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Laura Vanel-Coytte: écrivaine publique. Entreprise Siret:884 135 807 00011 à votre service - Page 1354

  • Catégories : Lyon(Rhône,69:études,travail)

    Le temps de la peinture, Lyon 1800-1914

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    20 avril – 30 juillet 2007

    Dans la cadre de la grande manifestation réunissant les institutions culturelles lyonnaises autour du thème L'Esprit d'un siècle, Lyon 1800-1914, le musée des Beaux-arts présente une exposition consacrée à l’Ecole lyonnaise de peinture.
    Apparue sous la Restauration, la notion d’Ecole lyonnaise concerne à l’origine des artistes du genre "troubadour" étroitement liés à l’existence de l’Ecole des Beaux-arts. Reconnue au Salon de 1819, elle sera consacrée en 1851 par la création au musée d’une Galerie des peintres lyonnais. Sa définition et son contenu firent longtemps l’objet de prises de position aussi décidées qu'opposées et il est légitime de s’interroger aujourd’hui sur l’existence même d’une école lyonnaise. à ce titre, l’exposition s’inscrit dans un mouvement plus général de réévaluation de la géographie artistique européenne au XIXe siècle. Hors de Paris ou de Londres, de grandes métropoles furent des foyers de création essentiels que l’histoire de l’art au XXe siècle a quelque peu négligés : Milan, Manchester, Düsseldorf, Barcelone, Copenhague, Lyon.
    L’exposition met en évidence la diversité des groupes et des tendances qui composent cette Ecole et retrace ses mutations jusqu’à la Première Guerre mondiale : genre historique (Révoil, Richard, Jacquand…) ; peinture de fleurs (Berjon, Déchazelle, Thierriat, Saint-Jean, Castex-Dégrange…) ; peinture de genre (Bonnefond, Genod…) ; peinture religieuse (Orsel, Janmot…) ; renouveau du grand décor religieux (Flandrin, Frenet…) ; romantisme (Guichard, Seignemartin, Bellet du Poisat…) ; symbolisme (Puvis de Chavannes, Séon…) ; paysage (Allemand, Appian, Carrand, Ravier…), etc. L’exposition se conclura avec l’évocation de l’Exposition internationale de Lyon de 1914, à laquelle figuraient des artistes tels que Picasso et Matisse.
    A cette occasion, le musée exposera de nombreuses œuvres de ses réserves, comme les cartons de P. Chenavard pour le Panthéon et la série dessinée du cycle de L. Janmot, Le Poème de l’âme, ainsi qu'un grand nombre d’œuvres inédites appartenant à des collections particulières.

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    Cette exposition a valeur d’événement. Encore mal connue, l’Ecole lyonnaise n’a été étudiée que de manière fragmentaire. Par ailleurs, aucune manifestation de grande ampleur ne lui a été consacrée depuis... 1937 (Puvis de Chavannes et la peinture lyonnaise du XIXe siècle) et 1948 (La peinture lyonnaise du XVIe au XIXe siècle). Les expositions organisées au Musée des Beaux-Arts au cours des vingt dernières années privilégièrent essentiellement une présentation par genres ou des monographies d’artistes. Ainsi, pour la première fois, l’Ecole lyonnaise de peinture sera présentée dans son double contexte français et européen. Alors même que pour certains historiens de l’art, l’activité de tout un groupe de peintres lyonnais apparaît comme une des phases capitales du préraphaélisme européen, jamais le cycle du Poème de l’âme de Janmot n’avait été rapproché des illustrations du Dante de Blake, ou d’autres artistes du Nord. De même, si la question des rapports des peintres lyonnais avec les Nazaréens a souvent été discutée, les chefs d’œuvre des Nazaréens n’ont jamais été mis en face des œuvres de cette "Ecole de peinture philosophique" (Orsel, Janmot et Chenavard), comme la qualifiait Charles Baudelaire.


     

    Catalogue de l’exposition aux éditions Fage.

    Commissariat scientifique de l’exposition :
    Pierre Vaisse, professeur honoraire d'histoire de  
    l'art à l'Université de Genève.
    Sylvie Ramond, directeur du musée des Beaux-Arts de Lyon
    Isabelle Dubois, conservateur des peintures anciennes au Musée des Beaux-Arts de Lyon
    Gérard Bruyère, bibliothécaire au Musée des Beaux-Arts de Lyon
    Assistés de Yuriko Jackall

    Horaires d’ouverture
    Exposition ouverte tous les jours, sauf mardi et jours fériés, de 10h à 18h, vendredi de 10h30 à 20h.

    Tarifs des billets d’entrée
    Gratuit pour les moins de 18 ans, les étudiants de moins de 26 ans et les chômeurs.
    Plein tarif : 8 € / Tarif réduit : 6 €

    Activités autour de l’exposition
    Des visites commentées, des visites avec les commissaires de l’exposition et des conférences sont proposées au public.
    Informations : 33(0)4 72 10 30 30
    Réservation : 33(0)4 72 10 17 52

  • Catégories : Saint-Etienne(Loire(42,Rhône-Alpes: vie, travail)

    Saint Etienne, le berceau du grand chocolat

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    Ils étaient plus de vingt cinq chocolatiers, à Saint Etienne, au XIXème siècle. Parmi eux, Eugène Weiss, qui venait d'Alsace, a su croître et multiplier, en maintenant une exemplaire qualité. Portrait d'une magnifique entreprise d'artisanat industriel.

    Chez Weiss, on est fidèle à la qualité et au vrai chocolat (celui dans lequel on n'utilise que du beurre de cacao et pas un pouce de graisses végétales comme l'autorise la directive européenne).

     

    Tout juste prend-on une certaine liberté, avec une autre institution stéphanoise, le football, en devenant le chocolat officiel de la Coupe du Monde de Rugby, qui se déroule en France, du 7 septembre au 20 octobre (trois matches au stade Geoffroy Guichard, le temple du ballon rond).

    Tant mieux pour les gourmands et pour les fans de l'ovalie. On pourra déguster des chocolats moulés en forme de Tour Eiffel, de mini-ballons de rugby, de coupe et de tablettes.

    Si la nouvelle direction, qui a pris les rênes à la suite de la famille du fondateur en 2002, a choisi le partenariat avec le rugby, c'est que l'entreprise et le sport en question, partagent les mêmes valeurs : passion, intensité et sens des traditions.


    Même si l'usine a doublé de volume pour satisfaire à son expansion, le chocolat est toujours fabriqué de la même manière. Avec des fèves de cacao des plus nobles origines (Vénézuela, Equateur, Trinidad...) que l'on mélange aux cacaos Sambirano de Madagascar ou au Forestaro de Côte d'Ivoire pour obtenir un goût unique, le fameux « goût » Weiss.

     

    La couverture ainsi obtenue sert de base aux tablettes, truffes, palets napolitains et autres immuables spécialités en évolution permanente... Elle se marie aux ingrédients les plus parfaits, pistaches de Sicile, noisettes d'Italie, miel du Pilat etc...

     

    Les plus grands chocolatiers et les restaurants gastronomiques les plus illustres (la Pyramide,
    à Vienne, par exemple...) utilisent la couverture Weiss. Plus récemment, ils ont aussi à disposition le Vinecao, un vinaigre au cacao mis au point en collaboration avec le chef Bruno Ménard et avec lequel on élabore les sauces les plus créatives.

    Pratique

    Chocolats Weiss, à Saint Etienne (Loire)

    1, rue Eugène Weiss

    Tél. : 04 77 49 41 41

    weiss.fr

     

    Deux adresses à Saint Etienne 

    8, rue du Général Foy

    et 8, rue Descartes.


    On trouve aussi les chocolats Weiss chez 2500 revendeurs soigneusement sélectionnés dans toute la France.

    http://www.rhonealpes-tourisme.fr/articles/gastronomie/chocolat/chocolatier/saint-etienne-le-berceau-du-grand-chocolat-684.html

     

  • Catégories : La peinture

    Miloud LABIED à la galerie Venise Cadre (Casablanca-Maroc) jusqu'au 23 avril 2007(clin d'oeil à Estelle)

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    Après une absence de plus de sept ans, Miloud Labied expose ses oeuvres récentes du 5 au 23 avril 2007 à la Galerie Venise Cadre à Casablanca.

    Miloud Labied est né en 1939 à douar Oualad Youssef dans la région de Kalat Sraghna. Il émigre à Salé, en compagnie de sa famille, en 1945. Autodidacte, Miloud Labied n'a jamais été au msid ou à l'école. Il s'est cramponné à la peinture. « C'était un moyen d'expression vital pour moi », se souvient l'artiste.

    Il fréquente l'atelier de Jacqueline Brodskis où il développe sa technique. Sa première exposition remonte à 1958 au musée des Ouddayas à Rabat. Il participe aux premières expositions importantes consacrées à la peinture marocaine. Une reproduction de l'un de ses tableaux figuratifs, « L'homme et la paix », figure au catalogue de l'exposition « Rencontre internationale des artistes », organisée en décembre 1963 au Musée des Ouddayas à Rabat.

    Après une courte période de peinture figurative, Miloud Labied s'oriente vers l'abstraction. « J'ai compris que la figuration ne mène à rien. J'ai cherché autre chose. » Peintre chercheur qui renouvelle constamment son art, il a exploré plusieurs formes.

    Aucune de ses périodes ne ressemble à l'autre. Il ne s'est jamais complu en un seul style. La solution à un problème le plonge à chaque fois dans une nouvelle aventure. Miloud a été figuratif, abstrait lyrique, abstrait géométrique, sculpteur et photographe.

    Dans ses derniers tableaux, il mêle abstraction et figuration. Sa peinture témoigne d'une grande maturité et d'une façon très personnelle de créer des foyers énergiques dans ses tableaux.

    Alors que la plupart des peintres acccentuent le traitement du centre de leurs toiles au détriment des alentours, Miloud procède inversement. La tension dans ses oeuvres ne vient pas du centre, mais des abords.

    Miloud Labied a créé une fondation d'arts graphiques où il expose des estampes de peintres étrangers et marocains. La fondation se situe en rase campagne entre Marrakech et Amzmiz. La vie et le travail de Miloud Labied sont partagés entre cette fondation et son appartement à Rabat.


    http://fr.allafrica.com/stories/200703220560.html

    Je n'ai pas trouvé sur le net les tableaux que j'avais préférés dans l'exposition dont j'ai (grâce à Estelle) heureusement le catalogue.

    Merci Estelle.

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  • Catégories : Des expositions

    Aïvazovski (1817-1900), la poésie de la mer

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    Exposition de peintures
    [mercredi 7 février 2007 - lundi 4 juin 2007]
    Paris, palais de Chaillot

    Jusqu’à l’été 2007, dans le cadre de l’année de l’Arménie en France, de nombreuses manifestations culturelles témoignent sur le territoire français, de la richesse et de la vivacité inépuisable d’une civilisation séculaire. Le musée national de la Marine participe avec enthousiasme à cet événement en présentant une exceptionnelle exposition consacrée au grand mariniste romantique Aïvazovski

    un talent précoce

    Aïvazovski est né à Théodosia en Crimée, sur les bords de la mer Noire, région à laquelle il restera très attaché. Après des études à l’Académie des Beaux-Arts de Saint-Péterbourg, il part en Italie, devenant le premier jeune Arménien à bénéficier d’une éducation artistique européenne. En Russie, son pays de naissance, il est nommé peintre officiel de l’état-major de la Marine.
    Peintre prolifique – près de six mille oeuvres -, salué par les critiques, il acquiert vite une renommée internationale. Delacroix fait son éloge et Turner le qualifie de génial.

    Puissance d’une identité

    Le musée national de la Marine à Paris présente un florilège de ses oeuvres magistrales liées au thème de la mer.
    « Ma vie c’est la mer », elle sera le coeur de l’inspiration ardente de l’artiste. Mer souvent furieuse, déchaînée, peinte d’une touche vigoureuse, qui embrasse l’horizon et au-delà. Face à elle, en elle, Aïvazovski figure des hommes en lutte,
    que rien ne semble vouloir faire renoncer à ce combat contre les éléments.
    Il est aussi un remarquable peintre de la lumière, symbole de la vie, de la foi et complément indissociable de la mer.
    Lumière de la connaissance, qui l’inscrit dans la tradition de la culture arménienne.

    Aïvazovski, créateur d’un courant

    La Galerie nationale d’Arménie à Erevan participe à cette exposition par un prêt
    significatif d’une trentaine d’oeuvres, dont des huiles sur toile, parfois de très grand format. La Galerie des Offices à Florence, le musée de la Congrégation des Mékhitaristes à Venise, le musée arménien de France à Paris, le musée des Beaux-Arts de Brest, ainsi que des collectionneurs privés apportent leur précieuse contribution.
    De nombreux peintres plus jeunes s’enthousiasmèrent pour Aïvazovski, fondateur à leurs yeux d’une nouvelle école de peinture.
    L’exposition met ainsi en valeur ses contemporains Mekertich Djivanian (1848-1906), Guevorg Bachindjaghian (1857-1923), Vartan Mahokian (1869-1937), Eghiché Tadévossian (1870-1936), Panos Terlémézian (1865-1941), Arsène Chabanian (1864-1949), Charles Atamian 1872-1947), Edgar Chahine (1874-1947), ainsi que Zareh Mutafian (1907-1980), Carzou (1907-2000), Jansem (né en 1920) et Hagop Hagopian (né en 1923).

     

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  • Catégories : L'actualité

    En Espagne, une école d'écrivains appelle à parrainer des mots oubliés

    MADRID (AFP) - Cherche parrain pour mot en voie de disparition: en Espagne, une école d'écrivains a lancé une initiative inédite pour parrainer des mots tombés en désuétude et éviter ainsi l'appauvrissement de la langue castillane.

    L'objectif de la campagne "Parraine un mot" est de "sauver les mots menacés par la pauvreté lexicale", affirment les responsables de l'Ecole des Ecrivains de Madrid.

    Ces mots "disparaissent peu à peu, en grande partie à cause de l'évolution naturelle de la langue", explique à l'AFP Javier Sagarna, le directeur de cette école, qui organise des ateliers d'écriture et des concours littéraires.

    Plus de 5.000 mots ont déjà été parrainés dans 42 pays, dont la plupart des Etats d'Amérique Latine, l'Espagne, mais aussi la Chine ou les Seychelles.

    Certains parrains sont même célèbres, comme le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, qui a pris sous son aile "andancio", mot désignant une maladie épidémique, quasiment oublié et par le passé uniquement employé dans sa région natale du centre de l'Espagne et à Cuba.

    Parlé par plus de 400 millions de personnes dans 23 pays, l'espagnol, quatrième langue du monde derrière le chinois, l'anglais et l'hindi, est menacé par l'invasion de nouveaux termes, souvent issus de l'anglais.

    Certains mots sont même officiellement hispanisés: dans le dictionnaire de l'Acadamie royale espagnole (RAE), cocktail est ainsi devenu "coctel" et football, "futbol".

    "Nous avons besoin d'aide pour sauver le plus grand nombre de ces mots", soulignent les organisateurs, qui déplorent que la "technocratie linguistique ait transformé les balayeurs en 'techniciens de surface'".

    Le mécanisme est simple, il suffit d'introduire son nom, sa ville et son pays sur la page internet http://www.escueladeescritores.com, et de choisir un mot figurant ou ayant figuré dans le dictionnaire officiel de la RAE. Les parrainages sont acceptés jusqu'au 21 avril.

    Une fois le délai terminé, "une réserve virtuelle de mots" sera créée, dans le but d'amener à "une réflexion sur la langue espagnole", expliquent les responsables.

    M. Sagarna regrette qu'entre 1992 et 2001, plus de 6.000 mots aient disparu du dictionnaire de la RAE, tout en soulignant qu'en même temps, "10.000 nouveaux mots ont été introduits".

    "Ce qui est le plus appréciable avec cette campagne, c'est l'échange d'opinions et de sensations entre les différents types d'espagnol, qui n'est pas une langue unique, mais qui varie beaucoup d'un pays à l'autre", affirme-t-il.

    Parallèlement à cette initiative, une école d'écrivains de Barcelone (nord-est), a lancé une campagne similaire destinée à sauver les mots catalans tombés dans l'oubli et 3.000 mots ont déjà été parrainés.


    http://fr.news.yahoo.com/12042007/202/en-espagne-une-ecole-d-ecrivains-appelle-parrainer-des-mots.html

  • Catégories : Des expositions

    Retrospective Atget à la BNF

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    A l'occasion du 150e anniversaire de sa naissance, la BNF consacre une grande exposition au photographe Eugène Atget

    Avec sa lourde chambre, Eugène Atget (1857-1927) a, pendant trente ans, photographié le "vieux" Paris, ses commerce, ses ruelles et ses petits métier, mais aussi ses parcs et jardins.

    La BNF offre, en 350 tirages, une rétrospective de l'oeuvre de celui qui fut adopté par les surréalistes et inspira de nombreux photographes.

    Valérie ODDOS
    Publié le 31/03 à 13:06

    LA VOCATION TARDIVE D UN COMEDIEN RATE

    medium_aztget_2.jpgOn sait peu de choses de la vie d’Eugène Atget. Physiquement, on le connaît surtout par le très beau portrait qu’a fait de lui, à la fin de sa vie, la photographe Berenice Abbott, grande admiratrice de son travail. Elle nous montre, de profil, un vieil homme un peu courbé, à l’expression ironique.

    Né en 1857 à Libourne, dans une famille modeste, ce fils de charron est orphelin très tôt. Il est élevé par un de ses oncles, puis s’engage très jeune sur un bateau. Il rêve d’être comédien, entre au Conservatoire mais ses obligations militaires l’empêchent de finir sa formation.

    Après quatre ans de service militaire, il devient comédien ambulant, mais son physique le cantonne aux petits rôles. En 1886, il rencontre celle qui restera sa femme jusqu’à la fin de ses jours, Valentine Delafosse-Compagnon, comédienne comme lui.

    A la fin des années 1880, il s’installe à Paris et se lance dans la peinture, activité où il n’a pas plus de succès.

    C’est en 1890 seulement qu’il se lance dans la photographie, un travail alimentaire, d’abord au service des artistes. Il a la trentaine quand la photo devient son activité principale.

    Des motifs pour les artistes

    C’est en vendant des images aux artistes qu’Eugène Atget commence à vivre de la photographie. Il leur vend des photos de fleurs, de paysages, qui leur servent de documents pour leurs dessins, peintures ou illustrations.

    Il photographie aussi abondamment des motifs décoratifs, qu’il destine à une clientèle plus large, des décorateurs de théâtre et de cinéma, des ferronniers d’art, des ébénistes, des architectes.

    En gros plan, il fixe sur ses plaques des portes, des appuis de fenêtres ouvragés, des heurtoirs de porte, des escaliers et autres détails architecturaux glanés à travers Paris.

    Un projet systématique sur Paris

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    C’est en 1897-1898 qu’Atget entreprend un travail systématique sur Paris. Pendant trente ans, il va sillonner les rues de la ville et aussi sa banlieue, quartier par quartier, thème par thème.

    Ce qui intéresse Atget, ce n’est pas le Paris moderne, mis en chantier par Haussmann. C’est ce qui apparaît déjà à l’époque comme le « vieux » Paris, les petits métiers menacés par les grands magasins, les ruelles vouées à la démolition, les franges de la ville, pleines d’herbes folles et bientôt gagnées par l’urbanisation, que le photographe fixe sur ses plaques de verre.

    C’est explicitement le « pittoresque » de la vie parisienne qu’il veut répertorier : il intitule un de ses recueils d’images « Paris pittoresque ». Quand il photographie les voitures, ce ne sont pas les automobiles qui l’intéressent. S’il fait une revue du corbillard « de première classe », de la voiture de déménagement, de la voitures de laitier débordant de bidons, du fourgon cellulaire, de la voiture d’arrosage, ces véhicules sont tous tirés par des chevaux.

    A l’époque où le patrimoine commence à susciter de l’intérêt, Atget travaille aussi pour des institutions comme la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, Carnavalet, la Commission municipale du vieux Paris.

    Le photographe travaille avec une vieille chambre en bois à soufflet qui fixe l’image sur des plaques de verre de 18 cm sur 24. Il fait lui-même ses tirages, par contact, sur du papier albuminé. D’ailleurs nombre de ses images, mal fixées, se sont détériorées. Malgré l’invention de techniques plus légères, il reste fidèle à ce lourd matériel qu’il transporte à travers les rues de Paris.

    Pour redresser les perspectives, il décentre son objectif, ce qui provoque parfois un arc de cercle en haut des photos.

    Les petits métiers et les zoniers

    Si on a en tête ces vues urbaines désertes, quasi irréelles et oniriques, Atget s’est pourtant intéressé à la figure humaine dans son œuvre, et a produit des images beaucoup plus vivantes, livrant même des foules comme celle du bas de la rue Mouffetard. Au début de sa  « carrière » de photographe, dans le cadre de ses recherches sur le Paris « pittoresque », il répertorie une série de petits métiers. Cette démarche s’inscrit dans la tradition des « cris de Paris », phrases criées par les marchands ambulants immortalisés par les graveurs depuis le XVIIe siècle.

    Atget met en scène un marchands d’herbes, d’ustensiles de ménage, d’abat-jour, de marrons, des chiffonniers… Des métiers qu’il craint de voir disparaître.

    Quinze ans plus tard, c’est à un autre monde menacé qu’il s’intéresse, avec son travail sur les « zoniers », ces habitants de la « zone » périphérique de Paris, derrière les fortifications. Il s’est promené, surtout au sud, mais aussi porte de Montreuil ou porte d’Asnières, parmi ce petit peuple méprisé et craint de chiffonniers et de ferrailleurs vivant dans des roulottes et des cabanes, parfois décorées de façon improbable, au milieu d’un amas d’objets de récupération.

    Atget a aussi fait un travail sur les prostituées, commandé par le peintre et illustrateur André Dignimont en 1921). Des nus en intérieur et des photos des filles attendant le client devant les maisons closes.

    Nature, parcs et jardins, de Paris à la banlieue

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    Eugène Atget avait commencé par photographier des fleurs pour les artistes, avant de sillonner la capitale. Plus tard, il a continué à photographier la nature, dans Paris et dans ses environs.

    Atget se promène dans la proche banlieue, où il a produit plus de mille images entre 1901 et sa mort. Il prend des demeures et châteaux, des ruelles qui ressemblent à celles de Paris, des fermes. Loin de la banlieue industrielle, il livre un univers encore rural, auquel font parfois écho, d’ailleurs, certaines vues de Paris, de Montmartre à Passy.

    Il a consacré une série aux fortifications, où il traque les restes de campagne qui subsistent aux confins de la ville. Ce secteur périphérique, encore plein d’arbres et d’herbes folles est un autre univers condamné à disparaître.

    Atget s’est beaucoup intéressé aux parcs, dans Paris (Luxembourg, Delessert) et dans ses environs (Saint-Cloud, Versailles, Sceaux), où il a produit des images très personnelles. A Sceaux, c’est un parc assez sauvage qu’il photographie, à Saint-Cloud, il joue avec la géométrie des allées, des arbres qui se reflètent dans les bassins, des escaliers. Il réalise aussi des gros plans de troncs, de racines d’arbres. Des arbres pour lesquels le photographe de la ville semble nourrir une grande passion.

    Vitrines et reflets, l'engouement des surréalistes

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    Dans sa revue du « Paris pittoresque », Atget a réalisé une série sur les « enseignes et vieilles boutiques du Vieux Paris ». Il y répertorie les commerces amenés à disparaître et s’intéresse aussi à leur décoration, aux façades et aux enseignes, marques singulières d’un art vivant et populaire.

    La figure humaine est présente ici encore, mais comme de façon ironique. Il fait poser le commerçant derrière sa porte vitrée, personnage un peu fantomatique, ou bien devant sa boutique. Etalages de marchands de chaussures, de poisson ou de légumes rivalisent avec des magasins plus luxueux d’orfèvrerie ou de vêtements.

    On peut penser que le photographe a joué avec les reflets dans les vitrines des commerces. Arbres et immeubles viennent se mêler aux voitures de la « Boutique d’automobiles », aux mannequins costumés de l’avenue des Gobelins, aux têtes ou aux corsets en vitrine. Un jeu qui a séduit les surréalistes, comme sans doute ses images et scènes de fêtes foraines aux enseignes grotesques.

    Quand Man Ray découvre l’œuvre d’Eugène Atget, à la fin de sa vie, il lui achète une quarantaine d’images et en publie quatre dans La Révolution surréaliste, la revue d’André Breton et de ses amis. Atget reste toutefois extérieur au mouvement, et refuse que ses photos publiées soient signées, estimant qu’il ne s’agit pas d’art mais de simples documents.

    Une reconnaissance tardive

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    C’est à partir de 1910, une bonne dizaine d’années après avoir commencé son travail photographique systématique, qu’Eugène Atget se met à regrouper ses images dans des séries et sous-séries ou albums : L’Art dans le vieux Paris, Intérieurs parisiens, La voiture à Paris, Metiers, boutiques et étalages de Paris, Enseignes et vieilles boutiques de Paris, Zoniers, Fortifications.

    Ces albums sont destinés à ses clients, qui y choisissent des images qu’il remplace au fur et à mesure qu’il les vend. A partir de la guerre de 1914, Atget ne fait presque plus de photos et s’occupe surtout du classement de son œuvre.

    En 1920, Atget se voit vieillir et s’inquiète du sort de ses photos. Il propose alors à Paul Léon, le directeur de Beaux-Arts, d’acheter sa collection sur L’Art dans le vieux Paris et Le Paris pittoresque (2621 négatifs). Dans la lettre qu’il lui adresse, il écrit : «J’ai recueilli, pendant plus de vingt ans, par mon travail et mon initiative individuelle, dans toutes les vieilles rues du vieux Paris, des clichés photographiques, format 18/24, documents artistiques sur la belle architecture civile du XVIe au XIXe siècle (…) ; les intérieurs de toutes les églises de Paris (…). Cette énorme collection, artistique et documentaire, est aujourd’hui terminée. Je puis dire que je possède tout le vieux Paris », conclut-il.

    Sur 8000 clichés réalisés pendant sa vie de photographe, la BNF a dans ses collections près de 5000 images achetées directement à Atget entre 1899 et 1927. A l’époque, pour la Bibliothèque nationale, il s’agit de documents.

    Quelques années avant sa mort, Atget a été « découvert » par Man Ray, et aussi par son assistante, la photographe américaine Berenice Abbott, qui se prend d’amitié pour le vieil homme et fait de lui les seuls portraits qu’on connaisse. Elle achète après sa mort 1500 négatifs et 10.000 tirages restés dans son atelier.

    Berenice Abbott consacre le reste de sa vie à faire connaître son œuvre et vend sa collection au Museum of Modern Art de New York en 1968.

    De nombreux photographes américains, par la suite, se sont réclamés de son influence, de Walker Evans à Lee Friedlander.

    Renseignements pratiques

    Atget, une rétrospective, Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, 58 rue de Richelieu, Paris 2e, 01-53-79-59-59

    Du mardi au samedi 10h-19h
    Dimanche 12h-19h
    Fermé le lundi
    Tarifs: 7€ / 5€
    Jusqu'au 1er juillet

    Le site de la BNF

    http://cultureetloisirs.france2.fr/artetexpositions/dossiers/29523407-fr.php

  • Catégories : Des évènements, Le Maroc:vie et travail

    Sortie au Maroc du livre sur Lamalif(Mon compte-rendu de la conférence autour des Années Lamalif au Salon du livre de Casablanca)(Pour Estelle)

     

      Les Editions Senso Unico et Tarik éditions publient le livre de Zakya Daoud, Les années Lamalif.1958-1988 : trente ans de journalisme au Maroc.  

     

    Portrait. Les mille vies de Zakya Daoud: http://www.telquel-online.com/173/sujet3.shtml 

     

    Mon compte-rendu de la conférence autour des Années Lamalif

     

    Il y a eu un avant et un après Lamalif  qui était une école de démocratie où soufflait un parfum de liberté.

    Il y avait l’actualité économique et politique, des caricatures etc. C’était aussi une galerie d’art.

    Ce magazine « à la marge » a permis à ceux qui étaient « à la marge » de s’exprimer.

    Sa fin a été le prélude à d’autres changements. Depuis, le champ médiatique s’est ouvert.

    Aujourd’hui Tel Quel(magazine marocain francophone)  -comme Lamalif hier-  veut bousculer les tabous mais avec moins de gravité car la liberté d’expression a progressé.

    Cependant, il y a des couacs.

    Et on vient inévitablement à parler de « l’affaire Nichane » dont la presse internationale s’est fait l’écho (cf. ci-dessous).

      Driss Ksikes, le directeur de publication  de Nichane(journal arabophone) s’exprime :   Pendant les années de plomb marocaines, il fallait du courage physique pour s’exprimer librement comme le faisaient les journalistes de Lamalif  car on n’avait pratiquement le droit de rien dire et on risquait l’arrestation ( et peut-être plus…). La ligne rouge à ne pas dépasser était claire. Elle ne l’est plus maintenant… Quelquefois on pense mettre le feu aux poudre et il ne se passe rien ; d’autres fois, on pense  publier quelque chose d’anodin et ça donne « l’affaire Nichane »…. Lamalif  représentait une presse de résistance face au silence complice des années 80. C’était une revue proche des universités, du savoir. Aujourd’hui, c’est l’université qui représente l’orthodoxie alors que 80% des universitaires ne lisent pas… L’école est en faillite et il faut colmater les brèches. Les lois sont liberticides. La liberté est un fait accompli mais n’est pas garanti par la loi. L’Etat n’y va pas frontalement car c’est le pouvoir économique et  les islamistes qui tracent les lignes rouges.

      

    Conclusion : Faire une presse pour des citoyens qui le méritent mais leur voix n ‘est pas audible.

     

      Affaire Nichane: http://www.telquel-online.com/256/maroc1_256.shtml
  • Catégories : L'univers celte

    Ogme

     

    Dans la mythologie celtique, le dieu Ogma est connu sous de nombreuses variantes orthographiques : Ogm, Ogme, Ogmios, Ogmius. Un h est parfois accolé au g montrant qu’il est quasiment inaudible en irlandais.

    Jules César qui écrit Ogmios l'assimile à Mars et Lucien de Samosate (IIe siècle) le rapproche d’Héraclès. Il le décrit comme un vieillard à demi-chauve avec de longs cheveux blancs qui lui retombent dans le dos. Il a une peau de lion, une massue, un arc et un carquois. Enfin il retient par des chaînes d'or fixées aux oreilles, une multitude d’hommes. Selon Georges Dumézil, l’idéologie tripartite des Indo-européens le rend comparable au dieu védique Varuna.

     

    Dans la hiérarchie du panthéon irlandais Ogma se place en troisième position derrière Lug, le dieu polytechnicien suprême, et le Dagda, le dieu-druide, dont il est le frère et le complément. Il est au même rang que Nuada et fait donc partie des Tuatha Dé Danann (les Gens de la déesse Dana) et relève de la deuxième classe guerrière dont la fonction est de diriger les héros et les guerriers. Dans ce rôle martial, il est vêtu d’une peau de lion et il est armé d’un arc et d’un carquois ainsi que d’une massue. En tant que dieu de la magie, il a le pouvoir de paralyser ses ennemis.

    Inventeur mythique de l’écriture, on lui attribue la création des Ogam qui constituent l’alphabet des druides. Par conséquent, l'éloquence et la poésie entrent également dans ses attributions. On le représente alors comme un vieillard dont la bouche, d’où jaillissent l’or et l’ambre précieux, fascine la foule. On le montre aussi muni d’une langue reliée aux oreilles des hommes par une chaîne qui symbolise son rôle de rassembleur et de civilisateur.

    La racine de son nom signifie « chemin, sentier », il indique la juste direction aux vivants et devient psychopompe pour les morts qu’il accompagne dans l’Autre Monde.

    On peut le rencontrer sous l’un de ses trois avatars :

    • Elcmar « envieux, jaloux », contraire du Dagda le dieu-bon ;
    • Labraid « le parleur », symbole de l’éloquence, il est bègue ;
    • Celtchar « le rusé ».

     

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ogme

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  • Catégories : La peinture

    Simone Martini

     

    Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

    Simone Martini, né entre 1280 et 1285 à Sienne, et mort en Avignon en 1344, est un peintre siennois, contemporain de Ambrogio Lorenzetti. Il utilise les techniques de la fresque et de la tempera sur bois.

    Présentation

    Il fut l'élève de Duccio et reste profondément influencé par l'œuvre de ce dernier, ainsi que par les sculptures de Giovanni Pisano et l'art gothique français. Une de ses premières œuvres, reconnue par beaucoup comme son chef-d'œuvre fut la grande fresque de la Maestà, réalisée en 1315 pour le Palazzo Pubblico de Sienne, et qu'il restaura lui-même en 1321, car l'œuvre était déjà très endommagée par l'humidité. Entre 1312 et 1318, il peint à Assise de nombreuses fresques de saints dont :

    En 1317, son Saint Louis de Toulouse, commandité par Robert d'Anjou, reflète l'influence de l'art gothique. En 1319, il réalise le polyptyque de Sainte Catherine à Pise. En 1328, il peint la fresque du portrait équestre de Guidoriccio da Fogliano au Palazzo Pubblico de Sienne, sur le mur opposé à la fresque de la Maestà. En 1333, il signe L'Annonciation en collaboration avec Lippo Memmi, un autre peintre siennois. Simone Martini arrive en France vers 1340 et en 1342, il peint le Christ retournant chez ses parents après s’être disputé avec les Docteurs, sujet très peu évoqué en peinture. A Avignon, il se lie d’amitié avec Pétrarque et illustre un codex de Virgile annoté par le poète. Il y réalise également des fresques pour la cathédrale Notre Dame des Doms : le tympan de la Bénédiction du Sauveur et la lunette de la Madone de l’Humilité, toutes deux très mal conservées et datant probablement de 1341. Au XVe siècle, le sculpteur florentin Lorenzo Ghiberti nous informe que les Siennois considèrent alors Simone Martini comme leur meilleur peintre

  • Catégories : "Et in arcadia ego", La peinture

    Nicolas Poussin

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    Et in Arcadia Ego, Première version, Chatsworth, GB

     

     

    Et in Arcadia ego est une expression latine rendue célèbre par deux tableaux de Nicolas Poussin (1594-1665). Ce sont des peintures pastorales représentant des bergers idéalisés de l'Antiquité classique, rassemblés autour d'une tombe austère. La seconde version, la plus connue, mesure 122 sur 85 cm, se trouve au Louvre, à Paris, et porte également pour titre « Les bergers d'Arcadie ». L'œuvre a eu une très grande influence sur l'histoire de l'art.

    L'expression est un memento mori, qu'on traduit habituellement par « Même en Arcadie, j'existe » ou « Je suis aussi en Arcadie », comme si c'était la Mort personnifiée qui parlait. Pour sa part, André Félibien, le biographe de Poussin, l'interprétait comme « la personne enterrée dans cette tombe a vécu en Arcadie ». Autrement dit, elle aussi avait profité des plaisirs de la vie sur terre. La première interprétation est généralement considérée comme la plus probable.

     

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Et_in_Arcadia_ego

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  • Catégories : L'art, La philosophie, La poésie

    Henri Maldiney

     Henri Maldiney (âgé aujourd’hui de plus de quatre-vingts ans) est l’un des grands universitaires français (au même titre, par exemple, que Paul Ricœur – même s’il fut moins médiatisé que lui). Philosophe reconnu de ses pairs en France et à l’étranger, il est l’un des principaux représentants de la phénoménologie (un des courants majeurs de la philosophie du XXème siècle). Maldiney fréquenta Heidegger lui-même. Il fut un collaborateur de la célèbre revue d’art Derrière le Miroir. Son œuvre écrite est importante et ne se rapporte pas seulement à la philosophie et l’esthétique, mais également à la psychiatrie et la psychanalyse, notamment la psychologie des profondeurs (cf. Penser l’homme et la folie, éditions Jérôme Millon, 1991).

    Les livres d’Henri Maldiney sont nombreux, bien que beaucoup soient aujourd’hui épuisés. Citons notamment :
    In media vita - Comp'Act, 1982
    L'art, l'éclair de l'être - Comp'Act, 1993 (réédition 2003)
    Regard, parole, espace - Editions de l’Age d’homme, 1994
    Penser l’homme et la folie - Editions Jérôme Millon, 1997
    Le vouloir dire de Francis Ponge - Editions Encre Marine, 2000
    Existence, crise et création - Encre Marine, 2001
    Art et existence - Editions Klincksieck, 2003
    L’art, l’éclair de l’être constitue sans aucun doute une étape majeure dans l’œuvre de Maldiney.

     

    [ 4ème de couverture] de « L’art, l’éclair de l’être » "L’art n’a pas d’histoire. Et c’est dans un faux jour que l’historien et le sociologue le perçoivent et le fixent. Ils sont alors aveugles à la merveilleuse fragilité de son surgissement, à l’unicité de sa temporalité, de sa solitude sans voisinage.
    C’est ce paradoxe, fondateur d’un regard et d’une parole proprement phénoménologiques, que les diverses études ici réunies soutiennent; études qui, par leurs propos singuliers sur les œuvres singulières d’André du Bouchet, de Tal Coat ou de Cézanne, et d’autres encore, touchent à l’essence de la poésie, de la peinture, mais aussi de la sculpture ou de l’architecture.
    Tout entier tourné vers la fragilité commune du beau et de l’existence, cet accueil de l’œuvre d’art en son unicité impose alors une complète réélaboration des ontologies traditionnelle et existentiale pour s’ouvrir, contre toute intentionalité ou tout projet auxquels l’œuvre devrait se plier, à l’Ouvert qui seul donne: s’ouvrir au Rien, ce vide éclaté.
    C’est portées par ce vide, cette déchirure du rien qu’est l’éclair de l’être, que ces présences artistiques nous apparaîssent alors en leur vérité, dans la nudité de la naissance."

    http://www.editionscompact.com/medias/revues/ZOOM/zoom_01_2005.html

  • Catégories : La littérature

    Tricentenaire de la naissance de Buffon

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    Buffon en « Pléiade »

      L'entrée en « Pléiade » des Œuvres de Buffon, dont la pièce maîtresse, l'Histoire naturelle, est un monument scientifique, philosophique et littéraire des Lumières, salue le tricentenaire de la naissance du naturaliste. La parution d'une édition de l'Histoire naturelle en « Folio classique » et d'un « Découvertes Gallimard » accompagne l'événement.

     Œuvres de Buffon en « Pléiade »
     Histoire naturelle de Buffon en « Folio classique »
     Buffon de Yves Laissus, en « Découvertes Gallimard »


    Buffon
      Œuvres

      Dans la collection « La Bibliothèque de la Pléiade ».

      Des trente-six tomes de l'Histoire naturelle, ce volume propose un choix de textes organisé selon le plan tracé et suivi par Buffon ; il est illustré de cent vingt gravures tirées de l'édition originale. L'ouvrage fut l'un des plus retentissants succès de librairie au XVIIIe siècle, lequel reconnut immédiatement le génie littéraire de l'auteur. Au XIXe, on le classe parmi les quatre écrivains les plus éminents du siècle précédent, avec Montesquieu, Voltaire et Rousseau. L'Histoire naturelle est bientôt déclinée en anthologies, du Buffon des écoles au Buffon des familles, en passant par le Buffon des demoiselles. Et, au XXe, Francis Ponge salue Buffon comme « l'un des plus grands poètes en prose de notre littérature » – comme son égal, en somme. Pourtant, il y a quelques décennies, Buffon a semblé s'éloigner, au point qu'on pouvait le croire relégué dans les limbes de la littérature. C'était compter sans l'imagination théorique d'un penseur auquel on a récemment rendu sa place au cœur des débats et des combats des Lumières. C'était compter, aussi, sans la force d'entraînement de la phrase, sans la variété de la langue, sans la liberté d'un style qui s'approprie le proche et le lointain pour nous parler du monde dans lequel nous vivons. Si le cheval a disparu de nos villes, si le chat n'est plus considéré comme le plus hypocrite de nos compagnons, si le désert et la savane sont devenus des destinations touristiques, les descriptions que Buffon en a données demeurent des documents sur une époque qui a disparu et des témoignages sur une sensibilité au réel qui peut rester la nôtre.

      Cette édition contient :
      Préface, introduction, chronologie, note sur la présente édition • Avant l’« Histoire naturelle » : Préface à La Statique des végétaux de Stephen Hales ; Dissertation sur les couleurs accidentelles ; Réflexions sur la loi de l’attraction • Histoire naturelle : Histoire naturelle générale : De la manière d’étudier et de traiter l’histoire naturelle, Histoire et théorie de la terre, De la formation des planètes, Histoire des animaux (chapitres I à IV) ; Histoire naturelle de l’homme : De la nature de l’homme, De l’enfance, De la puberté, De l’âge viril (Description de l’homme), De la vieillesse et de la mort, Des sens en général, Variétés dans l’espèce humaine ; Correspondance avec la Sorbonne ; Discours sur le style ; Histoire naturelle des animaux : Discours sur la nature des animaux, trente-cinq articles extraits de l’« Histoire naturelle des quadrupèdes », huit articles extraits de l’« Histoire naturelle des oiseaux » ; Des époques de la nature ; Histoire naturelle des minéraux : De la figuration des minéraux, Pétrifications et fossiles • Notices et notes, bibliographie, index

     

    Buffon. Œuvres
    Textes choisis, présentés et annotés par Stéphane Schmitt, avec la collaboration de Cédric Crémière. Préface de Michel Delon
    Collection « Bibliothèque de la Pléiade », 2007
    1760 pages, 120 ill.
    Prix de lancement jusqu'au 30 juin 2007 : 57,50 €
    En savoir plus sur la collection 

    Buffon
      Histoire naturelle

      Dans la collection « Folio classique »

      « Je vis une belle figure, noble et calme. Malgré son âge de soixante-dix-huit ans, on ne lui en donnerait que soixante ; et ce qu'il y a de plus singulier, c'est que venant de passer seize nuits sans fermer l'œil, et dans des souffrances inouïes, il était frais comme un enfant, et tranquille comme en santé. On m'assura que tel était son caractère. Jamais d'humeur, jamais d'impatience. Il était frisé lorsque je le vis, quoiqu'il fût malade ; c'est là une de ses manies, et il en convient. Il se fait mettre tous les jours des papillotes, qu'on lui passe au fer plutôt deux fois qu'une ; du moins, autrefois, après s'être fait friser la matin, il lui arrivait très souvent de se faire encore friser pour souper. On le coiffe à cinq petites boucles flottantes. Il avait une robe de chambre jaune, parsemée de raies blanches et de fleurs bleues. »
      (Hérault de Séchelles, Voyage à Montbard)

     

    Buffon. Histoire naturelle
    Préface, chronologie, notice, bibliographie et notes de Jean Varloot.
    Ce volume contient aussi des extraits du Voyage à Montbard d'Hérault de Séchelles.
    Collection « Folio classique », Gallimard, 2007
    352 pages - 4,10 €
    En savoir plus sur la collection 

       

    Buffon. La nature en majesté
      de Yves Laissus

      Dans la collection « Découvertes Gallimard »

      Le lion, « roi des animaux », le cheval, « la plus noble conquête de l'homme »... Ces formules de Buffon ont contribué à réduire leur auteur à une sorte de La Fontaine en prose. Or ce styliste hors pair fut aussi l'une des figures majeures de la pensée scientifique au XVIIIe siècle. Académicien, intendant du Jardin du Roi – le futur Muséum d'Histoire naturelle – pendant un demi-siècle, grand propriétaire terrien de Bourgogne, maître de forges, sylviculteur, Buffon a mené de front ses activités multiples avec une énergie et un talent hors du commun. Dans son œuvre grandiose, l'Histoire naturelle – 36 volumes publiés entre 1749 et 1788 –, Buffon tente de décrypter l'ordre de la nature : cet esprit encyclopédique, expérimentateur passionné, incomparable agitateur d'idées, y pose des questions fondamentales sur l'âge de la Terre, la naissance du vivant, les espèces, la place de l'homme... Sans toujours apporter les bonnes réponses, le naturaliste ouvre des voies nouvelles qui, au siècle suivant, permettront notamment la naissance de la biologie. Yves Laissus donne un portrait vivant et attachant de ce visionnaire de la science.

    http://www.gallimard.fr/catalog/html/actu/index/index_buffon.html

     

    Yves Laissus
    Buffon. La nature en majesté
    Collection « Découvertes Gallimard », 2007
    128 pages - 12,30 €
    En savoir plus sur « Découvertes Gallimard »
    Le site de la collection 

         
  • Catégories : L'art, La peinture, La période du romantisme, Runge Philipp Otto

    Philipp Otto Runge

    Philipp Otto Runge (23 juillet 1777 à Wolgast, † 2 décembre 1810 à Hamburg) était un peintre, dessinateur, écrivain et théoricien de l’art allemand, l’un des plus grands représentants de l’art romantique avec Caspar David Friedrich.

    Né dans une famille de charpentiers de marine, Runge décide de devenir artiste après avoir lu des poèmes de Tieck.

    Il étudie à l'académie de Copenhague (1799-1801) sous la direction de Jens Juel, puis s'installe à Dresden, où il fait la connaissance de Caspar David Friedrich. En 1803, il déménage pour Hambourg. Runge avait un état d'esprit mystique et panthéiste, et a essayé de rendre dans son oeuvre l'harmonie de l'univers en utilisant le symbolisme de la couleur, des formes et des nombres. Il a aussi écrit de la poésie et planifia dans ce but une série de quatre tableaux intitulée "Les moments du jour", destinés à être exposés dans un bâtiment spécial et accompagnés de musique et de poésie. Il cherchait ainsi à atteindre l'"art total", comme d'autre artistes romantiques. Il a peint deux versions du Matin (Kunsthalle, Hambourg), mais les autres moments sont restés au stade de dessin.

    Runge était aussi un des meilleurs portraitistes allemands de son époque ; plusieurs de ses portraits sont visibles à Hambourg.

    En 1810, après plusieurs années de recherche sur les couleurs et de correspondance avec Johann Wolfgang von Goethe, il publie Die Farbenkugel (La sphère des couleurs), dans lequel il décrit un schéma en trois dimensions pour organiser toutes les nuances.

    Runge est mort de tuberculose à Hambourg.

    Peintures et dessins

    • de nombreux auto-portraits (1799, 1802, 1806, 1810)
    • Triomphe de l'Amour / Triumph des Amor (1800)
    • Die Heimkehr der Söhne (1800)
    • Kupferstich-Vignetten zu Ludwig Tiecks Minnelieder-Übersetzungen (1803)
    • Die Zeiten (Vier Kupferstichvorlagen, 1803)
    • Die Lehrstunde der Nachtigall (1803)
    • La mère à la Source / Die Mutter an der Quelle (1804)
    • Pauline im grünen Kleid (1804)
    • Nous trois / Wir drei (1805 ; montre le peintre, sa femme et son frère Daniel)
    • La calme .. / Die Ruhe auf der Flucht (1805/1806)
    • Der kleine Morgen (1808 ; Auschnitt mit Engeln als Vorlage für eine Briefmarke populär)
    • Der große Morgen (1808, inachevé)
    • Arions Meerfahrt (1809)
    • innombrables / zahlreiche Scherenschnitte

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Philipp_Otto_Runge

  • Catégories : Des femmes comme je les aime, La littérature

    Madeleine Chapsal

     
    Ecrivain et journaliste française
    Née à Paris le 01 septembre 1925


    «Ecrire l'essentiel le plus fort possible»

    Madeleine Chapsal
    Si Madeleine Chapsal écrit depuis l'âge de quinze ans, elle a longtemps fréquenté des écrivains sans se douter qu'elle serait bientôt elle-même l'auteur de best-sellers. D'abord journaliste, pour le journal Les Echos puis pour l'Express, qu'elle fonde avec son époux, Jean-Jacques Servan Schreiber, elle interviewe de nombreuses personnalités du monde littéraire et politique. Mais cette existence ne la satisfait pas. Après son divorce, elle suit une thérapie auprès de Françoise Dolto. Ses déboires amoureux la poussent au désespoir et c'est après une tentative de suicide qu'elle écrit son premier roman, 'La Maison de Jade'. Le succès est immédiat. Dès lors, Madeleine Chapsal ne cesse d'écrire, totalisant jusqu'à quatre titres par an. Elle s'inspire de son quotidien pour écrire des romans dans lesquels beaucoup de femmes déclarent se reconnaître. L'amour, le couple, la jalousie et la solitude en constituent les thèmes récurrents. Elle a également publié un récit autobiographique, ''Noces avec la vie'. Dans son dernier roman, intitulé 'L'homme de ma vie' (2004), elle dresse le portrait de son ex-mari. Ecrivain au public essentiellement féminin, elle est membre du jury du prix Femina depuis 1981 et chevalier de l'Ordre du mérite.

    Citations

    « Lire est le propre de l’homme. »

    - Extrait du site internet Lire et faire lire.com

    « Il va falloir rêver car, pour que les choses deviennent possibles, il faut d’abord les rêver. »
    - Extrait du magazine Lire - Décembre 1999

    « Un être qui a du charme en a pour tout le monde. »
     - Oser écrire

    « Un écrivain, un poète en particulier, est quelqu'un qui travaille toute sa vie à faire de soi un être sans défense. »
     - Oser écrire

    « Les bons romans collent au réel sans l'imiter. »
     - Oser écrire


    http://www.evene.fr/celebre/biographie/madeleine-chapsal-3442.php

     

    " Lire donne l'occasion d'aménager très tôt sa solitude intérieure. Elle devient alors source de plaisir, de bonheur, de richesse, au lieu d'être vécue comme un cachot, un malheur, une pénitence." (Oser écrire)

     
  • Catégories : L'art

    Michel-Ange

    Michelangelo di Lodovico Buonarroti Simoni, plus connu sous le nom de Michel-Ange (Caprese, au nord d'Arezzo en Toscane, le 6 mars 1475 et mort à Rome, le 18 février 1564), est un peintre, sculpteur, poète et architecte italien de la Renaissance

    Ses sculptures les plus connues incluent le David, la Pietà de la basilique Saint-Pierre dont il a également conçu le dôme, le tombeau de Jules II et notamment le Moïse. Pour la peinture, on retient le plafond de la chapelle Sixtine, le Jugement dernier au-dessus de l’autel, le Martyre de saint Pierre dans la chapelle Paolina du Vatican.

    sOURCE: Wikipedia

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  • Catégories : Bettina Brentano, Des femmes comme je les aime, La littérature

    Bettina Brentano et CAROLINE DE GUNDERODE

     

    « Ce qu'on appelle le monde réel, dans lequel les hommes prétendent vivre... »

     

    Caroline von Günderode I780-1806)

     

     Il te faut redescendre, disait-elle à Bettina Brentano, dans le jardin enchanté de ton imagination, ou plutôt de la vérité, qui se reflète dans l’imagination. Le génie se sert de l’imagination pour rendre sensible par la forme ce qui est divin et ce que l’esprit de l’homme ne saurait comprendre à l’état idéal. Oui, tu n’auras d’autres plaisirs dans ta vie que ceux que se promettent les enfants par l’idée de grottes enchantées et de fontaines profondes. Quand on a traversé ces murailles, on trouve des jardins fleuris, des fruits merveilleux, des palais de cristal, où résonne une musique jusqu'alors inconnue, où les rayons du soleil forment des ponts par lesquels on arrive jusqu'au centre de l'astre. Ce qui est écrit dans ces compositions deviendra pour toi une clef avec laquelle tu ouvriras peut-être des royaumes inconnus. C'est pourquoi n'en perds rien, et ne te défends pas de l'envie d'écrire; mais apprends à penser avec douleur, car sans cela jamais le génie ne naît à la vie de l'esprit; quand il se sera fait verbe en toi, tu jouiras de l'inspiration."»

    « Beaucoup apprendre, beaucoup comprendre par l’esprit, et mourir jeune ! Je ne peux pas voir la jeunesse m’abandonner », disait-elle encore.

    Bettina Brentano à Caroline Von Günderode :

    « Vis, jeune Günderode, ta jeunesse, c'est la jeunesse du jour, l'heure de minuit la fortifie, les étoiles te parlent et te promettent que si tu élèves vers elles ton esprit elles se lèveront en choeur, brûlantes de joie, et accompagneront de leur chant enflammé l'entrée de la nouvelle année... ... N'abandonne pas les tiens, ni moi avec eux. Aie foi dans ton génie, afin qu'il grandisse en toi et règne sur ton coeur et ton âme. Et pourquoi désespèrerais-tu?... Comment peux-tu pleurer ta jeunesse? Je ne peux pas supporter tes divagations sur la vie et la mort... ».

    http://jm.saliege.com/bettina.htm

  • "Le tombeau de Virgile" par Alexandre Dumas père

    Texte
    Pour faire diversion à nos promenades dans Naples, nous résolûmes, Jadin et moi, de tenter quelques excursions dans ses environs. Des fenêtres de notre hôtel nous apercevions le tombeau de Virgile et la grotte de Pouzzoles. Au delà de cette grotte, que Sénèque appelle une longue prison, était le monde inconnu des féeries antiques; l'Averne, l'Achéron, le Styx; puis, s'il faut en croire Properce, Baïa, la cité de perdition, la ville luxurieuse, qui, plus sûrement et plus vite que toute autre ville, conduisait aux sombres et infernaux royaumes.

    Nous prîmes en main notre Virgile, notre Suétone et notre Tacite; nous montâmes dans notre corricolo, et comme notre cocher nous demandait où il devait nous conduire, nous lui répondîmes tranquillement: – Aux enfers. Notre cocher partit au galop.

    C'est à l'entrée de la grotte de Pouzzoles qu'est situé le tombeau présumé de Virgile.

    On monte au tombeau du poète par un sentier tout couvert de ronces et d'épines: c'est une ruine pittoresque que surmonte un chêne vert, dont les racines l'enveloppent comme les serres d'un aigle. Autrefois, disait-on, à la place de ce chêne était un laurier gigantesque qui y avait poussé tout seul. A la mort du Dante, le laurier mourut. Pétrarque en planta un second qui vécut jusqu'à Sannazar. Puis enfin Casimir Delavigne en planta un troisième qui ne reprit même pas de bouture. Ce n'était pas la faute de l'auteur des Messéniennes, la terre était épuisée.

    On descend au tombeau par un escalier à demi ruiné, entre les marches duquel poussent de grosses touffes de myrtes; puis on arrive à la porte columbarium, on en franchit le seuil et l'on se trouve dans le sanctuaire.

    L'urne qui contenait les cendres de Virgile y resta, assure-t-on, jusqu'au quatorzième siècle. Un jour on l'enleva sous prétexte de la mettre en sûreté: depuis ce jour elle n'a plus reparu.

    Après un instant d'exploration intérieure, Jadin sortit pour faire un croquis du monument et me laissa seul dans le tombeau. Alors mes regards se reportèrent naturellement en arrière, et j'essayai de me faire une idée bien précise de Virgile et de ce monde antique au milieu duquel il vivait.

    Virgile était né à Andes, près de Mantoue, le 15 octobre de l'an 70 avant Jésus-Christ, c'est-à-dire lorsque César avait trente ans; et il était mort à Brindes, en Calabre, le 22 septembre de l'an 19, c'est-à-dire lorsque Auguste en avait quarante-trois.

    Il avait connu Cicéron, Caton d'Utique, Pompée, Brutus, Cassius, Antoine et Lépide; il était l'ami de Mécène, de Salluste, de Cornélius Nepos, de Catulle et d'Horace. Il fut le maître de Properce d'Ovide et de Tibulle, qui naquirent tous trois comme il finissait ses Géorgiques.

    Il avait vu tout ce qui s'était passé dans cette période, c'est-à-dire les plus grands événements du monde antique: la chute de Pompée, la mort de César, l'avènement d'Octave, la rupture du triumvirat; il avait vu Caton déchirant ses entrailles, il avait vu Brutus se jetant sur son épée, il avait vu Pharsale, il avait vu Philippes, il devait voir Actium.

    Beaucoup ont comparé ce siècle à notre dix-septième siècle; rien n'y ressemblait moins cependant: Auguste avait bien plus de Louis-Philippe que de Louis XIV. Louis XIV était un grand roi, Auguste fut un grand politique.


    […]


    Voilà l'homme [i. e. Auguste] qui protégea vingt ans Virgile; voilà le prince à la table duquel il s'assit une fois par semaine avec Horace, Mécène, Salluste, Pollion et Agrippa; voilà le dieu qui lui fit ce doux repos vanté par Tityre, et en reconnaissance duquel l'amant d'Amaryllis promet de faire couler incessamment le sang de ses agneaux.

    En effet, le talent doux, gracieux et mélancolique du cygne de Mantoue devait plaire essentiellement au collègue d'Antoine et de Lépide. Robespierre, cet autre Octave d'un autre temps, ce proscripteur en perruque poudrée à la maréchale, en gilet de basin et en habit bleu-barbeau, à qui heureusement ou malheureusement (la question n'est pas encore jugée) on n'a point laissé le temps de se montrer sous sa double face, adorait les Lettres à Émilie sur la mythologie, les Poésies du cardinal de Bernis et les Gaillardises du chevalier de Boufflers; les Iambes de Barbier lui eussent donné des syncopes, et les drames d'Hugo des attaques de nerfs.

    C'est que, quoi qu'on en ait dit, la littérature n'est jamais l'expression de l'époque, mais tout au contraire, et si l'on peut se servir de ce mot, sa palinodie. Au milieu des grandes débauches de la régence et de Louis XV, qu'applaudit-on au théâtre? Les petits drames musqués de Marivaux. Au milieu des sanglantes orgies de la révolution, quels sont les poètes à la mode? Colin-d'Harleville, Demoustier, Fabre-d'Églantine, Legouvé et le chevalier de Bertin. Pendant cette grande ère napoléonienne, quelles sont les étoiles qui scintillent au ciel impérial? M. de Fontanes, Picard, Andrieux, Baour-Lormian, Luce de Lancival, Parny. Chateaubriand passe pour un rêveur, et Lemercier pour un fou; on raille le Génie du christianisme, on siffle Pinto.

    C'est que l'homme est fait pour deux existences simultanées, l'une positive et matérielle, l'autre intellectuelle et idéale. Quand sa vie matérielle est calme, sa vie idéale a besoin d'agitation; quand sa vie positive est agitée, sa vie intellectuelle a besoin de repos. Si toute la journée on a vu passer les charrettes des proscripteurs, que ces proscripteurs s'appellent Sylla ou Cromwell, Octave ou Robespierre, on a besoin le soir de sensations douces qui fassent oublier les émotions terribles de la matinée. C'est le flacon parfumé que les femmes romaines respiraient en sortant du cirque; c'est la couronne de roses que Néron se faisait apporter après avoir vu brûler Rome. Si, au contraire, la journée s'est passée dans une longue paix, il faut à notre cœur, qui craint de s'engourdir dans une languissante tranquillité, des émotions factices pour remplacer les émotions réelles, des douleurs imaginaires pour tenir lieu des souffrances positives. Ainsi, après cette suprême bataille de Philippes, où le génie républicain vient de succomber sous le géant impérial; après cette lutte d'Hercule et d'Antée qui a ébranlé le monde, que fait Virgile? Il polit sa première églogue. Quelle grande pensée le poursuit dans ce grand bouleversement? Celle de pauvres bergers qui, ne pouvant payer les contributions successivement imposées par Brutus et par César, sont obligés de quitter leurs doux champs et leur belle patrie:

    Nos patriae fines et dulcia linquimus arva;
    Nos patriam fugimus.

    De pauvres colons qui émigrent, les uns chez l'Africain brûlé, les autres dans la froide Scythie.

    At nos hinc alii sitientes ibimus Afros;
    Pars Scythiam...

    Celle de pauvres pasteurs enfin, pleurant, non pas la liberté perdue, non pas les lares d'argile faisant place aux pénates d'or, non pas la sainte pudeur républicaine se voilant le front à la vue des futures débauches impériales dont César a donné le prospectus; mais qui regrettent de ne plus chanter, couchés dans un antre vert, en regardant leurs chèvres vagabondes brouter le cytise fleuri et l'amer feuillage du saule.

    ... Viridi projectus in antro.
    ...............................
    Carmina nulla canam; non, me pascente, capellae,
    Florentem cytisum et salices carpetis amaras.

    Mais peut-être est-ce une préoccupation du poète, peut-être cette imagination qu'on a appelée la Folle du logis, et qu'on devrait bien plutôt nommer la Maîtresse de la maison, était-elle momentanément tournée aux douleurs champêtres et aux plaintes bucoliques; peut-être les grands événemens qui vont se succéder vont-ils arracher le poète à ses préoccupations bocagères. Voici venir Actium; voici l'Orient qui se soulève une fois encore contre l'Occident; voici le naturalisme et le spiritualisme aux prises; voici le jour enfin qui décidera entre le polythéisme et le christianisme. Que fait Virgile, que fait l'ami du vainqueur, que fait le prince des poètes latins? Il chante le pasteur Aristée, il chante des abeilles perdues, il chante une mère consolant son fils de ce que ses ruches sont désertes, et n'ayant rien de plus à demander à Apollon, comment avec le sang d'un taureau on peut faire de nouveaux essaims.

    Et que l'on ne croie pas que nous cotons au hasard et que nous prenons une époque pour une autre, car Virgile, comme s'il craignait qu'on ne l'accusât de se mêler des choses publiques autrement que pour louer César, prend lui-même le soin de nous dire à quelle époque il chante. C'est lorsque César pousse la gloire de ses armes jusqu'à l'Euphrate.

    .... Caesar dùm magnus ad altum
    Fulminat Euphraten bello, victorque volentes
    Per populos dat jura, viamque affectat Olympo.

    Mais aussi que César ferme le temple de Janus, qu'Auguste pour la seconde fois rende la paix au monde, alors Virgile devient belliqueux; alors le poète bucolique embouche la trompette guerrière, alors le chantre de Palémon et d'Aristée va dire les combats du héros qui, parti des bords de Troie, toucha le premier les rives de l'Italie; il racontera Hector traîné neuf fois par Achille autour des murs de Pergame, qu'il enveloppe neuf fois d'un sillon de sang; il montrera le vieux Priam égorgé à la vue de ses filles, et tombant au pied de l'autel domestique en maudissant ses divinités impuissantes qui n'ont su protéger ni le royaume ni le roi.

    Et autant Auguste l'a aimé pour ses chants pacifiques pendant la guerre, autant il l'aimera pour ses chants belliqueux pendant la paix.

    Ainsi, quand Virgile mourra à Brindes, Auguste ordonnera-t-il en pleurant que ses cendres soient transportées à Naples, dont il savait que son poète favori avait affectionné le séjour.

    Peut-être même Auguste était-il venu dans ce tombeau, où je venais à mon tour, et s'était-il adossé à ce même endroit où, adossé moi-même, je venais de voir passer devant mes yeux toute cette gigantesque histoire.

    Et voilà cependant l'illusion qu'un malheureux savant voulait m'enlever en me disant que ce n'était peut-être pas là le tombeau de Virgile!

    Source

    Alexandre Dumas (père), Le corricolo, "Deuxième partie", "III. Le Tombeau de Virgile"

    Portrait, entre 1860 et 1870
    Source: Prints and Photographs Division, Library of Congress

    Biographie en résumé

    Alexandre Davy de La Pailleterie Dumas, dit Dumas. Illustre auteur dramatique et romancier français, fils du général Alexandre Dumas, né à Villiers-Cotterets (Aisne) le 5 thermidor an X (24 juillet 1802), mort à Puys, près de Dieppe, le 5 décembre 1870.

    "Héros des guerres de la Révolution et de l'expédition d'Egypte, son père, fils d'un marquis normand et d'une esclave de Saint-Domingue, meurt, alors que le jeune Alexandre n'a que quatre ans. Des centaines de livres, des milliers de personnages et des millions de mots ne viendront jamais combler la cruelle absence de celui dont la figure héroïque hantera toute son oeuvre. De son propre aveu, Alexandre Dumas ne guérira jamais de "cette vieille et éternelle douleur de la mort de son père."

    Fils de mulâtre, sang mêlé de bleu et de noir, Alexandre Dumas doit alors affronter les regards d'une société française qui, pour ne plus être une société d'Ancien Régime, demeure encore une société de castes. Elle lui fera grief de tout : son teint bistre, ses cheveux crépus, à quoi trop de caricaturistes de l'époque voudront le réduire, sa folle prodigalité aussi. Certains de ses contemporains iront même jusqu'à lui contester la paternité d'une oeuvre étourdissante et son inépuisable fécondité littéraire qui tient du prodige.

    De tout cela, Dumas n'aura que faire. Force de la littérature, force de la nature, comme son héros Porthos qu'il aimait tant, il choisit de vivre sa vie. Cette vie foisonnante, luxuriante, parfois criarde, jamais mesquine, tout entière habitée par une généreuse lumière." (Jacques Chirac, Discours prononcé à l'occasion du transfert des cendres d'Alexandre Dumas au Panthéon, 30 novembre 2002)

    Voir aussi cette brève biographie

    Vie et œuvre
    Les divers épisodes de la vie de Dumas ont été tant de fois contés par lui-même ou par d’autres jusque dans leurs moindres détails qu’il suffirait de résumer brièvement les principales circonstances de cette existence si prodigieusement active, ainsi que les grandes œuvres qui en marquent les étapes, puis de grouper, dans l’ordre chronologique, et par leur nature même, les autres écrits de Dumas, dont la paternité lui a été contestée, ou ceux-là même qu’on pourrait, de son propre aveu, retrancher de son avoir. (...)

    Restée veuve en 1806 et réduite aux modiques ressources que lui concédait le titre de son mari, Mme Dumas ne put faire donner au fils issu de cette union qu’une éducation extrêmement sommaire et incomplète. L’enfant tenait, par contre, de son père, une constitution athlétique, une aptitude naturelle à tous les exercices du corps et une santé robuste. Les premiers chapitres de ses Mémoires renferment de nombreuses preuves de ce triple privilège, dont Dumas se montre presque aussi fier que de ses dons intellectuels et qui favorisèrent singulièrement les frasques de son adolescence, longuement contées aux mêmes pages. D’abord clerc d’avoué à Villers-Cotterets, puis à Crépy-sur-Oise, il vint en 1823 à Paris solliciter l’appui des anciens compagnons d’armes de son père, ralliés, pour la plupart, à la Restauration. Éconduit de divers côtés, il ne fut accueilli avec bienveillance que par un membre de l’opposition, le général Foy qui, aussi frappé de ses talents de calligraphe qu’affligé de son ignorance, lui procura une place d’expéditionnaire dans les bureaux de la chancellerie du duc d’Orléans. Le jeune homme, qui se proposait bien un jour de vivre de sa plume, se trouva néanmoins fort heureux de devoir à son écriture un traitement de 1200 fr. qui lui permettait de ne plus être à la charge de sa mère et lui laissait assez de loisirs pour apprendre tout ce qu’il ne savait pas et nommément l’histoire de France. Bientôt il osa faire imprimer ses premiers essais : une Élégie sur la mort du général Foy (1825, in-8); un dithyrambe en l’honneur de Canaris (1826, in-12) et un petit volume de Nouvelles contemporaines (1826, in-12). En même temps, il collaborait à deux vaudevilles, La Chasse et l’Amour (Ambigu-Comique, 22 septembre 1825) et La Noce et l’Enterrement (Porte Saint-Martin, 21 novembre 1826), tous deux signés Davy et dont il partagea les minces profits avec son camarade de jeunesse, Adolphe de Ribbing (de Leuven), James Rousseau, Lassagne et Gustave Vulpian. D’autres tentatives dramatiques plus sérieuses, tirées de la conjuration de Fiesque ou de l’épisode des Gracques, demeurèrent alors inédites, tandis qu’un passage d’Anquetil lui inspirait le drame d’où datent ses véritables débuts : Henri III et sa cour (cinq actes, en prose), représenté sur le Théâtre-Français le 11 février 1829, et demeuré depuis au répertoire (*), lui valut de véritables ovations; le duc d’Orléans, bien que fort peu sympathique à son subordonné, ne dédaigna pas de donner lui-même le signal des applaudissements et le nomma bibliothécaire adjoint aux appointements annuels de 1500 fr. Alexandre Dumas avait écrit avant Henri III un autre drame reçu dès le 30 avril 1828 par le comité du même théâtre et dont diverses circonstances avaient fait ajourner la représentation : ce drame, c’était Christine ou plutôt, pour lui donner le titre sous lequel il fut définitivement joué à l’Odéon le 30 mars 1830, Stockholm, Fontainebleau et Rome, trilogie en cinq actes et en vers, avec prologue et épilogue. Son succès ne fut pas moins vif que celui de Henri III, et Dumas se vit dès lors considéré comme l’émule de Victor Hugo; mais cette rivalité n’avait pas encore altéré leurs bons rapports personnels. Convié par Hugo à une lecture de Marion Delorme, alors arrêtée par la censure, il avoua hautement son admiration; de son côté, dit-on, Victor Hugo aurait, aidé d’Alfred de Vigny, retouché une centaine de vers de Christine, mal accueillis le soir de la première représentation.
    Dumas avait depuis quelques mois dit pour toujours adieu à la vie administrative et travaillait à plusieurs drames lorsque éclata la révolution de 1830. Il fit le coup de feu parmi les insurgés et, sur l’ordre de La Fayette, se rendit en hâte à Soissons où, avec le concours de quelques habitants, il protégea une importante poudrière et en assura la possession au parti vainqueur. Puis il partit pour la Vendée avec mission d’y provoquer la formation d’une garde nationale chargée de défendre le pays contre une nouvelle chouannerie que tout pouvait faire craindre. Admis au retour à faire connaître au roi lui-même son impression sur l’état des esprits, Dumas ne lui dissimula pas combien le remède lui semblait dangereux et insista sur la nécessité d’ouvrir à travers le Bocage et le Marais des voies de communication qui rendraient plus difficile la guerre civile qu’on redoutait. Bien que le second de ses conseils ait été suivi plus tard, le résultat de l’enquête ne raffermit point le crédit de Dumas auprès de Louis-Philippe; son élection de capitaine dans l’artillerie de la garde nationale parisienne, devenue l’un des foyers de l’opposition à la monarchie du 9 août, une visite intempestive aux Tuileries avec l’uniforme de ce corps supprimé par décret la veille même, le refus de prestation de serment exigé pour la remise du brevet et des insignes de la croix de Juillet, la présence de Dumas aux obsèques du général Lamarque, prélude des journées des 5 et 6 juin 1832, tels sont les principaux épisodes de cette période de politique militante à laquelle, par bonheur, Dumas ne tarda pas à renoncer, mais qu’il fallait rappeler sommairement ici.

    Une violente passion conçue pour Mme Mélanie Waldor (fille de Villenave), et à laquelle celle-ci, mariée à un officier, ne pouvait légalement répondre, inspira à Dumas ce drame où, sous le nom d’Antony, il s’est peint lui-même, a-t-il dit, «moins l’assassinat» et où il a peint, sous le nom d’Adèle Hervey, la maîtresse adorée, «moins la fuite», et qui, merveilleusement interprété par Bocage et Mme Dorval (Porte-Saint-Martin, 3 mai 1831), obtint alors une centaine de représentations. En 1834, il fut question de le transporter à la Comédie-Française, mais un article du Constitutionnel le dénonça comme immoral; l’interdiction, alors prononcée par le ministre de l’intérieur, fut levée seulement à la fin du second Empire, et de nos jours (*) Antony a repris sa place dans la série des matinées classiques organisées par l’Odéon. De 1831 à 1843, et sans préjudice des autres œuvres qui seront rappelées plus loin, Dumas occupa les diverses scènes de Paris avec les pièces suivantes: Napoléon Bonaparte ou Trente Ans de l’histoire de France, drame en six actes (Odéon, 10 janvier 1831), écrit en huit jours chez Harel qui retenait l’auteur en chartre privée; Charles VII chez ses grands vassaux, tragédie en cinq actes (Odéon, 20 octobre 1831), mal accueillie du public, malgré des beautés de premier ordre; Richard Darlington, drame en trois actes et en prose avec un prologue (Porte-Saint-Martin, 10 décembre 1831), dû à la collaboration de Beudin et de Goubaux qui en avaient fourni à Dumas l’idée première, empruntée aux Chroniques de la Canongate de Walter Scott, et où Frédérick Lemaître déploya un talent prodigieux; Térésa, drame en cinq actes (Opéra-Comique, Théâtre-Ventadour, 6 février 1832) dont le scénario primitif était d’Anicet-Bourgeois; Le Mari de la Veuve, comédie en un acte et en prose (Théâtre-Français, 4 avril 1832), avec la collaboration d’Anicet-Bourgeois et de Durrieu qui ne furent point nommés sur le titre de la brochure; La Tour de Nesle, drame en cinq actes et neuf tableaux (29 mai 1832), l’un des succès les plus retentissants et les plus prolongés du théâtre contemporain (*), mais qui souleva entre Frédéric Gaillardet, auteur du texte primitif, Jules Janin qui l’avait retouché et Dumas qui avait presque entièrement récrit la pièce, une polémique terminée par un duel avec le premier et par un procès; Catherine Howard, drame en cinq actes (Porte-Saint-Martin, 2 avril 1834), tiré par Dumas d’un autre drame resté inédit et intitulé Edith aux longs cheveux; Angèle, drame en cinq actes (Porte-Saint-Martin, 28 décembre 1833), avec la collaboration d’Anicet-Bourgeois; Don Juan de Maraña ou la Chute d’un ange, mystère en cinq actes, musique de Paccini (Porte-Saint-Martin, 30 avril 1836), imité en partie des Ames du Purgatoire de Prosper Mérimée; Kean, comédie en cinq actes et en prose (Variétés, 31 août 1836), autre grand succès de Frédérick Lemaître qui se renouvela plus tard à l’Ambigu et à la Porte-Saint-Martin; Piquillo, opéra-comique en trois actes avec Gérard de Nerval, musique de Monpou (Opéra-Comique, 31 octobre 1837); Caligula, tragédie en cinq actes et en vers avec prologue (Théâtre-Français, 26 décembre 1837), dont la chute rappela celle de Charles VII et n’est pas mieux justifiée; Paul Jones, drame en cinq actes (Panthéon, 8 octobre 1838), représenté contre le gré de l’auteur qui avait laissé le manuscrit à l’agence dramatique Porcher en nantissement d’un prêt; Mademoiselle de Belle-Isle, drame en cinq actes et en prose (Théâtre-Français, 2 avril 1839), resté au répertoire; L’Alchimiste, drame en cinq actes en vers (Renaissance, 10 avril 1839), auquel, s elon Quérard, Gérard de Nerval et Cordellier-Delanoue auraient collaboré; Bathilde, drame en trois actes et en prose (salle Ventadour, 14 janvier 1839), avec Auguste Maquet (seul nommé sur l’affiche et sur la brochure) et Cordellier-Delanoue; Un Mariage sous Louis XV, comédie en cinq actes, avec Leuven et Brunswick (Théâtre-Français, 1er juin 1841), restée aussi au répertoire (*); Lorenzino, drame en cinq actes et en prose, avec les mêmes collaborateurs (Théâtre-Français, 24 février 1842); Halifax, comédie en trois actes en prose avec prologue (Variétés, 2 décembre 1842); Les Demoiselles de Saint-Cyr, comédie en cinq actes et en prose, avec Leuven et Brunswick (Théâtre-Français, 25 juillet 1843), qui provoqua entre le principal auteur et Jules Janin une polémique violente et qui, mal accueillie le soir de la première représentation, trouva un peu plus tard et garda le succès dont elle était digne; Louise Bernard, drame en cinq actes et en prose, avec Leuven et Brunswick (Porte-Saint-Martin, 18 novembre 1843); Le Laird de Dumbicky, comédie en cinq actes et en prose, avec les mêmes (Odéon, 30 décembre 1843); Le Garde forestier, comédie en deux actes en prose avec les mêmes (Variétés, 15 mars 1845). En dépit de sa longueur, cette liste ne renferme que les pièces signées par Dumas, avouées par lui ou réimprimées dans les deux éditions collectives de son Théâtre (1834-1836, 6 vol. in-8, ou 1863-1874, 15 vol. in-12), mais non celles qu’il tira de la plupart de ses romans.

    Il nous faut maintenant revenir en arrière et rappeler les titres des principaux récits qui ont tour à tour distrait, ému ou charmé deux ou trois générations et qui se subdivisent en impressions de voyages, en romans et en chroniques historiques.

    Dumas a lui-même raconté comment, après l’insurrection de juin 1832 et une atteinte de choléra, dont il se ressentit d’ailleurs une partie de sa vie, les médecins et ses amis lui conseillèrent de quitter Paris durant quelques mois. De cette première excursion à travers la Bourgogne et la Suisse datent ces fameuses Impressions de voyage qui forment l’une des parties les plus attrayantes de son œuvre et qui ont si légitimement contribué à sa popularité. Ce sont, dans l’ordre chronologique: Impressions de voyage [en Suisse] (1833, 5 vol. in-8); Excursions sur les bords du Rhin (1841, 3 vol. in-8); Une année à Florence (1840, 2 vol. in-8); Nouvelles impressions de voyage [Midi de la France] (1841, 3 vol. in-8); Le Speronare (1842, 4 vol. in-8), voyage en Sicile avec le peintre Jadin et son bouledogue Mylord; Le Corricolo (1843, 4 vol. in-8); et La Villa Palmieri (1843, 2 vol. in-8), relatifs au même séjour dans le sud de l’Italie; De Paris à Cadix (1848, 5 vol. in-8); Le Véloce ou Tanger, Alger et Tunis (1848, 4 vol. in-8) qui forme la suite du précédent; Le Caucase (1859, in-4); De Paris à Astrakan (1860, 3 vol. in-12), réimpr. sous le titre collectif de : En Russie. À cette série se rattachent, sans en faire cependant partie : l’ouvrage intitulé Quinze jours au Sinaï (1839, 2 vol. in-8), rédigé sur les notes du peintre Dauzats, ainsi que L’Arabie heureuse, pèlerinage d’Hadji-Abd-el-Hamid-Bey [Du Couret] (1855, 6 vol. in-8, ou 1860, 3 vol. in-8); Les Baleiniers, journal d’un voyage aux Antipodes par le Dr Félix Maynard (1861, 2 vol. in-12) et le Journal de Mme Giovanni à Taïti, aux îles Marquises et en Californie (1855, 4 vol. in-8), présentés comme revus et mis en ordre par Alex. Dumas, sans que sa collaboration soit parfaitement établie.

    C’est par de courtes nouvelles que débuta le romancier qui devait entreprendre et mener à leur fin les plus longues et les plus captivantes inventions de la littérature moderne. Le Cocher de cabriolet, Blanche de Beaulieu (déjà publiée dans les Nouvelles contemporaines), Cherubino et Celestini, Antonio, Maria, et Le Bal masqué, Jacques Ier et Jacques II ont été réimprimés sous le titre de Souvenirs d’Antony (1835, in-8); Pauline et Pascal Bruno ont reçu le titre collectif de La Salle d’armes (1838, 2 vol. in-8). Viennent ensuite des œuvres de plus longue haleine : Le Capitaine Paul (1838, 2 vol. in-8), dont, si l’on en juge par un ex-dono de Dumas, l’idée première appartiendrait à Dauzats; Acté, suivi de Monseigneur Gaston de Phebus (1839, 2 vol. in-8); Aventures de John Davy (1840, 4 vol. in-8); Le Capitaine Pamphile (1840, 2 vol. in-8); Maître Adam le Calabrais (1840, in-8); Othon l’Archer (1840, in-8); Aventures de Lyderic (1842, in-8); Praxède, suivi de Don Martin de Freytas et de Pierre le Cruel (1841, in-8); Georges (1843, 3 vol. in-8), dont, selon Mirecourt, Félicien Malefille aurait pu revendiquer la paternité; Ascanio (1843, 5 vol. in-8), sur lequel, toujours d’après le même pamphlétaire, M. Paul Meurice aurait pu faire valoir les mêmes droits; Le Chevalier d’Harmental (1843, 4 vol. in-8), d’où date l’alliance intime, féconde et hautement avouée par le premier, de Dumas et de Maquet à laquelle on a dû successivement : Sylvandire (1844, 3 vol. in-8); Les Trois Mousquetaires (1844, 8 vol. in-8), le plus amusant et le plus célèbre des romans de cape et d’épée et ses deux suites dignes de leur aîné : Vingt ans après (1845, 10 vol. in-8) et Dix ans plus tard ou le Vicomte de Bragelonne (1848-1850, 26 vol. in-8); Le Comte de Monte-Cristo (184-1845, 12 vol in-8), dont Fiorentino réclamait une part formellement niée par Dumas et restée inconnue à Maquet; Une Fille du Régent (1845, 4 vol. in-8); La Reine Margot (1845, 6 vol. in-8); La Guerre des femmes (1845-1846, 8 vol. in-8); Le Chevalier de Maison-Rouge (1846, 6 vol. in-8); La Dame de Monsoreau (1846, 8 vol. in-8); Le Bâtard de Mauléon (1846, 9 vol. in-8); Mémoire d’un médecin (1846-1848, 19 vol. in-8) et ses deux suites : Ange Pitou (1853, 8 vol. in-8) et La Comtesse de Charny (1853-1855, 19 vol. in-8); Les Quarante-Cinq, suite et fin de La Dame de Monsoreau (1848, 10 vol. in-8). Alexandre Dumas, qui se flattait « d’avoir des collaborateurs comme Napoléon a eu des généraux », eut recours encore à Hipp. Auger pour Fernande (1844, 3 vol. in-8), à M. Paul Meurice pour Amaury (1844, 4 vol. in-8), à Paul Lacroix pour Les Mille et un fantômes (1849, 2 vol. in-8), La Femme au collier de velours (1851, 2 vol. in-8), et pour Olympe de Clèves (1852, 9 vol. in-8), etc. Parfois même il lui est arrivé de mettre ou de laisser mettre son nom sur la couverture de livres qu’il n’avait pas même lus, ainsi qu’il l’a reconnu plus tard pour Les Deux Diane de M. Paul Meurice (1846-1847, 10 vol. in-8), ou pour Le Chasseur de Sauvagine de M. G. de Cherville (1859, 2 vol. in-8), où sa part effective se réduisit, dit-il, à mettre un point sur l’i du dernier mot du titre. En revanche, on ne lui a jamais disputé plusieurs autres romans moins célèbres, il est vrai, que ceux dont les titres sont rappelés plus haut : Gabriel Lambert (1844, 2 vol. in-8); Le Château d’Eppstein (1844, 3 vol. in-8); Cécile (1844, 2 vol. in-8); Les Frères Corses (1845, 2 vol. in-8), émouvant récit, dédié à Prosper Mérimée.

    Malgré cette production sans exemple et qui dépassait tout ce que la cervelle et même la main humaine avaient pu jusqu’alors concevoir et exécuter, en dépit des procès suscités, et le plus souvent gagnés par les directeurs de journaux dont les traités restaient en souffrances, Dumas trouvait encore le temps de surveiller la construction de la villa de Monte-Cristo, près de Saint-Germain, et qui engloutit une partie des sommes fabuleuses que lui rapportait sa plume, de parcourir d’octobre 1846 à janvier 1847 l’Espagne et l’Algérie, en compagnie de son fils, de Maquet, de Louis Boulanger, de Desbarolles et d’Eugène Giraud, de prendre enfin la direction du Théâtre-Historique dont le duc de Montpensier lui avait fait obtenir la concession et où il se proposait « d’offrir chaque soir au peuple une page de notre histoire ». L’inauguration en eut lieu le 20 février 1847 avec La Reine Margot, drame en cinq actes et treize tableaux, tiré du roman portant le même titre, avec le concours d’Auguste Maquet qui, outre deux adaptations antérieures des Mousquetaires (Ambigu, 27 octobre 1845), et de La Fille du Régent (Théâtre-Français, 14 avril 1846), produisit dans les mêmes conditions : Le Chevalier de Maison-Rouge (Théâtre-Historique, 5 août 1847), dont le souvenir s’est perpétué par le fameux refrain Mourir pour la patrie! devenu peu après le chant patriotique de 1848; Monte-Cristo, drame en quatorze tableaux divisés en deux « soirées », innovation assez malheureuse, suivie plus tard de deux autres « soirées »: Le Comte de Morcerf et Villefort (1851); Catilina, drame en cinq actes (Théâtre-Historique, 14 octobre 1848); La Jeunesse des Mousquetaires, drame en cinq actes et quatorze tableaux, avec prologue et épilogue (Théâtre-Historique, 10 février 1849), l’un des grands succès de Mélingue; La Guerre des femmes, drame en cinq actes et dix tableaux (avril 1849); Le Chevalier d’Harmental, drame en cinq actes et dix tableaux (Théâtre-Historique, 26 juillet 1849); Urbain Grandier, drame en cinq actes, avec prologue (Théâtre-Historique, 30 mars 1850). C’est sur la même scène que furent encore représentés Le Comte Hermann, drame en cinq actes (22 novembre 1849), interprété par Mélingue, Laferrière et Rouvière, et une adaptation d’Hamlet, en cinq actes et en vers, qu’il a signée avec M. Paul Meurice et qui figure au répertoire actuel* de la Comédie-Française (15 décembre 1847).

    La révolution de février 1848 ne fut pour Dumas qu’une suite de déceptions et le signal du déclin de son extraordinaire fortune. Collaborateur d’une feuille quotidienne éphémère, La Liberté (mars-juin 1848), et fondateur d’une revue politique intitulée Le Mois (15 avril), qui n’eut pas une destinée beaucoup plus brillante, candidat malheureux dans Seine-et-Oise et dans l’Yonne, bientôt menacé dans la source principale de ses revenus par l’amendement Riancey qui assujettissait à un droit fiscal le roman-feuilleton, traqué par ses créanciers personnels et par ceux du Théâtre-Historique, dont la crise que l’on traversait avait entraîné la fermeture, il quitta Paris vers la fin de 1851 et vint se fixer à Bruxelles où il demeura jusqu’en 1854. C’est là qu’il écrivit : Un Gil Blas en Californie (1852, 2 vol. in-8); Mes Mémoires (1852-1854, 22 vol. in-8); Isaac Laquedem (1852, 2 vol. in-8), sorte de contre-partie du Juif Errant d’Eugène Suë, annoncée comme devant former trente volumes, mais qui fut arrêtée par la censure impériale; Le Pasteur d’Ashbourn (1853, 8 vol. in-8); El Saltéador (1853, 3 vol. in-8); Conscience l’Innocent (1853, 5 vol. in-8); Catherine Blum (1854, 2 vol. in-8); Ingénue (1854, 7 vol. in-8), dont la publication dans Le Siècle fut interrompue sur la réclamation d’un descendant de Restif de la Bretonne; Les Mohicans de Paris (1854-1858, 19 vol. in-8), dont Paul Bocage fut le collaborateur, ainsi que pour Salvator (1855-1859, 4 vol. in-8), qui en forme la suite. Grâce au dévouement de M. Noël Parfait, ancien représentant du peuple, exilé par le coup d’État et qui avait remis quelque ordre dans les finances de Dumas, celui-ci put, à son retour en France, retrouver une tranquillité relative. De 1854 à 1860, il fonda et dirigea Le Mousquetaire, devenu, en 1857, Le Monte-Cristo, «rédigé par M. Dumas seul», fit représenter Romulus, comédie en un acte et en prose (Théâtre-Français, 15 janvier 1854), dont O. Feuillet et Paul Bocage furent les collaborateurs; La Jeunesse de Louis XIV, comédie en cinq actes et en prose, reçue mais non jouée au Théâtre-Français, représentée au Vaudeville à Bruxelles le 20 janvier 1864 et reprise en 1874 à l’Odéon; La Conscience, drame en cinq actes (Odéon, 7 novembre 1854); L’Orestie, tragédie en trois actes et en vers (Porte-Saint-Martin, 5 janvier 1856); Le Verrou de la reine, comédie en trois actes (Gymnase, 5 décembre 1856), intitulée d’abord La Jeunesse de Louis XV et remaniée après son interdiction par la censure; L’Invitation à la valse, comédie en un acte (ibid., 3 août 1857); L’Honneur est satisfait, comédie en un acte (ibid., 19 juin 1858); Les Gardes forestiers, drame en cinq actes (Grand-Théâtre de Marseille, 23 mars 1858), tiré de Catherine Blum, roman cité plus haut; La Dame de Monsoreau, drame en cinq actes avec prologue (Ambigu, 10 novembre 1860), le dernier et l’un des meilleurs que Maquet ait signés avec lui; enfin, il écrivit deux de ses meilleurs romans, Les Compagnons de Jéhu (1857, 7 vol. in-8), et Les Louves de Machecoul (1859, 10 vol. in-8).

    Le voyage de Dumas en Italie (1860), la part plus ou moins effective qu’il prit à l’expédition de Garibaldi en Sicile, son séjour à Naples de 1860 à 1864 inaugurent le début de la dernière période de sa vie. Les œuvres s’y succèdent encore, de plus en plus hâtives et improvisées, et sans qu’à de rares exceptions près, on y sente percer, comme jadis, l’ongle du lion. Il suffira de citer : Madame de Chamblay (1863, 2 vol. in-12), dont l’auteur tira un drame en 1868 (Porte-Saint-Martin); Les Mohicans de Paris, drame en cinq actes (Gaîté, 20 août 1864), interdit par la censure et autorisé par Napoléon III à qui Dumas avait adressé une curieuse supplique; La San Felice (1864-1865, 9 vol. in-18); Les Blancs et les Bleus (1867-1868, 3 vol. in-12), épisode des guerres de Vendée, qui fournit aussi le sujet d’un drame joué sous le même titre au Châtelet en 1869.

    Si longue que soit l’énumération qui précède, elle resterait notablement incomplète si l’on n’y faisait point figurer trois séries d’écrits où Dumas, tout en donnant carrière à son imagination, a entendu raconter sa propre existence, celle de plusieurs de ses contemporains et de ses amis, enfin quelques-uns des principaux épisodes de l’histoire de France. Outre ses Mémoires déjà cités, on trouvera beaucoup de particularités curieuses, mais le plus souvent sujettes à contestations, dans un fragment placé en tête de la première édition de son Théâtre: Comment je devins auteur dramatique, dans ses Souvenirs de 1830 à 1842 (1854, 2 vol. in-8); dans ses Causeries (1860, 2 vol. in-18); dans Bric-à-Brac (1861, 2 vol. in-18), enfin dans l’Histoire de mes bêtes (1868, in-18). Le second groupe est formé par Un Alchimiste au XIXe siècle (le comte de Ruolz), premier chapitre de La Villa Palmieri, tiré à part; Le Maître d’armes (1844, 3 vol. in-8), mémoires de Grisier; Une Vie d’artiste (1854, 2 vol. in-8), histoire de la jeunesse et des débuts de Mélingue; La Dernière Année de Marie Dorval (1854, in-18), touchant appel à la charité publique pour parvenir à lui ériger un tombeau; les Mémoires de Garibaldi (1860), soi-disant traduits sur le manuscrit original; Les Morts vont vite (1861, 2 vol. in-18), intéressantes réminiscences sur Béranger, Musset, Achille Devéria, Eugène Suë, Chateaubriand, le duc et la duchesse d’Orléans, etc. En 1833, une première étude historique : Gaule et France, était présentée comme devant former la tête d’une série de Chroniques qui ne fut pas continuée après la seconde : Isabelle de Bavière (règne de Charles VI) (1836, 2 vol. in-8), car on ne peut donner ce nom aux compilations que Dumas a signées depuis et qu’il suffit de rappeler pour mémoire: Louis XIV et son siècle (1845-1846); Michel-Ange et Raphaël (1846); Louis XV (1849); La Régence (1849); Louis XIV (1850); Le Drame de Quatre-vingt-treize (1851); Histoire de deux siècles (1852); Histoire de la vie politique et privée de Louis-Philippe (1852); Les Grands Hommes en robe de chambre (César, Richelieu) (1857). Mettons à part La Route de Varennes (1860, in-18), amusant récit d’une excursion en Champagne, d’après l’itinéraire même de la famille royale, mais où une inexactitude lui valut un long procès définitivement jugé en sa faveur. À ces spéculations de librairie, on préférera toujours les deux ou trois contes écrits pour les enfants et restés des modèles du genre : Histoire d’un casse-noisette (1845, 2 vol. in-12, ill. par Bertall); La Bouillie de la comtesse Berthe (1845, in-12, ill. par le même) et Le Père Gigogne (1860, 2 vol. in-12).

    Les toutes dernières et si tristes années de la vieillesse de Dumas furent adoucies par le dévouement de sa fille, Mme Petel, et par la sollicitude de son fils, qui finit par pourvoir à tous les besoins de sa vie matérielle; ce fut dans la ville de Puys, près de Dieppe, qu’il s’éteignit le 5 décembre 1870, sans avoir conscience des désastres infligés à la France, et sa mort passa forcément alors inaperçue. Au mois d’avril 1872, sa dépouille fut exhumée de la tombe provisoire où elle était déposée et transportée, selon un vœu souvent exprimé par lui, au cimetière de Villers-Cotterets, en présence de la plupart de ses amis, collaborateurs ou interprètes encore survivants. Le 4 novembre 1883, fut inauguré sur la place Malesherbes, à Paris, le monument dû à Gustave Doré, qui n’avait pu en voir l’achèvement et où il avait placé au pied de la statue assise du grand romancier le personnage le plus populaire de son œuvre (d’Artagnan), encadré par deux groupes symbolisant les diverses classes de lecteurs que charmeront toujours ses légendaires exploits.

    Les indications bibliographiques des œuvres citées au cours de cet article se réfèrent toutes à leurs éditions originales, mais les divers écrits de Dumas (à l’exception de ses poésies qui n’ont jamais été réunies(*)) ont été l’objet de deux réimpressions générales en quelque sorte permanentes, l’un en livraisons in-4 illustrées, l’autre dans le format in-18 et comprenant beaucoup de romans (authentiques ou apocryphes) parus antérieurement sous d’autres titres; cette partie de la bibliographie de Dumas n’a pas été traitée par MM. Parran et Glinel dont les travaux n’en sont pas moins fort intéressants et fort utiles.

    Les portraits originaux de Dumas ne sont pas aussi nombreux que pourrait le faire supposer sa très réelle célébrité. On ne peut guère citer, parmi les documents les plus importants, que deux lithographies d’Achille Devéria, l’une en pied (sur un canapé), l’autre en buste et toutes deux fort belles; un médaillon en bronze de David d’Angers; une autre lithographie par Lelièvre (1833); un pastel par Eugène Giraud (1845); un portrait en costume de Circassien par Louis Boulanger (Salon de 1859), appartenant au fils du modèle; une statue par Carrier-Belleuse, à Villers-Cotterets; de très nombreuses caricatures et un certain nombre de photographies; l’une d’elles, représentant Dumas en manches de chemise et tenant dans ses bras une célèbre écuyère américaine, miss Adah Menken, fut retirée du commerce sur la plainte de la famille.

    (*) Au moment de la publication de cette notice, c’est-à-dire vers 1885.


    source: Maurice Tourneux, article «Dumas» de La grande encyclopédie: inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts. Réalisée par une société de savants et de gens de lettres sous la direction de MM. Berthelot, Hartwig Derenbourg, F.-Camille Dreyfus [et al.]. Réimpression non datée de l'édition de 1885-1902. Paris, H. Lamirault, [191-?]. Tome quinzième (Duel-Eoetvoes), p. 36-39.

    Œuvres de Alexandre Dumas (père)

    Oeuvres disponibles en ligne sur le site Gallica (Bibliothèque nationale de France)

    Source:agora