparation : 20 min Cuisson : 2 min
     
    Préparation :
    Mettez les blancs d'oeufs dans un bol et battez-les légèrement à la fourchette.
    Etalez 12 feuilles de pâte à raviolis sur le plan de travail. Déposez 1 c. à café de nutella au centre de chaque feuille.
    A l'aide d'un pinceau, badigeonnez les bordures d'1 feuille de pâte de blanc d'oeuf.
    Posez immédiatement par-dessus une feuille de pâte et soudez les coins en les pressant entre vos doigts. Recommencez l'opération pour chaque ravioli. Il est essentiel de faire les raviolis un par un car, une fois sec, le blanc d'oeuf ne colle plus.
    Relevez les 4 bords de chaque raviolis et nouez-les ensemble avec un petit lien de votre inspiration (fil de réglisse ou de bonbons).
    Répartissez les raviolis dans des bols et versez le thé bouillant dessus. Laissez-les pocher pendant 2 min puis retirez-les. Servez immédiatement.

    Aurélien Gandré, notre spécialiste en vin, vous aide à marier ce plat :
    Quelle douceur que ces raviolis au Nutella.Il leurs faut du moelleux, des câlins, des caresses... Bref, que mettrions-nous en face en dehors d'un vin blanc sucrés de Sauternes ou de Bergerac ? Peut-être un Maury 10 ans d'âge de Mas Amiel.

    http://chezmonette.hautetfort.com/archive/2007/05/13/echange-de-recettes.html

    Et la mienne: Tartiflette savoyarde

    medium_tartiflette2.jpg

    Pour 4 personnes :

    - 1 reblochon
    - 1 Kg de pommes de terre
    - 10 cl de crème fraiche
    - 150 gr de lardons
    - 1 oignon
    - Sel, Poivre


    Faire revenir dans une poêle dans du beurre des pommes de terre et un oignon. Saler et poivrer. Quand les pommes de terre sont cuites sans être dorées, les diposer dans un plat à gratin avec les lardons. Grattez légèrement le reblochon. Le couper dans le sens de l'épaisseur. L'étendre sur les pommes de terre, la croûte vers le haut. Arrosez le plat de crème fraiche
    Mettre à four chaud (Th. 7-8) pendant 10 à 15 mn.

    Dégustez avec une salade verte et un blanc de Savoie

    Bon appetit.
    Mon mari a appris à la faire quand il travaillait en Savoie et même si j'ai appris par la suite à la faire, c'est traditionnellement lui qui l'a fait.
    Alors pour changer (car la cuisine n'est pas, je crois, génétiquement féminine), je vais demander à des hommes de nous proposer leurs recettes préférées: TAJ,Geb,Jos, Christian, Sic.
    TAJ  a donné l'exemple et j'espère que d'autres hommes(ceux que j'ai cités et d'autres qui passent par ici) participeront à cette échange de recettes.
    Ce qui ne veut pas dire que j'exclue les femmes....
    RECETTE DE TAJ
    Chop suey de dinde .. préparation au wok

    Pour 2 personnes

    4 escalopes de dindes
    4 carottes
    1 poivron vert
    1 poivron jaune
    1 pot de pousses de maïs
    1 pot de pousses de bambous
    3 gros champignons frais
    4 cuillères à soupe de nuoc mâm
    poivre
    un brick de crème de coco

    émincez votre viande , vos poivrons , carottes et champignons .

    dans le wok faites fondre un peu de matière grasse (une préférence pour la margarine semi liquide) , après avoir poivré votre viande , faites la revenir jusqu'a ce que l'extérieur soit saisi , ajoutez vos champignons , remuez le tout 2 mn environs , puis incorporez le reste des ingrédients , salez avec le nuoc mâm , remuez pour bien mélanger , laissez mijoter à l'étoufée entre 3 et 4 minutes (feu moyen) , puis ajoutez la crème de coco et mélangez à nouveau , couvrez le tout et laissez mijoter (feu doux) , 6 à 7 mn ..
    Servez avec un riz blanc (une préférence pour les parfumés d'asie) ..
    LA RECETTE PREFEREE D' ELISABETH

    TARTE AUX OIGNONS

    Faites cuire un fond de tarte en pâte brisée 10 mn.

    Emincez 2 à 4 oignons, sans les brunir. Faites les fondre au beurre ou à la margarine. Mettez-les sur le fond de tarte. Battez 2 oeufs avec 50 grs de gruyère et 2 dl de lait. Ajoutez une pincée de sel, du poivre, de la muscade.

    Faites cuire à four chaud 30 mn environ en surveillant.

    Vous pouvez ajouter des lardons à cette tarte.

    SUR SON BLOG: http://boulevarddesresistants.hautetfort.com/archive/2007/05/14/echange-de-recettes-preferees.html

    AUTRE BLOG D'ELISABETH:

    http://depoesiesenpoesies.hautetfort.com/

  • Catégories : Des expositions

    Expo:Les esprits chinois grimacent au musée

    MARIE-DOUCE ALBERT.
     Publié le 03 mai 2007
    Actualisé le 03 mai 2007 : 10h28

    À Paris, Jacquemart-André présente une centaine de masques servant aux exorcismes.

    SI ON NE craignait d'irriter les esprits chinois, on dirait qu'ils ont une drôle de trogne. Ils sont tordus, cornus, joufflus. Et pourtant ils ont les honneurs du Musée Jacquemart-André, à Paris. Jusqu'au 26 août, l'exposition « Masques de Chine, rites magiques de Nuo » invite à rencontrer divinités et chasseurs de démons qui, depuis des millénaires, ont le pouvoir de conjurer le sort dans l'empire du Milieu. La centaine de figures grimaçantes qui cernent là le visiteur lui permet d'entrevoir une longue tra- dition d'exorcisme « pour la première fois en Occident, assure Jacques Lebrat qui, avec Yves Créhalet, assure le commissariat de l'exposition. Ces objets n'étaient pas connus il y a une vingtaine d'années, malgré une existence ancestrale. »
    Tirés de collections privées, les masques datent pour les plus anciens de l'époque Ming, « mais, poursuit Jacques Lebrat, le Nuo est une tradition qui remonte à l'antiquité ». Depuis ces temps reculés, et peut-être même bien avant, les Chinois se sont attachés, lors de céré- monies, à convoquer les dieux, incarnés par les masques, pour faire fuir les mauvais esprits. Nuo signifie d'ailleurs « expulsion des démons ». Jacquemart-André convoque donc de malfaisantes figures, mais aussi des personnages aussi bienveillants que laids. Ainsi Xiao Gui, le petit démon, peut ricaner. Il devra quand même côtoyer une cohorte de bons dieux. Aux côtés du juge Bao aux traits sévères et aux décisions justes, on croise Lei Gong, ce dieu du tonnerre qui, malgré sa tête de poulet, est capable de purifier le monde par un déluge dévastateur, ou encore le rigolard Ji Gong. Ce bonze fou, capable de miracles, est un soiffard insolent et exhibitionniste.
    Au fil des siècles, le Nuo est parvenu à absorber les influences taoïstes, bouddhistes et a survécu malgré la Révolution culturelle. Ainsi, explique Jacques Lebrat, « il existe encore des cérémonies. Le Nuo est toujours vivant ».
    Jusqu'au 26 août, 158, boulevard Haussmann, 75008 Paris. Tél. : 01 45 62 11 59. www.musee-jacquemart-andre.com
  • Catégories : La culture

    Culture:Un ténor de la contre-modernité:Joseph de Maistre

    medium_de_maistre.jpg
    JACQUES DE SAINT-VICTOR.
     Publié le 03 mai 2007
    Actualisé le 03 mai 2007 : 11h43

    Joseph de Maistre - Les oeuvres de ce penseur de la contre-révolution restent un précieux viatique pour temps de désenchantement.

    PEUT-ON encore lire Joseph de Maistre ? Y a-t-il pensée plus anachronique que celle de ce ténor de la contre-révolution théocratique ? Notre société est laïque et il penche, dans Du Pape (1819), pour une Europe chrétienne, dirigée par le successeur de Pierre. Notre monde occidental croit dur comme fer aux droits de l'homme et au message universaliste ; il s'en moque, ayant, dans ses Considérations sur la France (1797), cette remarque célèbre : « J'ai vu dans ma vie des Français, des Italiens, des Russes, etc., je sais même, grâce à Montesquieu, qu'on peut être persan : mais quant à l'homme, je déclare ne l'avoir rencontré de ma vie. » La France actuelle s'étourdit au vent fort du libéralisme marchand, d'origine protestante et anglo-saxonne, dont John Locke est le père spirituel. Maistre regarde le protestantisme comme le « dissolvant universel » et balaye d'un revers de main la pensée de l'Anglais en y flairant cette « odeur de magasin » qui annonce le triomphe de M. Homais. La France est républicaine et il est monarchiste, elle est hédoniste et il est dévot, elle cultive les émotions humanitaristes et il aime les héros de la « charité silencieuse ». Bref, rien de plus inactuel que ce penseur savoyard, héritier de l'illuminisme maçonnique du XVIIIe siècle - celui de Saint-Martin -, précipité dans un siècle de terreur et de sang.
    Lu par Cioran et Steiner
    Et pourtant, Joseph de Maistre continue à susciter de l'intérêt au-delà du quarteron moribond des derniers nostalgiques de la contre-révolution, même dans sa plus haute version littéraire (Barbey, Baudelaire). Car le style de Maistre, avec son remarquable talent pour les paradoxes et les oxymores, en fait un auteur plus que stimulant. Cioran, dans un texte célèbre, disait lire son oeuvre comme un « révulsif ». George Steiner voyait même en lui une sorte de prophète sombre, ayant su percevoir l'impuissance de la raison et la solitude postmoderne, précédant au fond, dans sa critique de la pensée sèche des secondes Lumières, la remarquable analyse critique de l'école de Francfort, celle d'Adorno et Horkheimer.
    Il y a chez Maistre des traits cruels ou accablants qui sont le fruit même de sa plume subtile et antimoderne et qui le porte aux excès. Son traditionalisme, qui a beaucoup contribué à l'ignorance hexagonale de la pensée anglaise, celle du libéralisme traditionaliste d'un Burke ou d'un lord Acton, a fourvoyé une bonne partie de la droite française d'avant 1945 dans l'antiparlementarisme et le sectarisme, celui de l'Action française. Son délire mystique, qui lui fait rompre sur certains points avec le dogme officiel, notamment dans son goût du sacrifice qu'il puise chez Origène, surprend largement, même si c'est justement par les aspects les plus tortueux de sa pensée antinomique qu'il résonne aujourd'hui avec beaucoup de force. Il développe ce thème magnifiquement lucide du sacrifice des innocents et du salut des coupables dans un texte méconnu, intitulé Éclaircissement sur les sacrifices.
    C'est peut-être là un des aspects les plus méconnus du personnage que met très bien en valeur la nouvelle édition des oeuvres de Maistre établie par les soins de Pierre Glaudes, qui avait déjà édité le Journal de Léon Bloy pour la collection «Bouquins». Il ne s'agit pas d'une oeuvre complète, mais d'un choix fort bien établi. On y trouve, à côté des oeuvres classiques, comme les Soirées de Saint-Pétersbourg, les Considérations ou l'Essai sur le principe générateur des constitutions, des textes peu connus qui offrent une approche légèrement différente de l'auteur *.
    Un précieux viatique
    Ainsi, outre ce texte sur les sacrifices, on peut lire avec profit l'étrange ouvrage inachevé et intitulé : Six paradoxes à madame la marquise de Nav... À ceux que ne laissent pas d'étonner aujourd'hui le goût du public pour certains auteurs très médiocres, il faut conseiller les réflexions du cinquième paradoxe, au sous-titre éloquent : « La réputation des livres ne dépend point de leur mérite », où Maistre explique fort bien pourquoi chaque époque ne peut que passer à côté des Stendhal. « Mille circonstances totalement étrangères au mérite d'un livre en font la réputation. »
    Lisons Maistre pour mieux comprendre les illusions de chaque époque. Sa lecture conduit, en tout point, au même constat que sa politique : les hommes étant ce qu'ils sont, et très peu lisant, il est fort peu probable qu'ils ne changent jamais un jour. Qu'importe... Au moins reste-t-il ce style, aristocratique et brillant comme un diamant tant il « paraît couper », disait Barbey, et qui fait de l'oeuvre de ce « soldat animé de l'esprit saint » un précieux viatique en ces temps de désenchantement.
    * À souligner aussi un très utile dictionnaire établi avec la collaboration de Jean-Louis Darcel et Jean-Yves Pranchère, deux éminents « maistriens ».
  • Catégories : Des expositions, L'art, Le Maroc:vie et travail

    Autres artistes vus hier après-midi à Casablanca(Maroc)

    -Philippe Picquart à la galerie Zénitude jusqu'au 31 mai (déjà vu avant au Comptoir du Saumon). A découvrir sur son site:http://www.memoiresurbaines.com/

    -Housbane (Saïd), exposé il y a quelques temps au Carrefour des Arts.

    medium_allamma_1137897_sh14H5.jpg

    http://www.artmajeur.com/?go=see&image_id=1137897

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    - A la galerie du Chevalet, espace des arts,(déjà évoqué ici:  http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2007/04/16/belyasmine-el-mostafa.html)

    beaucoup d'artistes dont Belyasmine déjà évoqué ici(http://www.lauravanel-coytte.com/archive/2007/04/16/belyasmine-el-mostafa.html)

  • Les berges du Rhône rendues aux Lyonnais

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    De notre correspondant à Lyon FRÉDÉRIC POIGNARD.
     Publié le 09 mai 2007
    Actualisé le 09 mai 2007 : 07h44

    Parking à voitures depuis des années, les berges offrent dès ce matin cinq kilomètres de flânerie. Illustrant la méthode de la municipalité de gauche, qui veut convaincre sans contraindre.

    C'EST Lyon-plage toute l'année. Un ruban de prairie égayée d'herbes folles remplace les pots d'échappement sur la rive gauche du Rhône dans toute la traversée de Lyon. Depuis un mois, avant même l'inauguration aujourd'hui du nouvel aménagement des berges, le succès populaire de la promenade dominicale est venu apporter un cinglant démenti aux opposants au projet.
    Jusqu'à deux mille voitures stationnaient jusqu'alors, laissant un maigre espace aux joggeurs, seuls à s'aventurer sur ce no man's land de bitume. Les véhicules qui avaient pris leurs habitudes en ces lieux, dès les années 1950, seront désormais garés dans des parkings souterrains construits à proximité.
    Colonies de castors
    Ce chantier des berges, dont le coût s'élève à 44 millions d'eu­ros, est le projet phare de la municipalité qui voulait que la ville se réapproprie ses deux fleuves. L'aménagement des berges permet un embellissement du site en faisant redécouvrir une nouvelle perspective de la ville, marie une diversité de fonctions ludiques au fil des différentes séquences d'espaces qui courent sur cinq kilomètres, du parc de la Tête d'Or, au nord, à celui de Gerland, au sud. Une partie a même été préservée à l'état naturel : on peut y observer, la nuit venue, des colonies de castors qui ont élu domicile en plein centre-ville.
    Cet aménagement permet ­aussi de présenter « une nouvelle philosophie de la ville, une am­biance familiale et apaisée », se ­félicite Gérard Collomb, où piétons et modes de déplacement doux comme le vélo et le roller ont reconquis l'espace auparavant entièrement dévolu à la voiture.
    Des choix différents de Paris
    Depuis le début de la mandature, le sénateur et maire PS de la ville s'est appliqué à convaincre ses élus écologistes de ne pas entrer dans un système d'éradication de la voiture. Quand Bertrand Delanoë, à Paris, construisait des murets séparateurs et élargissait les couloirs de bus, Lyon déve­loppait ses lignes de tramway. Aujourd'hui, une grande radiale court depuis l'Est lyonnais vers le quartier d'affaires de la Part-Dieu, ponctuée de parkings relais à ­chaque station périphérique. Le temps de parcours sur l'itinéraire est deux fois plus rapide qu'en voiture. En collaboration avec la SNCF, le conseil général et le conseil régional, l'agglomération lyonnaise pré­pare un réseau express qui cadencera les trains de Mâcon à Vienne.
    Dans le centre de Lyon, la vitesse a même été abaissée à 30 kilomètres par heure pour pacifier la circulation au regard du nombre croissant de vélos. Des vélos en partie mis à dispo­sition par l'agglomération lyonnaise et dont l'installation des bornes de location a contribué à réduire le nombre des places de stationnement pour les voitures. Il y a deux ans, l'extension des zones de stationnement payant dans plusieurs quartiers avait provoqué un vif mécontentement des automobilistes.
  • Catégories : Les polars

    Polar à lire: Mo Hayder, "Pig Island"

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    L'ange du noir

    par Delphine Peras

     Cette charmante Anglaise est devenue la reine des thrillers macabres. Elle récidive avec le saignant Pig Island. Portrait d'une romancière fascinée par l'horreur.

    Comment une jolie femme à l'allure si frêle, presque angélique, peut-elle écrire des romans si durs? Comment Mo Hayder - un nom de plume délibérément androgyne - 44 ans à peine, peut-elle concevoir des polars si torturés? Dans le premier, Birdman, paru en 2000, un maniaque sexuel éventrait ses victimes et les farcissait d'un petit oiseau vivant, avant de recoudre le tout. Publié deux ans plus tard, L'Homme du soir remettait en scène l'inspecteur Jack Caffery pour l'embarquer dans une effroyable histoire de pédophilie. Plus original encore, le scénario de Tokyo, grand prix des Lectrices de Elle en 2006, s'inspirait du massacre de la ville chinoise de Nankin, perpétré par les forces japonaises en 1937.

    Et voilà qu'avec Pig Island, son nouveau thriller, l'Anglaise imagine les agissements démoniaques d'une secte habitant un îlot perdu, au large des côtes occidentales de l'Ecosse, où le précédent propriétaire élevait des porcs. Entre la rumeur d'une mystérieuse créature, mi-homme, mi-bête, filmée sur l'île par un touriste éméché, et l'odeur pestilentielle de cadavres (d'animaux ou d'humains?) que la mer apporte, un journaliste d'investigation ultracartésien, Joe Oakes, veut en avoir le cœur net. Le lecteur, lui, l'a vite au bord des lèvres, tant Mo Hayder excelle à créer une atmosphère morbide, pesante, incertaine. Ici, le pire semble toujours sûr.

    Pas de message, juste divertir
    «L'horreur me fascine peut-être parce que, enfant, j'ai été très protégée par ma mère», avance la romancière d'une voix douce. «Mais j'ai quitté mes parents à l'âge de 15 ans et j'ai pas mal roulé ma bosse, multiplié des expériences assez dures.» Autrement dit une jeunesse très sexe, drogue et rock'n'roll, où les excès seront fatals à certains de ses amis. «Ce qui m'a fait comprendre combien la violence et la mort font partie de la vie.» Tour à tour vigile dans un collège de Brixton, où frayaient des dealers, étudiante aux Etats-Unis, hôtesse de bar à Tokyo, Mo Hayder finira par trouver la sérénité dans sa maison de Bath, charmante ville historique proche de Bristol, où elle vit aujourd'hui avec son mari, Keith, et leur petite fille de 5 ans.

    Pas question pour autant de retenir son inspiration terrorisante. «Pour Pig Island, j'ai commencé avec le témoignage d'une amie infirmière psychiatrique: elle m'avait parlé d'une malade mentale en proie à un délire sataniste, dont le corps était couvert de cicatrices.» L'expérience d'un oncle, professeur à Cambridge avant de rejoindre un groupe d'illuminés, lui a également servi. «Il était très ami avec l'illusionniste Uri Geller. J'ai donc grandi en sachant pertinemment ce qu'était une secte. Et je suis sans doute la seule personne que les scientologues n'ont pas voulu convertir!» Pour autant, Mo Hayder se défend de vouloir faire passer un quelconque message. «J'écris d'abord pour divertir. En fait, j'écris ce que j'aimerais lire.» Non sans prendre un malin plaisir à égarer le lecteur. D'où le grand soin qu'elle apporte à la construction de ses livres, machiavélique, souvent à plusieurs voix, étayée par un style à la fois énergique et très personnel. «Je connais la fin dès le début. Je fais en sorte qu'elle remette en question tout ce qui précède. Je voudrais qu'une fois le livre terminé mon lecteur se sente obligé de le relire entièrement à la lumière du dénouement.» De l'art d'éblouir avec des cauchemars... Assurément, Mo Hayder est une rareté.


     Pig Island
    Mo Hayder
    éd. PRESSES DE LA CITE
    Trad. de l'anglais par Hubert Tézenas.

    390 pages
    20 €
    131,19 FF


    http://livres.lexpress.fr/portrait.asp/idC=12743/idR=5/idG=4


     
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  • Sur la piste de Corto

    par Tristan Savin
    Lire, mai 2007

    De notre envoyé spécial à Addis-Abeba et Djibouti

     Hugo Pratt a vécu son adolescence en Ethiopie, alors appelée Abyssinie. Il y envoya plus tard son héros Corto, dont les traces se mêleront à celles des écrivains qui sillonnèrent la région: Rimbaud, Henry de Monfreid et Dino Buzzati. Les éthiopiques sont le fruit de tous ces souvenirs, avec Les Scorpions du désert, série inspirée par les bourlingues du Vénitien à Djibouti. Lire est parti sur ces traces encore chaudes. Entre Nil Bleu et mer Rouge, les plateaux hantés par les nomades Danakils offrent des paysages que Pratt aimait dessiner: désert volcanique où sévissent les pirates, montagnes pelées où se cultive le qat (plante aux vertus hallucinogènes de la Corne de l'Afrique), brousse où rôdent les hyènes dès la nuit tombée... Un siècle après Corto, l'aventure est toujours au rendez-vous.

     

    La gare de Dirédaoua.
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    La voiture a pris feu. Depuis plusieurs jours, nous attendons une pièce de moteur. Le guide a disparu. Rançonnés en chemin par des Oromos, nous n'avons plus assez de birrs, la monnaie locale, pour prendre la route du retour. Scènes de la vie quotidienne. Un homme se rase dans un rétroviseur. Une gamine pousse une roue de vélo. Une mère porte sa fillette fesses nues, en menant un troupeau de chèvres. Un petit voleur pleure face à deux policiers. Un mendiant salue. Des automobilistes s'insultent. De sa baguette, un garçon dirige un défilé imaginaire de canards. Un homme crache. Une femme rit. Une jolie Amhara laisse admirer ses mollets. Il se met à pleuvoir et les chèvres s'agglutinent contre les murs peints. Ce soir, la rue appartiendra aux chats et aux chiens.

    Cortographie de l'Abyssinie
    Pour les Ethiopiens, chrétiens orthodoxes, nous sommes encore en 1999. Le calendrier amharique n'est pas grégorien, mais julien. L'horloge ne marque pas non plus les heures occidentales. Quand on croit se lever à six heures, il est en fait une heure. L'Abyssinien vit à une autre époque, mais toujours au rythme du soleil. Ironie de l'histoire, le colonisateur de la Corne de l'Afrique, Soleillet, qui fut l'ami et associé de Rimbaud, est mort d'une insolation.

    Parfait connaisseur du pays, où il vécut de 1937 à 1943, soit de dix à seize ans, et dont il parlait la langue, Hugo Pratt a su jouer dans son œuvre avec les nombreux signes que renvoie le berceau de l'humanité (les ossements de Lucy furent retrouvés ici, au nord du lac Abe), avec l'errance qu'il génère, les dates qui s'y télescopent. Il le sait, depuis Lawrence d'Arabie, une partie de l'Histoire s'y trame en coulisse... L'Abyssinie et ses ports d'accès sont au carrefour des mondes arabe et africain, chrétien et musulman, lieu géostratégique toujours aussi convoité, sur la route du canal de Suez à l'océan Indien: la Légion étrangère (qui fascina Pratt) s'entraîne encore à Djibouti, les forces américaines pilonnent Mogadiscio, Aden fournit des terroristes et les Emirats arabes influencent la politique régionale à coup de pétrodollars. Fils de militaire, devenu lui-même le plus jeune soldat de l'armée italienne à l'âge de treize ans, Hugo Pratt s'est naturellement intéressé aux campagnes africaines menées par les puissances européennes.

    Corto Maltese débarque dans la région en 1916, au moment où les Britanniques contrôlent la Somalie et le Soudan, les Turcs, le Yémen, et les Allemands, le Kenya, alors appelé Afrique orientale. Son aventure débute à Aden et se poursuit à Harar. Car le parcours de Corto suit celui d'un autre aventurier, Rimbaud. Le marin sans bateau connaît ses classiques: Henry de Monfreid emprunta la même piste, voie de tous les trafics, entre Yémen et Abyssinie. Singeant l'auteur d'Une saison en enfer, le Maltais se déguise en mahométan. Pratt ne laisse rien au hasard: les premiers mots des Ethiopiques sont ceux d'une sourate intitulée «Le soleil de la matinée». Le lecteur comprend, au fil de l'histoire, que le personnage essentiel n'est pas Corto mais un Dankali du nom de Cush. Ce guerrier nomade porte le poignard traditionnel au bras, le fusil sur les épaules à la manière des bergers et mâche en permanence un brin d'herbe - probablement du qat. Son nom s'éclaire quand on apprend que l'afar et l'issa sont des langues couchitiques. Partir sur les traces de Corto, c'est donc tout naturellement aller à la recherche de Cush, de son peuple et de ses coutumes ancestrales... Et plonger dans l'adolescence d'Hugo Pratt, qui déclarait avoir découvert l'émancipation grâce à un Abyssin nommé Brahane, domestique dans la maison familiale: «C'était un Ethiopien splendide, qui avait eu le temps de faire la guerre contre les Italiens et qui maintenant devait faire le serviteur...»

    Jean-Claude Guilbert, marié à une belle Amhara, vit à Addis-Abeba. Ce grand reporter devenu écrivain fut l'ami de bourlingue d'Hugo Pratt pendant quinze ans, jusqu'à sa mort. Ils sillonnaient ensemble la Corne de l'Afrique, traquant les Scorpions du désert et les souvenirs littéraires: «Dans la capitale, il ne reste aucun bâtiment de la période italienne, à l'exception du théâtre et d'une église. A Entotto, le quartier où vécut Hugo a été rasé, ainsi que le lycée Vittorio Emanuele III où il étudiait. Pour retrouver les lieux qu'il fréquenta, il faut se rendre à Dirédaoua et à Harar, au nord-est...» Au mur du bureau dans lequel le Français rédige un guide Corto consacré au pays, une carte localise la faune éthiopienne: panthères et lions aux confins de la Somalie, girafes aux frontières du Soudan et du Kenya, crocodiles des lacs Tana et Abaya, singes et hyènes un peu partout... «Le plus grand danger, ce sont les hommes», prévient Getaoun, le chauffeur et interprète amhara auquel Guilbert nous confie: «On ne peut jamais rouler de nuit, à cause des pillards. Ici, une vie ne vaut rien.»

    Nomades' land
    On rencontre parfois des Ethiopiens d'origine italienne. A Nazret, un garagiste du nom de Ricardo Pipinno peut vous sauver la vie en réparant une ceinture de sécurité que personne ne parvenait à débloquer. Envahi par les troupes mussoliniennes en 1935, le pays conserve des traces de l'occupation: dans la langue nationale, l'amharique, «au revoir» se dit ciao! Et la machina désigne une voiture. Quant aux lions du zoo d'Alameya, ils sont nourris avec des spaghettis.

    En arrivant à la hauteur du parc naturel d'Awash, on croise des Karayous, bergers nomades armés de fusils automatiques. «Ils les ont obtenus du gouvernement pour protéger leurs troupeaux contre les lions», explique Getaoun. On en fait parfois un autre usage, comme nous l'apprendrons bientôt à notre détriment. L'aventure commence à midi, à trois cents kilomètres de la capitale, en pleine savane. De la fumée envahit subitement la cabine de notre Toyota. Le moteur est situé... entre nos sièges. Ancien fakir, Getaoun n'a pas peur des flammes: il en a craché pendant un an dans un cirque italien. Il maîtrise l'incendie grâce aux provisions d'eau. Trois heures durant, il tente de réparer les dégâts. En vain. Nous sommes en territoire oromo. Des jeunes filles sorties de nulle part s'approchent pour assister au spectacle. Elles portent les cheveux en tresses et des bijoux de fines perles bariolées. Dans leurs yeux sombres brillent des pupilles de lynx. L'une d'elles a les dents limées en pointes. Les plus téméraires réclament de l'eau. Une bouteille vide les contente. Rien ne se perd. Sauf l'eau de notre moteur. Nous abandonnons le véhicule à la garde de trois adolescents oromos. Une voiture de passage nous rapatrie sur Awash, entassés, musique à fond, avec quatre poules dans le coffre et un revolver dans la boîte à gants. Notre sauveur est un petit trafiquant de qat. Ça rapporte plus que le café -, qui tient son nom de la province de Kaffa, dans les montagnes du Nord-Ouest. «Les Vénitiens introduisirent le café éthiopien en Europe via la ville yéménite de Moka», aimait rappeler Pratt.

    Arrivés au garage d'Awash, nous apprenons que la dépanneuse envoyée à notre secours s'est fait tirer dessus. Trois impacts en attestent, sur le rétroviseur et la carlingue, à quelques centimètres du volant. «Deux Issas», raconte le conducteur, impassible. Et modeste. C'est à Getaoun que l'on doit les détails: «Les bandits étaient embusqués dans un virage. Quand il les a vus armer leurs fusils, il a foncé sur eux pour les mettre en fuite. Ils ont tiré après son demi-tour. Le plus inquiétant, c'est qu'ils attaquent désormais en plein jour... On doit garder les yeux ouverts en permanence.»

    Tristes éthiopiques
    Après les heures passées en plein soleil, le Buffet de la gare d'Awash (en français dans le texte) est un havre de paix. Il s'agit d'une auberge historique, construite par les Français en même temps que la gare, au début du XXe siècle, sur la ligne Addis-Djibouti. Mais les attaques de trains, paraît-il fomentées par des politiciens propriétaires de camions, ont transformé les lieux en gare fantôme. «Hugo Pratt a séjourné ici il y a une quinzaine d'années», raconte madame Kiki, la propriétaire octogénaire, d'origine grecque. «Je m'en souviens car il avait insisté pour avoir la suite présidentielle, dans laquelle avait dormi l'empereur Hailé Sélassié. Il faisait des dessins de la gare.» Le lendemain, au lever du soleil, nous retrouvons notre voiture où nous l'avions laissée. Mais ses gardiens sont désormais au nombre de sept. Trois d'entre eux exhibent leurs fusils. Nous leur proposons des cigarettes. «Nous ne fumons pas», répond leur chef. Des biscuits? «Nous ne mangeons que ce que nous connaissons.» Ils réclament de l'argent. Les mécaniciens qui nous accompagnent commencent à négocier en langue oromo. Le ton monte. «Salam!» crie le plus jeune, tout en poussant notre interprète aux épaules. Il faut sortir des billets! Une fois payés - l'équivalent d'un mois de salaire moyen -, les Oromos regagnent la route, sans un mot. «Si nous n'acceptions pas, ils nous tuaient sans hésiter», assure Getaoun, avant de conclure: «Ici, avec une arme à feu, tu as le pouvoir, donc l'argent.» Pour parvenir à Dirédaoua, il faut franchir de hautes montagnes où se cultivent le café et le qat. Les villages sont composés de maisons de terre au toit de tôle ou de simples paillotes. Les femmes portent d'éclatantes tuniques vertes, rouges ou bleues. A sept heures de route de la capitale, la deuxième cité du pays fut construite en 1885 autour d'une importante gare. On doit, paraît-il, à Rimbaud l'idée du tracé de la voie ferrée, celle-ci ne pouvant pas passer par Harar à cause du relief. De style méditerranéen, la ville aux murs colorés mélange les ethnies: Amharas, Oromos, Somalis... On y circule en bajaj, sorte de tuk-tuk importé d'Inde. Diffusés par haut-parleurs, les prêches des églises orthodoxes rivalisent en volume sonore avec l'appel à la prière du muezzin.

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    L'ancien directeur de la poste, Kabou, nous présente Alemayihu, responsable du bureau culturel et historien passionné par Henry de Monfreid, qui vécut de 1923 à 1938 à Dirédaoua: «Après avoir vendu douze tonnes de haschisch, Monfreid a investi dans la construction d'une usine électrique. C'était peut-être aussi un entrepôt d'esclaves car on a retrouvé des anneaux d'acier scellés dans les murs de la cave...» L'intellectuel éthiopien nous fait visiter l'immense bâtiment de pierre, de style colonial, aujourd'hui à l'abandon. Un obus a emporté un pan de mur lors de la guerre avec la Somalie: «Pour les habitants, la maison est hantée...» Elle l'est pour d'autres raisons: Hugo Pratt y a rencontré Henry de Monfreid, une connaissance de son père, quand il avait onze ans. Est-ce pour cela que Corto Maltese a la silhouette de l'aventurier français devenu écrivain? Il a aussi l'ironie de Rimbaud. Et la nostalgie d'Hugo Pratt. Ce dernier est involontairement retourné à Dirédaoua en 1942, quand son père fut arrêté par les Britanniques, qui venaient de libérer Addis-Abeba. L'adolescent se retrouve dans un camp de prisonniers, en compagnie de sa mère. La petite prison, construite par les Italiens, se trouve désormais dans les jardins d'un lycée. On l'a transformée en bibliothèque, pied de nez de l'histoire qui aurait plu à Hugo. Un autre hasard l'aurait amusé: selon Alemayihu, Monfreid, accusé de trafic d'armes par les Anglais, fut lui-même emprisonné ici, avant d'être envoyé au Kenya. L'historien nous apprend que l'auteur des Secrets de la mer rouge avait également un bungalow à Arowe, sur les hauteurs de Harar.

    Pour boucler cet itinéraire éthiopien, il faut donc se rendre dans la cité mythique découverte par l'explorateur Richard Burton, traducteur des Mille et une nuits. A deux heures de route de Dirédaoua, Harar est une ville fortifiée dans laquelle on pénètre en empruntant une porte. Les étroites rues de terre aux murs de pierre plongent le voyageur dans une atmosphère médiévale, proche de la cour des miracles. Etape obligatoire, la «Maison de Rimbaud» est un palais de bois construit par un négociant indien à l'emplacement où vivait le poète, mais dans une cahute de terre et de branchages. En contrebas de la ville, nous visitons le cimetière européen, à la recherche de la tombe de Rolando Pratt, sur l'emplacement de laquelle des doutes subsistent. Le père d'Hugo décéda d'un cancer du foie en 1942, sur la route de Dirédaoua à Harar. Sur ce même trajet, Rimbaud tomba de cheval, accident à l'origine de son amputation, puis de sa mort. Le gardien du cimetière, Leonis, travaille ici depuis quarante-trois ans: «Il reste une seule tombe de soldat italien», affirme-t-il, en désignant un monticule de terre et de cailloux surmonté d'une croix, sans nom ni plaque. «Rolando ne peut être qu'ici. Les autres dépouilles ont été rapatriées par les autorités italiennes en 1974.» Hugo Pratt avait tenu à ce que son père continue de reposer à Harar et prétendait avoir retrouvé sa sépulture dans le cimetière musulman de la ville. Mais ses héritiers n'ont jamais réussi à la localiser. A-t-il brouillé les pistes ou le gardien se trompe-t-il? Il faudrait exhumer la bouteille de verre dans laquelle doivent figurer un matricule et une date. «Chaque pierre d'Ethiopie cache un mystère», disait Pratt.

    Sur la route des Scorpions
    Pour mieux comprendre la mythologie personnelle d'Hugo Pratt, poursuivons le voyage à Djibouti. Son ancien nom, «Territoire des Afars et des Issas», correspondait plus à la réalité: les uns viennent d'Ethiopie, les autres de Somalie. «C'est à Djibouti que l'on rencontre le plus de Danakils (pluriel de Dankali), ancien nom des Afars, qui proviennent d'une région à la frontière de l'Ethiopie et de l'Erythrée», explique Jean-Claude Guilbert.

    Les paysages volcaniques djiboutiens annoncent le «désert des déserts» de la péninsule arabique. On y mange yéménite et la présence française évoque l'Algérie saharienne. Mais la plaque de la place Rimbaud a disparu après l'indépendance... Une route rongée par le sel des caravanes mène de la capitale au lac Assal, point le plus bas d'Afrique (153 mètres en dessous du niveau de la mer). «Avant la guerre de 1991, cinq cents caravaniers partaient chaque jour d'ici, pour gagner la frontière éthiopienne, à trois jours de chameau», raconte Houmed, un guide afar. Henry de Monfreid empruntait régulièrement cette piste, ses cargaisons d'armes cachées sous du sel. Joseph Kessel et Albert Londres, qui enquêtaient sur les trafiquants d'esclaves, se sont rendus ici. Hugo Pratt a accompli le pèlerinage en compagnie de son ami Guilbert, quelques années avant de disparaître. Plus à l'est, le petit port de Tadjoura, longtemps relié à Zanzibar et à Aden, conserve le souvenir de Rimbaud: une association financée par Jean-François Deniau a reconstruit la maison du poète, qui y attendit un an le roi Ménélik, auquel il destinait des fusils. A l'entrée de la ville, une auberge a pris le nom de Corto Maltese. Ahmed Ali, l'un des propriétaires, en a eu l'idée après avoir rencontré Hugo Pratt: «Il a séjourné ici en 1991. Il aimait sortir en mer sur un boutre et faisait beaucoup de dessins. Il nous a marqués car il parlait plusieurs langues: français, anglais, arabe, amharique. Il connaissait même des mots d'afar! Pour me remercier de l'avoir aidé à se rendre à Obock (ville où résida Monfreid, plus au nord le long de la côte, NDLR), il m'a offert un album des Scorpions du désert...»

    Rendus célèbres par la série de Pratt, les Scorpions du désert, ces commandos militaires, surveillaient les frontières il y a encore quelques années, avant d'être remplacés par les Forces d'assaut djiboutiennes. Le guide afar nous emmène à leur rencontre, bien que les postes frontières soient interdits d'accès. En route, Humed détaille quelques coutumes des nomades afars, donc danakils: «On lime encore les dents des enfants avec une pierre. A quinze ans, on apprend à égorger un dromadaire. Mais sa viande est réservée aux hommes.» Après la traversée en 4 x 4 du désert du Grand Bara, où s'entraîne la Légion étrangère, voici le poste d'Assamo, qui surveille la frontière éthiopienne. Construit par les Français dans les années 1950, au sommet d'une colline, il correspond précisément au fort Bastiani décrit par Dino Buzzati dans Le désert des Tartares. Assamo a peut-être inspiré le grand écrivain italien, qui fut correspondant de presse à Djibouti. A moins que ce ne soit le poste de Guistir, à trois heures de route d'ici, dans un paysage de basalte. Sa situation, aux trois frontières (il faut y ajouter celle avec la Somalie), fascinait Hugo Pratt. Nous parvenons à photographier le fort discrètement, surveillés par une sentinelle du haut de la tour. Mais, une heure plus tard, nous voici arrêtés par un caporal des Forces d'assaut. Il nous conduit au poste d'Ali Adé pour un interrogatoire. Notre chauffeur plaidera pendant deux heures la cause du touriste perdu dans le désert. Sur la route du retour, au moment où le soleil se couche, on peut enfin apercevoir l'image que l'on venait chercher: la silhouette gracile d'un Dankali, un bâton de berger négligemment posé derrière la nuque et maintenu dans le creux des coudes. Exactement dans l'attitude de Cush.


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  • Catégories : Balades, La littérature

    Plusieurs publications saluent l'anniversaire de la parution de "La ballade de la mer salée", premier roman dessiné, il y a quarante ans. Voici la sélection de Lire pour mieux connaître Pratt et son œuvre

    medium_lire_corto.jpgpar Tristan Savin
    Lire, mai 2007

     La corthothèque idéale.

    Les albums Corto Maltese
    On compte douze albums officiels des aventures du marin, tous publiés par Casterman. Certains ont par la suite été réédités en couleur, sous couverture rigide.

    La ballade de la mer salée
    La jeunesse (de Corto Maltese)
    Sous le signe du Capricorne
    Corto toujours un peu plus loin
    Les celtiques
    Les éthiopiques
    Corto Maltese en Sibérie
    Fable de Venise
    La maison dorée de Samarkand
    Tango
    Les helvétiques

    A noter: les albums Suite caraïbéenne et Sous le drapeau des pirates reprennent les épisodes de Sous le signe du Capricorne. Publiés récemment, Lointaines îles du vent et La lagune des mystères rassemblent également des épisodes déjà publiés sous d'autres titres: Corto un peu plus loin et deux histoires extraites des Celtiques. Par ailleurs, l'intégrale des épisodes est en cours de publication dans une collection en petit format couleur, Pratt en poche. Neuf sont déjà disponibles. Pour ceux qui resteraient allergiques au dessin, Denoël a publié une version en roman de La ballade de la mer salée et une autre de Corto Maltese en Sibérie: Corto Maltese et Cour des mystères (disponibles en Folio).

    Autour de Corto
    - Corto Maltese, Mémoires: toute la saga de Corto, à partir de 1887. Sous forme d'album, une excellente introduction à l'œuvre, signée par le prattologue Michel Pierre. Galerie de portraits, itinéraires vagabonds, thématiques et «grands hommes» à l'influence reconnue: Hemingway, Gauguin, Conrad...
    - Les femmes de Corto Maltese: ce beau livre rend hommage au sexe faible, pour lequel Hugo Pratt avait un faible certain. L'occasion de retrouver l'ensemble de ses héroïnes, pleines de caractère, et de savourer l'érotisme discret du trait du «maître», qui influença toute une génération de dessinateurs, à commencer par Milo Manara.
    - De l'autre côté de Corto: une biographie complète d'Hugo Pratt, résultat de plusieurs années d'entretiens, richement illustrée de dessins inédits.
    - Les balades de Corto Maltese: des guides de voyage illustrés par Hugo Pratt, on ne peut rêver mieux! Les lieux sont cortésiens en diable et la plume reste alerte. Déjà disponibles: Venise et Armoriques (Bretagne), en attendant l'Ethiopie. (Tous chez Casterman.)

    L'autre versant d'Hugo Pratt
    Pratt, ce n'est pas seulement Corto Maltese et cet aspect moins connu du grand public ne doit surtout pas être sous-estimé... La série la plus célèbre, Les Scorpions du désert, réunit 3 volumes de la main de Pratt, les autres étant posthumes. Tout le génie du maître était déjà palpable dans ses œuvres de jeunesse, régulièrement rééditées: Ernie Pike (5 tomes), La macumba du gringo (Vertige Graphic), A l'ouest de l'Eden (Vertige Graphic), Ann de la jungle, Wheeling et Fort Wheeling (2 tomes), Jesuit Joe, Cato Zoulou, Dans un ciel lointain, Koinsky raconte... Dans ses derniers albums, Saint-Exupéry, le dernier vol et Morgan, Pratt est au sommet de son art.
    De plus, Hugo Pratt a écrit d'excellents scénarios pour deux albums dessinés par son ami Milo Manara: Un été indien et El Gaucho (Casterman).
    En dehors de la bande dessinée, notons enfin les beaux ouvrages littéraires illustrés par Hugo Pratt: Lettres d'Afrique d'Arthur Rimbaud, Sonnets érotiques de Giorgio Baffo et Poèmes de Rudyard Kipling (tous chez Vertige Graphic).

    Sur Hugo Pratt
    - En attendant Corto (Vertige Graphic): la vie et l'œuvre d'Hugo Pratt par lui-même, richement illustrée de dessins et de photos.
    - Le désir d'être inutile: entretiens avec Dominique Petitfaux (Robert Laffont). Un classique de la «prattologie», bourré d'anecdotes, de récits d'enfance et de voyages mais aussi de références littéraires.
    - Hugo Pratt, la traversée du labyrinthe de Jean-Claude Guilbert (Presses de la Renaissance): livre inclassable (comme son auteur, bourlingueur infatigable et écrivain prolixe), très personnel, à la fois récit de souvenirs d'un ami de longue date et essai érudit sur l'univers culturel d'un bibliophile aventurier, féru d'histoire.
    - Ethiopie. La trace du Scorpion de Jean-Claude Guilbert, Pierre Wazem et Marco D'Anna (Casterman): cet album cartonné de luxe est un récit de voyages en Abyssinie sur les traces d'Hugo Pratt, de Corto Maltese, de Rimbaud et des Scorpions du désert.
    - Corto Maltese. Littérature dessinée (Casterman): la preuve par l'image qu'Hugo Pratt travaillait comme un écrivain.

    À paraître:
    10 juillet: réédition de La ballade de la mer salée, en grand format, celui des planches originales.
    En septembre: septième aventure des Scorpions du désert. En octobre: deuxième tome des Périples imaginaires (encres et gouaches d'Hugo Pratt); cinquième tome d'Ernie Pike et Les recettes de Corto. (Tous chez Casterman.)

    Plus d'infos sur www.cortomaltese.com

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  • Catégories : CE QUE J'AIME. DES PAYSAGES, Livre, Saint-Tropez

    Michel Polac, "La vie incertaine"

    medium_polac.gifMes années Gallimard

    par Jérôme Dupuis

     Avant d'entamer sa longue carrière sur les ondes, l'animateur de Droit de réponse avait publié La Vie incertaine, un premier roman très autobiographique. A l'occasion de sa réédition, il se souvient de ses «fifties» et de sa - brève - aventure avec Françoise Sagan.

    Il extirpe délicatement le volume de la bibliothèque du merveilleux appartement parisien où il vient de s'installer. A travers une treille de glycines en fleur, on aperçoit en contrebas le Jardin des Plantes. Sous les fenêtres, donc, les braiments incongrus d'un baudet du Poitou. L'ouvrage exhumé est une rareté: parue en 1956 sous la couverture blanche de Gallimard, cette Vie incertaine était signée par un jeune inconnu de 26 ans, Michel Polac. Sûr de son effet, le maître des lieux en extrait une feuille soigneusement pliée. «Grâce à ma cousine, Florence Malraux, j'ai pu obtenir les notes ultrasecrètes du comité de lecture de Gallimard à propos de mon roman.» L'une d'elles, signée d'un certain Albert Camus, prévenait: «L'auteur est à suivre de près: il est intelligent, direct et parfois émouvant.» Son autre parrain dans la maison s'appelle Jean Paulhan. «J'ai eu la grosse tête et j'étais persuadé d'avoir le Goncourt. Quel naïf j'étais! J'en ai vendu 700 exemplaires...»

    Un demi-siècle plus tard, alors que l'on réédite cette Vie incertaine, on retrouve Michel Polac, 77 ans, tel qu'en lui-même. Ne manquent que la pipe et la moustache - «Je l'ai coupée, on me confondait avec Bellemare...» Mais le foulard, les lunettes en demi-lune et, surtout, la voix doucereuse, la célèbre voix de Droit de réponse, sont toujours là. Cette réédition l'amuse. En effet, cette Vie incertaine est un peu plus qu'une curiosité: un petit roman fifties légèrement démodé, mais non dénué de charme. «Je l'ai écrit dans une cabane perdue, en Norvège, au-dessus d'un fjord enneigé, alors que je montais vers le cap Nord en 2 CV.»

    Comme tout premier roman, celui-ci est très largement autobiographique. Première clef: «Un jour où ma mère était absente, j'ai retrouvé une liasse de lettres d'amour signées d'un certain Bob. Elles coïncidaient avec la période où j'avais été conçu. Pourtant, mon père, un ancien Croix-de-Feu qui avait eu la bêtise de se déclarer comme juif et a disparu en fumée à Auschwitz, était une icône pour moi. Mais, en relisant les lettres de plus près, je me suis aperçu qu'elles étaient écrites par une... femme! C'était une entraîneuse de boîte lesbienne avec laquelle ma mère a eu une brève aventure.» Episode suffisamment troublant pour nourrir la quête des origines qui traverse La Vie incertaine.

    L'autre versant du roman épouse la vie vagabonde du jeune Polac, qui, à 18 ans, a pris la route, encore sous le choc de Travaux, un récit de Georges Navel, anar engagé aux côtés des républicains espagnols. Il exerce mille métiers: ouvrier dans une usine de serrures frigorifiques à Saint-Ouen, agent d'assurances au porte-à-porte, mousse sur un bateau de pêche à Cassis... Et puis, alors qu'il fait les vendanges à Béziers, un ami lui téléphone: «Rentre vite à Paris! Ton projet d'émission de radio a été accepté!»

    C'est le début - à 22 ans! - d'une deuxième vie, plus parisienne et littéraire. «J'ai commencé par monter En attendant Godot sur les ondes. A l'époque, Beckett était inconnu. Il m'a pris sous son aile et a toujours été extrêmement chaleureux avec moi.» Suit Le Masque et la plume, qu'il crée en 1955, et puis, donc, cette Vie incertaine. Mais son deuxième roman est sèchement refusé par une lettre type signée Gaston Gallimard. Un choc dont il ne se remettra jamais vraiment.

    Alors, ce grand séducteur se console dans les bras des femmes. Il y a prescription, on peut donc évoquer son aventure avec... Françoise Sagan! Le misanthrope bougon et le feu follet. «C'était en plein succès de Bonjour tristesse. On allait à Saint-Tropez. Je me souviens encore du déjeuner où Otto Preminger a signé le contrat pour l'adaptation du roman. Le problème, c'est qu'à l'heure où elle sortait en boîte j'allais me coucher et que, lorsqu'elle rentrait au petit matin, je partais me baigner. Cela ne pouvait pas durer...» Ainsi prit fin la - très - brève période jet-set de Michel Polac.

    Cet inlassable lecteur de Dostoïevski (son vieil exemplaire rafistolé des Frères Karamazov est toujours là, dans sa bibliothèque) lance alors des émissions de télévision - Bibliothèque de poche, Post-scriptum... - où il interviewe son idole, Witold Gombrowicz, à Vence, quelques mois avant sa mort, mais aussi Jean Renoir ou François Mitterrand. «le futur président parlait de Barrès, Chardonne, Cocteau, bref de ses goûts d'honnête notaire de province, mais de façon très guindée. Son secrétariat m'a appelé pour que nous fassions une seconde prise. Nous l'avons faite. Il était toujours aussi raide.»

    Polac aime se brouiller avec ceux qu'il a lancés
    Mais le critique littéraire Polac - aujourd'hui à Charlie Hebdo - n'aime rien tant que faire découvrir d'illustres inconnus aux Français. «J'ai défendu Cioran dès 1960. Il m'invitait chez lui à boire le thé, manger des petits gâteaux, et voulait tout savoir sur les coulisses de la télé. D'ailleurs, lorsque Droit de réponse a été déprogrammé, il a signé une pétition en ma faveur, ce qui m'a beaucoup touché.»

    Parmi les auteurs qu'il a largement contribué à lancer, citons John Fante, Luis Sepulveda, Marc-Edouard Nabe ou Michel Houellebecq. «Après mon compte rendu élogieux d'Extension du domaine de la lutte, nous nous sommes pas mal vus avec Houellebecq. Il est passé avec son épouse me saluer dans ma bergerie des Cévennes. Un soir, il m'a même entraîné dans une boîte échangiste de Cap-d'Agde. Je suis resté entièrement habillé et il me l'a reproché...»

    Car, par-dessus tout, fidèle à sa réputation, Polac aime se brouiller avec ceux qu'il a lancés: Nabe, Houellebecq et même Kundera, après un retentissant article, Kundera, go home!, où il conseillait au romancier d'origine tchèque d'écrire dans sa langue natale plutôt que directement en français! Il excelle - ou exaspère - encore aujourd'hui dans ce rôle de tonton flingueur, au côté de Laurent Ruquier, aux heures tardives du samedi soir sur France 2. Tapie et Doc Gynéco ont même quitté le plateau sous les assauts de cet atrabilaire. Il en sourit: «Oh, vous savez, moi, tant qu'on me laisse parler de littérature et réciter des poèmes coréens, même entre deux starlettes...»

    La Vie incertaine
    Michel Polac
    éd. Neige, Ginkgo

    258 pages
    15 €
    98,39 FF


    http://livres.lexpress.fr/portrait.asp/idC=12746/idR=5/idG=8

  • Catégories : CE QUE J'AIME. DES PAYSAGES, Des évènements, Saint-Tropez

    Les vieux gréements s'invitent dans les ports français

    medium_greements.jpg

    THIERRY VIGOUREUX.
     Publié le 09 mai 2007
    Actualisé le 09 mai 2007 : 08h01
     Saint-Tropez, Ajaccio et dans le golfe du Morbihan, les bateaux de caractère s'exhibent en mai. De spectaculaires joutes sont attendues sur l'eau, tandis qu'animations et spectacles assureront l'ambiance à terre.
    LA VOILE traditionnelle ne séduit plus seulement les bricoleurs passionnés. Elle attire désormais des foules de spectateurs, comme on le constatera à Saint-Tropez demain, puis dans le golfe du Morbihan et, à la fin du mois, à Ajaccio. L'engouement pour les vieux gréements est né à Douarnenez : dans les années 1970, quelques passionnés réunis en association s'intéressent au patrimoine maritime et collectent plus de 200 embarcations en danger de disparition. Chaque été, ils naviguent lors d'un rassemblement au Port-Musée, où l'on compte une centaine de milliers de visiteurs par an. Brest s'en mêle en 1992. Sa première fête maritime internationale, organisée depuis tous les quatre ans (prochaine édition du 11 au 17 juillet 2008) fait exploser les statistiques avec un million de visiteurs, 2 000 bateaux et des marins venus de 30 pays. Dans un registre un peu différent, réservé aux grands voiliers écoles, la descente de la Seine de Rouen au Havre, née en 1989 avec le bicentenaire de la Révolution, s'est positionnée d'entrée comme une manifestation publique millionnaire. Tous ces événements bénéficient de véritables stades nautiques pour accueillir les spectateurs autour d'une rade ou le long des berges d'un fleuve. Chaque automne, la Nioulargue, rebaptisée les Voiles de Saint-Tropez, connaît un beau succès depuis vingt-cinq ans, réunissant les belles unités de Méditerranée, bien au-delà du rendez-vous branché de ses 3 000 participants. Les Voiles latines, ces jours prochains, constituent la manifestation printanière du genre. En cinq ans, le rassemblement est devenu le symbole de la vitalité de la culture maritime méditerranéenne avec une participation internationale unique. Cantonnées à un bout de quai en 2001, les Voiles latines investissent aujourd'hui tout le port de Saint-Tropez.
    À Vannes, la Semaine du golfe connaît elle aussi un succès grandissant. Au point qu'un plan circulation a été élaboré autour du golfe du Morbihan pour faciliter l'accès des 150 000 spectateurs aux différents ports partenaires des régates. Les animations à terre - chantier naval, exposition sur l'architec­ture et les métiers - passionnent également le public qui s'intéresse souvent aux techniques de construction et de restauration de ces voiliers, ainsi qu'à leur histoire. Il suffit ainsi d'observer l'étrave fine d'un pointu méditerranéen et on comprend qu'elle a été profilée pour fendre les vagues courtes et rapprochées levées par le mistral, ce vent de terre qui provoque peu de houle le long de la bande côtière. La pinasse, qui rencontre des conditions proches sur le bassin d'Arcachon, présente la même silhouette.
    Au contraire, les bateaux de travail de l'océan Atlantique, plus larges, à la proue joufflue, sont conçus pour affronter les coups de vent venus du large, ceux qui lèvent la mer et la font déferler. Le gréement parle aussi, témoigne des métiers. Celui d'un thonier comporte deux longues antennes, des tangons auxquels sont accrochées les lignes de traîne. Le tape-cul, la petite voile à l'arrière, participe plus à la stabilité de route du bateau en pêche qu'à sa propulsion. Enfin, l'évolution architec­turale d'un type d'embarcation peut rappeler un épisode cruel. Les lignes d'eau très tendues de ces voiliers de pêche ont ainsi été modifiées après la tempête du 20 septembre 1930, au profit d'une coque plus trapue et mieux défendue. Ce jour-là, 26 thoniers avaient coulé dans le golfe de Gascogne, faisant 200 victimes...
    LES VOILES LATINES, À SAINT-TROPEZ
    Tartanes, felouques, pointus et autres barques catalanes auront le vent en poupe dans le golfe de Saint-Tropez du 10 au 13 mai, pour les 7es Régates des voiles latines. Cette grand-voile unique, triangulaire et sans bôme, ­raconte plus de deux mille ans du patrimoine maritime de la Méditerranée. Les bateaux de pêche côtière d'Italie, d'Égypte, de Tunisie, de Monaco, de Corse l'utilisent. Même les caravelles de Christophe Colomb la hissaient jusqu'aux Canaries, où elle était ensuite remplacée par les voiles carrées, plus efficaces au vent portant avec l'alizé.
    Cette année, l'organisation des Voiles latines innove avec deux parcours séparés en rade de Saint-Tropez, pour éviter que les bateaux trop lents ou trop maladroits ne gênent les régatiers. Pour raconter la mer à terre, les écrivains sont associés aux Voiles latines avec le Salon, parallèle, du livre méditerranéen et maritime. Parmi les auteurs présents : ­Isabelle Autissier, Jean Raspail, Hervé Hamon, ­Bernard ­Giraudeau, Patrick ­Poivre d'Arvor, Didier Decoin, Yann Queffélec...
    - Du 10 au 13 mai, www.snst.org et tél. : 04 91 16 53 17.
    LES RÉGATES IMPÉRIALES, À AJACCIO
    Quelques-unes des grandes unités présentes aux Voiles latines de Saint-Tropez vont ensuite rallier Ajaccio pour participer aux ­Régates impériales, du 21 au 27 mai. Les organisateurs ont même prévu d'attribuer un « ruban rouge » au bateau qui, compte tenu de son âge, établira le meilleur temps entre les deux ports. Cette année, une quarantaine de voiliers prestigieux participent à cette 5e édition des Régates impériales, qui marquent le début de la saison des courses de yachting de tradition en Méditerranée.
    Des voiliers uniques au monde, de 15 à 40 mètres de longueur, font le déplacement : Moonbeam III, Mariquita, Sunshine, Owl, Vistona, Lulu, Pesa, Marigold, Partridge, Veronique, Lelantina...
    Des pavillons français, anglais, espagnol, italien, allemand, ­hollandais et américain sont représentés. Certains gréements centenaires seront au départ de cette course internationale.
    - Du 21 au 27 mai, www.regates-imperiales.com
    LA SEMAINE DU GOLFE, DANS LE MORBIHAN
    Du 14 au 20 mai, près de 800 bateaux, dont 150 venus des rivières et des estuaires de Grande-Bretagne, des canaux hollandais ou des lacs suisses sillonneront la « petite mer », soit les 12 000 hectares ponctués de centaines d'îles du golfe du Morbihan. La 4e édition de la Semaine du golfe, manifestation qui rappelle les rassemblements brestois et rouennais mais dont l'accès est gratuit, réunit des voiliers de caractère répartis en flottilles homogènes. Chaque jour, les différents groupes de vieux gréements changent de mouillage et sillonnent le plan d'eau entre les 14 ports d'escale ou d'accueil du golfe. Yoles, chaloupes et gigs, voile-aviron, belle plaisance, bateaux des années 1960 (Corsaire, Muscadet, Golif, etc.), Belouga, voiliers de travail sont quelques-unes de ces catégories. Chacune dispose d'un port d'attache sur le golfe (Locmariaquer, Saint-Goustan, Port-Blanc, Vannes, Port Anna, etc.) où le retour est prévu chaque soir. Des animations, des expositions sur les anciens métiers de la mer, des récitals de chants de marins sont prévus dans tous les ports des 24 communes associées à la fête. Sans oublier bolées de cidre, crêpes et dégustations d'huîtres.
    Le bateau régional est le Sinagot, nom dérivé de celui de Séné, petit port où ont été construites les premières unités. Robuste, entre huit et onze mètres, il est gréé de deux voiles au tiers, aux couleurs rouges. Il ne reste plus aujourd'hui que sept bateaux, alors qu'une cinquantaine pêchaient dans le golfe et le coureau de Belle-Île jusqu'aux années 1950. À l'Ascension, les voiliers convergeront vers la baie de Quiberon et l'entrée de la mer intérieure à Port-Navalo.
    Du 14 au 20 mai, www.semainedugolfe.asso.fr et tél. : 02.97.62.20.07.

  • Expo vue cet après-midi à la galerie Venise Cadre (Casablanca-Maroc, jusqu'au 14 mai 2007):Abdelaziz Charkaoui

    medium_20070430-b-exposition.jpgLe réalisme lyrique de Charkaoui 
      Publié le : 29.04.2007 | 15h06

    Un univers à mi-chemin entre le réel et l'onirique
    Cela se passe dans la campagne du nord marocain, sur le bord d'un ruisseau, à l'entrée d'une forêt luxurieuse, sous l'ombre d'un arbre ou sur un roc solitaire d'un Rif fier. Les toiles de Abdelaziz Charkaoui racontent un univers à la fois réaliste et lyrique habité par des personnages ordinaires de la vie quotidienne.


    Une belle combinaison que les amateurs du figuratif auront l'occasion de découvrir jusqu'au 14 mai à la galerie casablancaise Venise cadre. Ame profondément attachée à ses racines et pinceau bien sensible, Charkaoui ne se contente pas de reproduire la réalité dans son œuvre.

    Au contraire, ses toiles à la charge poétique bien prononcée transforment le réel, l'exaltent sans toutefois le "dénaturer". Moyennant une palette aux couleurs franches, une mise en scène à l'esthétique évidente, le peintre dépouille ses tableaux en laissant plus d'espace à l'émotion, à cette vision affectée des choses et des êtres.

    La nature, omniprésente, est un personnage à part entière. Elle se livre à un jeu de cache-cache bien orchestré sous la direction du peintre romantique. Entre pénombre et lumière, mère nature donne l'impression d'émerger, d'osciller selon les humeurs du peintre qui maîtrise à la perfection ses clairs-obscurs bien significatifs.

    Dans la plupart de ses toiles, Charkaoui livre une vision à mi-chemin entre le réel et l'onirique. Les fonds noirs, fétiches au cœur du peintre, accentuent cet effet et confèrent aux tableaux une touche mystérieuse et mystique à la fois. Quels secrets, Charkaoui essaie-t-il de cacher derrière ces voiles noirs ? Discrétion assumée ou simple pudeur ? En tout cas, ses personnages, surtout les femmes, se présentent rarement de face. Peintes de dos, on ne fait qu'entrevoir leurs visages.

    Tout le sens, toute la charge émotionnelle des toiles se transmettent par la mise en scène au décor réduit et par les titres significatifs. "Côté opposés", "La réconciliation", "Les aveux", "La fautive", "Chemin obscur", "Isolées", "La confidente"… les femmes de Charkaoui avec leur accoutrement typique du nord et leurs tenues traditionnelles en rouge et blanc sont "humaines", bien vivantes et surtout réelles.

    Ce sont les habitantes du Rif qui partagent avec nous, le temps d'une toile, leur quotidien, leur vécu, leur vie simple… cette même vie qui n'a jamais cessé de fasciner le peintre et d'influencer son œuvre malgré le temps et l'éloignement. Car le pinceau de Charkaoui ne se lasse pas de "rapporter" cet univers particulier devenu, au fil des tableaux et des expositions, une identité, un style, une signature reconnaissable entre mille.

    Le geste précis, l'esprit vif et le sens esthétique aigu, Charkaoui a un œil quasi-photographique. Son plus ? C'est l'émotion qui se dégage de la touche raffinée et lyrique de cet artiste prônant un réalisme "personnalisé" et moins "froid". C'est là où excelle l'artiste, où il vainc la grande précision de l'appareil photo et son implacable objectif.

    C'est cette sorte d'impertinence assumée qui ouvre le travail figuratif de Charkaoui sur d'autres possibilités et à d'autres interprétations. L'art n'est-il pas subjectif ? Abdelaziz Charkaoui le confirme par sa dernière exposition. Si vous en doutez encore, allez-y la découvrir… c'est tout un univers à explorer.

    _______________________

    L'artiste en bref

    Né en 1963 à Larache, Abdelaziz Charkaoui est un lauréat de l'école des beaux-arts de Tétouan. Son style, il l'a personnalisé à coup d'expériences et d'expositions. Ces toiles sans figuratives avec une grande précision du geste et une évidente perfection du dessin.

    Le nord du Maroc, ses paysages et ses personnages sont les thèmes de prédilection de l'artiste. Ses travaux sont une combinaison bien réussie entre les scènes quotidiennes ordinaires et le lyrisme de l'"âme marocaine" qu'est Abdelaziz Charkaoui.

    Il expose depuis 1986 à Casablanca, Paris et Madrid. Il vit et travaille entre Paris et sa ville natale, Tétouan. Ses œuvres figurent parmi les collections du Palais Royal, de la Société générale marocaine des banques, d'Attijari Wafabank et de Comanav.


    Hayat Kamal Idrissi | LE MATIN

    http://www.lematin.ma/Journal/Article.asp?idr=artcu&idsr=expos&id=72175

  • Expo vue cet après-midi:Ahmed Krifla au Carrefour des Arts jusqu'au 31 mai 2007 (Casablanca-Maroc)

    medium_krifla.jpgAttaché à la vie quotidienne des Marocains, il
    n’hésite pas à aborder des thèmes particuliers comme le travail, les villes, ainsi que d’autres sujets plus colorés
    tel que les animaux et les bergers.
    Krifla ne peut être considéré uniquement comme un artiste naïf, sa technique de peinture étant plus élaborée,
    néanmoins sa vision colorée et certains thèmes s’en rapprochent.
    Il est l’un des artistes marocains les plus appréciés, autant par les amateurs que par ses pairs qui le voient
    comme le « Douanier Rousseau » de la peinture marocaine.

    http://www.cmooa.com/catalogues/2007-04-14.pdf

     

    image: http://belmadani.elmadani.free.fr/krifla/krifla.html

    Ce tableau ne donne pas une idée très juste de ce que j'ai vu à la galerie ou dans ce que j'ai dans mon petit catalogue... 

  • Catégories : La culture

    Walter Benjamin, l'incompris capital

    PAUL-FRANÇOIS PAOLI.
     Publié le 03 mai 2007
    Actualisé le 03 mai 2007 : 11h45

    Jean-Michel Palmier - Une imposante biographie d'un penseur marqué par l'errance et l'insatisfaction.

    RÉFUGIÉ en France après avoir quitté l'Allemagne nazie, Walter Benjamin s'est donné la mort le 26 septembre 1940 à Port-Bou, à la frontière espagnole, par crainte d'être livré à la Gestapo, mais aussi sans doute par lassitude, comme le suggérera son amie Hanna Arendt. Il avait 48 ans et depuis sa disparition, l'intérêt pour une oeuvre éclectique - il traduira et commentera Kafka, Proust, Baudelaire et écrira beaucoup sur Paris ainsi que sur l'art et la photographie - n'a cessé de croître, notamment à travers les éclairages que donneront de son parcours Theodor Adorno ou le grand spécialiste du mysticisme juif, Gershom Scholem.
    Attraction paradoxale
    Penseur atypique marqué par l'errance et l'insatisfaction, Benjamin a connu l'isolement propre aux intellectuels incapables de devenir les idiots utiles à une idéologie, et ce malgré son attraction paradoxale pour le communisme, situation que fait ressortir Jean-Michel Palmier dans l'imposante biographie qu'il lui consacre : Walter Benjamin, le Chiffonnier, l'Ange et le Petit Bossu. Pourquoi paradoxale ? Parce que Benjamin est hanté par la question du langage et de son éventuelle origine divine - il sera un lecteur passionné du poète Hölderlin -, préoccupation qui n'est pas précisément celle du marxisme. « Le langage est tout simplement l'essence spirituelle de l'homme », écrira Benjamin pour qui le propre du poète est de libérer les mots de leur gangue fonctionnelle - il s'intéressera notamment au surréalisme à Paris, où il vivra durant l'entre-deux-guerres - pour faire résonner en eux leur force originelle.
    Si sa vie fut aussi tragique, suggère Palmier c'est, entre autres raisons, que cet homme fut tiraillé entre un leitmotiv politique matérialiste et une attraction pour le judaïsme dont témoigneront ses relations avec Gershom Scholem, qui tentera de le convaincre de venir vivre en Palestine. Impossible à résumer ni même à synthétiser, la pensée complexe de Benjamin ne peut que s'appréhender à travers le chaos de son temps.
    Lire aussi la Correspondance de T. Adorno et W. Benjamin, Le Promeneur/Gallimard, 26,50 eur, à paraître le 25 mai.
    Walter Benjamin, le Chiffonnier, l'Ange et le Petit Bossu de Jean-Michel Palmier Klincksieck, 866 p., 39 €.